Le Richmond Virginia Museum of Fine Arts a acquis ce meuble de bureau ayant fait partie de la collection du prince et de la princesse Murat et réalisé par Riesener. (Source : Tribune de l’Art)
C’est un meuble magnifique – même si ce n’est sans doute pas le chef d’oeuvre de Riesener – et nous aimerions en savoir plus, notamment sur la date de fabrication.
Est-ce une commande de Murat ?
Très belle pièce d’ébénisterie réalisée par un de mes illustres et anciens confrères ébéniste, j’admire le travail de placage des tiroirs et également la réalisation des cannelures du piètement.
Cher Guy Martin,
J’ai fait des travaux dirigés à l’école du Louvre sur les techniques du bois. Notre groupe allait, notamment, au musée Camondo où la professeure nous expliquait en détail les meubles (entre autres de Riesener) avec de longs développements sur les placages.
C’était suivi d’une interrogation de contrôle des connaissances ! Nous étions rarement au niveau.
Aux portes ouvertes de l’atelier de menuiserie d’ébénisterie de l’école Boulle j’ai rencontré des jeunes (garçons et filles) passionnés et passionnants.
Mais j’ai le sentiment de n’avoir fait qu’effleurer un sujet.(le bois) vaste, compliqué … et beau.
Zeugma, votre commentaire m’a vivement intéressé!
J’ai hérité d’une arrière grand-tante ‘parisienne’ d’Alsace un beau buffet-enfilade acajou style Napoléon III fabriqué par l’ébéniste A.Simon.Sauriez-vous des détails sur lui?
Bien merci d’avance!
Caroline,
J’avoue mon ignorance.
Il me semble que Drouot fait des estimations gratuites, et maintenant, je crois, avec des photographies de votre meuble que vous pouvez envoyer par internet (c’est moderne !). Mais le plus simple est d’aller sur place.
Et vous en avez à ne savoir qu’en faire. Il y a des pièces qui pourrissent dans les réserves de vos musées. Autant que d’autres profitent aussi de ces beautés. Si c’était un morceau important pour l’histoire de l’Art ou une pièce archi-historique pas de problème, on garde cela, mais ce petit bureau on peut le laisser aller, vous en avez d’autres plus beaux avec provenance plus illustre.
J’ai le sentiment que ce bureau devait figurer dans les immenses collections qui meublaient les demeures de Joachim, cinquième prince Murat mort en 1932 et de son épouse Marie-Cécile Ney d’Elchingen qui mourut en 1960. Ils furent les parents de huit enfants dont le sixième prince Murat, père du septième et grand-père du huitième qui s’appellent tous Joachim. Après la mort de la princesse il y eut toute une série de ventes à Galliera tout d’abord le 2 mars 1961, à Drouot ensuite le 23 mars, le 5 mai et les 8 et 9 novembre 1961. On doit pouvoir en trouver les catalogues encore.
Joachim avait été élevé avec le prince impérial et sa femme Cécile était la petite-fille du maréchal. Elle était la fille de Paule Heine qui fut en premières noces duchesse d’Elchingen et en secondes noces duchesse de Rivoli et qui était la fille adoptive de Mme Charles Heine née Cécile Furtado qui appartenait à cette richissime famille de banquiers qui fut aussi celle du poète Henri Heine et d’Alice Heine, duchesse de Richelieu puis princesse de Monaco par son mariage avec Albert Ier.
Cécile Furtado ayant hérité de sa mère Mme Élie Furtado née Rose Fould, avait acheté l’hôtel de la rue de Monceau au numéro 28 avec une « superbe collection d’art et une bibliothèque ».
Le prince et la princesse Murat vécurent somptueusement entre leur hôtel de Paris (il y avait deux hôtels en fait rue de Monceau, au 28 et au 30, l’hôtel de Mme Heine), leur château de Rocquencourt venu aussi de la richissime et généreuse Cécile Furtado-Heine, et le château de Chambly qu’ils reconstruisirent et qui servait pour l’équitation et pour la chasse. Il fut aussi un hôpital militaire pendant la première guerre mondiale.
Ils étaient familiers de la famille impériale, des Orléans et de toutes les grandes familles françaises et de nombreux écrivains et artistes, hommes politiques, officiers et hommes d’affaires et recevaient très largement. En 1906 ils employaient à Paris 21 hommes et 14 femmes comme le révèlent les archives Murat qui sont déposées aux Archives nationales et dont on a l’inventaire publié en 1967. Tout cela est utilisé dans le livre La place des bonnes d’Anne Martin-Fugier. À Rocquencourt ils avaient la même année 42 personnes et 45 en 1913 et à Chambly en 1914 avant la guerre 34 personnes, ce qui faisait environ 114 membres du personnel domestique en ce compris les bonnes d’enfants.
L’hôtel Murat avec son haut portail, sa cour intérieure, son parc magnifique qui s’étendait jusqu’à la rue de Courcelles comme l’écrit André Becq de Fouquières, était empli de souvenirs précieux de l’épopée napoléonienne et après l’armistice de 1918 il fut la résidence du président Wilson pendant son séjour parisien. On peut voir des photographies de quelques salons de cet hôtel sur le site http://www.apophtegme.com/ROULE/monceaurue.pdf. L’hôtel a été détruit après le décès de princesse en 1961. Il a été remplacé par des immeubles horribles.
Le château de Rocquencourt dans les Yvelines fut construit à la demande de la comtesse de Provence par Charles de Wailly et achevé par Domère-Bellan. Il fut acheté en 1824 par Clotilde Murat, duchesse de Corigliano, nièce du roi de Naples, et fille d’André comte Murat, et vendu en 1831 par celle-ci devenue Mme Eugène Bonafous au banquier Beer Léon Fould dont la petite-fille Mme Furtado-Heine fit aménager le parc. Cécile Ney, princesse Murat en fut la dernière propriétaire. Le château fut gravement endommagé par l’occupation allemande et par l’explosion le 20 août 1944 d’un dépôt de munitions et il fut détruit en 1960 et a fait place à un ensemble de logements et de bureaux qui ne conserve que la grille d’entrée au chiffre de Cécile Furtado-Heine.
Le château de Chambly dans l’Oise est dû dans sa version actuelle aux architectes Blondel et Langlois et a été construit près des ruines du château de Petimus que le prince avait fait détruire après avoir acheté le domaine en 1887. La château existe encore. Après l’occupation allemande et le pillage il fut racheté par M. Simonet qui le fit rénover et il appartient à ses descendants. C’était là qu’avaient lieu les fameuses chasses à courre du rallye Chambly.
Zeugma
16 octobre 2013 @ 09:52
C’est un meuble magnifique – même si ce n’est sans doute pas le chef d’oeuvre de Riesener – et nous aimerions en savoir plus, notamment sur la date de fabrication.
Est-ce une commande de Murat ?
Guy Martin
16 octobre 2013 @ 11:52
Très belle pièce d’ébénisterie réalisée par un de mes illustres et anciens confrères ébéniste, j’admire le travail de placage des tiroirs et également la réalisation des cannelures du piètement.
Zeugma
16 octobre 2013 @ 13:23
Cher Guy Martin,
J’ai fait des travaux dirigés à l’école du Louvre sur les techniques du bois. Notre groupe allait, notamment, au musée Camondo où la professeure nous expliquait en détail les meubles (entre autres de Riesener) avec de longs développements sur les placages.
C’était suivi d’une interrogation de contrôle des connaissances ! Nous étions rarement au niveau.
Aux portes ouvertes de l’atelier de menuiserie d’ébénisterie de l’école Boulle j’ai rencontré des jeunes (garçons et filles) passionnés et passionnants.
Mais j’ai le sentiment de n’avoir fait qu’effleurer un sujet.(le bois) vaste, compliqué … et beau.
Caroline
16 octobre 2013 @ 14:28
Zeugma, votre commentaire m’a vivement intéressé!
J’ai hérité d’une arrière grand-tante ‘parisienne’ d’Alsace un beau buffet-enfilade acajou style Napoléon III fabriqué par l’ébéniste A.Simon.Sauriez-vous des détails sur lui?
Bien merci d’avance!
Zeugma
17 octobre 2013 @ 09:57
Caroline,
J’avoue mon ignorance.
Il me semble que Drouot fait des estimations gratuites, et maintenant, je crois, avec des photographies de votre meuble que vous pouvez envoyer par internet (c’est moderne !). Mais le plus simple est d’aller sur place.
Caroline
17 octobre 2013 @ 12:33
Zeugma,un grand merci de ma part!
Gibbs
16 octobre 2013 @ 11:56
Fort jolie pièce.
Régine, a-t-on une idée du prix ? Merci
Gibbs
Régine
16 octobre 2013 @ 12:33
Non le prix n’est pas mentionné
G. St-Louis
16 octobre 2013 @ 12:44
Encore du patrimoine français qui prend le bord…
Caroline
16 octobre 2013 @ 14:08
G/St Louis,je peux vous consoler en vous rassurant que ce bureau sera ‘bichonné’ par les Américains amateurs de beaux meubles anciens d’Europe!
JE
16 octobre 2013 @ 14:19
Et vous en avez à ne savoir qu’en faire. Il y a des pièces qui pourrissent dans les réserves de vos musées. Autant que d’autres profitent aussi de ces beautés. Si c’était un morceau important pour l’histoire de l’Art ou une pièce archi-historique pas de problème, on garde cela, mais ce petit bureau on peut le laisser aller, vous en avez d’autres plus beaux avec provenance plus illustre.
Francine du Canada
17 octobre 2013 @ 02:28
Et bien merci JE; je pensais exactement la même chose. FdC
Kristiane
16 octobre 2013 @ 14:20
Telle fut ma première pensée : encore un p’tit bout de FRANCE qui fout le camp…
Mayg
16 octobre 2013 @ 14:07
Encore un objet de notre histoire qui s’en va…
Danielle
16 octobre 2013 @ 20:15
J’aime beaucoup ce bureau.
Gérard
17 octobre 2013 @ 15:04
J’ai le sentiment que ce bureau devait figurer dans les immenses collections qui meublaient les demeures de Joachim, cinquième prince Murat mort en 1932 et de son épouse Marie-Cécile Ney d’Elchingen qui mourut en 1960. Ils furent les parents de huit enfants dont le sixième prince Murat, père du septième et grand-père du huitième qui s’appellent tous Joachim. Après la mort de la princesse il y eut toute une série de ventes à Galliera tout d’abord le 2 mars 1961, à Drouot ensuite le 23 mars, le 5 mai et les 8 et 9 novembre 1961. On doit pouvoir en trouver les catalogues encore.
Joachim avait été élevé avec le prince impérial et sa femme Cécile était la petite-fille du maréchal. Elle était la fille de Paule Heine qui fut en premières noces duchesse d’Elchingen et en secondes noces duchesse de Rivoli et qui était la fille adoptive de Mme Charles Heine née Cécile Furtado qui appartenait à cette richissime famille de banquiers qui fut aussi celle du poète Henri Heine et d’Alice Heine, duchesse de Richelieu puis princesse de Monaco par son mariage avec Albert Ier.
Cécile Furtado ayant hérité de sa mère Mme Élie Furtado née Rose Fould, avait acheté l’hôtel de la rue de Monceau au numéro 28 avec une « superbe collection d’art et une bibliothèque ».
Le prince et la princesse Murat vécurent somptueusement entre leur hôtel de Paris (il y avait deux hôtels en fait rue de Monceau, au 28 et au 30, l’hôtel de Mme Heine), leur château de Rocquencourt venu aussi de la richissime et généreuse Cécile Furtado-Heine, et le château de Chambly qu’ils reconstruisirent et qui servait pour l’équitation et pour la chasse. Il fut aussi un hôpital militaire pendant la première guerre mondiale.
Ils étaient familiers de la famille impériale, des Orléans et de toutes les grandes familles françaises et de nombreux écrivains et artistes, hommes politiques, officiers et hommes d’affaires et recevaient très largement. En 1906 ils employaient à Paris 21 hommes et 14 femmes comme le révèlent les archives Murat qui sont déposées aux Archives nationales et dont on a l’inventaire publié en 1967. Tout cela est utilisé dans le livre La place des bonnes d’Anne Martin-Fugier. À Rocquencourt ils avaient la même année 42 personnes et 45 en 1913 et à Chambly en 1914 avant la guerre 34 personnes, ce qui faisait environ 114 membres du personnel domestique en ce compris les bonnes d’enfants.
L’hôtel Murat avec son haut portail, sa cour intérieure, son parc magnifique qui s’étendait jusqu’à la rue de Courcelles comme l’écrit André Becq de Fouquières, était empli de souvenirs précieux de l’épopée napoléonienne et après l’armistice de 1918 il fut la résidence du président Wilson pendant son séjour parisien. On peut voir des photographies de quelques salons de cet hôtel sur le site http://www.apophtegme.com/ROULE/monceaurue.pdf. L’hôtel a été détruit après le décès de princesse en 1961. Il a été remplacé par des immeubles horribles.
Le château de Rocquencourt dans les Yvelines fut construit à la demande de la comtesse de Provence par Charles de Wailly et achevé par Domère-Bellan. Il fut acheté en 1824 par Clotilde Murat, duchesse de Corigliano, nièce du roi de Naples, et fille d’André comte Murat, et vendu en 1831 par celle-ci devenue Mme Eugène Bonafous au banquier Beer Léon Fould dont la petite-fille Mme Furtado-Heine fit aménager le parc. Cécile Ney, princesse Murat en fut la dernière propriétaire. Le château fut gravement endommagé par l’occupation allemande et par l’explosion le 20 août 1944 d’un dépôt de munitions et il fut détruit en 1960 et a fait place à un ensemble de logements et de bureaux qui ne conserve que la grille d’entrée au chiffre de Cécile Furtado-Heine.
Le château de Chambly dans l’Oise est dû dans sa version actuelle aux architectes Blondel et Langlois et a été construit près des ruines du château de Petimus que le prince avait fait détruire après avoir acheté le domaine en 1887. La château existe encore. Après l’occupation allemande et le pillage il fut racheté par M. Simonet qui le fit rénover et il appartient à ses descendants. C’était là qu’avaient lieu les fameuses chasses à courre du rallye Chambly.