En 1972, la reine Elizabeth a effectué une visite en Yougoslavie dirigée par le maréchal Tito. La reine était accompagnée du duc d’Edimbourg et de la princesse Anne.
En 1972, la reine Elizabeth a effectué une visite en Yougoslavie dirigée par le maréchal Tito. La reine était accompagnée du duc d’Edimbourg et de la princesse Anne.
Actarus
8 juin 2021 @ 01:13
L’incarnation de la royauté avec un dictateur communiste. Mais cette histoire a une morale. ;-)
stigerss
8 juin 2021 @ 07:28
« Tito se sentait extraordinairement bien en compagnie des têtes couronnées. Il aimait à raconter que la reine de Grèce Frederika lui avait dit, lors de son séjour à Brioni, qu’elle aurait sans aucun doute adhéré au Parti qu’il dirigeait si elle était née en Yougoslavie . Il avait beaucoup apprécié son présent, un couple de caniches blancs qui devinrent ses animaux préférés et furent les deux premiers membres d’une véritable dynastie canine à la « cour ». Pour les quatre-vingts ans du maréchal, l’ambassadeur britannique conseilla à la reine Élisabeth II de lui offrir un objet en argent : « Les connaissances et goûts locaux sont tels qu’il vaudrait mieux un objet de la fin de l’époque victorienne que quelque chose de plus ancien et de plus raffiné . » Finalement, au lieu de lui faire envoyer un objet en argent ou du whisky de la marque Chivas Regal, comme on le lui conseillait, la reine d’Angleterre accepta d’honorer le quatre-vingtième anniversaire de Tito en lui rendant visite en Yougoslavie « tant qu’il était encore en selle ». C’était sa première visite officielle dans un pays communiste . Ayant déjà reçu la reine Juliana des Pays-Bas et la princesse Margaret d’Angleterre, la « cour » de Tito savait comment il convenait de se comporter avec les hôtes descendant des vieilles dynasties européennes. Élisabeth II fut si enchantée de l’accueil qui lui fut réservé en Yougoslavie en octobre 1972, soit précisément à l’époque où Tito venait de « décapiter » la direction libérale serbe, qu’elle envoya peu de temps après au maréchal un récipient en argent et parla de lui en des termes plus qu’élogieux. Elle aurait déclaré : « Si cet homme est un mécanicien, alors je ne suis pas la reine d’Angleterre. » Pour Tito, le summum de son ascension sociale fut marqué par la valse qu’il dansa avec Sa Majesté à Brioni. » source :Tito – Joze Pirjevec
Philibert
8 juin 2021 @ 21:45
Merci pour ces précieuses informations sur le maréchal Tito finalement relativement peu connu dans nos pays..
Gatienne
8 juin 2021 @ 09:04
Tito était un des rares despotes de l’ère communiste fréquentable parce qu’il fut une des fondateurs du mouvement des « non alignés », refusant de se lancer dans la guerre froide.
Mais si Tito prônait l’égalité, il revisitait le communisme à sa manière:
il avait un goût marqué du raffinement, des fêtes extravagantes aux cigares cubains en passant par un yacht luxueux.
L’opulence dans laquelle il vivait au côté de Jovanka, sa troisième épouse officielle, avait beaucoup impressionné la star de Hollywood Richard Burton lors d’une visite en 1971.
« Ils vivaient dans un luxe remarquable, sans pareil avec ce que j’ai pu connaître, et je crois aisément la princesse Margaret lorsqu’elle dit que tout cela ramène Buck House (le palais de Buckingham) au niveau des classes moyennes », écrivait l’acteur dans ses carnets.
Nul doute, qu’Elizabeth II, sans se sentir tout à fait « comme à la maison » a dû apprécier le faste maréchalesque !.
Baboula
8 juin 2021 @ 11:35
A côté de Nina Khroutchcheva madame Tito était une vraie vamp .
Gatienne
8 juin 2021 @ 12:22
Victoria Brejneva, qui était l’épouse du chef d’état à l’époque, n’envoyait pas non plus du rêve à ses visiteuses (à la gauche de Claude Pompidou)
https://images.app.goo.gl/QFBNWYgxxbXj6Kd18
Baboula
9 juin 2021 @ 12:11
C’est ainsi qu’on les appréciait en URSS ,pas comme cette futile freluquette madame Kennedy .
Ciboulette
9 juin 2021 @ 17:43
Oui , sans doute , mais curieusement , voir M. K. , comme on l’appelait , le Russe qui allait nous dévorer , accompagné de son épouse qui avait tout d’une bonne grand’mère a plutôt rassuré les Français .
Des Nina , il y en avait beaucoup dans les familles françaises après la guerre . C’étaient nos grands-mères , voire arrière grands-mères .
stigerss
9 juin 2021 @ 13:49
Tito : chasseur et bon vivant
À peine de retour à Belgrade, Tito visita, le 27 décembre, les palais royaux sur la colline de Dedinje et ordonna leur rénovation. Il s’agissait là d’une action symbolique qui dépassait le fait de marquer l’arrivée d’un nouveau maître dont le pouvoir s’appuyait sur une révolution réussie. En effet, comme l’écrit Dušan Bilandžić, le maître qui s’installait dans les résidences de la dynastie des Karađorđević était un « berger de Zagorje », ce qui pour la haute société belgradoise, mais aussi pour les Serbes en général, représentait un véritable sacrilège . Les résidences concernées étaient plus négligées qu’endommagées, disposant encore de leur mobilier. Tito choisit le Palais Blanc (« Beli dvor »), que le prince Paul avait fait construire dans un style classique modernisé et qui avait été rénové avant la fin de la guerre. Il garda également le Vieux Palais (« Stari dvor ») du roi Alexandre et la villa encore inachevée de la famille Acević, vivant au numéro 15 de la rue Romunska cesta (qui sera bientôt rebaptisée en Užička cesta en souvenir de la première ville où Tito avait pris le pouvoir). Le Vieux Palais était réservé aux hôtes de marque et aux chefs d’État, le Palais Blanc servait à Tito de lieu de travail, tandis qu’il utilisait la villa de Dedinje comme résidence privée. Plus tard, il occupa également quelques autres villas voisines ainsi que des jardins pour former un vaste complexe de bâtiments qu’il fit entourer d’un mur. Bientôt, la villa de Dedinje devint sa résidence principale à Belgrade. Il fit édifier dans la cour une statue de cheval en bronze en souvenir de l’étalon qu’il montait pendant la guerre, ainsi que la statue d’Ivo Lola Ribar, le camarade mortellement atteint fin novembre 1943 . Le protocole ne l’autorisait pas à utiliser les lieux mentionnés, du fait qu’il n’était pas président de la République mais seulement chef du gouvernement, cependant ni les régents ni le président du présidium du Parlement fédéral Ivan Ribar, qui remplissait pourtant la fonction de chef de l’État, ne s’offusquèrent de la liberté prise par Tito . Au Palais Blanc, ce dernier fêta solennellement la nouvelle année 1945 qui resplendissait déjà de la victoire attendue. Ses camarades le virent pour la première fois danser la valse avec les femmes du Parti qui, en majorité, « portaient des revolvers à la taille ». Le seul événement amer fut l’arrivée d’une lettre anonyme qui, au milieu des vœux de bonne année, lui demandait comment il se sentait « dans la maison d’autrui ». Tito quitta immédiatement le palais des Karađorđević et n’y revint jamais vivre de façon permanente {816} . En dehors de cela, il n’eut jamais aucun scrupule à s’approprier les biens des anciens souverains. Quand, dans la cave de la villa de Dedinje, il trouva des coffres remplis d’or et d’objets précieux – qu’il réussit à crocheter facilement grâce à ses talents de serrurier –, le général Moma Đurić, qui l’accompagnait, lui conseilla de tout envoyer à la Banque nationale, car ces découvertes ne leur seraient d’aucune utilité. Tito lui répondit alors : « Eh, Đurić. Doucement, doucement ! Nous aurons également besoin de tout cela . » Il démentait ainsi l’article publié dans Proleter en mai 1939 et dans lequel il affirmait : « L’activité politique d’un membre du Parti ne peut se séparer de sa vie privée. C’est là la première condition que doit remplir tout communiste désireux d’obtenir la confiance des foules . »
Naturellement, Tito ne se contenta pas de réquisitionner les résidences royales de Belgrade, mais prit possession de tous les autres châteaux, villas et terrains de chasse utilisés par les Karađorđević avant la guerre (à l’exception de Topola où se trouvait le mausolée de la famille royale). Il fut également généreux à l’égard de ses amis, leur accordant toutes sortes de privilèges et les invitant fréquemment à lui tenir compagnie, à jouer des parties de billard, à assister à des projections de films ou – le plus souvent – à se joindre à des parties de chasse. La chasse revêtait dans cette nouvelle société une valeur symbolique équivalant à la réussite sociale, car aucun des dirigeants n’avait été chasseur avant la guerre. Par la suite, cela devint un moyen de confirmer son appartenance à l’élite dirigeante, un rituel régi par des règles très strictes où il était très exactement prescrit qui avait le droit de tuer et en quelle quantité, mais que Tito était le seul à pouvoir enfreindre . Tito était un chasseur passionné qui aimait à se vanter de ses prouesses. Fin 1953, à l’époque où il souffrait de violentes douleurs rhumatismales, où la crise de Trieste avait atteint l’un de ses points culminants (les Italiens complotaient contre l’accord de défense signé par la Yougoslavie, la Grèce et la Turquie) et où Milovan Đilas publiait ses articles hérétiques dans Borba , les pensées du maréchal – alors de passage au château de Brdo (Slovénie) – allaient à un gigantesque chamois venu des monts entourant le Triglav. Ayant appris que l’animal avait été aperçu, il était immédiatement parti à la chasse. L’un des camarades qui l’accompagnaient nota : « Durant tout son séjour en Slovénie, il attendit cette nouvelle autant que la neige. Cela faisait quatre ans qu’il voulait l’attraper . » Vers la fin de sa vie, en avril 1975, il abattit un ours dont la fourrure fut reconnue comme trophée de chasse par la Commission internationale des expositions des pays méditerranéens et reçut le premier prix, ce qui lui fit extrêmement plaisir . Cependant, quand à une autre occasion, lors d’une partie de chasse dans les Carpates, le dictateur roumain Nicolae Ceauşescu abattit un ours qui recueillit plus de suffrages que le sien, Tito fut outré, commentant qu’il n’aurait jamais infligé pareil affront à l’un de ses invités . Au fil des années, les propriétés nationalisées ou confisquées aux nobles furent de plus en plus nombreuses, fournissant les réceptions organisées par Tito en produits d’excellente qualité . Cependant, il convient de préciser que, dans sa vie privée, il affectionnait tout particulièrement les plats ruraux les plus simples cuisinés comme dans sa région natale de Zagorje et préférait le vin rosé de Basse-Carniole au champagne . La nourriture et les boissons qui arrivaient sur sa table et chez les plus hauts dirigeants politiques – vingt-quatre familles au total – faisaient l’objet d’un contrôle très strict en sept étapes différentes. D’abord, ce fut Stevo Krajačić qui décida ce que Tito mangerait et boirait, mais plus tard ce rôle fut assumé aussi par sa femme Jovanka, bien que cette dernière n’eût aucune connaissance dans le domaine culinaire . Ne pouvant compter sur une renommée provenant de son autorité idéologique – comme celle de Lénine et Staline –, Tito dut fonder son charisme sur des démonstrations de force parmi lesquelles son train de vie dispendieux tenait une place non négligeable. Mais ce n’était pas la seule raison qui le poussait à vivre ainsi. Il y avait chez lui une véritable passion de la propriété à laquelle il s’adonnait pleinement tout en essayant de la dissimuler. Pour amasser les biens qu’il convoitait, il pouvait compter sur l’aide d’Ivan Krajačić (Stevo), un collaborateur du NKVD dont les goûts étaient semblables aux siens. Les lettres datant des premières années de l’après-guerre que ce dernier lui envoya sont très éloquentes : « Cher Vieux, je t’envoie trois ceintures et une boîte à tabac en or ainsi que deux colliers. Je pense que tu pourras en faire présent à quelqu’un quand tu monteras à Moscou. Les experts affirment que le pardessus coupé dans ce tissu gris est très bon, alors je t’en envoie trois mètres pour que tu te fasses faire un trench-coat . » Et encore : « Je t’envoie aussi deux boîtes à cigarettes en or, l’une de table et l’autre de poche. Je crois que la première ferait du meilleur effet sur ta table de nuit . » Tito possédait aussi des voitures que Staline et Khrouchtchev lui avaient envoyées, une Rolls-Royce dont certains disaient qu’elle lui avait été donnée par la reine d’Angleterre et d’autres de Slovénie, sans compter la Mercedes qu’il avait « héritée » d’Ante Pavelić. Il avait aussi des calèches, un yacht (le Galeb ), le voilier du roi Alexandre Karađorđević, une énorme collection de sculptures, tableaux, tapis et autres pièces de musée . Naturellement, ce train de vie, qui rappelait celui de quelque archiduc d’Habsbourg, changea également son aspect physique. Tandis que, durant la guerre, sa stature – et surtout son visage aux traits nettement dessinés – rappelait l’allure d’un oiseau de proie, il s’empâta bientôt pour se métamorphoser en une sorte de gentil parrain. « De loin », écrit le diplomate Bogdan Radica qui avait fui à l’Ouest immédiatement après la guerre, « il ressemble fortement au [chef du gouvernement] Stojadinović. À Belgrade, on le surnomme Göring . » Au début, son salaire fut modeste, tout à fait symbolique, si on excepte le fait que personne ne contrôlait les dépenses de la « cour » (qu’on appellera plus tard le « maréchalat »), ce qui signifie qu’aucune distinction n’était faite entre les dépenses privées et publiques. Ce n’est qu’à la fin de l’année 1952, trois bonnes semaines avant son élection à la fonction de président de la République, que l’Office de protection sociale régla la question des années de travail effectuées par Tito : en prenant en compte ses années passées à travailler chez un employeur, les années passées dans l’illégalité et les années de guerre, on lui reconnut, entre le 26 mai 1908 et le 7 mars 1945, 36 ans, 9 mois et 13 jours de travail . La constitution de 1963, qui aborde la question du président de la République dans son article 220, alloue à ce dernier une somme mensuelle de 40 000 dinars non imposables en rétribution de ses fonctions. Deux ans plus tard, le Parlement fédéral augmenta cette somme jusqu’à 550 000 dinars, qui sera encore doublée deux ans plus tard. Depuis le 1 er janvier 1967, il reçoit 10 000 dinars mensuels pour ses frais de représentation, somme qui sera augmentée de 1 000 dinars chaque mois à partir du 7 janvier.Pour les frais liés à sa fonction de chef suprême des armées, il reçoit 10 000 dinars par mois à partir de 1970. À tout cela, il convient encore d’ajouter les allocations parentales qui lui seront versées à partir de 1965 par l’Office communal de protection sociale pour ses deux petits-enfants, Jožek et Zlatica . En ce qui concerne les investissements liés à la construction des bâtiments protocolaires, la sécurité, les voyages en Yougoslavie et à l’étranger ainsi que tous les autres frais attachés à la fonction présidentielle, il existait un budget spécifique alimenté par des fonds puisés dans les réserves de l’État. Le secrétariat général du président, chargé de payer le salaire de Tito et de son personnel, n’avait aucun droit de regard sur ce budget qui était géré par le général Milan Žeželj, héros national et chef de la garde, un Serbe de Lika qui avait été blessé à neuf reprises pendant la guerre et – comme nous le raconte Louis Adamič – vouait à Tito une adoration sans bornes . À ce sujet, il convient d’ajouter que Tito coûtait à l’État bien plus que le roi Alexandre, bien que ce dernier eût la « liste civile » la plus importante de tous les monarques du monde tout de suite après l’empereur du Japon. Vladimir Popović, qui gérait le budget de Tito au début des années 1960, affirmait que, en 1961, les frais d’entretien de la « cour » s’étaient élevés à environ un milliard cent millions de dinars par jour . Tito s’entourait d’objets précieux superflus. Il suffit de préciser qu’il portait sur son couvre-chef un emblème national en or massif, qu’il utilisait un nécessaire d’écriture en or et qu’il portait toujours au doigt une bague ornée d’un gros diamant. Pour justifier cette habitude « bourgeoise », il affirmait qu’il s’agissait d’une bague achetée à Moscou avant la guerre en guise de réserve pour le cas où il aurait dû affronter des difficultés financières extrêmes. En réalité, d’après Đilas, la bague à laquelle Tito faisait référence avait glissé de son doigt amaigri pendant l’offensive Schwarz. Celle qu’il portait après la guerre – et avec laquelle il se pavanait aussi sur la photo prise pour figurer en couverture de sa biographie écrite par Vladimir Dedijer en 1952 pour la revue américaine Life – n’avait rien à voir avec un investissement de prévoyance. À sa demande, il l’avait obtenue du gouvernement soviétique lors de son séjour à Moscou au printemps 1946 . Tito s’était fait faire un uniforme de maréchal, décoré comme il se devait par une équipe de stylistes, dans lequel il faisait des apparitions régulières aux réunions avec les officiers, mais aussi à chaque fois qu’il voulait souligner que l’armée était avec lui. Quand Vladimir Dedijer lui demanda un jour d’où lui venait cette obsession pour les uniformes, il lui répondit un peu rudement qu’il n’en porterait jamais si tous les Yougoslaves étaient des intellectuels : « Malheureusement, nos gens sont en majorité des paysans, et tu ignores combien le culte de l’uniforme est vivace dans les campagnes. Tout paysan a pour unique rêve de voir son enfant engagé au service de l’État, en particulier à une fonction où on porte un uniforme . » Il se changeait trois ou quatre fois par jour et s’exposait régulièrement aux rayons ultraviolets pour garder un teint hâlé à souhait. Il se fit arranger la dentition et, à la fin des années 1950, à la grande déception de ses adorateurs, il commença à se teindre les cheveux et à se faire faire des ondulations dans le style « minivague ». Quand quelqu’un lui tendait la main, il la levait à peine, forçant ainsi son interlocuteur à s’incliner devant lui . Comme le dira Savka Dabčević-Kučar, personne ne savait comme lui d’un seul regard, par la manière dont il vous tendait la main ou vous saluait, vous mettre à la place qu’il vous avait assignée. Il agissait ainsi également avec ses collaborateurs les plus proches, notamment Bakarić ou Kardelj . « Il ne se contentait jamais de communiquer avec des mots », ajoute Savka Dabčević-Kučar. Il communiquait aussi « à l’aide de l’expression de son visage, de son regard, mais aussi et surtout de son attitude corporelle ». « Il ne cessait pas même un instant d’être secrétaire général du Parti, président de la République et maréchal », surenchérit Dobrica Ćosić . Il avait également repris des Karađorđević la coutume consistant à être le parrain de tous les neuvièmes enfants des familles et, bientôt, des étalons provenant « des haras du maréchal Tito » firent leur apparition sur les hippodromes. Tandis qu’il garda son rôle de « parrain » pendant une vingtaine d’années, Tito cessa rapidement de se faire valoir comme éleveur de chevaux. Il est probable que les rapports confidentiels concernant sa popularité envoyés par la police secrète, et qu’il lisait régulièrement, s’étaient montrés trop critiques à l’égard de ces manifestations de pouvoir ostentatoires . « Le goût pour un luxe exagéré et vulgaire dont font preuve les plus hauts dignitaires du régime », écrivit au milieu des années 1960 le consul américain de Zagreb, « est l’une de leurs caractéristiques les plus désagréables. L’écart entre la théorie et la pratique du communisme dans ce domaine irrite davantage l’opinion publique que n’importe quel autre aspect du système . » La situation était particulièrement odieuse durant l’immédiat après-guerre, quand le « peuple » avait subi l’introduction de points, cartes et bons pour l’achat de nourriture et de vêtements tandis que quelques privilégiés s’étaient jetés sans retenue sur les biens dont ils avaient rêvé pendant si longtemps. L’exemple d’Edvard Kardelj est représentatif de cette attitude : souhaitant le plus au monde avoir un stylo à plume en mai 1944, il put, un an plus tard, s’offrir bien d’autres choses encore. Tito s’absentait fréquemment de Belgrade. Au début, il aimait par-dessus tout séjourner à Bled (en Slovénie) où il passait l’été pour échapper à la chaleur étouffante de la capitale. Cependant, à partir de 1947, il choisit comme résidence favorite l’archipel istrien de Brioni où il avait pris possession de villas qui dataient du temps de la monarchie austro-hongroise, voire de l’époque du Royaume d’Italie. Il vécut d’abord dans la villa du duc de Spoleto qu’il laissa ensuite à Kardelj pour s’en faire construire une nouvelle plus grande, lui permettant d’organiser des réceptions réunissant jusqu’à cinq cents personnes. Il fit reboiser l’île et la transforma, comme l’écrit un ambassadeur ouest-allemand au début des années 1970, « d’une propriété modeste et abandonnée en ce qu’elle est actuellement : une propriété qui rappelle la résidence d’été d’un empereur romain ». Sur les 770 hectares où se promenaient environ deux cents têtes d’animaux sauvages cornus, il fit édifier un hôtel luxueux et une série de bungalows destinés à accueillir les plus hauts représentants des autorités yougoslaves ainsi que les hôtes de marque étrangers . Parmi eux, les membres des familles royales européennes ne manquaient pas. De même, on trouvait de nombreux acteurs et actrices mondialement connus : Orson Wells, Sophia Loren, Gina Lollobrigida, Joséphine Baker, Liz Taylor, Richard Burton, Yul Brynner, etc. Tito fit aménager des plages, se paya le luxe d’avoir un jardin zoologique pour accueillir les animaux exotiques que lui offraient les présidents africains et asiatiques, se fit construire sur la petite île de Vanga un abri privé où il s’amusait à développer des photos et à produire du vin, mais aussi et surtout à travailler les métaux et le bois. Il était fier de compter parmi les gens s’y connaissant en matière de moteurs et de machines. Il disposait aussi de sa propre cave où il aimait à inviter ses hôtes. Pour les plus éminents d’entre eux, il y trouvait même une étiquette portant l’année de leur naissance. Il convient de noter que les travaux de construction effectués à Brioni avaient été confiés à des prisonniers, ce qui ne dérangeait pas Tito car, comme il le disait, « tout ce qu’il y a eu de grand dans l’histoire a été construit par des esclaves». D’après les mots mêmes de l’ambassadeur britannique, le résultat fut un mélange entre l’Arcadie et le parc zoologique londonien de Whipsnade. Durant les décennies qui suivirent la guerre, le confort et la sécurité de Tito dans ce paradis sucré furent assurés par quelques milliers de gens. Comme l’écrivit l’un de ses médecins personnels, aucun dirigeant de son époque n’a vécu dans un plus grand luxe et une plus grande abondance que lui. Les « révolutionnaires » entourant Tito ne lui reprochèrent jamais ses goûts de satrape, en partie parce qu’ils s’étaient eux-mêmes rapidement adaptés aux privilèges qu’apportait le pouvoir, en partie par prudence, pour éviter de se mettre le maréchal à dos. Eux aussi s’étaient approprié les villas et les richesses des « ennemis du peuple» et s’étaient habitués à mener une vie douce, souvent immorale, comme s’ils devaient rattraper le temps perdu. Plus tard, ces hommes firent construire à travers le pays de luxueux palais, exigeant que leur entretien soit pris en charge par le budget de l’armée sous prétexte qu’il s’agissait des « villas de Tito ». En réalité, c’étaient eux qui les utilisaient. Cette compétition entre les dirigeants eut pour conséquence l’édification de toute une série de résidences : la villa dalmate de Split, les villas de Tikveš et Tamiš à Beljah, la villa bosniaque de Bugojno, la villa Galeb à Igalo (au Monténégro), mais aussi les résidences de Skopje, Ohrid et Zlatibor. « Tous étaient déjà les serviteurs volontaires de l’unité du Parti et de l’idéologie », disait Đilas, « tous étaient livrés à eux-mêmes et impuissants dès qu’ils se retrouvaient hors de leur secte, hors du pouvoir et de l’utopie. » À Belgrade et dans les capitales des autres républiques de Yougoslavie, des magasins ouvrirent sur le modèle soviétique pour répondre aux besoins de la « nomenklatura », lui proposant des biens de consommation introuvables ailleurs. Dans la capitale serbe, le principal magasin de ce type était le « magasin diplomatique » auquel avaient accès les membres de gouvernement fédéral, les membres du Comité central et les diplomates et où les prix étaient très bas, presque symboliques.
source :Tito – Joze Pirjevec
HRC
10 juin 2021 @ 14:06
Comme les Condottieri (orthographe ?) de la renaissance et autres.
Il avait impressionné les Anglais pendant la guerre, et ils ont lâché Mihailovic.
Il s’est imposé à tous et a évité de sanglants règlements de compte après guerre, mais ils ont eu lieu quand même….
Elsi
8 juin 2021 @ 10:50
Recherches faites … c’etait en octobre 1970 que Tito etait en visite d’etat a Luxembourg. Je me souviens encore que nous etions en classe du samedi matin … grand brouhaha dehors … c’est le convoi de Tito qui passe….tout le monde aux fenetres … pour ne pas voir grand-chose….
Louise.k
8 juin 2021 @ 11:05
Je me souviens du reportage qu’en avait fait Point de Vues ..et de madame Tito .
Benoite
8 juin 2021 @ 13:32
si je me rappelle, Mme Tito sans mal ici : plantureuse grande et large Dame, très brune, souriante de façon naturelle, qui aimait le faste, et recevoir. Le couple était très en vogue, tous les membres des familles royales étaient passés par le pays. La reine du Danemark, le roi de Suède, la Belgique, ici la reine Elisabeth, peut être aussi la cour du Shah et Farah. Finalement, le couple royal faisait des voyages officiels en compagnie de leur fille , qui fit le 1er avec eux pour un séjour en Turquie.
Jual
8 juin 2021 @ 13:00
Quand on pense à la façon que la Yougoslavie a sombré dans un bain de sang il y a 25-30 ans… Qui aurait pu prédire cela, quand le pays, sous Tito, était tellement envié par les autres pays communistes?!
Danielle
8 juin 2021 @ 14:19
La reine a toujours eu une belle allure.
Kalistéa
8 juin 2021 @ 15:45
C’était un couple de « gros ». Mme Tito avait des robes du soir faites en tissus voyants de couleur vive et brillante comme c’est courant de nos jours mais peu usité à cette époque .. Elle se coiffait avec un énorme chignon sombre qui ajoutait encore au volume général de sa personne.
Kalistéa
8 juin 2021 @ 15:50
sur cette photo, la reine Elizabeth parait être plutôt son sosie français Huguette Funfrock. Elle avait aussi un sosie Anglais qui s’appelait je crois Jeannette Mac Donald : Toutes deux étaient actrices et incarnaient la reine dans des petits films de pub. Ce serait amusant de lire un article sur ce sujet avec photos pour qu’on puisse juger de la ressemblance.Les deux sosies de la reine sont actuellement décédées.
HRC
8 juin 2021 @ 17:50
L’armée qu’il avait construite contre les nazis a laissé de mauvais souvenirs en Allemagne et Autriche.
Les simples lecteurs comme moi ont été abadourdis par la violence entre les communautés ex-yougoslaves après sa mort.
HRC
8 juin 2021 @ 21:39
Oups.
Abasourdis.
Je préfère ne plus y penser. Bref, Tito devait tenir tout d’une poigne rudement lourde pour que cela ait explosé comme ça si peu après sa mort.
Les royaux reconnaissaient peut-être en lui un seigneur de la guerre comme leurs lointains ancêtres ?
beji
8 juin 2021 @ 18:48
Dans un aucun autre pays que la France la reine n’aura effectué un voyage officiel ou d’état qui a revêtu la magnificence de celui que notre pays lui a réservée sous la
présidence de Monsieur Coty en 1957.
Caroline
8 juin 2021 @ 22:29
La Yougoslavie d’ antan ! Démantelée en plusieurs pays comme la Slovénie, la Croatie, la Serbie, le Monténégro, etc…!
Gérard
9 juin 2021 @ 17:32
Les autorités yougoslaves se sont montrées d’une grande cruauté pour la veuve de Tito, il ne lui ont rien passé, ce fut un calvaire.
Aujourd’hui elle repose à ses côtés.