Alexis Petrovitch était le fils aîné de Pierre le Grand et de sa première épouse, Eudokia Fiodorovna Lopoukhina. Il est né en 1690 à Moscou. Il est le père de Pierre II qui régna de 1727 à 1730, avant de mourir à l’âge de 15 ans.
Les relations entre le tsarévitch Alexis et son père étaient mauvaises car le tsarévitch, influencé par les nostalgiques de la Vieille Russie, voulait rétablir les anciennes coutumes lors de son accession au pouvoir.
Pierre le Grand s’en inquiétait et voulait le déshériter. Des intrigues étaient entretenues par Menchikov et la tsarine Catherine qui voyait son tout jeune fils Pierre sur le trône ( le tsarévitch Alexis et Pierre le Grand avaient eu chacun un fils appelé Pierre, à quelques jours d’intervalle, en 1715).
Le tsarévitch Alexis choisit alors la fuite à Vienne et demanda l’asile à l’empereur d’Autriche Charles VI. Humilié, Pierre 1er envoya son compagnon d’armes Tolstoi (ancêtre du célèbre écrivain) à la recherche de son fils, en promettant son pardon. Dès le retour du tsarévich Alexis, il le jeta en prison, le fit torturer pour lui faire avouer sa trahison et celle de ses proches, et le fit juger par la Haute Cour pour crime de lèse-majesté.
Le 25 juin, le verdict du procès tomba : Alexis Pétrovitch était reconnu coupable de crime contre la sûreté de l’État et condamné à mort.
Le tsarévitch mourut dans des circonstances mystérieuses le lendemain, le 26 juin 1718, dans la prison de la forteresse Pierre et Paul de Saint-Petersbourg. Le procès du tsarévitch fut traduit en français, la langue officielle de toutes les cours d’Europe depuis le début du 17ème siècle, pour que le monde puisse vérifier la légalité de la condamnation. (Merci à Agnès pour ce reportage -sources : musée historique de Moscou, wikipedia, tableau de la Galerie Tretiakov)
agnes
2 février 2015 @ 06:26
En marge du procès du tsarevitch, environ 50 personnes de son entourage auraient été exécutés (je ne sais pas s’ils ont eu droit aussi à un procès), surtout des religieux Vieux Croyants qui voulaient revenir en arrière. Ils avaient été dénoncés par le tsarevitch et sa maitresse (sous la contrainte). La 1ère femme de Pierre le Grand (qu’il avait répudiée) aurait aussi été torturée, mais elle a été épargnée et on lui a fait prendre le voile.
Pierre le Grand, pas toujours grand.
June
2 février 2015 @ 13:41
L’époque n’était pas tendre mais tout de même, que de barbarie !…
Erato
2 février 2015 @ 13:11
Etrange affaire. Quelle responsabilité pour Pierre le grand? Sa grande tragédie personnelle débute peut être ici, car qu’aucun des ses fils (nés de son second mariage) ne lui survivra. A sa mort, sept ans après celle d’Alexis Petrovitch, il n’a aucun héritier pour lui succéder. C’est donc sa veuve qui deviendra impératrice sous le nom de Catherine 1ère, étonnant revers de l’histoire que le couronnement d’une ancienne servante.
MEYER
2 février 2015 @ 14:46
Pierre II, le fils de l’infortuné tsarevitch Alexis, devait être fiancé à la princesse Maria Menchikov, fille du favori de Pierre le grand que l’impératrice Catherine I avait placé à la tête du conseil privé.
Le prince Alexis Dolgorouky, représentant l’opposition de la noblesse, face à la toute puissance du favori, prépara la chute de Menchikov et l’expédia en Sibérie avec sa famille.
Le nouveau maître ne trouva rien de mieux que d’offrir sa fille Ekaterina en mariage, mais la petite vérole emporta le fiancé le jour fixé pour les noces.
Une autre Catherine Dolgorouky devait également approcher le trône de Russie, mais l’empereur Alexandre II fut assassiné avant d’avoir pu élever sa seconde épouse au rang d’impératrice de Russie.
Source : la descendance de Pierre le grand, tsar de Russie, de Nicolas Enache.
flabemont8
2 février 2015 @ 17:37
C’est affreux de promettre son pardon et de ne pas tenir parole , d’aller jusqu’à la torture et la mort, surtout envers son propre enfant !
Francine du Canada
5 février 2015 @ 00:54
Effectivement et il ne faut pas être sain d’esprit pour torturer et tuer son enfant. FdC
Caroline
2 février 2015 @ 23:06
Agnès,merci pour votre article intéressant!
Vous seriez bientot incollable sur l’histoire fort souvent sinistre de la Russie!
Caroline
2 février 2015 @ 23:49
Oups! ‘histoire souvent fort sinistre…’!
Corsica
3 février 2015 @ 00:11
Merci Agnès pour ce reportage intéressant sur cette triste page de l’histoire russe .
Le famille je vous hais de Gide est fort approprié dans ce duo père-fils, où le fils hait véritablement le père alors que le père à force de déceptions, méprise le fils . Entre ces deux hommes totalement dissemblables sauf dans leurs débauches, les blessures d’enfants (la mère du tsarévitch a été enfermée dans un couvent alors qu’il n’avait que 9 ans), la dévotion, la faiblesse et la paresse de l’un mais surtout leurs conceptions opposées de la Russie vont créer un fossé infranchissable . Tout ce qui intéresse le père : la guerre, les écrits scientifiques, la ville surgie des marais, Saint Petersburg, la puissance mais surtout la modernisation et l’occidentalisation de la Russie, rebutent le fils .
Tous les efforts du père pour apprendre au fils son métier de monarque vont échouer . Alexis préfère la fête et l’oisiveté à son rôle de gouverneur de Moscou et il ne tirera pas grand profit de son séjour de formation à Dresde (au retour, pour éviter les reproches de son père qui veut évaluer ses progrès et lui demande de dessiner un plan, le jeune tsarévitch préfère se tirer une balle dans la main droite …) . Le contentieux s’alourdit encore quand Alexis, orthodoxe convaincu, est horrifié par le choix matrimonial que lui réserve son père : une princesse allemande luthérienne, Charlotte -Christine de Brunswick-Wolfenbuttel, belle sœur de l’empereur Charles VI . Bien évidement le couple n’est pas heureux et le tsarévitch imposera la présence de sa maîtresse Euphrosine, une serve, à son épouse . La deuxième grossesse de la jeune femme lui sera fatale puisqu’elle mourra en couches . Pendant toute cette période, les opposants de Pierre le Grand sont devenus les partisans de son fils et le père de plus en plus irrité par l’incompétence de son fils menace de le déshériter au profit de son dernier né, Pierre . Si Alexis ne tente rien pour reprendre sa vie d’héritier en main, il devra renoncer au trône et devenir moine . Les conseillers du tsarévitch lui disent d’accepter le couvent, ce sera excellent pour sa légende mais Pierre le Grand donne six mois à son fils pour encore réfléchir .
Finalement, celui-ci, mal conseillé, choisit de fuir la Russie pour demander l’asile à son beau-frère l’empereur Charles VI . À partir de là, une course poursuite entre le tsarévitch et les hommes de son père, notamment Tolstoï et le capitaine Roumiantsov, va les mener de Vienne à Naples en passant par la forteresse d’Ehrenbeg . Charles VI espère réconcilier le père et le fils d’autant que Pierre le Grand écrit à ce dernier » puisque tu as peur de moi, je te rassure et te promets par Dieu et par son jugement qu’il n’y aura aucune sanction … » Malheureusement, Pierre le Grand ne craignant ni le parjure, ni Dieu, ne pardonnera pas à son fils cette fuite connue de toute l’Europe et qu’il considère comme humiliante . À son arrivée, Alexis devra renoncer au trône et dénoncer tous ceux qui l’ont aidé dans sa désertion . Il dénoncera une cinquantaine de personnes et impliquera indirectement sa mère . Sous la torture, ces malheureux se laisseront eux aussi aller à la dénonciation et de nombreuses personnes mourront ou seront condamnés au knout, à l’exil ou aux travaux forcés . L’amant de l’ex impératrice recluse dans son monastère aura un traitement de faveur, il sera empalé .
Pour l’instant, le fils a été épargné par la catastrophe mais sa maîtresse Euphrosine est devenue témoin à charge . Le tsar, n’arrivant pas à décider seul du sort de son fils, demande à un tribunal d’exception de statuer . Les interrogatoires puis la torture ne serviront pas à grand chose puisque les 127 juges savent ce que le tsar désire : la mort d’Alexis . Le verdict de culpabilité est rendu le 24 juin 1718 et le tsarévitch a -officiellement- la bonne idée de mourir avant que son père cruel ait décidé ou non de le gracier . Ensuite commence la légende du tsarévitch .
Francine du Canada
5 février 2015 @ 18:02
« … fuite… qu’il considère comme humiliante… » et bien dites donc; il avait l’orgueil bien mal placé Pierre le Grand… que je considère « assez petit » finalement. Pauvre tsarévitch qui n’a pas su combler le fossé des générations… enfin, c’était son destin. FdC
cisca
3 février 2015 @ 06:46
Justice expéditive et assassinat, les Romanov en ont été prodigues. Son fils Pierre 2 connaitra le meme sort.
A.Lin
3 février 2015 @ 20:41
Sacrées destinées, on ne rigolait pas trop en ces temps là avec la famille !