L’an 985 voit la naissance de Montpellier et bientôt les Guilhem en deviennent les Seigneurs.
1090 : Première mention de l’église Sainte-Marie, dont on peut aujourd’hui visiter une partie de la crypte aménagée.
En 1093, Guilhem V (1075-1121) part pour la croisade et place Montpellier sous la protection de Notre-Dame : il la fait peindre sur ses armoiries, au-dessus de son blason, avec la devise « Vierge notre Mère, prie ton fils, de nous venir en aide à toute heure »
Elle est encore aujourd’hui dans le blason de la ville.
Guilhem VI, revenant de croisade, rapporte une Vierge noire, la Majesté Antique, qui devient célèbre par ses miracles.
Et en 1189, Jean de Montlaur, évêque de Maguelone, institue une fête annuelle le 31 août, appelée : Fête des Miracles de Notre-Dame des Tables.
Au XIIIe siècle, elle devient ecclesia Beatae Mariae de tabulis, puis Notre-Dame-des-Tables, nom dû aux tables des marchands et des changeurs de monnaie, dressées autour de l’église.
C’est à Notre-Dame des Tables que se déroulent les évènements importants de la cité : là que viennent prier les Seigneurs de Montpellier puis les rois d’Aragon et de Majorque devenus Seigneurs.
Le 15 août 1204, le roi Pierre d’Aragon approuve dans l’église la charte communale ou « coutume » de Montpellier et fait serment d’en observer les statuts.
Aux XIIe et XIIIe siècles, la réputation des orfèvres et argentiers de Montpellier est grande. A la suite d’une guérison, l’un d’entre eux offre une statue en argent : c’est la Vierge de l’Orfèvre, en 1327.
De 1560 à 1622, la ville est aux mains des réformés et Notre-Dame des Tables devient un Temple (« Temple de la Loge ») : la Majesté Antique est brûlée et la Vierge de l’Orfèvre disparaît. A plusieurs reprises l’Eglise est partiellement détruite.
Pendant les terribles émeutes de 1600, l’évêque de Montpellier, Guittard de Ratte, défend l’ancien sanctuaire de Notre-Dame des Tables contre les protestants. A cette occasion, il déclare aux quelques gentilshommes qui l’entouraient « Messieurs, s’il faut mourir ici ce ne saurait être pour une cause plus juste ».
Ce tableau se trouve dans la chapelle dite « Dernière chapelle ».
Le 15 décembre 1621, lors du « Grand Harlan des églises de Montpellier » (grand désordre), Notre-Dame des Tables est le premier sanctuaire attaqué par les réformés, car le plus détesté.
1622 marque le siège de Montpellier par Louis XIII, qui se conclut par la paix.
La présence Jésuite à Montpellier
La compagnie de Jésus s’est établie à Montpellier en 1629, par l’ouverture d’un collège (dont l’église actuelle de ND des Tables était la chapelle), qui fonctionne jusqu’en 1762, date de l’interdiction de la présence Jésuite en France (dissolution par le Parlement).
Dès 1660, ils ont une influence importante sur la société Montpelliéraine par les congrégations qu’ils dirigent. Revenus à Montpellier en 1850, ils ont bâti un deuxième collège qui fonctionne de 1877 à 1901, date de leur nouvelle expulsion de France : il fut démoli, en 1950, pour permettre la construction d’un nouveau bâtiment.
En 1917, ils construisent le collège Saint François Régis, qui fonctionne toujours.
La conception des plans et les travaux sont confiés en 1701 à l’architecte montpelliérain Jean Giral : il travaille sur le chantier jusqu’en 1710, date à laquelle il est remercié, avant d’être finalement réintégré au projet. Achevé en 1747-1748, l’édifice suit le schéma méridional traditionnel du vaisseau unique à chapelles latérales.
La chapelle est transformée en paroisse en 1802, et prend le nom de l’ancienne église Notre-Dame-des-Tables, détruite pendant la Révolution (en 1794) : décision de Chaptal , ministre de l’intérieur.
Le 6 mars 1871, par mandement de Mgr Le Courier, Notre-Dame des Tables devient Patronne de la Ville et du Diocèse.
La célébration a lieu le 25 mars 1871
» Que la Vierge bénie avec son divin fils nous bénisse !
Qu’elle nous aide à toute heure !
Qu’elle soit la gardienne de nos vignes !
Qu’elle protège et favorise la cité de Montpellier !
Qu’elle gouverne et protège tout le diocèse !
Qu’elle donne la paix, le salut et la joie à tout le peuple ! »
(Mgr Le Courier)
Et l’Eglise est consacrée le 25 mars 1873.
Le couronnement de la Statue de Notre-Dame date de 1889, et le Pape Pie XII accorde à l’église le titre de Basilique en 1939
Le retable (Auguste Baussan, 1853) avec le tableau de l’Assomption de Marie (Jean-Charles Nicaise Perrin, 1804), entouré des statues de Saint Roch (enfant de Montpellier, toujours représenté avec un chien) à droite et Saint Firmin d’Uzès (ancien protecteur de Montpellier) à gauche.
Le devant de l’autel, face aux fidèles, appelé antependium, est une broderie de perles du XVIIIe siècle, et la Sainte Table est en onyx d’Algérie (1877)
Le Maitre-autel est en marbre polychrome du sculpteur Auguste Baussan.
A l’arrière, un orgue de chœur (Théodore Puget, 1893) à 9 jeux.
Devant l’entrée du chœur, gravé sur le pavé, le sceau des Jésuites : JHS – Jésus Sauveur des Hommes
De chaque côté du sanctuaire se trouvent les représentations des quatre évangélistes : Marc, Jean, Luc et Matthieu.
Les stalles en bois sculpté sont d’un artisan local (Fulcran, 1900). Tout à droite on peut apercevoir les armes de la ville.
Chapelle de Notre-Dame
La Vierge en marbre de Carrare est l’œuvre d’André Franzoni (1861) : inspirée de la statue médiévale « Majesté Antique », elle représente Notre-Dame des Tables, Patronne de Montpellier depuis huit siècles.
Figure également un tableau représentant le miracle dont a bénéficié le sénéchal de Toiras le 10 septembre 1654 : tombé d’un échafaudage, il s’est relevé sain et sauf. La plaque relatant le miracle est l’unique vestige de l’ancien sanctuaire.
Chapelle de la Crucifixion et du Sacré-Cœur
« Le Christ en croix » entre la Vierge, Saint Jean et à l’arrière deux Saints Jésuites : Saint Ignace de Loyola et Saint François Xavier (François Guy, 1634).
A l’origine, ce tableau devait être celui du retable du maître-autel.
Dernière chapelle
Tableau de l’Adoration des Bergers, de l’école de Van Loo (XVIIIe siècle)
Chapelle des Saints du Diocèse
Tableau de « Saint Roch » (Edouard-Antoine Marsal, 1885) : enfant de Montpellier, il vécut au XIVe siècle.
Il est représenté mourant de la peste, probablement en 1378, près d’un village. Un habitant est dissimulé dans les arbres. A gauche, il envoie son chien lui porter un pain.
Dans cette chapelle figure également un tableau de « Saint Fulcran », évêque de Lodève pendant une cinquantaine d’années jusqu’en 1006.
Chapelle des Jésuites
En dessous se trouve une crypte funéraire. Tableau de « Saint François Xavier » (Jean Bestieu, début du XIXe siècle) : celui-ci meurt aux portes de la Chine, sur l’île de Sancian, le 2 décembre 1552
On trouve également un tableau représentant Saint-François Régis, prédicateur du Velay et du Dauphiné surnommé l’Apôtre du Vivarais, né à Fontcouverte (près de Narbonne) en 1597 et mort à Louvesc en 1640
Chapelle des fonts baptismaux
Une très belle vasque pour les baptêmes.
Sont également exposés des vêtements sacerdotaux utilisés lors des grandes fêtes.
La très belle Chaire à prêcher avec des sculptures représentant des scènes de la vie du Christ.
L’Orgue de tribune
Construit en 1751 par le facteur d’orgues Dom Bedos de Celles (moine bénédictin français, 1709-1779, auteur du célèbre traité scientifique et technique sur la facture d’orgues) et restauré en 1782 par Jean-Pierre Cavaillé, l’instrument est transféré vers 1805 de l’ancienne abbaye de Saint-Thibéry (proche de Pézenas) jusqu’à l’église sur ordre de Cambacérès.
L’archichancelier de l’Empire désire en effet doter Notre-Dame d’un orgue prestigieux. Celui-ci possède trois claviers, un pédalier et trente-sept jeux. Son magnifique buffet en noyer sculpté du XVIIIe siècle présente des tourelles latérales géminées, l’une regardant la nef, l’autre dirigée vers les ailes.
Les dix-neuf jeux de Dom Bedos, la tuyauterie de Moitessier contenue dans la partie instrumentale (1846) et le buffet sont classés au titre des monuments historiques depuis 1975.
Une inscription mentionnait sur l’instrument : « Ex dono imperatoris et benevolentia archi-cancelleri imperii gallici, hujus civitatis civis, anno Domini 1805« . (Merci à Pistounette – Photos personnelles sauf la n°1 geneawiki)
Guizmo
17 janvier 2023 @ 07:20
Merci beaucoup pistounette pour cette belle découverte. Une histoire mouvementée et intéressante. Merci aussi pour les magnifiques photos. Bonne journée
ALINE
17 janvier 2023 @ 09:42
Très beau reportage , on apprend plein de choses . Merci a vous.
mousseline
17 janvier 2023 @ 09:43
superbe récit et photos. Merci Pistounette.
Falbala15
17 janvier 2023 @ 13:08
Re-découvrir sa ville grâce à vous .
Merci !
Passiflore
17 janvier 2023 @ 10:00
Chère Pistounette, merci pour ce nouvel article sur Montpellier. Je sens que ce sera ma prochaine destination car je connais très peu la ville. J’emporterai vos écrits, comme je l’avais fait pour visiter Aix-en-Provence, l’été dernier (il me semble que l’auteur était Marie-Françoise ?)
😀Pistounette
17 janvier 2023 @ 13:42
Chère Passiflore,
Quand vous avez l’intention d’aller visiter Montpellier, si vous et Régine êtes d’accord, nous pouvons faire échange d’adresses email (comme je l’ai fait avec une autre contributrice de N&R) : je connais la ville comme ma poche, et aussi des petits endroits hors des sentiers battus. 😁
Bonne semaine
Passiflore
19 janvier 2023 @ 20:24
Chère Pistounette,
pardon, je ne prends connaissance de votre réponse qu’aujourd’hui dans la soirée. Bien d’accord pour échanger nos adresses mail par l’intermédiaire de Régine, quand je mettrai au point cette visite de Montpellier.
Antoine1
17 janvier 2023 @ 10:07
Visite intéressante et très complète d’une église dont j’ignorais tout. J’irai la découvrir à la première occasion. Merci pour le reportage.
Jean Pierre
17 janvier 2023 @ 12:36
Comme vous, il va falloir d’abord que je regarde où elle se situe. Aucune idée.
Trianon
17 janvier 2023 @ 10:58
Merci Pistounette ,pour cet article très intéressant !
Gam
17 janvier 2023 @ 11:23
Merci pour ce beau reportage
Danielle
17 janvier 2023 @ 19:48
Superbes retable, devant de l’autel et fonds baptismaux.
Un reportage intéressant, merci Pistounette.