Sortie le 18 mars prochain aux éditions du Chêne de ce luxueux album sur les Tudor à l’occasion de l’exposition qui s’annonce au musée du Luxembourg à Paris. On ne présente plus cette célèbre famille royale à la réputation sulfureuse, qui régna sur l’Angleterre entre 1485 et 1603. Ce livre de Liliane Crété retrace les événements marquants de cette dynastie et prouve que parfois la légende romantique qui l’accompagne l’emporte sur les faits.
Les Tudor, Liliane Crété, Editions du Chêne, 2015, 216 p.
flabemont8
24 février 2015 @ 14:20
J’avais beaucoup aimé la série télévisée, même si, à l’évidence , les portraits étaient embellis . C’est le royaume de Barbe-Bleue !
Philippe
25 février 2015 @ 12:28
Embellis … voire déformés !
Je ne boude pas non plus mon plaisir lors des rediffusions, mais il faut reconnaitre quand même que cette production, principalement canadienne je crois, est un ramassis d’erreurs historiques !
On sent la culture nord-américaine de l’à-peu-près,
et la volonté da faire plier l’Histoire devant les impératifs scénaristiques ….
Quelques exemples, et dans le désordre :
– Henry VIII avait deux soeurs, celle qu’on voit épouser Charles Brandon dans le
film, qu’on nous présente comme « Margaret », et une autre, seulement évoquée
quand Henry parle de son neveu le roi d’Ecosse (fils d’une autre soeur donc) …
Or, Margaret était justement celle que l’on a mariée au roi d’Ecosse ! …
et l’épouse de Brandon ne s’appelait pas Margaret, mais Mary, comme sa
nièce la fille aînée du roi …
Evidemment, deux Mary auraient troublé le téléspectateur …
– Mieux, la « Margaret » du film est précédemment expédiée au Portugal pour
y épouser un roi sénile, qu’elle étouffe (à la Tudor !) afin de pouvoir épouser
son beau duc de Suffolk …
Or Mary, puisqu’il s’agissait de Mary et non de Margaret, n’a jamais été mariée
au roi de Portugal mais au roi de France Louis XII, dont elle a été la deuxième
épouse, et qu’elle a effectivement poussé dans la tombe, après quelques
semaines de mariage, mais uniquement parce que Louis XII, déjà âgé, mais
ayant cru retrouver une seconde jeunesse, s’est épuisé dans les joutes
amoureuses…
Quant au pauvre roi de Portugal, les scénaristes, qui n’en sont plus à une
approximation près, lui allouent les armes des rois de Castille !
– Les princesse françaises ne sont pas mieux traitées !
En effet, on nous présente une soeur de François 1er, Marguerite de Navarre,
comme une gourgandine à la réputation sulfureuse.
Dans la série, la princesse fait même du charme à Henry VIII, et devient
sa maîtresse d’un soir …
Or, les moeurs de cette « Marguerite » là (la vraie soeur de François 1er) étaient
loin d’être aussi lestes.
Protestante, ou du moins très attirée déjà par la Réforme, amie des arts
et poétesse reconnue (elle est l’auteur de ‘l’Heptaméron »), Marguerite
de France (1492-1549) reine de Navarre par son mariage, était l’amie
des Poètes de la Pléiade.
Elle était beaucoup moins dévergondée que sa petite-nièce et homonyme,
Marguerite de France (1553-1615), elle aussi mariée à un roi de Navarre
(notre bon Henri IV), »la Reine Margot », dont les moeurs furent effectivement
très libres, et que les scénaristes jugeaient probablement plus intéressante
à évoquer …
Oups.
– Les mariages français, toujours : à un moment, on voit le roi présenter des
condoléances à l’ambassadeur de France et proposer le mariage de sa fille
Mary avec le dauphin de France. Soit.
Un peu plus tard, Edward Seymour, comte de Hertford, et alors que sa soeur
Jane est déjà décédée, annonce à Henry le mariage dudit dauphin de France
avec une fille de l’Empereur (Charles-Quint) ! … bigre ! Voilà une bien
grande nouvelle, mais restée ignorée des annales.
De quel dauphin pourrait-il donc s’agir ?
Jane Seymour meurt en 1537. A cette date, Le dauphin François est déjà
mort (1536), sans alliance.
Quant au nouveau dauphin Henri, il est déjà marié, depuis 1533,
avec Catherine de Médicis …
– Tiens, Charles-Quint, puisqu’on en parle … il nous est présenté,
roulant les « r », et s’exprimant avec un fort accent espagnol … C’est
à mourir de rire !
Charles-Quint n’a jamais parlé un mot d’espagnol, ou quasiment.
Il était de langue et de culture française …
– La gentille Anne de Clèves, que l’on nous montre un peu boudée
par sa belle-fille Mary Tudor, au seul fait qu’elle serait protestante,
ne l’a jamais été.
Issue d’une famille princière complètement divisée par la Reforme religieuse,
Anne n’ a jamais cessé d’être catholique !
– Petit détail, et toujours au sujet d’Anne de Clèves, on voit plusieurs
fois son frère qui reçoit les ambassadeurs anglais dans une salle où le seul
décor est un immense blason … mais le blason est celui des princes
de Hohenzollern !!!
L’Ecartelé d’argent et de sable (noir et blanc), correspondait certainement
davantage à l’image de rigueur que l’on voulait donner des princes
allemands …
– Les pauvres enfants passent également sous le couperet des scénaristes :
Henry Fitzroy, fils naturel du roi et de Lady Elizabeth Blount, nous est
présenté comme mourant en bas âge, et sa mère en larmes …
… or il est mort à l’âge de seize ou dix-sept ans. Ce qui n’a, c’est certain,
pas mois désespéré sa mère …
On pourrait continuer longtemps, mais on finira par deux points de détails :
– Dans les premiers épisodes, revoyez-les, vous verrez vous même,
on aperçoit Henry VIII montant dans une voiture à cheval, vitrée, et aux
suspensions dignes d’un fiacre du XIX° siècle. On se croirait dans une
adaptation d’un roman de Balzac !
On sourit quant on se remémore les images du roi Henri IV, assassiné,
dans sa lourde voiture à pans de bois, presqu’un siècle plus tard !!!
C’est que, probablement, l’industrie anglaise était déjà plus performante
que la française …
L’erreur, trop manifeste, n’a pas été renouvelée dans les saisons suivantes.
– Enfin, last but lot least, les braguettes !!!
Le costume européen du début du XVI°siècle était caractérisée par la mise
en valeur des attributs masculins. Bonne ou mauvaise initiative, on peut
en discuter, mais c’est un fait, et que les producteurs ont jugé incompatibles
avec la pudeur des téléspectateurs anglo-saxons. Exit donc les coquilles
avantageuses !
Bref, on le voit, il faut prendre cette série pour ce qu’elle est. Une évocation
tapageuse et un peu brouillonne, historiquement très approximative, saupoudrée de scènes un peu salaces ou violentes, propres à satisfaire un certain voyeurisme.
Par surcroît, et comme presque toujours dans les séries anglaises ou américaines, les français y sont présentés sous l’angle le plus négatif possible.
Nos ambassadeurs y sont falots, orgueilleux, imbus d’eux-mêmes, tout comme
le roi François. Quand ils ne sont pas carrément difformes et ridicules !
Et forcément traîtres.
French bashing discret, mais habituel.
Voilà mon point de vue.
Bien à vous.
flabemont8
25 février 2015 @ 18:13
Merci , Philippe, pour ces précisions historiques ( et parfois savoureuses ! )
Damien B.
25 février 2015 @ 19:26
En effet Philippe, ce sont surtout la sexyté et l’énergie des personnages qui nourrissent l’attrait pour cette production télévisuelle.
Mary
1 mars 2015 @ 19:43
Vous avez raison Philippe,mais les personnages-non royaux.anglais sont justes pour la plupart.
val
24 février 2015 @ 14:44
J’ai regardé toute la serie les Tudor a la télévision c’était vraiement très bien joué, les décors , les vêtements, les personnages j’ai beaucoup aimé , les Anglais sont très forts vraiment . Bon nos rois maudits de l’époque étaient très bien réalisés aussi j’aimerai voir plus de films historiques mais j’imagine que les budgets doivent exploser pour réaliser ce genre de films.
Corsica
25 février 2015 @ 00:02
À défaut d’avoir la cuisse légère (il pesait plus de 160 kilos à sa mort), Henry VIII Tudor l’avait leste . Cela a coûté une partie de ses ouailles à Clément VII et la tête à plusieurs de ses femmes, un chancelier, un évêque et un archevêque…. Ils ne furent pas les seuls car, à cette époque, sur ordre du roi, les bourreaux dégainaient leur hache plus vite que leurs ombres . Je suis sûre que l’exposition du Luxembourg sera passionnante surtout si l’on peut y admirer des portraits de Hans Holbein le Jeune .
Francine du Canada
25 février 2015 @ 14:14
Tout à fait Corsica; ses portraits sont fantastiques… je pense à celui de Thomas More et de Jane Seymour (ses bijoux sont hallucinants tellement ils sont réalistes). Amitiés, FdC
Philippe gain d'enquin
26 février 2015 @ 19:13
Dévorer un bouquin consacré aux Tudor, c’est le meilleur moyen de ne pas dormir, de passer une nuit blanche, et de sombrer avec Morphée dans une absence d’endormissement… Ouf, la blague s’arrête là ; je file visionner « Bonne nuit les petits » ! Seul, dites vous ??? Mais non, debout les Zouzous; avec mon carré de chocolat Meunier, parce que : « Meunier-Tudor… »
Francine du Canada
1 mars 2015 @ 01:19
Morphée? pas trop bien équipé… vous risquez de vous ennuyer hahaha! FdC
Mary
1 mars 2015 @ 19:45
J’adore votre blague!
Philippe gain d'enquin
2 mars 2015 @ 13:50
Vous aurez remarqué que la blague n’a pas fait « un tabac »… Snif, snif, et pourtant : « chique », je la « prise » …