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Le château de Gödöllö est connu aujourd’hui pour avoir été la résidence d’été en Hongrie, et la favorite entre toutes, de l’impératrice-reine Elisabeth, “Sissi”. Mais son histoire est bien plus ancienne.

Son véritable bâtisseur fut le comte Antal Grassalkovich I (1694-1771). Né dans une pauvre famille de la toute petite noblesse, il commença sa carrière en 1715, comme avocat. Un an après il était membre de la “Hofkammer”, institution financière de l’administration hambourgeoise. Dix ans après, il était président de la Commission des nouvelles acquisitions, institution mise en place pour vérifier les titres de propriétés après le chaos juridique laissé par le départ des Turcs de Hongrie en 1686.

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En 1737, Antal Grassalkovich I put acheter le domaine de Gödöllö, qui jusqu’à présent n’était qu’un village appartenant à la famille Bossányi. Et il planifia un immense domaine avec un château baroque en son centre, dont le travaux débutèrent en 1741.

Gödöllö est situé à 30 kilomètres à l’est de Budapest, ce qui à l’époque était une distance lointaine, mais aujourd’hui et même du temps de Sissi mettait le château à une demie-heure de train.

Antal Grassalkovich I prit soin de son domaine comme il prit soin des finances publiques de la Monarchie. En remerciement de son travail il fut créé baron puis comte par l’impératrice Marie-Thérèse. Il était à l’époque un des hommes les plus puissants et des plus riches de Hongrie.

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Il fit construire 33 églises, des bâtiments publics et des maisons privées sur le domaine afin d’y installer les artisans allemands nécessaires à son développement. Il prit soin d’établir un équilibre entre les catholiques et les protestants. Cette politique d’immigration fut une constante du règne de Marie-Thérèse qui accordait de grands avantages à qui voulait s’installer en Hongrie. Elle créa même des villages nobles, c’est à dire que tout habitant du village, à partir du moment où il s’y installait avec sa famille devenait noble.

Son fils Antal Grassalkovich II (1734-1794), s’il fut gratifié du titre de prince, eut une gestion catastrophique du domaine, lui préférant Vienne. Il afferma le domaine et à sa mort le laissa couvert de dettes. Il avait épousé en 1758 la princesse Mária Anna Esterházy.

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Leur fils fils Antal Grassalkovich III (1771-1841) ne fit pas mieux. A sa mort sans héritier mâle, ce fut une propriété en bien mauvais état qui passa dans la ligne féminine. Le fils de sa soeur, le comte MihályViczay, en hérita. Mais le passif était trop lourd et n’arrivant pas à l’épurer il vendit le domaine entier en 1850 à György Sina, banquier hongrois, créé baron. Ni lui, ni son fils ne résidèrent à Gödöllö désormais en un état lamentable. En 1864, le domaine fut à nouveau vendu à un consortium immobilier belge.

Entre temps, en 1848, lors de la révolution hongroise, ce fut à Gödöllö que Lajos Kossuth prit la décision de déclarer la déchéance de la dynastie des Habsbourg et de se battre pour l’indépendance de la nation hongroise après avoir proclamé la république. Cela se fit le 14 avril 1849, après l’avènement de François-Joseph, le 2 décembre 1848, à Brnö en Moravie.

Le 13 août 1849, grâce à l’intervention russe appuyant les troupes autrichienne du Maréchal-Prince Schwarzenberg, la tentative d’indépendance hongroise fut écrasée dans le sang. Kossuth, condamné à mort, put s ’échapper et finit sa vie en exil. Il mourut à Turin en 1894. En mars 1867, le gouvernement hongrois acheta enfin le domaine de Gödöllö et le fit ainsi entrer dans la légende.

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Si le compromis austro-hongrois signé le 29 mai 1867, ouvrant la voie au couronnement de François-Joseph et d’Elisabeth, comme roi et reine apostoliques de Hongrie, le 8 juin 1867, doit beaucoup plus à la défaite de Sadowa, face à la Prusse en 1866, aux actions conjugués de Deak, pour les Hongrois et de Beust pour les Autrichiens, qu’à l’influence directe et légendaire d’Elisabeth, il n’en reste pas moins vrai que l’amour qu’elle portait à la Hongrie fut un élément important dans le changement d’attitude de l’Empereur vis-à-vis de ses sujets hongrois et de ces derniers vis-à-vis de la dynastie.

Gödöllö est le symbole de ce changement.  Offert au couple comme cadeau de couronnement, Király (Roi) Ferenc József és Erzsébet királyné (reine) en langue hongroise, Gödöllö fut désormais la résidence préférée de la souveraine.

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En 1866, Elisabeth avait déjà visité les lieux mais uniquement pares qu’ils servaient d’hôpital militaire aux blessés de la bataille de Sadowa. Vienne risquant l’invasion prussienne, l’impératrice avait cherché refuge en Hongrie avait ses deux enfants, Rodolphe et Gisèle. Elle avait été séduite par le château à l’abandon mais l’empereur l’avait prévenue en août 1866 : “ Tu peux visiter les soldats blesser à Gödöllö, si tu le souhaites, mais ne le regarde pas comme si nous devions l’acheter car je n’ai pas d’argent. En ces temps difficiles, nous devons faire des économies. Les Prussiens ont causé des dommages considérables dans nos propriétés familiales et il faudra des années pour nous en remettre…La moitié de nos écuries doit être vendue et nous devons vivre modestement.”

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Mais le gouvernement hongrois sut comprendre le désir d’Elisabeth et souhaitant faire un geste envers la famille royale – en Hongrie on n’utilise jamais “impériale” – et la voir résider souvent dans leur pays, au Palais Royal de Buda, songea à leur offrir une résidence d’été. Gödöllö, par la taille du château, et la proximité de Budapest était l’idéal.

136 pièces organisées autour de la grande salle centrale, un premier étage divisé à gauche pour les appartements du roi et à droite pour les appartements de la reine ( quelques pièces chacun), qui eux sont suivis d’une aile consacrée aux deux petits princes. 67 pièces pour le personnel, des écuries, un manège – on se souvient que la reine était la première écuyère d’Europe – un parc à l’anglaise, un village complet et des milliers d’hectares faisaient un ensemble digne d’Elisabeth.

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Lors de l’aménagement du château le confort fut préféré au faste. Les couleurs choisies furent pour les appartement de François-Joseph, le rouge – damas de soie brochée à profusion – et pour ceux d’Elisabeth, le violet, sa couleur favorite comme la violette l’était pour la fleur.

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Un service de table spécial fut créé pour le château par la manufacture de porcelaine de Herend (celui que l’on voit sur les photos est une copie de l’original qui fut détruit). Un mobilier complet plus confortable qu’élégant fut fabriqué – l’équivalent autrichien du style Napoléon III. Le mobilier que l’on voit n’est pas l’original détruit ou volé par les communistes. Il s’agit d’une reconstitution aussi proche du mobilier d’origine, inspiré par les appartements impériaux de Vienne. Bref, la nation hongroise offrit à sa reine adorée un nid pour qu’elle se sente enfin chez elle.

A l’automne 1867, la famille prit possession du domaine et à compter de cette date y résida plusieurs mois par an, essentiellement au printemps et à l’automne.

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Elisabeth écrivit à sa mère la duchesse Ludovica : “ Ici, vous pouvez trouver un peu de tranquillité, pas de famille, personne pour vous contrarier, alors qu’à Vienne, il faut subir la foule impériale. Ici il n’y a rien pour me contraindre ou m’ennuyer, je peux y vivre comme dans un village et me promener à pied ou à cheval toute seule.” Pas d’archiduchesse Sophie à Gödöllö !

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Les paysans connaissant le goût de la reine pour la solitude s’écartaient d’elle quand ils apercevaient sa silhouette.

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L’élite cavalière de la Hongrie se pressait à Gödöllö au territoire si propice à la chasse. A leur tête le comte Gyula Andrássy, un des chefs de la révolte de 1848, désormais aux pieds d’Elisabeth et nouveau support de la dynastie. On a beaucoup jasé sur les relations entre la reine et le comte Andrássy.

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La réalité est probablement que la reine s’est laissée adorer et que le comte s’est contenté de l’adorer. On est allé jusqu’à prétendre que l’archiduchesse Marie-Valérie aurait été le fruit d’amours adultérines. C’est mal connaître la psychologie d’Elisabeth, la vie de la famille impériale et la conscience de leur position que de l’affirmer. 

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Certes Elisabeth vivait simplement – enfin selon ses concepts – Certes, elle recevait des bandes de musiciens tsiganes pour animer les soirées. Certes, elle se plaisait à Gödöllö mais elle n’a jamais oublié qu’elle était petite-fille de roi, née duchesse en Bavière, qu’elle était la souveraine de tant de peuples et que son mari, aussi, l’adorait. Elle avait une haute idée de son rang et sa simplicité n’était que de façade, histoire d’ennuyer un peu plus sa belle-mère, Vienne et la Cour.

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L’archiduchesse Marie-Valérie, dite “l’enfant de la Hongrie” naquit à Budapest et fut la préférée de ses parents. Elisabeth l’éleva elle-même et son père l’adorait. Sissi insista pour que Marie Valérie reçoive une formation purement hongroise. Par une ironie de l’histoire, la petite archiduchesse devient une germanophile convaincue, en détestant la Hongrie. La ressemblance entre l’archiduchesse Marie-Valérie et l’empereur-roi était si frappante qu’aucun doute ne peut entacher la vertu de la reine Elisabeth,

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La reine Elisabeth passa près de sept ans de sa vie en Hongrie. Son dernier séjour à Gödöllö fut du 2 au 24 octobre 1897. Après sa mort, à Genève, le 10 septembre 1898, Gödöllö tomba dans l’oubli. François-Joseph n’y séjourna que très peu – il y vint pour la dernière fois en 1911 – et Marie-Valérie, mariée à son cousin l’archiduc Franz-Salvator de Habsbourg-Toscane, n’y résida plus.

Fin octobre 1918, le roi Charles IV, couronné le 31 décembre 1916, y prit ses quartiers militaires, avec toute sa famille, et en compagnie de son état-major planifia les dernières batailles de la guerre avant l’effondrement final du front et les émeutes de Vienne et Budapest au début novembre 1918. Il y reçut divers membres du nouveau gouvernement hongrois parmi lesquels le comte Mihály Károlyi, le nouveau chef de gouvernement, aristocrate communiste, qui dut ensuite céder le poste à Bela Kun. 

En Hongrie, Mihály Károlyi est connu comme s’appelle « Le Comte Rouge ». Ironie de l’histoire sa femme était s’appellait Katinka Andrássy, petite-fille de Gyula Andrássy, l’admirateur d’Elisabeth. grand homme d’État de Monarchie et l’admirateur de la Reine Elisabeth. Elle est aussi connue la « Comtesse Rouge ».

Les enfants impériaux les archiducs Otto, Robert, Félix, Charles-Louis et l’archiduchesse Adélaïde furent les derniers membres de la dynastie à résider à Gödöllö. Charles et Zita avaient été contraints de regagner Vienne en laissant les enfants aux soins de leur gouvernante la comtesse Kerssenbrock et le frère de l’impératrice le prince René de Bourbon-Parme. La révolution avait éclaté à Budapest et ils durent quitter le château en catastrophe pour rejoindre leurs parents à Schönbrunn avant l’exil final qui les conduisit en Suisse. La page glorieuse de Gödöllö était tournée.

En 1919, la République Socialiste de Hongrie y installa le haut commandement militaire. Puis à partir de sa prise de pouvoir en 1920, le Régent Horthy en fit sa résidence de campagne pour plus de deux décennies. En 1933, il permit qu’y soit tenu le Quatrième Jamboree Mondial. Plus de 25 000 scouts venus de 54 nations campèrent autour du château. Après la prise de pouvoir des communistes en Hongrie en 1945, puis l’écrasement de Budapest en 1956, le château tomba en ruines.

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Depuis 20 ans une campagne de restauration importante a été entreprise. Elle est aujourd’hui pratiquement achevée.

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Il reste encore une aile et les écuries à restaurer mais l’ensemble des appartements royaux se visite et on y retrouve avec bonheur l’ensemble des souvenirs laissés par François-Joseph et Elisabeth.

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Pas une visite à Budapest ne peut se faire sans aller à Gödöllö où le souvenir d’Elisabeth reste éternel. Consulter le blog de la baronne Sophie Manno de Noto pour en savoir davantage sur l’impératrice Sissi. (Un grand merci à Cosmo pour cet article)