unnamedtLa jeune veuve devint Régente et prit les rênes de leurs Etats durant la minorité du nouveau Duc Robert Ier. Sa grande force de caractère permit à Louise de faire face à cette épreuve malgré les crises de production agricoles et le choléra qui menaçaient régulièrement les habitants.

Son frère le Comte de Chambord fit plusieurs séjours à Parme et à Modène dans les temps qui suivirent. Il rapporte dans une lettre la fierté qu’il éprouvait en observant la politique que conduisait sa sœur et on devine aisément qu’elle préfigurait celle qu’il aurait menée en France.

unnamedtg« Je n’ai pas douté un instant qu’elle ne fût à la hauteur de sa grande et difficile mission, et la sagesse qu’elle a déployée, (…) dans la continuité de ses affaires, ne m’a nullement étonné. Mais plus j’étais touché de la vive et universelle sympathie qu’elle inspirait, de la justice qui lui était rendue, de la popularité qui était attachée à son nom, plus je désirais de pouvoir vérifier moi-même sur les lieux l’exactitude des récits que m’apportait la renommée et je dois le dire, ce que j’ai vu a encore surpassé mon attente. J’ai admiré les améliorations, qui en si peu de mois, avaient déjà pu être introduites dans les finances et les autres branches de l’administration. Je me sentais heureux et fier de penser que tout ce bien était l’œuvre d’une princesse de la Maison de France, et j’ai à y voir le présage de celui, qu’avec le Ciel, il me sera donner, j’espère, d’accomplir à mon tour, quand les portes de la patrie me seront ouvertes et que je pourrai me dévouer tout entier à son bonheur et à sa gloire. »

Louise réussit au cours de sa Régence à réduire la dette de l’Etat de quatre millions de Livres, puis dès la troisième année, à obtenir un excédent des recettes sur les dépenses ! Pour cela elle tint en respect les créanciers, réduisit de moitié la liste civile et supprima tout le luxe qui n’était pas indispensable à l’honneur de la Cour de son fils.

Elle put ensuite alléger les impôts fonciers, élever le traitement des fonctionnaires et les pensions des serviteurs de l’Etat retraités, militaires et ecclésiastiques. Elle poursuivit l’œuvre de son beau-père qui avait ouvert des écoles maternelles pour les enfants des pauvres gens, fonda des pensions pour les jeunes filles et des foyers pour les personnes âgées indigentes.

Marguerite et ses frères assistèrent souvent aux côtés de leur mère à des remises de prix aux élèves méritants des écoles populaires et des collèges nobles. Marguerite, Robert, Alice et Henri devinrent les patrons de quatre nouveaux orphelinats.

Louise ordonna en 1856 la construction d’une centaine de maisons à loyers modérés avec jardins dans le plus pur style néoclassique, pour loger décemment, dans un quartier aéré et salubre, les familles de la classe ouvrière de la ville de Parme. Elle nomma la nouvelle rue du lotissement Via della Salute. Pour stimuler la construction des maisons, la Régente promit à chaque investisseur une décoration ou un titre de noblesse, probablement à hauteur des fonds donnés.

Il faut aussi mentionner les caisses qu’elle institua pour inciter les sujets de son fils à l’épargne.

De nombreux Parmesans se louaient de leur Duchesse et l’appelaient « la Bella, la Docta, la Santa francese ».

La tâche la plus délicate lorsqu’on était à la tête d’un petit Etat était la diplomatie. En Italie, il fallait ménager le grand allié de la Maison de France depuis le XVIIIème siècle : l’Autriche et résister aux ambitions des Piémontais, qui convoitaient les duchés de Parme et Plaisance pour réaliser l’unité italienne.

Ces derniers parvinrent à leur but (1859). Louise et ses enfants prirent le chemin de l’exil et s’établirent quelques temps à Zurich, en Suisse. La Duchesse de Parme fit publier une proclamation dans laquelle elle dénonçait l’annexion des Etats de son fils. Ce fut sans effet, les hommes politiques et militants libéraux et nationalistes l’emportaient. Le Duc de Modène, le Grand-Duc de Toscane, le Roi des Deux-Siciles furent eux aussi contraints de se réfugier en Autriche.

Puis la Duchesse de Parme et ses quatre enfants, s’installèrent au Château de Wartegg, toujours en Suisse. Marguerite et Alice furent inscrites à la pension du Sacré-Cœur, dans le Tyrol, pour y compléter l’éducation que leur mère souhaitait pour elles.

unnamedvgtUn nouveau deuil les frappa bientôt. Leur mère succomba à la fièvre typhoïde lors d’un séjour dans son palais de Venise en 1864.

Marguerite, avait alors 17 ans, n’avait pas quitté le chevet de sa mère mourante, préparant les serviettes chaudes destinées à la soulager.

La jeune fille ressentit durement cette nouvelle perte. Son oncle et sa tante, le comte et la comtesse de Chambord qui étaient présent à leurs côtés, s’inquiétèrent grandement de sa santé.

unnamedvbHenri V, à l’image de Louis XIX, prit alors chez lui les quatre orphelins. Comme il n’avait pas eu d’enfant de son épouse, on peut aisément imaginer que leur présence à leurs côtés fut un grand bonheur.

Le Comte de Chambord était très aimant. Il les éduqua selon les principes que Louise et lui-même avaient reçus, pour qu’ils deviennent de bons Chrétiens, des Princes français conscients de leurs devoirs à l’égard de Dieu, et des peuples dont leurs aïeux avaient la garde. L’esprit de famille avait beaucoup de valeur pour eux. La Foi chrétienne qui leur donnait l’assurance de revoir leurs parents bien aimés, était le ciment de leur famille.

Pour une description plus précise de la vie à Frohsdorf, je renvoie à l’excellent article de Néoclassique publié sur N&R : http://www.noblesseetroyautes.com/2011/03/le-chateau-de-frohsdorf-versailles-de-la-famille-royale-de-france-en-exil-1ere-partie/

Marguerite allait sur ses dix-huit ans et avait connu bien des épreuves dans sa courte existence. Le Comte de Chambord lui chercha un époux qui prendrait soin d’elle, le meilleur qu’il puisse trouver pour sa nièce.

Le choix fut dynastique : le Chef de la Maison de France ne pouvait accorder la main de la princesse la plus chère à son cœur qu’à un prince à sa mesure, en qui il voyait l’espérance de la royauté légitime.

Le Prince Charles de Bourbon fut l’heureux élu. Fils du plus proche parent par les mâles du Comte de Chambord, donc son successeur comme Roi de France pour les royalistes fidèles aux lois de successions. De plus, la mère du jeune prince était la sœur de la Comtesse de Chambord.

Marguerite et Charles se côtoyaient au moins depuis 1863 lors des séjours à Venise qui était le rendez-vous des Bourbons. Charles était très amoureux de Marguerite. Voici ce qu’écrivit l’adolescent dans son journal : « Je suis entré dans le salon ; j’y ai vu Marguerite et l’ai trouvé ravissante, avec ses longs cheveux blonds, sa peau transparente, son regard timide qui reflétait mon âme dans la sienne. Je l’ai regardée une seconde fois et me suis dit « Elle est ravissante, son âme doit être immense, je la veux pour femme ». Le 26 Avril [1866] je lui ai déclaré mon amour et elle a déclaré le siens pour moi, je lui ai donné un bracelet avec cette date gravée dessus et elle le reçut avec joie. »

Charles n’avait qu’un an de moins que Marguerite, à la différence de plusieurs précédents où l’écart était plus important. Parents, grands-parents, et partisans étaient enchantés de pouvoir réaliser une union satisfaisante pour leurs intérêts et les sentiments des jeunes gens.

Pour ne rien enlever au bonheur de Marguerite, Charles de Bourbon était un jeune homme séduisant et sécurisant. Il avait été reçu très jeune (dès l’âge de 8 ans), sur ordre de son oncle le Duc de Modène, une instruction militaire dans l’artillerie pour vaincre un jour les armées des libéraux soutenant sa rivale Isabelle et se préparer à son métier de roi. Le jeune homme partageait les mêmes valeurs qu’Henri V, ce qui ne changeait pas sa place dans l’ordre de succession, mais qui ne gâtait rien par ailleurs.

Le Chef de Maison organisa les noces chez lui, au Château de Frohsdorf. Elles furent célébrées le 4 février 1867 et c’était enfin un peu de bonheur pour leur grande famille !

unnamedtyuiCharles et Marguerite de Bourbon. L’année suivante (1868), leur adversaire Isabelle fut chassée d’Espagne par une Révolution. Le père du marié, Jean de Bourbon, qui était le Roi d’Espagne pour les Légitimistes de ce pays (appelés carlistes), abdiqua en faveur de son fils pour donner plus de chance à leur projet de Restauration.

Le jeune couple devint alors le Roi Charles VII et la Reine Marguerite pour leurs sujets fidèles et le Duc et la Duchesse de Madrid dans leurs séjours dans d’autres pays, à Graz en Autriche, à Lucques, à Vevey et Genève, à Pau et Paris.

unnamedbhynEn 1883 Marguerite nota au sujet des oiseaux que capturait le Roi-père, venu leur rendre visite : « Je me demande comment nous allons pouvoir stocker autant d’animaux qui envahissent la maison ».

Après une carrière militaire dans l’armée sarde, Le Prince Jean s’était consacré aux progrès des sciences, physique et chimie, de la botanique, et particulièrement de la photographie dont il fut un pionnier. Il vivait à Brighton en Angleterre, séparé de son épouse, une princesse qui ne partageait pas ses passions, moins éprise de liberté et plus attachée à l’ambiance traditionnelle de la vie de cour. Avec sa compagne anglaise, il eut d’ailleurs deux enfants.

unnamedbhyyLes collections historiques des premières photographies d’Angleterre comprennent 43 de ses clichés. La Reine Victoria les admirait et nota : « La série de photos d’animaux au jardin zoologique par Don Juan, second fils de Don Carlos, sont les meilleurs de tous les spécimens ».

En 1870, le Duc de Madrid offrit à Napoléon III l’appui des troupes légitimistes, aide que refusa l’Empereur et qui fit dire au Prince : “Il me paraît extraordinaire qu’un Bonaparte interdise à un Bourbon de participer à la guerre dont l’objet est l’Alsace acquise par mes ancêtres”.

A Paris, la Duchesse de Madrid rendit visite à la Duchesse de Tolède (Isabelle II), à son époux et à leurs enfants. Elle était la marraine de leur dernière fille l’Infante Eulalie. Les deux princesses s’apprécièrent et devinrent amies.

unnamedrftLe Prince approuvait cette rapprochement et ce joignit plusieurs fois à leur cercle. Les princes de la Maison de Bourbon étaient scandalisés qu’un Savoie, Amédée, Duc d’Aoste, un fils du Roi qui avait cautionné l’unité de l’Italie, soit devenu le Roi d’Espagne, au détriment d’un des leurs. Charles décida d’agir.

En mai 1872, il entra en Espagne pour diriger le soulèvement des Espagnols. C’est le début de la 3ème guerre carliste.

unnamedtyuuuLes habitants du Pays basque, de la Navarre, de l’Aragon et de la Catalogne le soutinrent dans son entreprise, reconstituant une armée puissante qui fut capable de tenir tête aux troupes de leurs adversaires.

Devenu le roi effectif de l’Espagne du Nord, Charles VII put constituer une cour au Château d’Estella en Navarre, mettre en place un gouvernement, battre monnaie et faire la justice en son nom sur la partie du territoire espagnol qu’il contrôlait.

Il nomma son frère Alphonse, capitaine de ses armées en Catalogne. Deux jeunes Princes des Deux-Siciles s’étaient joints à leurs forces, Alphonse et Pascal de Bourbon, Comtes de Caserte et de Bari servirent respectivement son artillerie et sa cavalerie.

Les frères de Marguerite, le Duc de Parme et le Comte de Bardi s’engagèrent également à leurs côtés et furent affectés de la même manière que leurs cousins, de même que François et Albert de Bourbon, fils de l’Infant Henri, Duc de Séville.

Il n’y avait pas de frontières entre les Bourbons, car ils défendaient la même cause.

unnamedCi-dessous : le Roi Charles VII (assis) et de droite à gauche le Duc de Parme (debout à droite), le Comte de Bardi et le Comte de Caserte.

Les Basques français étaient tout aussi dévoués que les Basques espagnols au Prince, qui étaient à leurs yeux le représentant de la Légitimité.

« Tout le monde s’entendait pour lui donner asile et pour le dérober aux recherches de la police. Quand il était serré de trop près, un jeune gentilhomme du pays, qui avait l’honneur et l’avantage de lui ressembler beaucoup de visage et de prestance, donnait le change aux agents de la sûreté générale et les entraînait sur une fausse piste. C’est ainsi que le prince avait pu demeurer longtemps caché dans les environs de Bayonne ou de Pau. »

unnamedvgttIci Marguerite avec ses collaborateurs, préparant la rédaction du journal légitimiste.

En 1874, la Reine Marguerite avait reçu l’autorisation du Roi de fonder l’Ordre de la Charité pour récompenser tout ceux et toutes celles qui contribuaient à soigner les blessés et les infirmes dans les hôpitaux qu’elle établissait, supervisait et visitait.

unnamedbhujPrenant exemple sur le active Reine, de nombreuses femmes entrèrent en politique à ce moment là et s’organisèrent en groupes, rapidement surnommés Margaritas. Ces femmes confectionnaient les uniformes des combattants et servaient comme infirmières dans les hôpitaux de La Charité.

Un nouveau musée à Estella, en Navarre, retrace la passionnante histoire du carlisme : http://www.kuviajes.com/2010/03/17/descubra-esta-primavera-las-claves-del-carlismo-en-el-museo-del-carlismo-de-estella/

En 1876, leurs troupes furent mises en déroute, et les Bourbons s’installèrent à Paris. C’était la fin de leur règne en Espagne. Ils ne manquaient pas d’admirateurs en France où des royalistes les voyaient aussi en successeurs d’Henri V. Ainsi en 1881, le Prince et la Princesse avaient été acclamés à Paris par de jeunes Saint-Cyriens. Le gouvernement prononça alors à leur encontre la première mesure d’exil.

Marguerite avait donné cinq enfants à son époux. Une première fille (née en 1868), fut nommée d’après leur aïeule commune, symbole de l’union de la France et l’Espagne, Blanche de Castille, mère de Louis IX (Saint Louis). Puis l’héritier Jacques dont la naissance fut une consolation dans la terrible année 1870 et trois filles : Elvire (1871), Béatrice (1874) et Alice (1876)

Au début de leur mariage, les époux étaient très épris l’un de l’autre comme l’attestent leurs journaux :  « 4 Fevrier 1871, cela fait quatre ans que nous sommes mariés, et je crois que je n’ai jamais aimé autant Marguerite que maintenant, même si je ressentais un amour délirant et passionné pour elle, je n’avais pas le goût de ses caresses, je n’étais pas conscient de toute sa valeur, de son cœur brûlant, de sa grande âme ».

« 22 Janvier 1871, Je n’ai pas de nouvelles. Je suis tellement au désespoir, et sens que même ma santé en souffre, vivre sans Charles est insupportable, mais ne pas avoir de nouvelles de lui est encore pire, Oh Charles, je ne peux pas vivre sans toi ».

Une autre épreuve fut la mort à Nice de son bien aimé grand-père l’Infant d’Espagne, Duc de Parme et Plaisance, âgé de 83 ans.

Charles II connut assez ses petits-fils enfants et ses nombreux arrière-petits-enfants pour leur laisser de bons souvenirs et à certains, un exemple de liberté.

Sa petite-fille Marguerite était confrontée depuis quelques années à un douloureux problème. Après avoir combattu lors de la Guerre russo-turque, Charles était rentré avec dans sa suite, une maîtresse.

La Princesse ne le toléra pas et en tira les conséquences, en s’installant avec ses enfants et leur cour de trente-six personnes à la Villa Bourbon à Viareggio, près de Lucques, dont elle avait hérité à la mort de son père.

Le Prince y séjournait régulièrement mais il semble que son infidélité ait brisé la relation qu’il avait autrefois entretenue avec son épouse. Leurs enfants partagèrent alors leur temps entre le domicile de leur mère et celui de leur père, à Venise.

unnamedtbLa villa Bourbon et la chapelle néo-byzantine qu’avait fait bâtir Charles III pour son repos éternel.

Une anecdote résume bien l’esprit chrétien régnant auprès de Marguerite de Bourbon, à la Villa Bourbon. A l’occasion de la Confirmation des enfants de leurs domestiques, la Reine fit préparer un bon dîner pour les régaler ainsi que leurs familles. Et ce furent Mesdames Blanche, Elvire, Béatrice et Alice, leurs quatre filles qui devinrent les servantes en ce jour. « Les Princesses volaient autour de la table comme des oiseaux de paradis », écrit Lorenzo Viani.

Le Prince voyagea beaucoup dans les années 1880 : en Terre Sainte et en Egypte jusqu’aux côtés de la Mer Rouge de Décembre 1884 à Mars 1885. Puis il fit un autre grand voyage pour découvrir l’Amérique latine en 1887 ainsi que plusieurs séjours auprès de son épouse et de ses enfants.

Le Comte de Chambord était mort en 1883. Malgré la distance et les divergences d’opinions, le Prince Jean fut accueilli par la Comtesse de Chambord, le Duc de Madrid et le Duc de Parme à Frohsdorf car il devait présider, en tant que nouvel aîné et Chef de la Maison de France, les funérailles d’Henri V.

Comme Philippe d’Orléans (Comte de Paris) n’avait pas accepté que son aîné marche en tête, il s’était retiré. Les partisans des Orléans avaient tenté de faire signer au Prince Jean une renonciation au trône de France, mais il refusa fermement.

Les Orléanistes tentèrent alors de diaboliser la Comtesse de Chambord. C’était méconnaître l’ampleur du différend qui l’opposait à son beau-frère Jean, qu’elle mit cependant de côté, car, profondément chrétienne, elle n’aurait jamais trahi les volontés son mari, au nom des liens sacrés qui l’unissaient à lui et dans la crainte du Jugement.

Jean III prit les pleines armes de France. Lorsqu’il mourut à son tour (1887) devenu Charles XI pour les Français qui le reconnaissaient, en fit de même. Leurs partisans en France, étaient surtout des habitants des campagnes et bourgs du Midi et de l’Ouest de la France, en Provence et en Bretagne, mais aussi dans la bourgeoisie, comme à Marseille et les environs de Paris.

unnamedrfCharles XI sur son cheval Volador (« Fusée volante »)

Il écrivit en 1892 à Philippe d’Orléans : « Moi seul, aîné des Bourbons, chef de nom et d’armes de la race d’Hugues Capet, de Saint-Louis et de Louis XIV, et après moi mon fils et mon frère avons le droit de porter l’écusson royal d’azur à trois fleurs de lys d’or, sans brisure ».

Le 21 janvier 1893, pour le 100e anniversaire du martyre de Louis XVI, Charles XI reçut à Venise une importante délégation de Français fidèles conduits par le général de Cathelineau.

unnamednjuiiDans le salon du Prince Charles, on aperçoit (mur droit au fond) le drapeau blanc des combattants Vendéens « Vive le Roi » offert à l’aîné des Bourbons. Il ornera, avec le drapeau espagnol le tombeau de Charles dans la cathédrale de Trieste en 1909.

En 1889 les aînés des Bourbons marièrent leur fille Blanche de Bourbon à l’Archiduc Léopold d’Autriche, Prince de Toscane, neveu des souverains de ces pays.

unnamedtyyL’allégresse était d’autant plus grande, que les familles avaient dû surmonter de nombreuses embuches. Christine d’Autriche, Régente en Espagne pour son fils mineur le Roi Alphonse XIII, avait imploré l’Empereur François Joseph, Chef de Maison d’Autriche pour qu’il ne donne pas son consentement au mariage du jeune Archiduc et Prince de Toscane.

La Reine Marguerite avait alors confié à la Marquise de Villadarias : « Quel monde si mauvais, plein de petitesses et de misères. Je crois bien que Christine a fait tout ce qu’elle a pu pour saboter le mariage de Blanche. Mon Dieu ! Elle est à notre place et l’ignore…Ne peut-elle pas nous laisser le bonheur de nos enfants ? Dieu le sait et tu le sais aussi, que si ce n’était par amour pour Charles, je ne lui envierais pas le trône. En ces temps le métier de roi est sûrement plus à craindre que tout autre. »

unnamedkioLe bonheur de Blanche dans son mariage, qui donna bientôt deux petites-filles à Marguerite était une grande consolation.

Elvire, la seconde, n’eut pas sa chance. Bien que souffrant de surdité, les qualités de la jeune princesse, décrite comme belle, intelligente, bien élevée et modeste, la promettaient à la vie protégée d’une Cour européenne. Elle aimait le Prince Léopold de Toscane, son cousin, homonyme de son beau-frère, mais hélas, l’Empereur François Joseph avait mis fin à ses espérances, sur insistance de la Régente d’Espagne. L’Empereur aurait dit : « Je ne veux pas que Marie Christine recommence à répandre des larmes comme elle le fît pour le mariage de Madame Blanche ».

Cet amour impossible aurait plongé la jeune fille dans une grande détresse, ce qui dût causer beaucoup d’inquiétude pour sa mère.

unnamedvvMarguerite mourut d’une attaque cérébrale le 29 Janvier 1893. Si elle avait vécu, aurait-elle réussi à consoler Elvire ? Celle-ci aurait-elle fugué de la maison ?

Le Duc de Madrid s’était remarié en avril 1894 avec la Princesse Berthe de Rohan. Ne supportant pas cette belle-mère, nouvelle maîtresse de maison et amoureuse (peut-être par dépit ?) d’un peintre marié rencontré chez le Duc de Parme, Elvire partit tôt, un matin, salué au passage par les gardes en faction, à pied vers la gare pour rejoindre l’homme dont elle était éprise.

Blanche hérita de la demeure de sa mère qui prit alors le nom de Villa archiducale.

Ses deux filles cadettes, Béatrice et Alice se marièrent respectivement avec un jeune Massimo, d’une illustre famille romaine alliée déjà à plusieurs familles royales (Saxe, Savoie, Bourbons) et avec un Prince de Schoenbourg-Waldenbourg. Le mariage de cette dernière ne dura pas. Quant à son fils Jacques, il faisait aussi la fierté de sa mère.

Il était entré à l’Académie militaire autrichienne de Wiener-Neustadt, ayant réussi brillamment l’examen d’entrée (1890-1893) après sa scolarité au Collège de Vaugirard et de Beaumont près de Windsor. Il fut ensuite accueilli par l’Empereur de Russie (1896) et s’illustra dans ses armées en Asie centrale et en Extrême-Orient.

En 1914, lorsqu’éclate la Première Guerre mondiale, résidant au Château de Frohsdorf dont il avait hérité, il fut mis aux arrêts par les autorités autrichiennes, car officier en retraite au service de la Russie, il avait appelé à soutenir la France.

unnamedbgIl avait succédé à son père en 1909 et fit valoir ses droits aux trône d’Espagne et de France. Il se fit appeler Duc d’Anjou (en souvenir du titre de Philippe V, petit-fils de Louis XIV) et Duc de Madrid.

Il se réconcilia peu avant sa mort en 1931 avec le Roi d’Espagne Alphonse XIII, pour le préparer à son rôle d’aîné des Bourbons et de successeur des Rois de France.

Ayant vu son projet de mariage avec la fille du roi de Bavière empêché, il demeura célibataire.

« Tous ceux qui avaient fait l’expérience de sa charmante hospitalité, dans le modeste appartement qu’il occupait Avenue Hoche, à Paris, ne pouvaient manquer de percevoir que les portraits de famille accrochés au mur, un portrait du Grand Dauphin par Nattier, un buste du Duc d’Angoulême, transmettaient un message définitif, et de même, l’expression touchante de la fidélité qui ne cessait de lui parvenir de chaque partie de l’Espagne. Bon et avisé, approchant les interlocuteurs de toutes nuances d’opinions avec la même dignité et aisance, et lui-même familier de toutes les variétés de pensées politiques, il était l’incarnation de la tradition de la vieille Europe ». (notice du Times). (Un grand merci à Jul pour ce portrait – Copyright photos : DR)