Le prince Alexandre de Serbie a commémoré les 210 ans de la bataille de Misar, soulèvement serbe contre les ottomans. (Copyright photos : site de la famille royale de Serbie)
Encore une manifestation qui ne va pas plaire à Monsieur Erdogan …
Je vois un militaire français parmi les assistants : pardon pour mon ignorance , mais la France a-t-elle participé à cette bataille ?
Je n’avais jamais entendu parler de la bataille de Mišar mais il est vrai que les cours d’histoire que nous avions à l’époque – avec l’aide du Lavisse – se limitaient à la France (et à son empire colonial) et – à la rigueur – aux relations qu’elle entretenait avec ses voisins.
Cela dit, j’ai regardé sur toute cette internet que nous avons maintenant et je n’ai pas trouvé beaucoup d’explications.
Si j’ai bien compris, cette bataille – qui se déroula du 12 au 15 août 1806 – marqua la fin de la tutelle ottomane sur la Serbie.
Ce n’est qu’en 1878 que le congrès de Berlin proclama l’indépendance de la Serbie ; Milan Obrenović en devenant le roi en 1882.
Plusieurs pays se créèrent dans la même période du XIXe siècle :
la Belgique et la Grèce en 1830, la Roumanie en 1856, l’Italie et l’Allemagne en 1871, la Bulgarie (et la Serbie) en 1878, le Luxembourg en 1890 et la Norvège un peu plus tard en 1905.
Il semble qu’à l’époque Napoléon ait plutôt envoyer de l’artillerie aux Turcs tandis que certains officiers serbes avaient fait leurs classes dans l’armée autrichienne. Je pense que la présence d’un officier français, sans doute un attaché militaire, est due à la vieille amitié franco-serbe.
La France ne s’est pas honorée en laissant faire l’indépendance du Kosovo pour des raisons aussi troubles que nauséabondes.
La Serbie était dit on notre alliée traditionnelle , puisse t’elle ne pas nourrir trop de ressentiment contre les Français sinon leurs gouvernements , elle qui , cette cérémonie en est la preuve , n’est pas à la remorque de sa destinée.
J’ajoute que s’il existe une république musulmane en Europe (le Kosovo), dont la plupart des Serbes ont été chassés, on le doit au calamiteux Bernard Kouchner, qui n’est devenu ministre des Affaires Etrangères (d’ouverture !) que grâce à Sarkozy…
L’empereur Napoléon était évidemment tenu régulièrement au courant des progrès de l’insurrection serbe et de la popularité de Karageorges ainsi que des liens de plus en plus étroits entre cette insurrection et la Russie. L’insurrection serbe était considérée en France non pas comme une volonté d’indépendance nationale mais comme une révolte qui affaiblissait les positions de l’Empire ottoman et facilitait l’influence russe dans les Balkans, ce qui dérangeait l’empereur Napoléon qui espérait de nouvelles conquêtes en Orient après l’installation en Dalmatie. L’insurrection serbe menaçait à cet égard à terme la présence française sur la côte orientale de l’Adriatique.
De son côté le tsar demanda à la Porte d’accorder des privilèges aux Serbes en considération du danger que la présence de Napoléon en Dalmatie représentait pour l’Empire ottoman. On pouvait craindre que les Serbes s’adressent à Napoléon. Cependant l’alliance entre l’Empire français et l’Empire ottoman empêchait un rapprochement de l’empereur avec les partisans serbes. L’empereur faisait observer que si des privilèges étaient accordés aux Serbes d’autres peuples orthodoxes ne manqueraient pas de demander les mêmes à la Sublime Porte jusqu’à mettre en péril son existence. Napoléon ajoutait que si les Serbes lui demandaient de l’aide il ne la leur accorderait que s’ils déposaient les armes et reconnaissaient la souveraineté de l’Empire ottoman sur leur territoire. Le ministre français auprès de la Sublime Porte Horace Sébastiani faisait donc savoir à celle-ci que contrairement à l’empereur de Russie celui des Français serait fidèle à l’alliance ottomane.
Mais avec le temps la situation évolua au cours de la guerre turco-serbe, les Serbes virent que la Russie ne leur accorderait pas tout à fait ce qu’ils escomptaient et voulurent s’adresser à Napoléon surtout entre le traité de Tilsit et celui de Vienne, entre 1807 et 1809 compte tenu de l’amélioration des relations franco-russes. De même en France on prétendit que Napoléon souhaitait rencontrer Karageorges qu’il considérait à son instar comme un grand héros puis Moscou pensa que Napoléon le reconnaîtrait comme roi des Slaves et Karageorges devenait populaire en France.
Voir : Dušan T. Bataković, La France et la Serbie 1804-1813, Volume 29 de l’Institute for Balkan Studies, Institute for Balkan Studies, 1991.
L’auteur, grand historien, ancien ambassadeur de Serbie en France, est grand-croix de l’Ordre royal de l’Aigle blanc.
Patricia
14 août 2016 @ 10:29
Voici un prince actif qui mérite bien son titre.
ciboulette
14 août 2016 @ 13:08
Encore une manifestation qui ne va pas plaire à Monsieur Erdogan …
Je vois un militaire français parmi les assistants : pardon pour mon ignorance , mais la France a-t-elle participé à cette bataille ?
Zeugma
15 août 2016 @ 10:07
» Aimons la France comme elle nous a aimés « .
JMA
20 octobre 2022 @ 18:21
Bien tardivement après votre post
Je pense que c’est un officier de liaison français en poste à l’étranger
Zeugma
14 août 2016 @ 20:15
Je n’avais jamais entendu parler de la bataille de Mišar mais il est vrai que les cours d’histoire que nous avions à l’époque – avec l’aide du Lavisse – se limitaient à la France (et à son empire colonial) et – à la rigueur – aux relations qu’elle entretenait avec ses voisins.
Cela dit, j’ai regardé sur toute cette internet que nous avons maintenant et je n’ai pas trouvé beaucoup d’explications.
Si j’ai bien compris, cette bataille – qui se déroula du 12 au 15 août 1806 – marqua la fin de la tutelle ottomane sur la Serbie.
Ce n’est qu’en 1878 que le congrès de Berlin proclama l’indépendance de la Serbie ; Milan Obrenović en devenant le roi en 1882.
Plusieurs pays se créèrent dans la même période du XIXe siècle :
la Belgique et la Grèce en 1830, la Roumanie en 1856, l’Italie et l’Allemagne en 1871, la Bulgarie (et la Serbie) en 1878, le Luxembourg en 1890 et la Norvège un peu plus tard en 1905.
Gérard
15 août 2016 @ 14:18
Il semble qu’à l’époque Napoléon ait plutôt envoyer de l’artillerie aux Turcs tandis que certains officiers serbes avaient fait leurs classes dans l’armée autrichienne. Je pense que la présence d’un officier français, sans doute un attaché militaire, est due à la vieille amitié franco-serbe.
ciboulette
16 août 2016 @ 14:39
Merci , Gérard .
Gérard
16 août 2016 @ 20:46
De rien et excusez ma faute d’orthographe…
Pascal
16 août 2016 @ 17:40
La France ne s’est pas honorée en laissant faire l’indépendance du Kosovo pour des raisons aussi troubles que nauséabondes.
La Serbie était dit on notre alliée traditionnelle , puisse t’elle ne pas nourrir trop de ressentiment contre les Français sinon leurs gouvernements , elle qui , cette cérémonie en est la preuve , n’est pas à la remorque de sa destinée.
Philibert
20 septembre 2016 @ 20:40
Je suis cent fois d’accord avec vous, Pascal.
J’ajoute que s’il existe une république musulmane en Europe (le Kosovo), dont la plupart des Serbes ont été chassés, on le doit au calamiteux Bernard Kouchner, qui n’est devenu ministre des Affaires Etrangères (d’ouverture !) que grâce à Sarkozy…
Gérard
17 août 2016 @ 10:27
L’empereur Napoléon était évidemment tenu régulièrement au courant des progrès de l’insurrection serbe et de la popularité de Karageorges ainsi que des liens de plus en plus étroits entre cette insurrection et la Russie. L’insurrection serbe était considérée en France non pas comme une volonté d’indépendance nationale mais comme une révolte qui affaiblissait les positions de l’Empire ottoman et facilitait l’influence russe dans les Balkans, ce qui dérangeait l’empereur Napoléon qui espérait de nouvelles conquêtes en Orient après l’installation en Dalmatie. L’insurrection serbe menaçait à cet égard à terme la présence française sur la côte orientale de l’Adriatique.
De son côté le tsar demanda à la Porte d’accorder des privilèges aux Serbes en considération du danger que la présence de Napoléon en Dalmatie représentait pour l’Empire ottoman. On pouvait craindre que les Serbes s’adressent à Napoléon. Cependant l’alliance entre l’Empire français et l’Empire ottoman empêchait un rapprochement de l’empereur avec les partisans serbes. L’empereur faisait observer que si des privilèges étaient accordés aux Serbes d’autres peuples orthodoxes ne manqueraient pas de demander les mêmes à la Sublime Porte jusqu’à mettre en péril son existence. Napoléon ajoutait que si les Serbes lui demandaient de l’aide il ne la leur accorderait que s’ils déposaient les armes et reconnaissaient la souveraineté de l’Empire ottoman sur leur territoire. Le ministre français auprès de la Sublime Porte Horace Sébastiani faisait donc savoir à celle-ci que contrairement à l’empereur de Russie celui des Français serait fidèle à l’alliance ottomane.
Mais avec le temps la situation évolua au cours de la guerre turco-serbe, les Serbes virent que la Russie ne leur accorderait pas tout à fait ce qu’ils escomptaient et voulurent s’adresser à Napoléon surtout entre le traité de Tilsit et celui de Vienne, entre 1807 et 1809 compte tenu de l’amélioration des relations franco-russes. De même en France on prétendit que Napoléon souhaitait rencontrer Karageorges qu’il considérait à son instar comme un grand héros puis Moscou pensa que Napoléon le reconnaîtrait comme roi des Slaves et Karageorges devenait populaire en France.
Voir : Dušan T. Bataković, La France et la Serbie 1804-1813, Volume 29 de l’Institute for Balkan Studies, Institute for Balkan Studies, 1991.
L’auteur, grand historien, ancien ambassadeur de Serbie en France, est grand-croix de l’Ordre royal de l’Aigle blanc.