Signe de la prospérité de la noblesse et de la haute bourgeoisie, les hôtels particuliers se multiplient à Montpellier aux XVIIe et XVIIIe siècles. Voici une petite promenade dans les ruelles médiévales de l’Ecusson… pour en voir quelques portes.
Hôtel de Sarret ou de « La Coquille » – XVIIe siècle
L’hôtel est édifié au XVIIe siècle à l’emplacement d’une maison médiévale par l’architecte Simon Levesville pour Jean de Sarret, conseiller à la cour des Comptes, aides et finances. Les travaux commencent en 1636 et se poursuivent en 1637 sous la direction du maître d’œuvre Bertrand Delane qui modifie le bâti préexistant : il fait notamment édifier un escalier rampe sur rampe et reconstruire les façades sur rue. La famille de Sarret a été propriétaire de cet hôtel jusqu’en 1783.
Curiosité architecturale, la superbe trompe d’angle de cet hôtel est familièrement appelée « coquille » par les Montpelliérains. C’est la plus grande trompe connue en France, et elle a servi de modèle à celle d’une maison de Sarlat-la-Canéda.
Hôtel de Girard – XVIIe siècle
Edifié au milieu du XVIIe siècle, l’hôtel fut réaménagé en 1723 après le terrassement de l’Esplanade.
A la suite du siège de Montpellier en 1622, Louis XIII ordonne la construction d’une forteresse face à la ville à l’est : la clôture médiévale est abattue et ses fossés avancés pour englober la nouvelle citadelle.
Roland de Gayraud fait alors édifier un hôtel particulier sur une parcelle vendue à la suite de la destruction des remparts de la ville et le comblement de ses fossés.
Hôtel de Beaulac – XVIIe et XVIIIe siècle
Acheté en 1667 par François de Beaulac, Trésorier Général de France et intendant des Gabelles. Construit sur les structures gothiques d’une médiévale. La façade sur la rue fut refaite à partir de 1720 par le nouveau propriétaire Jean Rouzier, conseiller à la Cour des comptes, aides et finances
La porte d’entrée est surmontée d’une très belle agrafe à visage humain. Au-dessus, de part et d’autre, s’étirent deux cornes d’abondance
Hôtel de Roquemaure – début XVIIe siècle
Au XVe siècle, la demeure fut la propriété des Grilhe, originaires d’Arles, puis celle de la famille de Roquemaure.
Hôtel de Manse – XVIIe siècle
C’est une maison médiévale remaniée entre 1667 et 1669 par le maçon Antoine Arman pour Jacques de Manse, Trésorier de France.
L’escalier du milieu du XVIIe siècle, fut le premier conçu comme une cage ouverte en forme de portique à colonnes libres.
Hôtel Deyde – XVIIe siècle
Commencé en 1644 pour la veuve de Joseph Deydé, il est construit par l’architecte Simon Levesville. Entre 1692 et 1695, l’architecte du roi et de la province Augustin Charles Daviler, le reprend pour Joseph Deydé, conseiller à la cour des Comptes, aides et finances, petit-fils du précédent.
Il a une belle porte cochère en niche, encadrée d’une coquille en anse de panier et une façade intérieure en demi-lune. L’agrafe représente Hercule coiffé de la peau du lion de Némée.
Une agrafe est un ornement sculpté à la clef des fenêtres et prend souvent la forme d’un mascaron (dérivé de l’italien mascherone, grand masque) à figure mythologique ou allégorique
Hôtel d’Aures – XVIIIe siècle
Construit en 1718. La clé de l’arc est sculptée d’une tête et d’une coquille. Les salons du rez-de-chaussée sont décorés de gypserie.
Hôtel Perier – XVIIIe siècle
L’immeuble fut au XVIe siècle un hôtel de voyageurs « A l’Ecu de Bretagne ». Maison natale du peintre impressionniste Frédéric Bazille, le 5 décembre 1841.
Hôtel de Griffy – XVIIIe siècle
Le bel escalier sur cour à rampe de ferronnerie date de la réfection de l’hôtel, en 1760. Délicatement sculptés dans le bois sur les impostes des portes (parties supérieures), des personnages semblent garder les entrées de certains hôtels particuliers : ce sont souvent de jeunes éphèbes ou des atlantes.
Hôtel de Mirman – XIIe, XIVe et 2ème quart du XVIIe siècle
Appartint aux Bucelli, marchands italiens au XVe siècle, puis en 1632 à Jean de Mirman, Trésorier Général de France, intendant des Gabelles du Languedoc. (merci à Pistounette)
Gérard
13 octobre 2022 @ 01:41
Bravo et merci Pistounette.
Marie-Françoise
13 octobre 2022 @ 02:19
Merci Pistounette pour cette fabuleuse collection de portes et leurs histoires !
Bambou
13 octobre 2022 @ 05:20
Merci pour cette jolie balade languedocienne…
Falbala15
13 octobre 2022 @ 06:26
Nous allions avec l’école découvrir ces portes d’hôtels particuliers. La célèbre coquille me surprend toujours. Le Montpellier ancien est très beau.
Baboula
13 octobre 2022 @ 08:04
Si ce beau reportage vous a plu ne manquez pas la sortie du livre de Claude Huver : Les Hôtels Particuliers de Montpellier . En librairie le 20 octobre prochain.
Eva
14 octobre 2022 @ 12:59
Merci, Pistounette, pour ce reportage qui m’a rappelé le bon souvenir de ma visite de ces ho^tels particuliers en compagnie de ma cousine qui y habite et qui les connaît par coeur (et avec ma mère, c’était ceux de Paris, ça doit être de famille…). Merci Baboula (et Charlotte aussi) pour la référence du livre. Je vais glisser dans ma prochaine conversation une allusion à cet ouvrage pour savoir si elle le possède déjà et sinon je lui enverrai pour Noël (et peut-être un pour moi aussi…)
Eva
14 octobre 2022 @ 13:00
Je n’avais pas fait attention, sortie le 20 octobre, parfait!
Beque
13 octobre 2022 @ 08:19
Merci, Pistounette, reportage très intéressant pour qui ne connaît pas bien cette ville.
mousseline
13 octobre 2022 @ 08:39
merci pour cette belle promenade dans Montpellier.
Pierre-Yves
13 octobre 2022 @ 10:02
On voit que la finance rapportait (et rapporte toujours d’ailleurs), la plupart de ces hotels ayant été édifiés pour des argentiers. Nonobstant, belle collection de portes.
beji
13 octobre 2022 @ 11:05
Ma ville est belle! Montpellier signifie Mont des jolies filles .
😀Pistounette
14 octobre 2022 @ 08:13
Réponse groupée 😀
@Beji
oui, Montpellier est une belle ville, où je retournerais volontiers habiter si l’occasion se présentait… et j’y reviens toujours avec plaisir !
@Charlotte
On peut également visiter quelques hôtels particuliers avec l’Office du Tourisme, environ deux fois par mois… à vérifier (été/hiver…).J’ai eu l’occasion d’habiter dans l’Hôtel des Trésoriers de la Bourse… une splendeur
@ plusieurs…
Oui, il faudrait un peu restaurer certaines portes qui s’abîment… c’est dommage !
Photographier les portes est un peu une marotte 🤣🤣🤣 je l’avais aussi fait à Gênes. J’aime aussi prendre les plafonds et les planchers 😉 j’en ai une belle collection !
Charlotte (de Brie)
14 octobre 2022 @ 15:54
Pistounette, une occasion qui est une vraie chance !
beji
13 octobre 2022 @ 11:13
Le bel hôtel de Cabrières Sabatier d’Espeyran abrite le musée des arts décoratifs
Sabatier d’Espeyran.
Robespierre
13 octobre 2022 @ 11:55
Merci Pistounette, cet article m’a bcp intéressé.
😀Pistounette
14 octobre 2022 @ 09:00
Merci Robespierre,
Vos commentaires sont rares… j’apprécie 😀
HELENE
13 octobre 2022 @ 12:49
Pistounette vous m’avez régalée !!!j’adore les belles portes d’entrée et j’ignore d’où ça vient ☺️
Merci
Francky
13 octobre 2022 @ 13:09
Merci Pistounette pour ce bel éventail de portails… ;)
Ce sont de très beaux hôtels particuliers, et j’espère que vous avez réussi à pénétrer dans les cours de certains d’entre-eux qui recèlent des merveilles…
L’Hôtel de Sarret, par exemple, possède, outre un magnifique escalier, une reproduction de sa fameuse coquille dans un angle de sa cour…
VieillesPierres
13 octobre 2022 @ 13:10
Merci Pistounette pour ce reportage, c’est remarquable.
Danielle
13 octobre 2022 @ 14:48
Les ornements au dessus de ces portes sont magnifiques, merci Pistounette pour ces photos.
Patrick JACQUES
13 octobre 2022 @ 16:29
On a vraiment envie de voir ce qu’il y a derrière ces portes.
Caroline
13 octobre 2022 @ 17:37
Toutes ces portes sont remarquables, mais elles doivent être remises à neuf !
Charlotte (de Brie)
13 octobre 2022 @ 20:08
Merci Pistounette pour cette traversée de « L’Ecusson » ce quartier historique de la ville de Montpellier.
D’ailleurs, pourquoi « Ecusson » ? pour son contour en forme de l’écu médiéval enfin c’est ce que m’a dit mon mari qui fut étudiant à la faculté de médecine de Montpellier et dut conformément à la règle en vigueur : prêter serment vêtu de la robe rouge de Rabelais sous la statue d’Hippocrate.
Et… toujours selon mon mari, au sol, des plaques pour indiquer le chemin de Saint Jacques de Compostelle ?
Alors là, j’avoue tricher pour montrer cette plaque, piquée sur un site.
https://www.pinterest.fr/pin/34902965837424083/
Franchir ces portes, avouons le nous taraude, non ?
Eh bien ce sera possible en juin 2023, grâce au Festival des Architectures Vives.
Ces endroits habituellement fermés au public, tels que hôtels et cours intérieures ouvriront leurs portes.
Je me permets, en complément de votre sujet de recommander le livre de Claude Huver » Les hôtels particuliers de Montpellier «
JAusten
14 octobre 2022 @ 07:57
Merci pour l’information. Robert Merle nous offre aussi une belle balade dans le Montpellier du 16ème-17ème dans un des tomes de Fortune de France. Les deux héros font l’un ses études de médecine et l’autre de pharmacie.
😀Pistounette
14 octobre 2022 @ 08:35
Votre mari étudiant en médecine à Montpellier… c’est une référence ! La fac a fêté ses 800 ans récemment.
J’ai eu l’occasion d’y faire une visite « privée » il y a quelques années… passionnant. Maintenant les cours ont lieu dans un immense bâtiment ultramoderne et on prend le tram bleu 1 pour la rejoindre… ça fait moins rêver !
Charlotte (de Brie)
14 octobre 2022 @ 16:01
Oui Pistounette, la plus vieille faculté de médecine au monde encore en activité je crois;
Mon mari y était dans la deuxième moitié des années 1980, l’hôpital Lapeyronnie venait d’ouvrir. Le doyen était le professeur Claude Solassol, spécialiste des tumeurs du tube digestif, qui est mort cette année.
Francky
14 octobre 2022 @ 09:07
Vous avez raison Charlotte, le Festival des Architectures vives et les Journées du Patrimoine offrent de belles occasions de découvrir les merveilles qui se cachent derrière ces portes…
Cependant, on peut en découvrir certaines qui sont ouvertes au public à l’année: l’hôtel des Trésoriers de la Bourse où siège la maison de Heidelberg et l’hôtel Richer de Belleval qui vient d’être entièrement restauré par les frères Pourcel: l’occasion d’aller y prendre un café ou un cocktail (ou plus) tout en admirant son escalier d’honneur, ses salles magnifiques, sa cour intérieure et ses superbes mascarons tout en savourant quelques douceurs…
Yode
14 octobre 2022 @ 08:54
Je me souviens qu’il y a une vingtaine un photographe (Monsieur PENIN) avait photographié à Ambert (Puy de Dôme) différentes portes d’entrée de la rue de Goye, à Ambert ; c’était un très beau résultat qui avait été vendu sous format A3 !!!
Alice
14 octobre 2022 @ 08:54
Très intéressant! Merci! Cela donne envie de visiter cette ville.
Francky
14 octobre 2022 @ 09:09
Merci Pistounette de mettre en valeur les merveilles du centre ancien de Montpellier.
J’espère que vous avez pu faire un détour par l’hôtel Richer de Belleval qui s’ouvre sur une des plus belles places de Montpellier et réserve de jolies surprises.
😀Pistounette
14 octobre 2022 @ 15:58
Oui, Francky, je connais l’hôtel Richer de Belleval. Je n’ai malheureusement pas eu le temps d’y entrer cette fois-ci. Mais sans faute lors de mon prochain séjour (pour le festival de la danse en juin/juillet) : pour l’hôtel et pour la cuisine des frères Pourcel. J’avais été un peu déçue par le Jardin des Sens… je trouvais que la publicité autour des jumeaux était un peu surfaite !
beji
14 octobre 2022 @ 10:58
Charlotte de Brie,oui en ville il y a sur le sol des petites plaques rondes et dorées avec une coquille saint Jacques indiquant la voie menant à Saint Jacques de Compostelle; à côté de la basilique Saint Roch se trouve un hébergement pour les pèlerins.
Charlotte (de Brie)
15 octobre 2022 @ 21:03
Merci beji, je peux donc continuer à croire mon mari.
Bon dimanche.
June
14 octobre 2022 @ 17:49
Très intéressant !
Merci 😊