Née en 1874, Anna Maria de Ferrari, unique enfant du duc Gaetano de Ferrari ,un financier gênois, passa une grande partie de son enfance sur l’île de Garde, acquise par son père, jusqu’en 1895 où elle épouse le prince Scipione Borghèse, alpiniste, explorateur et homme politique.
Parmi les ancêtres de celui-ci Francesco Borghèse, général napoléonien qui épousa Adèle de La Rochefoucauld, dame de compagnie de l’impératrice Joséphine.
Jeune veuf, leur fils Marcantonio V Borghese (1814-1886) se remaria alors avec sa cousine Thérese de La Rochefoucauld (1823-1894).
Leur fils aîné Paolo épousa Ilona Appony de Nagy-Appony (1848-1914), noble hongroise (famille dont était issue la reine Géraldine d’Albanie ).
Le prince Paolo a été l’un des principaux protagonistes du développement des bâtiments de Rome à la fin du XIXe siècle. Mais cette période fut bientôt suivie d’une crise très grave, qui impliqua tous les acteurs du phénomène et porta un coup sérieux à la fortune économique de la famille Borghèse.
La bibliothèque a été dispersée et le palais ancestral, le fameux « Cembalo » (racheté plus tard en partie par son fils Scipione, grâce à la succession de sa femme, Anna Maria de Ferrari) a été vendu; les manuscrits passèrent à la bibliothèque du Vatican, tandis que l’État italien achetait la galerie de tableaux et la collection de statues, ainsi que la célèbre villa construite par le cardinal Scipione.
Après leur mariage, Anna Maria et Scipione Borghese vivent d’abord à Paris où elle suit les cours de l’ École libre des sciences sociales et politiques (future Sciences-Po) et entre-temps naissent leurs deux filles Santa et Livia.
La princesse aborde la photographie en prenant d’abord des photos de sa famille.En 1898, avec sa Kodak Camera Box, elle prend sa première photo en Hongrie, sur le domaine de la mère de Scipione.
Ses photos des événements sociaux de son époque ainsi que des nombreux voyages (sa seconde passion) effectués avec son mari constituent un témoignage historique et socioculturel très important.
Ainsi en 1900, Anna Maria et Scipione embarquent à Brindisi pour Porto Said, avec le comte Alfredo de Chabannes et la comtesse Armande de Polignac, visitant le Liban, la Syrie, la Mésopotamie, Babylone et divers endroits le long de l’Euphrate; un voyage qui sera raconté par Scipione dans le volume « En Asie: Syrie, Euphrate, Babylone » qui sera illustré par des photographies prises par Anna Maria elle-même.
Ce n’était que le premier de nombreux voyages légendaires qu’elle effectua, comme celui de 1907, lorsque Scipione participa à la course automobile historique Pékin-Paris, menée à bord de son inséparable Itala.
Le jour de la course, Scipione, Anna Maria, Livio Borghese, le mécanicien Ettore Guizzardi et Luigi Barzini, envoyé spécial du «Corriere della Sera», sont montés dans la voiture et se sont lancés dans un long voyage qui les mènera victorieux à Paris.
Ils traversent la Russie, le Japon, la Chine, la Tunisie, l’Égypte, la Perse, l’Ouzbékistan et l’Afghanistan et à chaque étape Anna Maria photographie les ruines de Palmyre, les rizières du Japon, Boukhara et la mosquée de Samarkand…
Par la suite, elle est retournée à Pékin en train pour visiter le Japon et la Russie.
Ses clichés racontent la vie des populations et leurs traditions, ainsi que les événements historiques qu’elle a vécus comme la marche sur Rome, le tremblement de terre d’Avezzano en 1915, la reconstruction de la ville de Messine après le terrible tremblement de terre de 1908, la remise en état de l’Agro Romano par son mari, ce qui lui vaudra de se voir nommée en juin 1915 présidente de l’Union nationale des jeunes explorateurs italiens.
Mais en saisissant sous son objectif les tranchées et les soldats elle offre aussi un témoignage unique sur la Première Guerre mondiale, une guerre pendant laquelle Anna Maria fut infirmière de la Croix-Rouge jusqu’en 1920 suite à l’épidémie de grippe espagnole.
Anna Maria Borghese, la princesse photographe, passa les dernières années de sa vie à Isola del Garda, où elle mourut noyée le 25 novembre 1924 dans des circonstances floues.
Ce ne sont pas moins de soixante albums en carton, avec des photographies chronologiquement ordonnées, annotées et datées par la princesse elle-même, qui ont été conservés jusqu’à aujourd’hui par les héritiers de la princesse. (Merci à Caroline VM)
Baboula
9 mars 2021 @ 04:16
Merci Caroline de nous présenter cette princesse dont déjà le nom est toute une histoire et qui explora son temps .
Ciboulette
9 mars 2021 @ 05:21
Quelle destinée ! Merci à Caroline VM pour ce reportage intéressant . La princesse a eu une vie exceptionnelle , une passion peu commune , et elle a pu réaliser de véritables documentaires sur les endroits qu’elle a visités .
Liseluc
9 mars 2021 @ 06:01
Interessante storia
Val
9 mars 2021 @ 07:19
Magnifique portrait d’une sacrée nana !
miloumilou
9 mars 2021 @ 07:19
Que de beaux voyages elle a pu faire!
Debora12345
9 mars 2021 @ 09:14
La photo « Isola del Garda » 1907 me plaît beaucoup et que de voyages, ça fait rêver. Merci pour ce post.
Pastelin
9 mars 2021 @ 10:47
Je ferais bien mes délices d’un ouvrage qui rassemblerait ces photos, ou du moins une sélection d’entre elles vu le nombre….
Grand merci pour cet article.
COLETTE C.
9 mars 2021 @ 10:53
Qui sont ses héritiers ?
Muriel 83
9 mars 2021 @ 12:49
Il vous suffit de lire le reportage sur l’ile juste en face
Karabakh
9 mars 2021 @ 13:40
Ce sont les princes Hercolani et du Saint-Empire, descendants de Santa Borghese. Livia n’a pas eu de descendants.
Karabakh
9 mars 2021 @ 13:47
Au temps pour moi, Livia s’est mariée au comte Cavazza et elle a une descendance qui possède toujours Isola del Garda. En revanche, le patrimoine a été divisé car les Hercolani possèdent des biens issus des Borghese.
Ludovina
10 mars 2021 @ 08:39
Anna Maria de Ferrari (23/03/1874-25/11/1924) était la 1ère épouse de Scipione Borghese, 10ème prince de Sulmona (11/02/1871-15/03/1927). Le couple a eu 2 enfants :
– Santa Borghese (01/11/1897-13/04/1997), épouse d’Astorre Hercolani, 9ème prince Hercolani (07/08/1877-18/01/1944), le couple a eu 7 enfants dont les prénoms commençaient tous par la 1ère lettre de l’alphabet : Andrea (dont postérité), Albertina, Adriano, Arduino, Alvise, Almerico et Anna Maria.
– Livia Borghese (04/03/1901-13/12/1969), épouse d’Alessandro, comte Cavazza (24/09/1895-09/03/1969), le couple a eu 3 garçons : Novello, Paolo et Camillo, dont postérité.
Scipione Borghese s’est remarié moins de 2 ans après le décès d’Anna Maria de Ferrari avec Theodora Martini.
lilou
9 mars 2021 @ 12:06
Une femme intelligente, passionnante et moderne! Je ne connaissais absolument pas cette dame. Merci beaucoup!
Avel
9 mars 2021 @ 14:12
Très intéressant. Merci beaucoup. J’aimerais voir plus de photos.
Mayg
9 mars 2021 @ 14:23
Merci à Caroline VM pour ce reportage. La princesse photographe est quand même morte relativement jeune.
Greg van N
9 mars 2021 @ 14:56
Belle photo d’un saluki, ou lévrier persan. Probablement un des premiers à arriver en Europe à cette époque.
Corsica
9 mars 2021 @ 22:51
Merci Caroline VM pour cette découverte d’une femme talentueuse, intéressante par son avidité à découvrir le vaste monde et à laisser une trace non seulement des merveilles que l’on y trouve mais aussi des populations qui l’habitent.
Caroline
9 mars 2021 @ 22:53
Il est intéressant de remarquer que beaucoup de princes et de princesses se sont passionnés pour la photographie, leur ‘ hobby ‘ national.
Elena1
11 mars 2021 @ 09:15
Grand merci pour cet article.