Voici la première partie de la série consacrée aux alliances entre les Maison de France et d’Autriche dans toutes leurs branches sous la plume de Patrick Germain.
I° – Rodolphe IV de Habsbourg / Isabelle Capet dite de Bourgogne
Le premier mariage entre les deux dynasties fut avec le premier des Habsbourg à ceindre une couronne royale.
Rodolphe Ier, roi des Romains ou Rodolphe IV de Habsbourg (1er mai 1218 – 15 juillet 1291) est roi des Romains de 1273 à sa mort. Premier membre de la maison de Habsbourg à monter sur le trône impérial, il est considéré comme le fondateur de la puissance de la dynastie. Presque un bandit de grand chemin, n’hésitant pas à rançonner qui passer sur ses territoires, il était un seigneur sans grande importance et c’est pour cela qu’il fut élu.
Durant son règne, il étendit les possessions des Habsbourg de leur territoire suisse à l’Autriche et à ses dépendances.
Epouse en secondes noces, en 1284 Isabelle Capet (1270-1323), dite de Bourgogne, descendante de Hugues Capet à la dixième génération.
Fille de Hugues IV Capet (1213-1272) duc de Bourgogne, fils de Eudes III Capet (1166-1218), duc de Bourgogne, fils de Hugues III Capet (1148-1192) duc de Bourgogne, fils de Eudes II Capet (1118-1162) duc de Bourgogne, fils de Hugues II Capet ( 1085-1143) duc de Bourgogne, fils de Eudes Ier Capet ( 1060-1103) duc de Bourgogne, fils de Henri Capet (1035-1074), duc de Bourgogne, fils de Robert Ier Capet (1011-1076) dues de Bourgogne, fils de Robert II Capet ( 972-1031) Roi des Francs, fils de Hugues Capet (939-996) Premier roi de Francs.
Ce fut le premier mariage bourguignon de la maison d’Autriche.
II° – Charles Martel Capet, dit d’Anjou, roi de Hongrie / Clémence de Habsbourg dite de Hongrie
Charles d’Anjou, dit Martel, né le 8 septembre 1271, mort à Naples le 12 août 1295, fut roi titulaire de Hongrie de 1290 jusqu’à sa mort. Fils aîné de Charles II d’Anjou, roi de Sicile et de Jérusalem, comte de Provence, d’Anjou et du Maine et de Marie de Hongrie, sœur et héritière de Ladislas IV, roi de Hongrie, il fait ses premières armes en 1289 avec son père et Robert II d’Artois dans une expédition en Sicile contre Frédéric II d’Aragon, roi de Sicile, ce qui lui valut d’être créé Prince de Salerne le 8 septembre 1829, par son père lors de son retour à Naples. Il est ensuite nommé Vicaire Général de Naples.
A la mort de son oncle maternel Ladislas IV de Hongrie, assassiné le 10 juillet 1290, sans fils pour lui succéder, son père Charles d’Anjou l’arme chevalier et proclame ses droits au trône de Hongrie en 1290 avec l’approbation du Pape, alors que les nobles hongrois avaient élu comme successeur de Ladislas un de ses cousins, André III Arpad. Sa mère est couronnée « reine de Hongrie » en 1291. Après une révolte contre André III, Charles Martel se proclame lui-même « Roi de Hongrie » à partir du 20 mars 1292 mais il semble n’avoir jamais été couronné. Le 28 juin 1295 , il renonce à ses droits sur les comtés d’Anjou et du Maine, qui deviennent la dot de sa sœur Marguerite. Charles Martel se contente du titre royal et ne cherche pas à se rendre en Hongrie pour en faire la conquête. Il meurt à Naples âgé de 24 ans la même année. Il descend de Hugues Capet à la 11ème génération
Il épouse le 8 janvier 1281 Clémence de Habsbourg, dite de Hongrie, née à Vienne en 1262 et inhumée en 1295 à Naples, fille du Roi des Romains Rodolphe Ier de Habsbourg et de son épouse Gertrude de Hohenberg . Elle est la mère de la reine de France, Clémence de Hongrie, ci-après.
Leur fils, Charles Ier Robert, a été roi de Hongrie de 1308 à 1342.
III° – Louis X roi de France / Clémence de Habsbourg dite de Hongrie
Louis X, dit « le Hutin », né le 4 octobre 1289 à Paris, mort le 5 juin 1316 à Vincennes, est roi de Navarre de 1305 à 1316 (sous le nom de Louis Ier) et roi de France de 1314 à 1316, douzième de la dynastie dite des Capétiens directs. Il est le fils aîné du roi de France Philippe IV le Bel et de la reine Jeanne Ière de Navarre.
Marqué par l’hostilité de la noblesse aux réformes fiscales et de centralisation initiées par Enguerrand de Marigny, son règne fut bref mais intéressant par des mesures telle que le rachat de leur liberté par les serfs — ce qui constitue les premiers pas de l’abolition du servage —, abolition l’esclavage et réadmission les Juifs de France dans le royaume.
En 1305, Louis a épousé Marguerite de Bourgogne, avec laquelle il a eu une fille, Jeanne II. Marguerite est plus tard convaincue d’adultère et meurt en prison.
En 1315, Louis épouse Clémence de Habsbourg dite de Hongrie (née en 1293 – morte le 13 octobre 1328 à Paris) la fille de Charles-Martel d’Anjou, roi de Hongrie, et de Clémence de Habsbourg, ci-dessus. Surnommée Clémence l’orpheline, car ses parents sont morts de la peste alors qu’elle avait deux ans, elle est élevée par sa grand-mère Marie de Hongrie, fille du roi Etienne V de Hongrie.
Elle est la nièce du comte Charles de Valois qui épouse, en premières noces, Marguerite d’Anjou-Sicile, sœur de son père.
Elle donne naissance à Jean Ier le Posthume quelques mois après la mort du roi. La mort de Jean conduit par la suite à une succession disputée sur le trône de France.
A la mort de son époux et de son fils, elle semble avoir perdu la raison et se mit à dilapider sa fortune. En 1318, rappelée à l’ordre par le pape, elle se rend à Avignon, puis entre chez les Dominicaines d’Aix-en-Provence. De retour à Paris, elle y meurt en 1318.
Après une longue période durant laquelle, il n’y eut pas d’alliance entre les Capétiens et les Habsbourg arrive la période faste des grands mariages.
IV° – Maximilien de Habsbourg archiduc d’Autriche, Empereur Romain / Marie Capet dite de Valois duchesse de Bourgogne
Maximilien d’Autriche ou Maximilien Ier (Wiener Neustadt, 22 mars 1459 – château de Wels, 12 janvier 1519) fut empereur des Romains de 1508 à sa mort. Dès les premières années de son règne, il réunit sous sa couronne, outre l’Autriche, les comtés de Tyrol et de Goritz (ce dernier acquis en 1500 à la mort du dernier comte de la dynastie homonyme), une partie importante des Etats bourguignons de Charles le téméraire.
Son règne est marqué par le rétablissement militaire et politique de la situation des Habsbourg et une modernisation de l’administration du Saint-Empire romain germanique.
Il épouse en 1477 Marie de Bourgogne, née à Bruxelles le 13 février 1457 et morte en Flandre au château des ducs de Bourgogne à Bruges le 27 mars 1482, fut duchesse de Bourgogne, de Brabant, de Lothier, de Gueldre, de Limbourg et de Luxembourg, comtesse de Flandre, d’Artois, de Bourgogne, de Hainaut, de Hollande, de Zélande, de Namur, de Charolais et de Zutphen, marquise du Saint-Empire, dame de Frise, de Malines et de Salins. Fille unique du duc de Bourgogne Charles le Téméraire (1433-1477), et d’Isabelle de Bourbon (1437-1465), elle passe l’essentiel de ses années de règne (1477-1482) à défendre ses droits à l’héritage de son père, disputé par le roi de France. Son mariage, en 1477, avec l’archiduc Maximilien d’Autriche oriente pour près de deux siècles la géopolitique de l’Europe. Elle est la mère de Philippe le Beau, donc la grand-mère de Charles Quint, de l’empereur Ferdinand Ier, de la reine Marie de Hongrie et de Bohême et d’Eléonore, reine du Portugal et reine de France, ci-après.
Par son père Marie de Bourgogne est une Valois, donc une capétienne, comme étant la descendante à la cinquième génération de Jean II le Bon, roi de France.
Leur fils Philippe Ier dit le Beau, époux de Jeanne la folle, a été roi de Castille mais est mort sans accéder à l’Empire.
Le mariage de Maximilien de Habsbourg et de Marie de Bourgogne a été à l’origine de la puissance formidable de la Maison d’Autriche, de par l’extension de ses territoires nomment en Flandres et la succession aux couronnes d’Espagne et de son empire colonial, le plus grand monde à l’époque, celui sur lequel le soleil ne se couchait jamais. Alii bella gerant tu felix Austria nubes. (A suivre)
Licorne
8 janvier 2019 @ 08:49
On peut également signaler l’alliance de Catherine d’Autriche, petite-fille d’Albert de Habsbourg et d’Elisabeth de Tyrol, avec un grand seigneur français: Enguerrand VI de Coucy. Certes, Enguerrand n’était pas un prince capétien, mais leur descendante: Marie de Luxembourg Saint-Pol, ayant épousé François de Bourbon-Vendôme, se trouve être l’arrière grand-mère paternelle du bon roi Henri IV…
Jean Pierre
8 janvier 2019 @ 10:27
Rodolphe de Habsburg dont il est question ici est me semble t-il le seul souverain décédé à Strasbourg, comme Louis roi de Bavière est le seul à y être né.
Sur la façade de la cathédrale, on peut voir une statue équestre de ce roi des Romains.
Baboula
8 janvier 2019 @ 11:41
Honneur aux érudits !
Robespierre
8 janvier 2019 @ 12:14
Je ne connais rien avant Marie de Bourgogne épouse de Maximilien d’Autriche. Merci à Patrick Germain ne nous faire remonter loin dans le temps, quel temps il a dû passer dans des recherches généalogiques. Quant à la conjonction France-Autriche, on oublie souvent que Marie-Antoinette est l’arrière petite-fille de Monsieur, frère du roi Louis XIV, en passant par la Lorraine.
Le portrait de Maximilien ci-dessus montre déja la fameuse bouche Habsbourg, avec la lèvre inférieure un peu en avant qu’avait encore Marie-Antoinette ! Incroyable cette transmission au cours des generations d’un détail physique.
Charlotte AL
9 janvier 2019 @ 13:03
« En passant par la Lorraine » avec ou sans sabots ?
Mélusine
8 janvier 2019 @ 13:46
Merci à Patrick Germain pour cette leçon (révision pour les plus calés) d’histoire.
Pour ce qui me concerne, je m’aperçois, à cette lecture, que je vais devoir m’accrocher aux branches.
Un beau et bon feuilleton à suivre.
Cecicela
8 janvier 2019 @ 14:26
Je ne comprends pas votre troisième partie.
Si sa mère était une Habsburg, Clémence de Hongrie appartient, par son père, à la maison d’Anjou, descendante de Charles, fils de Louis VIII de France. Clémence est l’arrière-arrière-petite-fille de ce roi, de même que son époux, Louis X. Pour moi, leur mariage est celui de deux capétiens et pas d’un capétien et d’une Habsburg.
Pouvez vous, je vous prie, expliquer la raison de votre parti-pris?
Patrick Germain
9 janvier 2019 @ 09:59
En effet, la deuxième Clémence de Hongrie n’était Habsbourg que par sa mère, mais malgré son sang capétien, elle était considérée comme une princesse étrangère, par son sang Habsbourg et Arpad.
Brigitte et Christian
8 janvier 2019 @ 15:50
bonjour à tous
C’est fort intéressant , et même si ces quatre mariages nous sont connus, il est toujours bon qu’un rappel remette en mémoire nos connaissances.
Merci à Patrick Germain pour cette publication qui nous plait beaucoup car proche de la généalogie et de la culture.
amitiés de Dracénie sous le vent
Gilles d'Arago
8 janvier 2019 @ 16:11
Pour Clémence de Hongrie, il ne s’agit pas d’une Habsbourg mais bien d’une Capétienne car elle descend de la branche ANJOU de la famille royale de France. Son ancêtre était un des fils du roi Louis VIII et de Blanche de Castille parti régner sur le royaume de Naples (Charles I d’Anjou). Elle est donc bien une princesse capétienne et non habsbourgeoise…De plus elle est décédée en 1328 pas 1318.
plume
8 janvier 2019 @ 18:59
C’est très intéressant de nous rappeler cette généalogie qui est trop ancienne pour la retenir. Avançons et nous verrons pour les générations suivantes.
Gérard
8 janvier 2019 @ 23:20
Excellent début toujours très bien illustré.
Corsica
10 janvier 2019 @ 00:09
Patrick, un grand merci pour votre travail de recherche et votre iconographie.
Je ne m’attendais pas à retrouver dans cette première partie, le scandale dit de la Tour de Nesle qui touchât trois reines de France, les trois belles-filles de Philippe Le Bel. Marguerite de Bourgogne, dont il est question ici en tant qu’épouse du futur Louis le Hutin et qui fut condamnée pour adultère, ne sera reine de France qu’un an et ce, sans quitter sa prison où elle mourra opportunément, peut-être sur ordre de son époux, pressé de convoler avec Clémence de Habsbourg. Sa sœur, Jeanne, épouse du futur Philippe le Long, condamnée puis blanchie pour connivence d’adultère, fut la seule reine à ne pas être enfermée. Quant à Blanche, convaincu aussi d’adultère, c’est de sa prison qu’elle devint reine de France mais son époux Charles IV demanda très vite l’annulation de leur mariage et l’éphémère reine de France finit ses jours dans une abbaye.