La Lituanie est donc entrée dans la zone euro ce 1er janvier. Toutes les pièces courantes représentent un même chevalier en armes : le Vytis. L’histoire de ce symbole profondément lituanien a aussi des rapports avec la Pologne et même, plus récemment, avec la Belgique.
Le Vytis a une présence d’autant plus forte que ce n’est pas un personnage de chair et de sang : c’est un chevalier immatériel, une image, presque une vue de l’esprit. C’est l’idéal du garant de la victoire et de la liberté. Si on fait un survol très rapide de l’histoire de la Lituanie et du Vytis, on arrive à peu près à ce qui suit.
Le Grand-Duché de Lituanie a existé du XIIe siècle à 1569. À son apogée, il s’étendait de la Mer Baltique à la Mer Noire et de la Pologne à Smolensk. C’était le plus grand pays européen de l’époque et le Vytis était déjà son emblème – ci-dessous sa représentation actuelle.
En 1569, par le Traité de Lublin, le Grand-Duché de Lituanie se lie au Royaume de Pologne pour constituer la République des Deux Nations. Cette union entre les deux pays adopte un blason écartelé avec l’aigle polonaise en 1 et 4 (aigle qui est toujours représentée sur les armes actuelles de la Pologne) et le Vytis en 2 et 3, comme on le voit ci-dessous.
La République des Deux Nations a résisté au fil des siècles aux Chevaliers teutoniques, à l’empire ottoman, au royaume de Suède et à d’autres ennemis mais, en 1795, la Lituanie est entièrement annexée à l’empire russe, sous la fin du règne de Catherine II, et le Vytis disparaît.
À l’issue de la Première Guerre Mondiale, en 1918, la Lituanie proclame son indépendance, puis devient une république et reprend le Vytis sur son blason et sur sa monnaie nouvellement créée : le litas.
Le Vytis disparaît à nouveau lors de la Seconde Guerre Mondiale et l’occupation soviétique. Le litas aussi disparaît, remplacé par le rouble.
Puis la Lituanie redevient indépendante en 1990 et le Vytis réapparaît : il redevient le blason du pays et est de nouveau frappé sur des pièces en litas en 1992, avant d’être frappé sur les pièces en euros qui viennent d’entrer en circulation le 1er janvier dernier et qui font désormais partie du patrimoine numismatique de l’Union européenne.
Voilà pour les grandes lignes de l’histoire. Mais je souhaiterais revenir en particulier sur cette union de la Lituanie avec la Pologne. Malgré son nom de « république », il s’agissait en fait d’un système monarchique dans lequel la noblesse disposait d’un très grand pouvoir. On a d’ailleurs appelé ce système la « démocratie de la noblesse ». Parmi les grandes familles polonaises et lituaniennes qui ont participé à la prospérité de cette union, on trouve les Princes Sapieha, dont le blason qui figure ci-dessous a lui aussi représenté le Vytis.
On se souvient que la grand-mère maternelle de la Reine Mathilde, tragiquement décédée en 1997, était née Princesse Sophia Sapieha. Le chevalier des pièces lituaniennes a donc aussi un lien avec la Belgique. (Merci à Sedna pour cet article)
francesca
12 janvier 2015 @ 09:49
Merci pour cette page très intéressante.
Caroline
12 janvier 2015 @ 10:02
Un grand merci à Sedna pour cet article historique sur le passé de la Lituanie!
J’aimerais savoir s’il existe d’autres familles de la noblesse lituanienne!
Sedna
14 janvier 2015 @ 00:40
Bonsoir Caroline,
Il y a aussi les Princes Radziwill, qui font l’objet d’une rubrique sur N&R, mais je n’ai pas trouvé de lien immédiat entre eux et le Vytis.
Claudia
12 janvier 2015 @ 10:15
Je n’avais jamais entendu parler du Vytis, décidément avec cette rubrique j’en apprends à chaque fois, merci Sedna.
flabemont8
12 janvier 2015 @ 12:28
Merci, Sedna, je retrouve avec plaisir vos articles si intéressants et instructifs !
Juliette
12 janvier 2015 @ 12:46
Merci Sedna, de nouveau, pour cet article. C’est passionnant!
septentrion
12 janvier 2015 @ 12:50
Bonjour,
Merci pour cet article, je ne connaissais pas non plus le Vytis.
Il m’avait semblé que la Reine Mathilde avait souhaité partir en Pologne pour son voyage de noces.
Cdt,
Francine du Canada
12 janvier 2015 @ 13:02
Merci Régine et merci Sedna; je n’avais jamais entendu parler du Vytis moi non plus et j’ai bien apprécié le lien dont vous faites mention, à propos de la grand-mère maternelle de la reine Mathilde. Bonne semaine, FdC
Zeugma
12 janvier 2015 @ 15:44
En France, nous connaissons si mal cette région.
Merci donc pour ce reportage très intéressant qui nous instruit sur les méandres d’une histoire complexe avec le prisme des relations avec la Pologne (et – moins faciles – avec la Russie).
Il faut dire, au passage, que Riga est une grande et belle ville. Un marché couvert bien achalandé se tient dans les anciens hangars des ballons dirigeables qui transportaient des passagers dans les années trente.
Il y a un hôtel très confortable en centre ville, dont j’ai oublié le nom.
Les Lettons sont des gens laborieux et je leur souhaite tout le succès possible au moment où ils rejoignent la zone Euro.
Zeugma
13 janvier 2015 @ 09:11
Autant pour moi …. Ce sont les ravages de l’âge !
Je découvre rétrospectivement mon erreur. Je pensais que c’était la Lettonie qui était rentré dans la zone Euro alors que c’est la Lituanie, bien sûr.
C’est d’autant plus impardonnable que je connais (un peu) les trois Etats Baltes.
La Lettonie avait déjà l’Euro.
L’Estonie aussi, si j’ai bien compris.
La Pologne n’a pas l’Euro.
Il est vrai que cela est bien compliqué.
Francine du Canada
13 janvier 2015 @ 14:19
Zeugma… moi je vous pardonne et « sans condition ». FdC
Aliénor
12 janvier 2015 @ 17:07
Très intéressant.
Merci !!!
Laure-Marie Sabre
12 janvier 2015 @ 20:34
Je ne savais pas que le lituanien avait un lien avec les langues slaves (très ignorante) : en serbo-croate, « vitez » signifie chevalier.
Sedna
13 janvier 2015 @ 19:49
Bonsoir Laure-Marie et merci pour cette précision. J’ai vu sur des moteurs de traduction automatique qu’il y avait un lien entre le mot « vytis » et la chasse, mais ce n’était guère satisfaisant.
Laure-Marie Sabre
14 janvier 2015 @ 23:11
Si j’ai bien compris, la racine de « vitez » est proche du sens de « vainqueur » plutôt que de « chasseur » (lovac en serbo-croate). Le chevalier serait donc plutôt celui qui gagne que celui qui combat stricto sensu.
Corsica
15 janvier 2015 @ 13:17
Sedna, merci pour votre reportage passionnant et instructif .