Pour rédiger ses mémoires « Un destin singulier », le roi Siméon de Bulgarie a utilisé un ton qui lui ressemble bien. Celui de la modestie, de la sincérité et du respect d’autrui.
On ressent tout au long de ces pages la blessure jamais cicatrisée de l’exil et de la perte de son père le roi Boris en 1943 alors que Siméon n’a que 6 ans. Son immense joie de fouler à nouveau le sol de son pays en 1996 et cette volonté qui a toujours été si présente en lui de faire quelque chose pour son pays.
Lors de son retour en Bulgarie en 1996, Siméon de Bulgarie accompagné par son épouse la reine Margarita, visite plusieurs villes. Il prend aussi le temps de s’arrêter dans la parc de Boyana à Sofia où se trouve la sépulture de la reine Eléonore. Née princesse Eléonore de Reuss-Köstritz, elle épouse à l’âge de 47 ans le roi Ferdinand de Bulgarie, veuf de la princesse Marie Louise de Bourbon-Parme et père du prince héritier Boris (père de Siméon), du prince Kirill et des princesses Nadeja et Eudoxie.Siméon raconte que la reine Eléonore fut une parfaite « maman » pour les enfants de son époux. Sa dépouille a été exhumée par les communistes en 1950.
Lorsqu’il parcourt en voiture les rues de Sofia, tous ses souvenirs d’enfance lui reviennent. En l’église catholique Saint Louis, il se recueille ensuite sur la tombe de la princesse Marie Louise, sa grand-mère paternelle.
On apprend ainsi que Siméon n’a jamais connu son grand-père paternel le roi Ferdinand qui a quitté la Bulgarie en 1918, laissant le trône à son fils le roi Boris. Celui que la famille appelle « Le Monarque » est retourné s’installer sur ses terres à Cobourg. Ferdinand est en effet né prince de Saxe-Cobourg, fils du prince August et de la princesse Clémentine d’Orléans, fille cadette du roi Louis Philippe et de la reine Marie Amélie.
Lorsque Siméon voit le jour en 1937, la période est déjà tendue et n’est pas propice aux déplacements en Allemagne. Le roi Ferdinand s’éteindra en 1948 à Cobourg sans avoir vu son petit-fils. La reine Giovanna, mère de Siméon, lui rendant visite lors de l’exil mais préférant que son fils n’aille pas en Allemagne.
Siméon revient aussi sur sa lignée et sur son arrière-grand-mère paternelle la princesse Clémentine qui était très proche de ses petits –enfants. Elle passait de longues périodes en Bulgarie surtout après le décès de sa belle-fille la princesse Marie Louise. Les Bulgares l’appelaient « Baba Klementina » (maman Clémentine). A sa mort, cette fine stratège politique eut pour épitaphe sur sa tombe à Cobourg « Fille de roi, jamais reine mais à présent mère de roi »
Le roi Boris de Bulgarie épousa à Assise en Italie la princesse Giovanna de Savoie, fille du roi Victor Emmanuel et de la reine Elena d’Italie, née princesse de Monténégro. Un mariage qui fut une union très soudée jusqu’à la mort inopinée du souverain.
Comme le relate le roi Siméon, sa mère la reine Giovanna apprit à la perfection le bulgare et se sentit très rapidement bulgare. L’argent de sa dot avait été investi dans la création d’un sanatorium à Tryavna. Il existe encore aujourd’hui.
Le roi Siméon se souvient d’une enfance heureuse avec sa sœur la princesse Marie Louise de 4 ans son aînée mais aussi des longues absences de son père accaparé par les affaires de l’Etat.
Le roi est décédé le 28 août 1943 après une entrevue avec Hitler. Les causes de sa mort demeurent encore inexpliquées. On a évoqué un empoisonnement mais rien de concret n’a pu être établi. Un questionnement qui n’a jamais quitté Siméon.
Siméon devient donc roi à l’âge de 6 ans, la régence étant notamment assurée par son oncle le prince Kirill. En 1944, sa tante la princesse Eudoxie est envoyée dans un camp d’internement. Son oncle le prince Kirill est fusillé en 1945. La reine Giovanna et ses enfants parviennent malgré tout à fuir en train vers Istanbul après de longues journées d’angoisse qui les marqueront à jamais.
La princesse Eudoxie libérée, ne s’en remettra jamais à la fois des souffrances familiales endurées et de l’abandon forcé de son pays. Elle rejoignit sa sœur la princesse Nadeja, duchesse de Wurtemberg en Allemagne où elle vécut jusqu’à sa mort en 1985.
La reine Giovanna sentant la situation se tendre et ayant encore à l’esprit la fin tragique des Romanov, avait adressé une lettre en 1944 au roi George VI demandant de l’aide pour quitter le pays. Une lettre restée sans réponse et qui fit que la veuve du roi Boris ne souhaita plus jamais mettre un pied en Angleterre. Des années plus tard, le roi Siméon en visite à Balmoral s’en ouvrit à la reine Elizabeth. Cette dernière lui conseilla de s’adresser aux archives où étaient regroupées toutes les lettres reçues par son père. Cette lettre n’y figurait pas, probablement interceptée entre temps. Ceci expliqua donc le silence.
La famille part avec pour solde de tout compte 200$ par personne, de l’argenterie, quelques pièce de vaisselle et des bijoux que la reine vendra au fil des ans pour subvenir aux besoins de la famille.
D’Istanbul, la famille royale partit pour Alexandrie en Egypte où ils furent reçus par le roi Farouk et retrouvèrent des membres de la famille impériale de Russie, de la famille royale d’Albanie mais aussi le roi Victor Emmanuel et la reine Elena, grands-parents maternels du roi Siméon.
Siméon y fréquente le Victoria College où il avait pour compagnon de classe le futur roi Hussein de Jordaine et le roi Fayçal d’Irak (dans une classe supérieure). Des liens d’amitiés indéfectibles se tisseront avec le souverain hachémite.
En 1951, la reine Giovanna prend l’initiative de quitter l’Egypte. La famille s’installe à Madrid où Siméon poursuit sa scolarité au lycée français. Il part ensuite aux Etats Unis dans une académie militaire.
Les membres du service du palais de Sofia qui les avaient suivis en exil, sont restés en Egypte à l’exception du cuisinier Mischo qui fera partie de la famille jusqu’à sa mort et qui était adulé par les enfants du roi Siméon.
L’été se passe au Portugal où l’on retrouve d’autres membres de familles royales en exil. En 1954, Siméon prend part à la célèbre croisière de l’Agamemnon organisée dans les îles grecques par la reine Frederika de Grèce.
Siméon confie qu’il a eu des sentiments pour la princesse Anne, fille du comte et de la comtesse de Paris mais que le comte de Paris fut intransigeant pour des questions religieuses.
En 1962, après deux années de tractations pour questions religieuses, il épouse à Vevey en Suisse Margarita Gomez-Acebo, une jeune Espagnole dont les parents ont été tués lors de la Guerre Civile. Margarita a fait une partie de ses études au collège du Sacré Cœur de Jette à Bruxelles.
Sa mère la reine Giovanna leur laisse sa résidence de Madrid et part s’installer à Estoril au Portugal. Sa sœur la princesse Marie Louise (ici sur la photo) est quant à elle établie au Canada.
Siméon et Margarita de Bulgarie ont eu cinq enfants : Kardam, Kirill, Kubrat, Konstantin et Kalina qui jusqu’à leur adolescence portaient le nom de Rylski, nom utilisé par le roi Boris lors de ses déplacements à l’étranger. Sur suggestion du roi Juan Carlos, ils deviennent finalement « Saxe-Cobourg » sur leur passeport.
Pendant des années, Siméon qui travaille pour différents groupes industriels, n’a pas ménagé ses efforts pour entretenir des contacts avec les Bulgares de Bulgarie et la diaspora, sacrifiant énormément de sa vie de famille.
Du côté des amitiés royales, Siméon de Bulgarie revient longuement sur son amitié fraternelle avec le roi Hassan II du Maroc. Très ami aussi du couple Juan Carlos et Sophie d’Espagne et de l’impératrice Farah, une grande dame comme il l’écrit qu’il n’a jamais entendu se plaindre.
En famille, Siméon a passé de nombreux réveillons de Nouvel An au Maroc auprès d’Hassan II et de sa famille. On y retrouvait aussi Maurice Druon ou Jean d’Ormesson. Les liens sont passés à la génération suivante puisque les enfants du roi Siméon et du roi Hassan II entretiennent aussi des relations de grande amitié. Le roi n’est d’ailleurs pas peu fier de son petit-fils le prince Siméon Hassan, fils de la princesse Kalina. Le petit prince qui vit avec ses parents au Maroc, est né à Sofia. Son « parrain » est le roi Mohammed VI du Maroc et sa marraine la princesse Irène de Grèce. Il parle couramment le bulgare, le français, l’espagnol, l’anglais et apprend à présent l’arabe classique.
Siméon est aussi resté très proche de ses cousins de Savoie. Il fut l’exécuteur testamentaire de son oncle le roi Umberto avec son cousin le prince Moritz de Hesse (fils de la princesse Mafalda de Savoie).
Il revient sur ces demeures familiales qui furent vendues au gré des successions : le château de Pollenzo ou encore Racconigi mais qui sont aujourd’hui parfaitement entretenues par l’Etat italien.
L’archiduc Otto d’Autriche lui avait conseillé de faire plusieurs visites successives en Bulgarie pour préparer l’opinion publique. « Entre et sors » lui avait-il confié.
En 2001, son parti sort victorieux des urnes et forme une coalition. Beaucoup d’espoirs reposent sur ses épaules. Siméon ne ménage pas son énergie et son temps dormant parfois seulement 4-5 heures. Toute la famille est réunie à Sofia pour ce jour historique. La reine Noor de Jordanie arrive le lendemain pour féliciter le roi Siméon.
Ses nouvelles responsabilités sont aussi un sacrifice familial. Margarita de Bulgarie se partageant entre Sofia où elle est souvent seule en raison de l’agenda de son époux et Madrid où vivent quatre de leurs enfants. 4 ans plus tard, les attentes ayant été trop grandes, le parti de Siméon n’a plus la main pour former un gouvernement mais continue à faire partie de la coalition gouvernementale.
Avec le recul, Siméon de Bulgarie synthétise la situation : les espoirs étaient énormes. Tout le monde voulait une hausse des salaires, une hausse des pensions,…
S’en suit alors le début de campagne de dénigrement par les anciens communistes. Siméon a pourtant toujours veillé scrupuleusement à ne jamais dévier de sa ligne de conduite. Il regrette à présent d’avoir sciemment demandé à ses fils de ne pas venir en Bulgarie par crainte de critiques, alors que de par leurs formations (Kirill est expert financier à la City depuis plus de 25 ans), ils auraient pu être d’excellents collaborateurs.
Le roi Siméon revient longuement sur la bataille qui l’oppose aujourd’hui à l’Etat bulgare et qui l’a conduit avec sa sœur la princesse Marie Louise jusqu’à la Cour de Strasbourg. En 1998, la Cour suprême bulgare s’est prononcée à l’unanimité sur la restitution des biens privés de la famille royale. Le roi entame alors des travaux de restauration de sa résidence de Vrana à Sofia.
Mais dès 2007, les choses changent jusqu’à en arriver en décembre 2009 à la décision du Parlement de voter un moratoire empêchant le roi et sa soeur de disposer de leurs biens sous prétexte de vérification de la légitimité de la décision de 1998 et des titres de propriété.
Siméon et Marie Louise avaient fait don à la ville de Sofia en 200 du vaste parc de 88 hectares entourant la résidence de Vrana pour en faire un parc public.
Siméon n’a plus non plus le droit d’exploiter ses forêts qui lui permettaient de faire face aux coûts d’entretien de ses résidences. Il ne perçoit en effet aucune pension de l’Etat même s’il a été Premier Ministre. Il vit donc de sa casette personnelle constituée tout au long de ses années de travail en Espagne.
Les biens privés qui avaient initialement été restitués sont la résidence de Bania, la palais de Krichim, le château d’Euxinograd, la résidence de Vrana, la résidence de Sarigöl et la résidence de Tzarska avec dans certains cas des forêts attenantes.
A Vrana où il vit la plupart de l’année, il reçoit encore de nombreux visiteurs. Il n’a plus de service à sa disposition et avoue cuisiner lui-même. En 2011, il a constitué un fonds privé Roi Boris et reine Giovanna dont l’objectif est de préserver l’héritage royal notamment au niveau des archives. Les costumes folkloriques de sa mère abandonnés lors du départ en exil se trouvent aujourd’hui dans différents musées de Sofia.
Malgré le climat politique peu amical à son égard, il est heureux d’avoir pu retrouver sa patrie et d’y vivre. Il achève ses mémoires avec ces mots où l’on sent tout le poids d’une destinée pas comme les autres : « Après sept décennies de bons et loyaux services au pays, j’ai senti subitement sur mes épaules le poids du temps, comme une grande fatigue. J’ai compris que cet anniversaire était aussi celui de mon propre épilogue ». (Copyright photos : getty images, site de la famille royale d’Albanie & DR)
« Un destin singulier », Siméon de Bulgarie, Editions Flammarion, 2014, 384 p.
jul
7 novembre 2014 @ 07:25
Article passionnant, par son texte et les photos qui rendent vivant les liens familiaux du Roi Siméon!
Je ne savais pas qu’il aimait Anne d’Orléans. Malheureusement, ce mariage n’a pas pu se faire. Quels étaient les sentiments de la Princesse Anne pour lui ? Charles pourra peut-être nous en dire davantage.
Pour ce qui est de la religion, je crois que seul l’héritier est orthodoxe, les autres enfants sont catholiques. J’imagine que le Roi Humbert était le parrain de l’un d’entre eux?
Je sais que la Princesse Sibylla de Suède dont une fille était la filleule du Roi Ferdinand, espérait marier l’une d’elle à Siméon.
Gérard
8 novembre 2014 @ 22:13
Le roi ayant compris que les Orléans étaient en ces temps très soumis à l’oncle Henri, renonça à Anne. Plus tard il souhaita épouser la princesse Désirée de Suède qui l’aimait bien mais souhaitait se marier avec un suédois ce qu’elle fit avec le futur baron Silfverschiöld.
Comme le roi le rappelle dans son autobiographie ses deux aînés sont orthodoxes et les autres catholiques.
mimi
7 novembre 2014 @ 09:12
le Roi Siméon me semble être quelqu un d ‘estimable…malgré toules les situations qu’il a affrontées.
Marie de Cessy
7 novembre 2014 @ 09:45
Hâte de lire ce livre
Pierre-Yves
7 novembre 2014 @ 12:12
Merci à Régine de ce long et très intéressant descritpif du parcours de Siméon de Bulgarie. Cela donne vraiment envie de lire ce livre.
COLETTE C.
7 novembre 2014 @ 12:15
Un homme estimable. Envie de lire ce livre.
Severina
7 novembre 2014 @ 13:09
Voila une famille qui a traversé toutes les tragédies du XX siècle: une histoire bouleversante que j’ai hâte de lire. Merci Régine.
Claude-Patricia
7 novembre 2014 @ 13:44
Bonjour à tous,
Ce livre doit vraiment être lu, parce qu’il est aussi un témoignage pour l’Histoire d’un pays situé en Europe, une vue d’ensemble sur trois (voire plus avec les enfants et petits-enfants) générations. En tout cas, si je peux, je l’achèterai parce que je trouve attachante la personnalité de ce roi. Il aura essayé, en devenant Premier ministre de continuer d’appliquer sa politique de redressement du pays. Je suis d’accord avec le titre du livre.
Francine du Canada
7 novembre 2014 @ 14:04
Merci Régine pour ce magnifique reportage; j’achèterai ce livre car le roi Siméon est une personne très sympathique et il a fait face à tellement de difficultés dans sa vie. J’espère qu’écrire ses mémoires fut un bon exutoire pour relativiser les choses et évacuer ses peines, soucis et tracas. Bon w-e à tous, FdC
marie.françois
7 novembre 2014 @ 15:02
Le chateau d’Euxinograd à Varna n’ a jamais fait l’objet d’une restitution.
JAY
7 novembre 2014 @ 15:14
Je ne comprends pas pourquoi il ne voulait pas impliquer ses fils? Comment pouvait il voir un quelconque avenir !?
Anne-Cécile
7 novembre 2014 @ 17:48
Le Roi ne doit pas se remettre en cause.
Certes il a, comme responsable politique véritiable cad non roi mais premier ministre, conduit tout bonnement une politque de centre droit teintée très fortement par les règles orthodoxes de l’UE et des USA sur la transformation des « PECO » . Sans éclat et avec les résultats médiocres observés dans tous ces pays mais qui sont mal passés auprès d’une population fort pauvre.
No, le Roi Simeon est surtout la victime d’une greffe qui n’avait que partiellement pris. Les Cobourg sont entrés dans l’histoire millénaire de la Bulgarie pour en sortir quelques décennies plus tard.
Point.
Certains furent d’excellents souverains et des humains médiocres, le contraire aussi…..etc….
Hélas lorsque l’on quitte même contre son gré le navire, il est illusoire de vouloir rejoindre à nouveau la croisière.
Jean Pierre
7 novembre 2014 @ 18:03
Cet homme a vraiment eu une vie qui sort de l’ordinaire.
Je m’attendais alors à ce que son autobiographie soit plus épaisse.
michel
7 novembre 2014 @ 18:50
merci pour ce bel article . La droiture, l’humilité et le dévouement sans compter de l’ex-roi Simeon de Bulgarie forcent l’admiration . Nous n’avons pas d’homme politique de cette trempe aujourd’hui…mais savoir qu’une si belle personne existe , redonne espoir, ce livre est salutaire et passionnant
Milena K
8 novembre 2014 @ 05:06
Article fort intéressant et documenté.
patricio
8 novembre 2014 @ 07:31
Je viens de recevoir le livre, il me tarde de le lire.
Amitiés
Patricio
Claude-Patricia
8 novembre 2014 @ 10:45
De mon côté, je reprend donc ici des articles de l’Illustration sur la Bulgarie
La résurrection de la monarchie bulgare
La proclamation, à Tirnovo de l’indépendance bulgare marque la résurrection d’une monarchie qui du 7 eme au 11eme siècle et du 13eme au 14em fut toute puissante dans les Balkans. Au 10ieme siècle, le grand tsar Siméon, le Charlemagne bulgare, régnait sur tous les pays qui constituent aujourd’hui la Bulgarie, la Serbie, la Macédoine et l’Albanie et obligeait même l’empire grec à lui payer tribut. Au commencement du onzième siècle, la Bulgarie, soumise par l’empereur Basile, fut gouvernée par des ducs pendant cent soixante sept ans. Mais en 1186, Pierre et son frère Assan Ier, issus des anciens rois bulgares, délivrèrent le pays du joug byzantin et fondèrent la dynastie qui régna à Tirnovo jusqu’à la fameuse défaite de Cassovie, en 1389, après laquelle la Bulgarie, envahie par les Turcs fut soumise à Bajazet. C’est l’évocation, dans la capitale traditionnelle des Assanides, sur les dernières pierres de l’ancien palais des tsars, des grands souvenirs de la monarchie bulgare libre et puissante qui a donné à la cérémonie de la proclamation, à l’acte solennel qui mettait fin à six cents ans de servitude ou de vassalité, un caractère d’émouvante grandeur.
L’abdication de Ferdinand de Bulgarie (12 octobre 1918)
Les évènements de Bulgarie ont eu pour épilogue l’abdication du tsar Ferdinand, au profit de son fils Boris. C’est le 4 octobre que cet acte a eu lieu. Il a été porté à la connaissance du peuple bulgare par un manifeste daté du 3, dans lequel le monarque disait qu’il désirait donner le premier exemple du sacrifice pour le bien de la patrie et faisait appel au dévouement et au loyalisme de tous ses sujets. Quant à l’acte d’abdication lui-même, il avait été signé par tous les chefs des partis politiques en même temps que par l’ex-tsar.
Le Sobranié a tenu le 5 octobre, une séance secrète, qui n’a pas duré moins de cinq heures, à l’issue de laquelle un ordre du jour approuvant la conclusion de l’armistice avec l’Entente a été voté à l’unanimité. Après quoi, il s’est ajourné jusqu’au 15. Cependant, tandis que Ferdinand quittait la Bulgarie, le nouveau tsar Boris signait son avènement par une proclamation au peuple et par la voie diplomatique.
Article de Robert Lambel.
Mariage royal (1er novembre 1930)
Le mariage du roi des Bulgares Boris III et de la princesse Jeanne de Savoie a été célébré le 25 octobre dans l’église supérieure d’Assise, devant l’élite de l’aristocratie et du monde politique italiens. Le roi Boris, fils aîné de l’ex-tsar Ferdinand auquel il succéda après son abdication le 3 octobre 1918, est âgé de trente-six ans. Son trône est le seul qui subsiste de tous ceux des empires centraux qui avaient mené la guerre contre les Alliés, et le jeune souverain s’est fait apprécier dans les milieux internationaux par le tact et la diplomatie qu’il a apportés à un héritage difficile.
La princesse Jeanne, qui n’a que 22 ans est la troisième des quatre filles du couple royal d’Italie. Blonde et élancée, très cultivée-elle parle couramment plusieurs langues, dont le russe et le bulgare-musicienne et artiste, elle s’est rendue très populaire par sa simplicité et son dévouement charitable. Ce mariage, comme il est de tradition dans la Maison de Savoie, est un mariage d’inclination. A plusieurs reprises, depuis trois ans, le roi Boris avait été l’hôte des souverains italiens. D’ailleurs sa mère elle-même était une princesse de Parme. Mais la politique du fascisme italien s’est toujours montrée sympathique à l’égard de la Bulgarie et les liens entre les deux peuples vont se trouver renforcés.
La cérémonie s’est déroulée avec la pompe habituelle, tempérée seulement par le rite de l’église catholique en matière de mariages mixtes, car le roi Boris est orthodoxe. C’est ainsi que l’officiant ne fut pas un cardinal, mais simplement le père Antoine Risso, custode de l’église. Après la bénédiction des époux, l’acte de mariage fut rédigé dans la sacristie et transcrit ensuite dans le registre de l’état civil au palais de la commune d’Assise.
L’ex-tsar Ferdinand s’était rendu à Assise pour assister au mariage de son fils. Les témoins étaient le prince de Piémont, le comte Calvi, qui sont les nouveaux beau-frère du marié, son frère le prince Cyrille et le mari de sa sœur, le duc de Wurtemberg.
Parmi les autres personnalités présentes, outre les membres de la famille royale italienne, se trouvaient les princes de la maison de Grèce, l’ex-reine Sophie, le prince Sixte de Bourbon-Parme, la duchesse d’Aoste née Orléans, la duchesse des pouilles née de Guise, M. Mussolini en grand uniforme, entouré de tous ses ministres, et le président du Conseil bulgare, M. Liaptchef.
Voilà les quelques textes que j’ai trouvé dans mon livre. J’avais normalement décrit les funérailles du roi Boris à la rubrique Bulgarie.
Bien à vous!
Gilles de Bise
8 novembre 2014 @ 20:09
La maison de Saxe-Coburg, dont est issu Siméon II, règne encore aujourd’hui sur les royaumes belge et britannique. La famille royale britannique a abandonné ce patronyme à consonance germanique en 1917 (1ère guerre mondiale) pour choisir celui de Windsor. Les rois belges descendent de la branche Saalfeld de la maison de Saxe et utilisent actuellement le patronyme « Belgique ».
Gérard
8 novembre 2014 @ 22:16
Il a été écrit que les restes de la reine Eléonore avait été retrouvés après la chute du régime communiste dans une fosse près de son ancienne tombe, bien sûr sans ses bijoux et qu’elle put être reinhumée dans ce lieu où elle avait souhaité reposer et sa tombe fut reconstituée d’après les photos anciennes. Le roi ne dit rien cependant de la redécouverte des restes. La tombe près de la chapelle de Boyana est simple. Une croix est ornée du chiffre couronné de la reine et d’une petite photo.
https://m.flickr.com/#/photos/36338186@N05/4051691055/
Gérard
9 novembre 2014 @ 23:28
Cet article est un bon résumé du livre du roi, un livre qui montre, si besoin en était, l’intelligence, la clairvoyance, le dévouement, le cœur et la délicatesse du roi Siméon et qui fait regretter encore plus les avanies qu’il subit et qui ne grandissent pas la justice bulgare. Magnifique hommage aussi à la reine Jeanne sa mère, une sainte sans doute.
Christian
14 novembre 2014 @ 16:44
En principe, Siméon Hassan n’est pas prince, que ce soit de Bulgarie ou d’ailleurs, même si Wikipédia le dit. Il s’appelle Siméon Muñoz. C’est tout.
Régine
15 novembre 2014 @ 09:20
Son grand-père l’a titré prince