La princesse Marie Amélie (1865-1951), fille aînée du prince Philippe, comte de Paris, épouse le 22 mai 1886 à Lisbonne Carlos, duc de Bragance, futur roi de Portugal.
Avant son départ pour Lisbonne où sera célébré le mariage religieux, une grande soirée est donnée en l’honneur des fiancés en l’Hôtel Galliera, propriété du duc de Galliera, mis à disposition comme résidence dans la capitale du comte de Paris et aujourd’hui Hôtel de Matignon.
Le 15 mai 1886, de 21h à 01, plus de 4.000 invités se pressent à l’événement. Le Figaro y consacre une pleine page le lendemain.
« Le journal fait une liste interminable de tous les cadeaux. La princesse Amélie y est décrite comme splendide, vêtue d’une robe de tulle « aux reflets de neige » et portant un camélia blanc au corsage. Le journaliste note que, seul au milieu du salon, le comte de Paris trouve un mot aimable pour chaque arrivant. Parmi les invités figurent le prince Vladimir de Russie, un grand nombre de familles nobles, des hommes politiques (notamment le duc de Broglie, Sosthène de La Rochefoucauld, le duc d’Audiffret-Pasquier, le duc de Fezensac, le marquis de Breteuil, le marquis de LA Ferronnays, le baron Tristan Lambert, Jules Simon, Eugène Dufeuille, Ferdinand Duval, Charles Lambert de Sainte-Croix, Edouard Hervé), des hommes d’affaires et des banquiers (dont les Rothschild et le baron de Hirsch), et des artistes et hommes de lettres (parmi lesquels Alexandre Dumas, Ludovic Halévy, Charles Gounod et Victorien Sardou).
Dans l’esprit du comte de Paris, cette soirée ne devait pas apparaître comme une démonstration politique mais simplement comme une réception à caractère privé à la hauteur de la position de sa fille. »
Le 24 juin 1886, soit 5 semaines plus tard, le comte de Paris devait reprendre le chemin de l’exil suite à l’adoption d’une nouvelle loi qui puisait sa source dans ces réjouissances trop tapageuses et « dangereuses » aux yeux d’une partie des parlementaires.
« Philippe d’Orléans, comte de Paris. 1838-1894 », Thibault Gandouly, Editions Via Romana, 2020, pp. 204-205
Régine ⋅ Actualité 2021, France, Livres, Portugal 23 Comments
Pimont
18 janvier 2021 @ 10:15
C’est la duchesse de Galliera qui avait dit à propos de l’hôtel de Matignon.
» oui c’est logeable à condition de ne pas avoir d’enfants »…
BEQUE
21 janvier 2021 @ 10:07
Je découvre un peu tard que la duchesse de Galliera y avait accumulé une belle collection de Van Dyck. Elle recevait dans son palais Thiers, Guizot, Mérimée, Sainte Beuve… A la mort du duc, elle déploie une intense activité philanthropique, fondant un établissement à Meudon pour orphelins et personnes âgées et l’hôpital Ferrari à Clamart. En 1879 c’est elle qui permet la fondation de l’Ecole des Sciences Politiques rue Saint-Guillaume en donnant un million de francs-or à Emile Boutmy.
Elle donna son hôtel de Matignon à l’ambassade d’Autriche. Le Palais Galliera qui abritait ses nombreuses collections d’art (actuel Musée de la Mode) fut saisi par la ville de Paris pour « non alignement ». Elle lèguera ses collections à la ville de Gênes où elle terminera son existence.
Cosmo
21 janvier 2021 @ 19:14
Marie de Brignole Sale, duchesse de Galliera, descendait d’une des familles les plus anciennes et les plus riches de Gènes, de laquelle elle tenait sa superbe collection de tableaux, comme beaucoup d’autres familles génoises.
Cosmo
21 janvier 2021 @ 19:17
En effet, l’hôtel Matignon est tout en réception. Je me demande où le comte de Paris logeait femme, enfants et domestiques.
Robespierre
18 janvier 2021 @ 10:34
« pas une démonstration politique »… quelle naïveté ! Dans le contexte de l’époque, tout était politique. Si un petit-neveu de Napoléon avait organisé un tel barnum, il aurait aussi été sanctionné. Ils n’avaient qu’à faire profil bas ces princes déchus et profiter d’avoir gardé leurs biens, leurs châteaux et leur train de vie dans le pays qu’ils aimaient. Ils ont voulu faire les superbes, avec des milliers d’invités, des milliers de cadeaux, et puis se faire ovationner par une foule de fidèles et après ils s’étonnent qu’on leur fasse prendre le chemin de l’exil. Il y a des moments dans l’Histoire où il est bon de faire profil bas, mais les Orléans ne l’ont pas compris.
Mayg
18 janvier 2021 @ 13:37
Naïveté ? Vous êtes trop gentil Robespierre. Moi je dirais plutôt de l’hypocrisie…
Cosmo
21 janvier 2021 @ 19:23
Non, pas d’hypocrisie ! Ce fut une tentative de prise de pouvoir. Ce fut idiot car il aurait fallu être plus subtil avec une classe politique et une opinion de plus en plus républicaine. Tant pis pour lui.
aubert
18 janvier 2021 @ 13:56
80 ans plus tard Henri, comte de Paris s’imaginera que de Gaulle allait en faire son successeur.
Hugues Capet devait être plus malin que ses descendants pour avoir été élu à Senlis.
Cosmo
21 janvier 2021 @ 19:29
Quel aveuglement ! Mon père a entendu dans l’entourage du général de Gaulle dire que cela été sérieux. Mon père a éclaté de rire et le soir nous l’a raconté. Il fallait bien mal connaître de Gaulle pour imaginer cela possible. De Gaulle était de tradition monarchiste mais il était avant tout lucide. Il savait que jamais les Français n’accepteraient un retour à la monarchie. Et pour quoi faire ? Panser les plaies d’un pays divisé ?
Gérard
18 janvier 2021 @ 16:29
Ce n’était pas de la naïveté mais c’était risqué. Aujourd’hui ce bannissement serait impossible et ahurissant. Les droits de l’homme ont heureusement progressé, en Europe en tous cas.
Caroline
18 janvier 2021 @ 22:07
Robespierre,
Bien dit avec votre première phrase !
Comme le shah d’ Iran…ayant aussi pris le chemin de l’ exil ! Est- ce une comparaison ? Ou bien, l’ histoire se répète dans les autres monarchies.
BEQUE
18 janvier 2021 @ 11:04
Dans le couvent Sao Vicente de Fora (Saint Vincent hors les murs) à Lisbonne j’ai été étonnée de voir sur la tombe de la reine Amélie la plaque « Souvenir du Chesnay, France, Reine Amélie + 1951. Hommage de la Société d’Histoire du Chesnay (1996) ». Tous les internautes connaissent le destin tragique de cette reine, j’imagine. Après son exil anglais, elle décida de vivre en France. Elle acheta le château de Bellevue en 1920. Elle fera hisser au-dessus du toît le drapeau de la république du Portugal quand il sera réquisitionné par les Allemands durant la Seconde Guerre Mondiale. Elle soigna des malades dans un hôpital de Versailles et s’occupa des prostituées internées à la prison Saint Lazare. Lors du transfert de sa dépouille à Sao Vicente de Fora, 21 coups de canon furent tirés et des funérailles nationales furent célébrées en présence du président de la république du Portugal. Le château abrite désormais la Chambre d’Agriculture d’Ile de France.
Actarus
18 janvier 2021 @ 11:14
Bla bla bla…
Il paraît que certains parlementaires se sont vengés de n’avoir pas été invités à cette réception de 4.000 personnes. Le comte de Paris Louis-Philippe II s’est comporté comme une véritable tête de noeud, creuse comme un département peu peuplé, en n’ayant pas discerné qu’il fallait ménager les susceptibilités du corps législatif.
Comme on fait son lit, on se couche ! ;-)
BEQUE
18 janvier 2021 @ 17:52
Actarus, pouvez-vous me dire si c’est bien parce que le Président de la République n’avait pas été invité à ce mariage qu’il promulgua, un mois plus tard, la loi d’exil interdisant aux chefs de familles et à leurs héritiers ayant régné en France de séjourner dans le pays.
Cosmo
21 janvier 2021 @ 19:20
Bien vrai ! Après Charles X et le comte de Chambord, nous pouvons dire que le comte de Paris fut le dernier fossoyeur de la monarchie. Certains le regrettent mais est-ce regrettable ?
Muscate-Valeska de Lisabé
18 janvier 2021 @ 11:16
Une physionomie terne et insipide.
Monica
19 janvier 2021 @ 11:21
Muscate en effet. Aucune. ressemblance avec sa sœur, la comtesse Isabelle
d Orleans. MA ressemble à sa mère
Robespierre
18 janvier 2021 @ 11:22
Avec 2.500 invités de moins et la réception à la campagne dans son château l’année précédente, le duc de Chartres fut plus malin que son frère et ne suscita pas de représailles de la part de la République.
Mayg
18 janvier 2021 @ 13:32
J’avais lu cette anecdote dans un livre consacré à Amélie d’Orléans. Le faste de cette réception n’ayant pas plu aux autorités françaises de l’époque, d’où l’exile forcé de ma famille d’Orléans.
Mayg
18 janvier 2021 @ 13:39
* la famille
Cosmo
22 janvier 2021 @ 13:54
Quel lapsus…
framboiz 07
18 janvier 2021 @ 13:48
Pour vivre heureux, vivons cachés !A méditer …Ailleurs ou avant !
COLETTE C.
18 janvier 2021 @ 17:07
Une vie tragique pour cette future reine du Portugal.