Voici une carte postale de Biot par Pistounette. « Les traces laissées autour du village attestent d’une occupation depuis l’époque préhistorique.
Trophée de La Brague, tropaeum datant de 44-42 av JC
S’ensuit une longue période où des peuplades celto-ligures (Oxybiens et Décéates) occupent la région. En conflit avec la ville d’Antipolis (Antibes) de culture grecque, qui demande de l’aide à Rome. Les ligures sont battus en 154 avant JC par les Romains qui s’établissent dans le village et l’occupent pendant 5 siècles, laissant monuments et inscriptions encore visibles de nos jours.
Aqueduc de la Bouillide
En mars 1209, le Comte de Provence Alfonse II, qui possédait les droits sur les territoires de Biot, en fait don à l’ordre du Temple
« Nous, Alfonse, comte et marquis de Provence par la grâce de Dieu…., donnons et léguons à titre de totale donation à perpétuité – pour le salut de notre âme et celle de nos parents – au Seigneur Dieu, à la Sainte Marie, à la Maison de la milice du Temple… les droits de propriété sur le village et le domaine de Buzot (Biot), ainsi que sur les hommes d’armes et sur les autres hommes et les femmes qui y habitent actuellement et à perpétuité, avec leurs terrains cultivés ou incultes, leurs limites et tenures sur terre et sur mer, avec tous les droits de gîte, de quêtes, de chevauchée, de justice et caution, de crédit et d’intérêt, les taxes et redevances… »
Sceau d’Alfonse II en 1209
Après l’arrestation de tous les Templiers de France le 13 octobre 1307, le territoire de Biot est confié conjointement aux Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem (devenu en 1530 les Chevaliers de Malte) et à l’évêque de Grasse. Cette situation dure jusqu’à la Révolution.
La Place des Arcades fut le siège des Templiers, dont la maison du commandeur située à l’entrée du parvis de l’église. La commanderie de Biot était l’une des plus importantes de la Provence orientale. Certaines arcades datent sans doute des 13è et 14è siècles, remaniées ensuite plusieurs fois
Les villageois vivent en paix et la vie s’organise jusqu’à ce que la guerre de succession de la Reine Jeanne, les bandes de pillards et la peste noire déciment le village. Laissé à l’abandon, Biot et son église sont dévastés en 1387 et le village devient le repaire de brigands.
Cette situation cesse en 1470, quand le Roi René incite une cinquantaine de familles originaires du Val d’Oneille (en Italie, entre Gênes et Vintimille) à venir s’y installer dans des conditions prospères. La vie reprend et Biot prospère.
Biot, perché sur sa butte, était fortifié avec une ceinture de remparts, destinée à préserver les habitants des invasions fréquentes des bandes armées, venues de la mer ou de régions limitrophes.
L’enceinte actuelle a été achevée en 1566, venant renforcer un ouvrage médiéval préexistant. Sont encore visibles les tours rondes des Migraniers (nom provençal du grenadier, l’arbre fruitier) et des Bâchettes. Trois portes donnaient accès au village : porte dite de Saint-Antoine aujourdhui disparue, la porte dite des Tines (1565) et la porte dite des Migraniers (1566) (photo ci-dessous).
Constitués de moellons, parfois de grandes dimensions, ces remparts montrent la particularité des matériaux disponibles dans le sous-sol local. Les encadrements de leurs portes sont constitués de molasse gréseuse gris beige, roche résistante et appropriée pour des arcs et arrondis.
L’enceinte du village s’étend et durant les 16è et 17è siècles, les cultures et la poterie enrichissent les villageois. En 1707 et 1746, deux invasions détruisent partiellement le village et les cultures sont dévastées.
A partir du 16è siècle, l’industrie de la jarre se développe pour transformer Biot en un centre important de production potière. Biot était spécialisé depuis l’Antiquité.
Produites par milliers, elles sont exportées depuis le port d’Antibes dans tout le bassin méditerranéen et jusqu’aux côtes indiennes et américaines.
Le potier spécialisé dans la fabrication des jarres avait pour seuls outils deux petites spatules, l’une plate « l’esteco », l’autre incurvée « l’escaïre ». L’intérieur des jarres était verni avec un pinceau composé de cheveux de femmes ou d’enfant fixés à un roseau.
Cependant, au 19è siècle, les activités de poterie, d’extraction et taille de la pierre à four diminuent.
Au début du 20è siècle le déclin de l’industrie de la poterie s’accentue. Biot se recentre sur l’agriculture, essentiellement la vigne et l’horticulture qui régressent vers 1960.
Dans le même temps, l’art et l’artisanat d’art s’épanouissent. Fernand Léger, Raymond Peynet et bien d’autres s’établissent à Biot et contribuent à sa renommée.
Musée Fernand Léger, inauguré le 13 mai 1960
Peu avant sa mort, en 1955, Fernand Léger avait acquis une propriété, le Mas Saint-André, à proximité de Biot. Après sa mort, sa femme Nadia Léger et Georges Bauquier (assistant et ami de F. Léger) décident de construire dans la propriété un musée destiné à présenter l’oeuvre de l’artiste.
En 1956, Eloi Monod met au point la technique du verre bullé et crée la Verrerie de Biot. Biot devient alors la ville des métiers d’art
En 1970, le parc d’activité de Sophia Antipolis, première technopole d’Europe, est créé. Il se situe en grande partie sur le territoire de Biot. Les centre de recherche de l’INRA, de l’INRIA, du CNRS, de l’Université de Nice Sophia Antipolis s’installent à Biot et y côtoient des entreprises de haute technologie. »
Régine ⋅ Actualité 2021, Cartes postales, France 23 Comments
Pistounette
24 juillet 2021 @ 03:43
Le titre complet était « Biot : ville des métiers d’art »… voilà pourquoi je ne m’appesantis pas sur les ruelles du vieux village, ravissant au demeurant et dont je conseille la visite.
Par ailleurs, il y a régulièrement une fête médiévale « Biot et les Templiers » qui devrait revenir en 2022 si…
Baboula
24 juillet 2021 @ 06:25
La magie du souffleur qui fait paraître en quelques minutes un objet magnifique au bout de sa canne .
Trianon
24 juillet 2021 @ 12:06
Oui les verres bullés peuvent être jolis
Baia
24 juillet 2021 @ 15:40
Oui il sont jolis, mais pour moi ils sont trop épais !
agnes
24 juillet 2021 @ 06:26
Riche reportage, merci beaucoup.
miloumilou m
24 juillet 2021 @ 07:20
Merci beaucoup Pistounette pour tous vos reportages qui égaient un été en demi-teinte!
Baia
24 juillet 2021 @ 15:43
Qui égaYent … 😂
Ciboulette
25 juillet 2021 @ 19:00
On peut dire les deux , Baia . Pareil pour » assoyez-vous » et » asseyez – vous » , préféré parce que plus élégant à l’oreille .
Pascal
24 juillet 2021 @ 08:38
Puisque beaucoup ici semblent bien connaître la région puis-je poser une question :
Quelqu’un connaît-il un endroit ou trouver de la poterie culinaire provençale « traditionnelle » telle celle qu’on trouvait à Antibes il y a encore 30 ans ?
Autre question qui se rapporterait plutôt à la carte postale précédente : quelqu’un a-t-il connu Denys Colomb de Daunant qui pourrait nous en parler ?
Baboula
24 juillet 2021 @ 10:24
Poterie Barbotine à Aubagne ,à Saint Cyr sur Mer et bien sûr à Vallauris .
Baboula
24 juillet 2021 @ 10:24
Et sur tous les marchés .
Pascal
24 juillet 2021 @ 21:01
Vallauris nous avons cherché, très décevant, il semble que plus rien ou presque n’y soit fabriqué.
Mais merci du tuyau.
Pistounette
25 juillet 2021 @ 08:43
Je suis d’accord, Pascal… je déconseille Vallauris, qui vit sur sa renommée mais qui ne fait plus de la qualité, hélas ! Ou alors des pièces hors de prix…
Gatienne
25 juillet 2021 @ 09:45
Vous auriez dû visiter certains ateliers où l’on voit les artisans à l’oeuvre.
Chez Marie Laglasse de Vallauris, vous pouvez vous initier à la poterie dans son arrière boutique. Elle y organise même des sessions de stages.
Danielle
24 juillet 2021 @ 17:55
Pascal, Aubagne est réputée pour ses poteries, il y a quelques années il y avait même une foire en août.
Pascal
28 juillet 2021 @ 10:48
Merci.
Aubagne me semble la meilleure piste pour de la poterie culinaire , en fait je cherche unz « daubière provençale » .
Antoine
24 juillet 2021 @ 09:24
On m’a offert un gros et superbe pichet en verrerie de Biot. Mais il est si lourd vide que quasi inutilisable une fois rempli. On peut néanmoins s’en servir pour la sangria sans avoir à le déplacer, ou en vase car il est très esthétique.
Article très intéressant sur cette jolie petite ville. Merci.
kalistéa
24 juillet 2021 @ 11:06
Reportage fort intéressant de notre amie Pistounette. Ce site devient un magazine très instructif à ouvrir chaque matin.Merci à qui de droit .
Esquiline
24 juillet 2021 @ 12:18
J’aime les petits bourgs qui ont une longue histoire.
Ciboulette
24 juillet 2021 @ 16:28
Jolie petite ville , à l’histoire mouvementée . J’aime les verres et les poteries .
Danielle
24 juillet 2021 @ 17:57
J’aimerais beaucoup découvrir ce lieu, merci Pistounette pour cet avant-goût.
Je ne connaissais pas l’histoire des poteries, seulement celle de la verrerie que j’apprécie.
Guizmo
24 juillet 2021 @ 17:59
J’ai toujours dans mon meuble de salle à manger des porte-couteaux achetés à Biot il y a 30 ans.
tristan
25 juillet 2021 @ 01:33
Reportage très intéressant, nous sommes gâtés de pouvoir ainsi voyager en virtuel. Merci à Pistounette et à Régine qui l’accueille.