Sortie prochaine aux éditions Ysec d’une biographie de Patrick Rose consacrée à Louis XVIII. Rien ne prédestinait le comte de Provence, frère de Louis XVI, à devenir roi de France. Et pourtant, à force de volonté, de ruse, servi par la providence, Louis finit par arriver à ses fins et accéda à la fonction supreme. Ce livre est donc l’histoire d’une ambition pour laquelle rien ne lui fut épargné, vingt-trois ans d’exil, le froid, la prison, les expulsions.
jul
17 janvier 2012 @ 07:43
Dernièrement Cosmo et moi avons pu débattre (à la suite d’un article sur la famille impériale du Japon, je sais, ça parait improbable) au sujet de ce roi et de la Restauration. Je le remercie d’ailleurs pour ces échanges très intéressants.
J’aime beaucoup le roi Louis XVIII. Il est pour moi un des plus grand roi de France. Dans un genre différent de Henri IV, c’est certain. Le public n’a hélas souvent retenu que son grand âge, ses difficultés à se déplacer et qu’il n’était pas un grand séducteur, mais il était d’une intelligence rare pour son époque. Il a su allier la Légitimité, c’est à dire la fidélité, à la paix, et à la tolérance politique et religieuse. La Charte est un texte admirable.
Dans le résumé du livre, je n’apprécie pas trop le mot « ruse » et la phrase le contenant. Le Comte de Provence était certes ambitieux, mais il ne faut pas douter qu’il aurait préféré que la Révolution n’arrive pas, que son frère, sa belle-soeur, son neveu et sa soeur ne soient jamais assassinés comme des milliers de Français.
La dernière phrase est tout aussi réductrice. « l’histoire d’une ambition »…je dirais plutôt « l’histoire de malheurs ».
Il ne faut pas faire de Louis XVIII un fou d’ambition sans-coeur. Je n’aime pas l’expression « servi par la Providence » comme si la Providence était soumise à des créatures.
Les choses étaient moins sensationnelles. A la mort de son neveu, il est simplement devenu le roi titulaire. Les alliés l’ont aidé ensuite à rentrer en France, pour le plus grand soulagement de la majorité des Français.
Louis
18 janvier 2012 @ 08:13
Oui, il est certain qu’il voulait être roi à la place de son frère, mais je ne pense pas qu’il ait voulu pour ça qu’il meurt. Il aurait sans doute préféré une abdication.
jul
18 janvier 2012 @ 19:34
Non, je ne pense pas.
Louis XVIII a été élevé dans les principes : on est roi à vie, selon les règles de succession traditionnelles. Il condamnait l’usurpation.
A la rigueur abdiquer en cas de révolution mais de toute façon si Louis XVI avait abdiqué, le Comte de Provence ne serait pas devenu roi mais Régent pour Louis XVII. Ce qui s’est effectivement produit entre l’exécution de Louis XVI et la mort de Louis XVII.
Louis XVIII a en quelque sorte « réussi » à devenir roi, mais il en connaissait trop le prix pour qu’on le mette en accusation.
Ce serait un comble. Les mauvais desseins étaient ailleurs.
Damien B.
18 janvier 2012 @ 09:09
Bonjour Jul
J’aime l’intelligence de votre commentaire.
Comme vous je ne vois pas non plus l’ambition comme le trait marquant de la personnalité de Louis XVIII …
Les titres alternatifs que l’on attribue généralement aux biographies sont souvent si réducteurs.
Bien à vous
jul
18 janvier 2012 @ 19:35
Merci Damien :)
philippe gain d'enquin
18 janvier 2012 @ 11:40
Quel réel plaisir de vous lire! Merci. A vous, Philippe.
jul
18 janvier 2012 @ 19:35
Je suis flatté :) merci Philippe
erwan
18 janvier 2012 @ 12:07
J’ignore si la majorité des français fut soulagée. La Charte est en effet un beau texte mais il éloigne la majorité des français en établissant une monarchie censitaire.
jul
18 janvier 2012 @ 19:40
C’est pourtant vrai. Les Français en avaient assez des guerres de Napoléon Ier, des morts et des destructions qu’elles semaient. particulièrement dans les campagnes, où la conscription était vue comme un déchirement dans les famille et un manque à gagner.
Je préfère voir le verre à moitié plein. On ne passe pas de la monarchie absolue à une démocratie stable en dix ans. Il faut un certain nombre d’années d’acculturation, de progrès, de tentatives, d’échecs.
erwan
20 janvier 2012 @ 00:47
J’adhère à votre conclusion même si je regrette ce cadeau accordé aux Ultras. Louis XVIII a été un grand roi. Votre commentaire initial entraine nombre de reflexions et d’interrogations qui affrontent une autre époque. Un grand merci Jul.
jul
22 janvier 2012 @ 09:58
Je suis honoré :)
Cosmo
18 janvier 2012 @ 20:21
Cher Jul,
J’ai été moi aussi ravi de nos échanges en génaral et sur Louis XVIII en particulier.
Etait-il ambitieux? Sans doute mais ce n’est pas un mal. Voulait-il régner à la place de son frère? Peut-être mais les dernières années de l’Ancien Régime furent si confuses.
Une chose est certaine, Louis XVIII sut en quelques années stabiliser le pays bien éprouvé à l’intérieur comme à l’extérieur. Il est à regretter que son successeur ne l’ait pas compris.
Il est dommage que son neveu Angoulême ne lui ait pas succédé directement. Cela eût probablement évité la révolution de 1830.
Quant à ses défauts, qui n’en a pas? Ils ne nuisirent pas à l’Etat. Et ses malheurs, ils furent communs à beaucoup. Est-cela qui a rendu l’homme plus sympathique que le jeune homme qu’il avait été? Sans doute, le roi ayant probablement été fort différent du Comte de Provence.
Cordialement
Cosmo
jul
20 janvier 2012 @ 09:28
Voilà qui est parfaitement résumé. Je n’ai rien à ajouter Cosmo :)
aubert
17 janvier 2012 @ 10:23
Probablement le plus intelligent, le plus politique, le plus apte à régner des trois frères.S
philippe gain d'enquin
17 janvier 2012 @ 10:48
Le titre aurait pu être, par exemple : « Louis XVIII ou l’heureuse fusion de l’Ancien Régime et de la Modernité », Louis XVIII est un prince d’une intelligence notable et j’espère que cet ouvrage lui rendra l’hommage qu’il mérite. N’était la tache de l’exécution du Prince de la Moskowa, bien peu d’erreurs politiques lui sont imputables.
Christian II
17 janvier 2012 @ 13:10
Personnage complexe que ce louis XVIII, responsable en partie du déclenchement de la révolution dans l’obstination qu’il mit à défendre les privilèges de la noblesse et à saborder toute idée de réformes que son frère le roi Louis XVI a tenté de mettre en place durant son règne et qui se révéla pourtant capable d’une finesse certaine pour gouverner le pays après les horreurs de la révolution et les guerres sans fin de l’Empire. Lui que l’on disait ultra indécrottable a finalement bien mieux compris les changements qui s’étaient opérés dans la société que son frère, le futur Charles X, qui provoqua ensuite la chute définitive de la branche ainée des Bourbons du Trône des Lys de par son obstination à revenir à une société d’avant 1789.
HRC
18 janvier 2012 @ 10:38
je ne peux qu’approuver.
Kalistéa
20 janvier 2012 @ 10:23
Bonjour Christian II,j’aurais voulu écrire votre paragraphe, tellement c’est en résumé ce que je pense moi-mème de la restauration de ces deux frères de Louis XVI.Merci. Bien à vous .
swing07
17 janvier 2012 @ 13:22
Itinéraire d’une ambition; c’est bien cela. Avec toutes les bassesses que cela a comporté. Un itinéraire qui ne m’enthousiasme nullement, je dois le dire.
Caroline
17 janvier 2012 @ 18:35
Ce livre doit etre bien intéressant à lire sur le roi Louis XVIII de France! Sa fin était bien triste,malade sans descendance!
jul
18 janvier 2012 @ 08:09
Non, je ne crois pas que sa fin fut triste. Même si lui même n’avait pas de descendance, il considérait Madame sa nièce, dont il était le tuteur comme sa fille. C’est ainsi qu’il l’a nommait. De même le Duc d’Angoulême était un peu son fils spirituel. Il parlait à leur sujet du mariage de ses « enfants ».
De plus, Mademoiselle et le Duc de Bordeaux ont été ses rayons de soleil dans les dernières années. Il est sûrement mort plein d’espoir.
sissi10
17 janvier 2012 @ 19:01
les français étaient impitoyables à cette époque
que ferions nous aujourd’hui si nous avions encore une royauté?serions nous aussi sangtuinaires?
JAusten
17 janvier 2012 @ 20:15
Une chose lui a été épargné : le régime eau-pain-sec
Kalistéa
20 janvier 2012 @ 22:02
Certes,JAusten,et les cures à Brides -les- bains!
Bien à vous .Bonne nuit.K
COLETTE C.
17 janvier 2012 @ 20:23
Effectivement un « personnage » à découvrir.
Cosmo
17 janvier 2012 @ 21:03
Le sous-titre est intéressant « Itinéraire d’une ambition ».
Si l’on se souvient volontiers du souverain qui apporta un certain équilibre à la France de 1814 à 1824, il est difficile de passer sous silence son activisme en qualité de « Monsieur », frère du roi. A peine moins virulent que le duc d’Orléans, il ne facilita pas la tâche de Louis XVI avant la révolution. Il n’eût pas à voter la mort de son frère mais il dût pas en éprouver un immense chagrin. Cela ne lui ouvrait-il pas la voie vers un trône pour lequel il se jugeait plus digne que son aîné?
ARAMIS
20 janvier 2012 @ 00:51
Hommage rendu aux faiblesses des hommes et à la complexité des choses. Vous parlez d’or cher Cosmo, comme dans tans de vos contributions que je n’ai pu saluer à chaque fois de la sorte.
Loin du « triste sire » dont vous affuble l’ineffable Nemausus, voilà l’honnête homme qui en tout cherche la raison des choses sans haine ni vain espoir !
Cosmo
20 janvier 2012 @ 18:27
Cher Aramis,
Merci pour votre commentaire!
N’est-ce pas le but d’un site comme N&R que d’échanger et chercher ensemble, parfois en harmonie d’opinion, parfois en opposition?
Les hommes d’état ont leurs grands et petits côtés, leur sublime et leur faiblesse. Nous aimons certains, nous en aimons d’autres beaucoup moins. C’est normal, c’est la vie. Mais là où ils sont, est-ce important?
Nous sommes, Dieu merci, un certain nombre comme vous et moi à garder la tête froide, le sens de l’humour et une grande courtoisie mutuelle – même s’il m’arrive parfois excédé par certains propos de perdre mon sang-froid. Que l’on me pardonne!
Cordialement
Cosmo
Kalistéa
20 janvier 2012 @ 22:11
Cher Cosmo ,ne faites donc pas tout le temps acte de repentance…vous ètes le plus courtois ,des h^otes de ces bois…
On ne peut que perdre son sang froid devant intolérance et outrecuidance dans les propos vexatoires,sans compter les névroses qui se dévoilent dans un site où on ne les attendait pas!!
Bonne soirée restez avec nous! K .
Cosmo
21 janvier 2012 @ 16:48
Chère Kalistéa,
Merci pour votre conseil et la gentillesse de vos propos!
En ce 21 janvier, la concorde devrait régner entre tous car la mort de Louis XVI est un crime collectif dont aucune famille ou aucun individu n’est responsable. Ce fut un épisode tragique de l’Histoire de France.
Cordialement
Cosmo
HRC
18 janvier 2012 @ 10:47
..et la Déclaration de Brunswick a contribué à la chute de Louis XVI auparavant.
Sébastien
18 janvier 2012 @ 13:47
Tiens, première nouvelle : Louis XVIII serait allé en prison ? En voilà un scoop !
Certains prétendus historiens écrivent vraiment n’importe quoi.
Livia
19 janvier 2012 @ 01:12
Louis 18 a été intriguant, n’a cessé de tendre des pièges à la reine et a largement contribué à la chute de la royauté.Qu’il ait été dépassé par les événements on n’en doute pas mais que des frères pitoyables a eu Louis 16!J’ai du mal à comprendre certains commentaires!
Pilayrou
20 janvier 2012 @ 11:50
Louis XVIII a chargé avant 1820 le marquis de Bonneval de faire une enquête sur Louis XVII.
Cette enquête, pas étonnante de la part du Roi, est claire : Barras a enlevé l’enfant se trouvant au Temple en juillet 1794. Fouché a ensuite ravi l’enfant à Barras (1796).
Cosmo
21 janvier 2012 @ 19:33
On aimerait avoir la suite du feuilleton car Paul Féval n’est pas loin….
Et je sens que de révélation en révélation, la Querelle va s’éteindre car la descendance de Louis XVII va resurgir renvoyant au placard toute autre prétention au trône que la leur.
Vite la suite…
Bien à Vous
Cosmo