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Son enfance se passe en Epzgebirge, c’est dans cet environnement prédestiné que lui viendra sa future vocation de minéralogiste, puis d‘orfèvre lapidaire.  En effet cette région fournit toute l’Europe en pierres semi- précieuses comme, l’agate, la cornaline, l’améthyste le jaspe aux subtiles couleurs et bien d’autres gemmes.

C’est ainsi que Johan-Christian Neuber, fils de très modestes gens va à jamais figurer dans le cénacle des grands maîtres en devenant le virtuose de la  Steinzellemosaïk ( mosaïque de pierre).

La technique des pierres précieuses, semi-précieuse et dures, taillées, polies est connue depuis la plus haute antiquité. Bijoux et objets d’ornementations étaient alors très en vogue. Tombée dans l’oubli, la mosaïque de pierres (Pietra dura) est redécouverte en Italie au XVIe siècle.Sans doute à Florence, comme en témoigne une des plus anciennes œuvres connues, la plaque réalisée par le Florentin Cosimo Castrucci en 1576.

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Neuber travailla chez Heinrich Tadell qui le premier disposa des pierres sur une boite en or,  les fameuses pierres « cage ». C’est dans son atelier que le jeune homme apprendra à maitriser cet art si pointu. Il tombera éperdument amoureux de mademoiselle Taddel et l’épousera. Surpassant son maître, il arrivera à un tel degré de virtuosité que l’on ne verra plus le serti, (la petite armature en or qui sert à fixer les pierres sur le couvercle). Totalement invisibles, les gemmes sembleront posées sur leur support et tenir comme par magie.

Au XVIIIe siècle, il eut été impensable qu’un courant, qu’une mode puissent émaner d’une autre capitale que celle de la France, et pourtant…

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Avec le XVIIIe siècle, les objets dits «de galanterie » sont à leur apogée. Une voie royale s’ouvre à notre orfèvre. Son approche artistique, sa démarche stylistique, la grâce, la virtuosité et la fantaisie des sujets traités par l’artiste ne lui font pas oublier sa rigueur de minéralogiste. Boites, bonbonnières, coffres, châtelaines, boitiers de montres, pommeaux de cannes et autres menus objets sont de véritables petits cabinets minéralogiques.  Les pierres précieuses et semi précieuses qui les ornent sont numérotées, étiquetées.

Son travail de lapidaire rayonne dans toute l’Europe. Son succès est tel, qu’il, loue des carrières. Peu avant 1775,  Friedrich Auguste III le nomme Maitre joailler à la Cour. Charge qu’il gardera jusqu’en 1805, lui octroyant même la concession d’une de ses mines.

L’Europe en cette moitié de siècle découvre Pompéi et Herculanum, c’est ce que nous appelons le retour à l’antique, à la nature avec Rousseau, aux sciences naturelles avec les encyclopédistes. L’agitation de la rocaille est passée. Tous ces nouveaux thèmes se retrouveront dans l’œuvre de l’orfèvre, rendant encore plus excises ces boites dont les personnages évoluent dans un charmant décor d’où l’on peut apercevoir au loin des ruines antiques. Scénettes dignes du petit Trianon.

Neuber ne s’en tiendra pas qu’à des scènes naturalistes mais évoluera encore entre 1770 et 1780 vers des portraits de facture plus classique. Commandes représentants souvent des d’êtres chers. Ces objets étaient des cadeaux extrêmement prisés.et souvent diplomatiques.

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Il s’associe à la fabrique de Meissen. En 1782 il réalisera avec son concours une monumentale cheminée faite d’une combinaison de pièces en porcelaine de Meissen et de steinzellenmosaik (mosaïque de pierres). Cadeau destiné au prince héritier de Russie, le comte du Nord, qui pour d’obscures raisons ne parviendra jamais à son destinataire. L’œuvre restera à Dresde et sera détruite quand le 13 février 1945, la Voûte verte fut bombardée par les Russes. Trois des huit salles furent entièrement détruites. A la fin de la guerre les œuvres encore intactes furent saisies par l’Armée rouge. Ces trésors uniques en Europe, seront heureusement rendus en 1958.

En 1788 sa production est quasiment nulle la précarité fait place à l’opulence. En 1803, il reçoit quelques subsides pour de maigres travaux. Le Maître de Dresde au soir de sa vie oublié de tous, meurt dans le dénuement le plus total chez son fils Adolphe. (Merci à Qiou pour cet article – Copyright photos : DR)