Ce mercredi 11 décembre 2019 à 19 heures à la bibliothèque polonaise (6, Quai d’Orléans – 4ème arrondissement) à Paris, conférence et présentation du livre « Alex Rzewuski. Itinéraire d’un aristocrate européen. La Beauté et la grâce » par David Gaillardon en présence de la comtesse Isabelle d’Ornano, née Potocka. Du 12 au 19 décembre, des dessins et estampes d’Alex Rzewuski y seront exposés.
Voici le descriptif de cette biographie : « Descendant d’une vieille famille polonaise proche de la famille impériale russe, Alex Rzewuski (1893-1983), chassé par la révolution bolchevique, arrive à Paris, sans un sou, en juin 1919. En quelques années, il devient un illustrateur à la mode, puisant son inspiration dans la veine des Ballets russes, alors à leur apogée.
Portraitiste de talent, il immortalise les plus belles femmes du grand monde. Confiant sa réputation à l’énergique Elsa Maxwell, ce dandy de près de deux mètres promène son monocle dans les lieux à la mode, à Paris, à Londres (où il s’installe au Ritz) et à New York.
Son cercle : les grands-ducs en exil et le couple Youssoupoff, Misia Sert, Diaghilev, Cocteau, Chanel, Boni de Castellane, Dolly Radziwill, Julien Green, les Nabokov, Pavel Tchelitchew, le marquis de Cuevas, lady Cunard, Nancy Mitford, Winaretta Singer-Polignac, Liane de Pougy et bien d’autres…
En 1927, à la suite d’une rencontre décisive avec Jacques Maritain, un changement radical s’opère dans sa vie. Rzewuski décide d’abandonner son art et se retire du monde pour entrer chez les dominicains. Son existence ne cesse pourtant pas d’être à son image, romanesque et cosmopolite.
Rzewuski offre ses services et son carnet d’adresses internationales pour tenter une médiation entre les belligérants durant la guerre d’Espagne et vient au secours, durant la Seconde guerre mondiale, de familles juives en fuite. Gaulliste fervent, il contribue notamment à débusquer une espionne célèbre, Mathilde Carré.
Après plusieurs années comme aumônier à Fribourg (Suisse) et en Occitanie, sa vie s’achève à Venise, donnant lieu à un enterrement mémorable par sa mise en scène.
Paris, Lacurne, 2019. In-8, 14,5 x 20,5 cm, broché, 480 pages, 53 illustrations en noir, index de près de 500 noms, tableau généalogique.
Cosmo
10 décembre 2019 @ 09:01
Madame Eve de Balzac était née comtesse Rzewuska.
Jean Pierre
10 décembre 2019 @ 10:19
Les personnages mondains sont souvent des nœuds de complexité.
Roxane
10 décembre 2019 @ 11:54
Incroyable, ce parcours de vie ! Dandy puis dominicain… un héros de film…
Mary
11 décembre 2019 @ 10:50
Bonne idée !
HRC
11 décembre 2019 @ 20:52
résistant aussi entre les 2. Je l’ignorais d’ailleurs, merci wikipédia
Auberi
10 décembre 2019 @ 13:36
So classe, j’adore !!
particule
10 décembre 2019 @ 16:37
Ses dessins sont mémorables et les desseins de Dieu impénétrables : dans les deux cas un don de la vie.
Muscate-Valeska de Lisabé
10 décembre 2019 @ 19:16
Eh beh…romanesque et rocambolesque.
Robespierre
11 décembre 2019 @ 09:23
Quel parcours intéressant. Cet homme méritait un livre.
Dominique Charenton
11 décembre 2019 @ 21:47
Le père Alex Cesla RZEWUSKI a laissé d’intéressantes mémoires : A travers l’invisible cristal » paru en 1976 avec une préface du R.P.Bruckberger et un autre de Gaston Palewski .
Elles fourmillent d’anecdotes.
Entre autres sur Maria Rosa, comtesse Branicka, dite « Bichette » ( Paris VIIIe 1863- Rome 1941) qui avait épousé en 1883 à Paris XVIe Friedrich Wilhelm Paul Nicolaus Georg Fürst Radziwill, 16ème duc de Nieswiez und Olyka, 15ème ordinat de Nieswiez, 12ème ordinat de Kleck , membre héréditaire de la Chambre des Seigneurs de Prusse ( Berlin 1860 – Wien 1914)
» Mais il faut consacrer quelques lignes et mêmes quelques pages à la mémoire de la princesse douairière Radziwill, universellement connue, dans la 1 ère moitié de notre siècle , sous le nom de la « »tante Bichette « », car par ses liens de famille, elle fut réellement la « »Tante » » d’une grande partie des personnes appartenant au Gotha.
……lorsque je dis qu’elle « »trônait » », c’est là un terme qui lui convient car avec ses cent cinquante kilos, elle a toujours su garder son allure majestueuse et ce poids n’enlevait rien à son élégance innée, ni, chose curieuse, à une certaine légèreté de sa démarche qui faisait penser à un grand navire avançant lentement dans les eaux.
….. Je l’ai toujours vu habillée de noir, sauf en voyage où on apercevait un peu de mauve, au cou une collerette blanche sous son menton, plusieurs colliers de perles fines, dont l’un frappait par la grosseur des perles atteignant celles de petites noix. Son front assez haut et large était surmonté d’une très simple coiffure dominée inlassablement, à toute heure et en toute circonstance, par un large noeud de velours noir, tel un grand papillon posé sur sa tête. Elle le portait toujours : le jour il couronnait sa mise très simple, le soir ses élégantes et vastes robes, recouvertes de précieuses dentelles et terminées par une large traîne, cela même quand la mode des traînes avait disparu depuis longtemps.
Le charme de Tante Bichette était unique. Avec son fin petit sourire elle pouvait dire des choses que personne d’autre n’aurait pu se permettre : « » Tu ne sais pas ce que c’est d’avoir à vivre toujours entre son ventre et son derrière ! « », me dit elle un jour. Ou encore : « » Je ne suis pas snob et personne ne peut me reprocher de l’être. Pourtant lorsqu’il s’agit de m’amuser il m’est tout à fait indifférent de le faire en compagnie de gens élégant ou pas, mais lorsque je m’ennuie avec des gens embêtant j’aime mieux que ce soit avec des archiducs qu’avec les savetiers du coin « »
….Aussi était elle en possession de bijoux somptueux….en 1919 en prévision de la 2ème invasion des Bolcheviks, elle quitta l’Ukraine, il n’y avait plus de porteurs dans les gares, elle portait elle même un gros sac plein de bijoux et lorsque fatiguée par sa lourde charge elle rencontra enfin un jeune soldat qui lui parut gentil, elle lui demanda de bien vouloir porter pour elle ce sac lui disant : « » Mon ami, veux tu me porter ce paquet qui est trop lourd pour moi, j’ai là un peu de ravitaillement « »
…..Heureusement, l’homme du peuple en Russie,en ses bons moments, est serviable et bon.
En 1939, la reine Hélène d’Italie obtint sa sortie de Nieswicz par l’intermédiaire de Ciano et Göring qui obtinrent de Staline l’autorisation de quitter son domaine.
A son propos MALAPARTE raconte que lorsqu’elle quitta Varsovie pour se rendre à Rome, elle attendit de longues heures sur le quai de la gare l’arrivée du train qui devait l’emmener à Berlin. Il neigeait et le vent soufflait fort, elle était là debout, avec sa fille Betka, un officier allemand eut pitié d’elle et lui apporta une chaise. Bichette ne prit pas le siège et lui dit avec son plus aimable sourire : « » Je vous remercie beaucoup, mais je ne reçois d’amabilités que de mes amis. « »
…… Un jour, j’allai déjeuner avec tante Bichette, dans un hôtel où elle s’était provisoirement installée, avenue d’Iéna. Elle revenait de la banque où elle avait retirée des valises pleines de bijoux que sa mère y avait déposées . Je la trouvai assise dans un grand fauteuil, au milieu de son salon particulier, tandis que des ouvriers électriciens s’affairaient dans la pièce. A ma grande surprise et malgré leur présence, je la vis ouvrir les valises et en sortir comme le ferait Ali Baba, des profusions de bijoux, colliers, tiares , diamants, émeraudes, rubis, tout cela ruisselant devant mes yeux, mais aussi devant ceux des ouvriers .
Je lui dis alors en polonais : « » Ma tante, que faites vous ? Soyez prudente ! « » Avec son insouciance et son flegme habituel, elle me dit : « » Ne t’inquiète pas, ils ne comprennent pas ce que c’est. » »
Mais aussi sur la fin de Boni de Castellane :
» J’appris ensuite que lorsqu’il alla plus mal et comprit que sa fin était proche , il demanda l’extrême onction. Il s’occupa lui même des préparatifs. Il fit déballer les livrées et les perruques de ses valets de pied, fit louer dans une agence des
domestiques et voulut qu’ils se tinssent sur les marches de l’escalier conduisant à son appartement, vêtus en grande parade et tenant des candélabres allumés. Il dit à son entourage : « » Durant ma vie j’ai eu à recevoir beaucoup de personnes en leur
prodiguant les signes de l’honneur qui leur étaient dus. Comment ne le ferais je pas maintenant, alors que je vais recevoir la visite de Sa Majesté le Roi des Rois ? « » Il y a là de la grandeur. Sainte Thérèse d’Avila, si elle avait été dans les mêmes conditions, n’aurait dit ni fait moins »
Enfin sur la Krzesinska, jadis maîtresse de Nicolas II, et qui finit par épouser le grand-duc André, ne venait pas chez Félix Youssoupov ( NB il s’agit de l’époque de l’exil à Boulogne sur Seine ). Elle avait été naguère , et en même temps, la maîtresse de deux grands-ducs, Constantin Radziwill (1850-1920), beau-frère de Roland Bonaparte, la rencontra un jour à Saint-Pétersbourg, et voulant lui faire un compliment lui dit : » Madame, vous devez être fière d’avoir deux grands-ducs à vos pieds. – Quoi d’étonnant , n’ai-je pas deux pieds ? «
Muscate-Valeska de Lisabé
12 décembre 2019 @ 17:34
Merci Dominique. C’est intéressant.
Mais ni la Tante Bichette ici ni les autres,ne me paraissent bien sympathiques. Surtout imbus d’eux-mêmes comme il est révoltant de l’être. Ce mépris des plus simples et cette haute opinion dans laquelle ils se vautrent me semble d’une nauséabonde prétention. Et pour moi,c’est bien le pire travers qui soit.🤢
Dominique Charenton
11 décembre 2019 @ 23:05
Aleksander Maria Rzewuski , en religion père Czeslaw, était né le 12 03 1893 à Kars en Turquie et décédé le 13 09 1983 à Venise, y inhumé basilique San Michele
Il était le fils d’Adam Rzewuski (1847-1932) qui avait épousé en secondes noces Katerina Lubarska (+1909) , fille unique et héritière d’Alexandre Lubarski d’une famille appartenant à la noblesse pétersbourgeoise, possédant d’importantes propriétés agricoles dans le sud du gouvernement de Taganrog et d’une demoiselle Flouki appartenant à une famille de financiers grecs établis depuis le XVIIIe à St Pétersbourg.
Adam Rzewuski (1847-1932) officier dans un régiment de cuirassiers de la garde impériale à St Pétersbourg , dû quitter la capitale suite à un duel. Il s’engagea alors dans l’armée serbe en guerre contre la Turquie. Attiré par l’orient celle-ci terminée , il partit pour le Caucase où il s’engagea dans un régiment de Cosaques du Kouban dans les rangs duquel il continua de combattre les Turcs jusqu’au traité d’Andrinople en 1878 . Dès lors il commanda la garnison de la forteresse de Kars que ce traité rendit à la Russie
Il était un fils naturel du comte Adam Rzewuski ( Pohrebyszcze 24 12 1804 / 05 01 1805 – Wierzchonia 17 04 1888) qui s’était marié 3 fois , avec postérité de ses deuxième et troisième mariages
Ce comte était le frère d’Eve ( Pohrebyscze 24 12 1803 / 05 01 1804 – Paris 09 04 1882) qui avait épousé en secondes noces le 02/14 03 1850 à Berditcheff Honoré de Balzac, décédé le 18 08 1850 à Paris
C’est le grand-père d’Adam et d’Eve : Stanislas Ferdinand Rzewuski (1737-1786), porte étendart du grand-duché de Lithuanie qui fut élevé à la dignité comtale dans les Pays héréditaires d’ Autriche le 20 02 1783 à Wien . Il avait épousé en 1758 la princesse Catherine Radziwill (1740-1789)
Sources principales utilisées :
Tomasz Lenczewski, Genealogie rodow utytulowanych w Polsce Tom I 1995-1996, chapitre Rzewuski
Roger Pierrot, Eve de Balzac, 1999. Cet ouvrage contient une quinzaine de pages de généalogies de la famille Rzewuski et de des familles alliées. Par ailleurs l’auteur a également publié les lettres à Mme Hanska, en 4 volumes de 1967 à 1971
Les mémoires du Père Czeslaw