Le prince Alexandre et la princesse Katherine de Serbie étaient à Marseille pour commémorer les 85 ans de l’assassinat du roi Alexandre de Yougoslavie, grand-père du prince. (merci à Anne – Copyright photos : site de la famille royale de Serbie)
Le prince Alexandre et la princesse Katherine de Serbie étaient à Marseille pour commémorer les 85 ans de l’assassinat du roi Alexandre de Yougoslavie, grand-père du prince. (merci à Anne – Copyright photos : site de la famille royale de Serbie)
Ludovina
11 octobre 2019 @ 09:28
Le roi Alexandre I de Yougoslavie était le 2ème garçon et le benjamin d’une fratrie de 4 enfants issus de l’union du roi Pierre I de Serbie et de la princesse Zorka du Monténégro.
Ses sœurs étaient les princesses Jelena et Milena : l’aînée avait épousé le grand-duc Ivan de Russie (arrière-petit-fils du tsar Nicolas I), la cadette était âgée d’à peine 20 mois lorsqu’elle décéda.
Son frère George, qui le précédait, a été déchu de ses droits à la suite du décès de son valet qu’il avait battu à mort.
Gérard
11 octobre 2019 @ 18:26
Le prince héritier Georges de Yougoslavie avait un caractère difficile. Déjà il avait commis des violences envers son précepteur le major Levasseur qui dut être renvoyé à Paris. En février 1909 ce fut plus grave. La dernière nuit de février à la Cour de Belgrade, il blessa à mort son ordonnance dans un accès de colère. Stevan Kolaković fut battu à mort, il avait de nombreuses blessures graves à la tête et au ventre et selon le médecin les coups avaient été portés par les pieds du prince, il le battit et le piétina. Il y avait eu des témoins puisque c’était une soirée entre amis. Le pauvre homme ne mourut pas sur le coup mais après plusieurs jours de souffrance.
On l’avait transporté à l’hôpital général de Belgrade, il se plaignait de violentes douleurs abdominales. Il fut opéré mais il mourut au bout de quatre jours. L’autopsie montra que le décès était dû à la perforation de l’intestin grêle.
Les médecins considérèrent que Georges était fou et firent pression sur lui pour qu’il renonçât au trône ce qu’il fit le 27 mars 1909, son frère Alexandre devenant prince héritier.
Dans cette lettre qui suivait de quelques jours la mort du serviteur le prince écrivait au premier ministre Stojan Novaković : « Ému par les insinuations injustes, provoquées par une coïncidence malheureuse, dans certaines parties de notre opinion publique, je me dois, pour défendre mon honneur qui a été souillé, ainsi que mon âme qui est pure et pacifique, de faire la déclaration suivante : j’abandonne tous les droits et prérogatives qui m’appartiennent en vertu de la Constitution par un devoir de conscience que celle-ci exige en ce moment dans l’intérêt de la Patrie. Cette décision est irrévocable. »
On avait essayé de dissimuler l’origine de la mort, on parla de meurtre mystérieux, des sources gouvernementales après l’admission de l’homme à l’hôpital expliquèrent qu’il était tombé dans l’escalier et s’était violemment blessé.
Mais les socio-démocrates avaient lancé une campagne violente dans la presse. La vérité étant connue, il n’y avait pas d’autre solution en effet que d’écarter le prince du trône. La presse austro-hongroise se répandit également volontiers sur cet événement. Le prince reconnut qu’il avait frappé son serviteur parce qu’il était fâché contre lui en découvrant qu’il n’avait pas porté une lettre à une femme, il dit qu’il ne l’avait jamais frappé auparavant. On lui maintint cependant son titre de prince et son apanage.
Au lendemain de la lettre reçue par le premier ministre le roi Pierre fit une proclamation officielle, il annonça qu’il avait approuvé la décision de Georges et il proclama Alexandre prince héritier.
Il y eut une théorie selon laquelle toute l’affaire de la mort de l’ordonnance ne visait qu’à écarter Georges du pouvoir parce qu’il avait provoqué la colère austro-hongroise en protestant vivement un an plus tôt contre l’annexion du condominium de Bosnie-Herzégovine.
Mais la victime des coups avait pu dicter une lettre à l’hôpital à un ambulancier paramédical : « Ma chère femme, l’autre jour, le féroce prince héritier Georges m’a battu avec ses jambes au ventre et avec ses poings au visage et à la tête. J’ai immédiatement ressenti de vives douleurs et on m’a transporté à l’hôpital. Le soir même, le 2 mars, le gouverneur de la ville de Belgrade, Alimpić, le chef des services sanitaires et le représentant du gouverneur du palais sont venus à l’hôpital me rendre visite. Milutinović m’a également fait signer un acte selon lequel personne ne m’a tué mais je suis tombé dans l’escalier et je me suis tué tout seul ; ma femme, c’est pour cela que je vous dis que je ne suis pas tombé, mais que le prince héritier Georges m’a tué à coups de pied dans le ventre. Si je meurs, demandez la protection de la Cour et gardez bien les enfants. »
Dans ses Mémoires, Istina o mom životu (La Vérité sur ma vie) le prince beaucoup plus tard (en 1969) devait écrire qu’il s’était emporté contre son ordonnance parce que celui-ci n’avait pas transmis une lettre destinée à une dame, il lui dit : « Sortez de ma vue, traître ! » et il leva la main pour le frapper mais malheureusement « la main a été retenue par la coiffe que je n’avais pas encore enlevée, alors j’ai levé la jambe et j’ai poussé Kolaković violemment. Il m’a semblé trébucher, mais j’étais inconscient et je n’ai pas fait attention. Il se dépêcha d’arriver à la porte et encore une fois, il me sembla qu’il avait du mal à y arriver et qu’il trébuchait. »
Le prince fut aussi un vaillant soldat, et un brillant mathématicien, il fut mis à l’écart par précaution et même emprisonné pendant longtemps. Mais il fut le seul membre de sa famille autorisé par les communistes à résider à Belgrade. Il se maria sur le tard et n’eut pas d’enfant. Sa femme était Radmila Radonjić (1907-1993), de la famille Radonjić qui portait le titre héréditaire de guvernadur du Monténégro. Sa femme et lui reposent dans la nécropole royale. Le prince est mort en 1972.
Mayg
12 octobre 2019 @ 12:35
Et bien, je ne connaissais pas cette histoire.
septentrion
14 octobre 2019 @ 11:03
Merci Gérard pour tous ces détails que je ne connaissais absolument pas.
Gérard
14 octobre 2019 @ 11:45
On parle peu de ce prince.
DEB
15 octobre 2019 @ 12:48
Merci, Gérard.
Aussi une découverte pour moi.
septentrion
14 octobre 2019 @ 11:21
Ludovina,
Vous faites allusion à une petite Milena. Elle serait née en quelle année?
Rien à voir avec le sujet du jour : L’acteur Sebastian Arcelus qui joue dans dans la série télévisée House of Cards, est un arrière-petit-fils de Hélène, par sa petite-fille Fiammetta, enfant de sa fille Catherine (Vsevolod n’ayant pas eu de descendance).
Menthe
11 octobre 2019 @ 09:43
Sur la Canebière.
Pascal
11 octobre 2019 @ 10:04
Le Mai-Re de Ma-Re-sei-lle est-il si impotent ou important qu’il n’ait pu de déplacer ?
Charlotte
11 octobre 2019 @ 12:40
La dernière fois qu’il est apparu en public pour je ne sais plus quel évènement , il était assis parmi toutes les autres personnes debout. Il ne doit pas être dans une forme olympique.
C’était peut-être le mandat de trop, nombreux étant ceux qui ne savent pas passer la main, et pas que chez les royaux ou les politiques, encore que chez ces derniers, il existait pour les électeurs un moyen très simple.
Claude-Patricia
11 octobre 2019 @ 17:55
du Pagnol, merci!! Avé l’assent en plus…
CAROLINE VM
11 octobre 2019 @ 10:34
Notre maire aurait pu se déplacer aussi…Il est grand temps qu’il passe la main…
Caroline
11 octobre 2019 @ 10:45
Heureusement, le roi Alexandre de Yougoslavie est finalement enterré au mausolée royal d’ Oplenac à Topola en Serbie !
COLETTE C.
11 octobre 2019 @ 10:55
C’est bien de se souvenir.
septentrion
11 octobre 2019 @ 11:12
Il existe un film qui a enregistré l’assassinat des deux hommes en 1934. Ce film avait été diffusé sur Arte ou la Cinq dans l’émission Mystères d’archives. On y voit le roi descendre de son yatch puis le cortège qui s’ébranle et les tirs…
Claude-Patricia
11 octobre 2019 @ 18:02
Merci beaucoup je viens de le regarder, taper dans google mystères d’archives assassinat du roi Alexandre de Yougoslavie et on le retrouve facilement dans les archives de l’INA
HRC
11 octobre 2019 @ 14:27
Le prix Nobel de Peter Handke a forcément fait plaisir à tous les Serbes. Et à moi aussi.
Gérard
11 octobre 2019 @ 16:02
Le prince héritier et la princesse héritière étaient accompagnés de la fille de celle-ci Alison. Étaient également présents le ministre serbe du Travail, de l’Emploi, des Anciens Combattants et des Affaires sociales, Zoran Djordjevic, la secrétaire d’État française auprès de la ministre des Armées, Geneviève Darrieussecq, l’ambassadeur de Serbie en France, Mme Natasa Maric, d’une délégation du “Royaume de Serbie”, association dont le patron est le prince Alexandre, et des représentants de la ville et de la région.
Après un dépôt de fleurs devant la plaque commémorative située au lieu de l’attentat sur la Canebière devant la Chambre de commerce à hauteur du square Alexandre Ier, le cortège remonta à pied la rue Saint-Ferréol que la voiture du roi avait empruntée pour le conduire jusqu’à la préfecture alors qu’il était mourant ou peut-être déjà mort. Les personnalités françaises et serbes furent accueillies par le préfet de région en grande tenue devant l’imposant mémorial, près du jardin de la préfecture, consacré au roi Alexandre et au président Barthou. Le prince répondit ensuite aux questions des journalistes dans un excellent français et rappela qu’il venait pour la troisième fois à Marseille. Une collation suivit dans les salons Napoléon III de la préfecture.
Des prières furent dites ensuite en l’église orthodoxe de la Dormition de la Mère de Dieu rue de la Grande Armée à Marseille avant le service qui devait être célébré le soir même dans le sanctuaire royal de l’église Saint-Georges d’Oplenac.
Gérard
12 octobre 2019 @ 08:25
https://m.youtube.com/watch?v=-csrBIR0BhY