Voici la carte postale de Bournazel par Elodie. « C’est depuis Bournazel (en Aveyron) que je salue tous les lecteurs du site Noblesse et Royautés et notre chère Régine.
Bournazel, un de ces si beaux villages caractéristiques du Rouergue, qui compte tant de châteaux et de forteresses si bien conservées et remarquablement restaurées (Belcastel, Najac, Séverac le Château, le Calmont d’Olt, la Tour du Viala du Pas de Jaux… et bien d’autres encore ! Il faudrait plus d’une vie pour tous les visiter!).
Bournazel, idéalement situé, avec d’abord à l’Est le causse du Larzac et ses commanderies et ses sites templiers ; ensuite au Nord la terre d’Aubrac si près de ce comté de Carladez cher à la princesse Gabriella de Monaco (Louis XIII remis en 1643 le Comté du Carladez à Honoré II Grimaldi Prince de Monaco afin de compenser les terres perdues par celui-ci en Italie. De 1643 à 1791, le Carladez fut un fief de la principauté de Monaco. A découvrir le « Tour de Monaco » raconté par Guilhem de Mur, troubadour, à Mur-de-Barrez en Aveyron!).
Mais revenons à Bournazel. J’ignorais encore que mes pas me mèneraient un peu par hasard à Bournazel, dix ans après avoir parcouru un remarquable reportage sur le site de Régine que je découvrais tout juste (http://www.noblesseetroyautes.com/la-renaissance-du-chateau-de-bournazel/) plus d’une décennie après avoir regardé cette fois-ci un reportage télévisé de l’émission française « des Racines et des Ailes » qui était consacré à la restauration du site.
Le château de Bournazel fut d’abord une forteresse médiévale témoins de nombreux combats de la Guerre de Cent Ans (le château de Calmont d’Olt à Espalion, plus au Nord, laissé en l’état pendant près de 800 ans puis restauré en son état de forteresse médiévale depuis 1987 est un autre exemple frappant des combats qui se déroulèrent en Rouergue entre Anglais et Français).
Dix ans après le reportage de Régine, les deux ailes sont à présent magnifiquement restaurées et les propriétaires ont décoré les appartements du premier et du deuxième étage de collections artistiques majeures de l’époque Renaissance : peintres flamands (Jacob Van Spreeuwen, Michiel van Musscher, Thomas Wijck et bien d’autres encore), peintres italiens de la Renaissance (Viviano Codazzi), tapisseries flamandes (l’école de Bruges), tapisseries des Gobelins, et enfin le joyau des collections du château, le tableau le « Madone à l’enfant » de Bernardino Luini qui fut un élève du maître Léonard de Vinci.
Objets d’art, tableaux, meubles, sculptures, tout avait été pillé en 1790, la patience et la prodigalité des nouveaux propriétaires ont permis de reconstituer une collection digne de la Renaissance.
Nous retrouvons alors, nous visiteurs totalement profanes, cette atmosphère de la renaissance italienne dans les couloirs du château dont Thierry Verdier, qui conçut les jardins du château et écrivit le guide des lieux (Bournazel, un château de la Renaissance en Rouergue, 2016, éditions du Buisson), nous dit qu’elle fut si chère à François 1er, et « pour ce qui regarde le Rouergue, sa sœur Marguerite de Navarre, comtesse de Rodez »…
Les fresques et leur polychromie sont encore nettement visibles, jeunes et moins jeunes visiteurs s’y amusent tous les jours à tenter d’y retrouver une évocation ou un visage (Danaé, thème chéri de la Renaissance ? une dame des lieux ? le Seigneur du Buisson? Son argentier? Saint Eloi ?).
Enfin, les jardins. Des jardins dont il fut question en août 2011 dans le précédent article de Noblesse et Royautés et qui étaient en 2011 encore à l’état de projet, ils sont à présent totalement terminés.
Un vrai Jardin de la Renaissance se dresse au pied du château et de sa cour d’honneur, là où de robustes et rustiques vaches Aubrac paissaient encore jusqu’en 2012. Quelle splendeur ! Quelle réussite ! La visite des jardins fut un moment totalement hors du temps, un moment perdu entre la Renaissance, le retour à l’Antiquité et l’Andalousie – pas si loin, après tout on est en Rouergue. Seuls les cris des enfants qui s’élançaient en courant vers le Labyrinthe nous ramenaient à la réalité.
Neuf parterres (Les Pléiades, la Borée, le Dauphin, la Terre, la Montagne, le Soleil, la Pyramide, l’Ether, Atropos), le chemin couvert sous la Vigne, ses fontaines, son Grand Bassin, enfin son Labyrinthe…
Thierry Verdier écrit que « la Trame générale de lecture du décor déploie, par symboles, emblèmes et rébus, une allégorie de l’éducation du prince dont la logique correspond exactement aux enjeux intellectuels qui animaient les grands seigneurs de la Renaissance ». Pour plus d’explications historiques, le lecteur attentif se reportera à l’article déjà publié par Régine, mais rappelons que le seigneur Jean du Buisson, premier puissant propriétaire des lieux dont nous avons connaissance, allié à la famille de Mancip (le château de Bournazel fut la dot de Charlotte de Mancip) fit de ce simple de comté un puissant marquisat à son apogée, alors qu’il participait aux guerres d’Italie, en rapportait des trésors et une inspiration authentiquement italienne qui fit de ce bastion médiéval un des plus beaux témoignages du XVIième siècle dans ce Midi de la France si aride et si médiéval.
Pour terminer, inutile d’ajouter que l’accueil des guides du château fut absolument charmant. Le château se visite d’avril à novembre, possibilité de visites guidées, le jardin se visite aussi avec un ticket séparé pour le visiteur plus pressé… » Pour informations complémentaires, cliquez ici.
Régine ⋅ Actualité 2021, Cartes postales, Châteaux, France 19 Comments
Pistounette
20 août 2021 @ 02:16
Article très intéressant. Merci Elodie
cerodo
20 août 2021 @ 04:16
Elodie, si vous saviez combien je regrette d’être « coincée » chez moi (mobilité plus que réduite) : il y a tant de belles choses que je rate dans cette vie !
Kalistéa
23 août 2021 @ 09:21
Je l’ai visité il y a quelques années alors que je faisais une cure à Cransac.Il m’avait fait une forte impression mais j’étais incommodée par la chaleur: Je n’ai jamais eu aussi chaud de ma vie!
Aldona
20 août 2021 @ 06:21
Très beau château, belle architecture, et beau travail de restauration
El malik
20 août 2021 @ 06:33
Il faut voir Belcastel sauvé par l’ami Pouillon. Et parfaitement conservé. En ce moment une expo superbe.
HRC
20 août 2021 @ 11:51
Votre ami mérite reconnaissance, et pas seulement locale.
Avel
20 août 2021 @ 07:12
Merci Elodie pour ce tour du Rouergue où je passe une partie de mes étés.
Benoît-Henri
20 août 2021 @ 09:01
Merci Elodie d’avoir ici remis en lumière, avec brio, le château de Bournazel. C’est un jalon important de ce que l’on appelait autrefois « la seconde Renaissance » et qu’aujourd’hui on désigne sous le nom d’architecture à la française.
Menthe
20 août 2021 @ 10:02
Merci beaucoup Elodie pour ce complet reportage sur un des « plus beaux villages de France »
Je garde un excellent souvenir d’un séjour en Aveyron, département français, qui gagne à être connu.
alix
20 août 2021 @ 10:36
merci pour ce joli reportage et toutes ses explications,une belle réussite cette restauration,j’ai hâte de voyager avec le site,où va t’on la prochaine fois ?
Ciboulette
20 août 2021 @ 17:16
Merci , Elodie , je ne connaissais pas .
HRC
20 août 2021 @ 11:49
Merci à vous Elodie.
Michelle
20 août 2021 @ 12:06
Mme Elodie, merci à vous, quel beau reportage et comme Alix j aime voyager et aprrendre sur ce site.
luigi
20 août 2021 @ 12:13
ça donne envie d’aller à la rencontre de ce bel endroit ! Merci Elodie..
Jean Pierre
20 août 2021 @ 12:31
Étant ignare, je ne connaissais pas ce château. Une belle découverte!
Danielle
20 août 2021 @ 14:00
Très beau reportage, un grand merci Elodie.
Guizmo
20 août 2021 @ 14:24
Encore un très bel endroit à visiter. Merci beaucoup de nous le faire découvrir
Catoneo
20 août 2021 @ 14:30
Merci Elodie pour cette belle carte postale.
En Rouergue, il existe encore des châtelains habitant leur châtellenie. Ils sont généralement discrets et économes comme tous ceux de la race aveyronaise.
Au Moyen Age, ces nombreuses châtellenies étaient les circonscriptions élémentaires du gouvernement du territoire, et le puzzle assemblé formait le comté, l’un des plus puissants du Midi.
Le comté de Rouergue (dit plus tard de Rodez) fut créé par Childebert II en 585 pour le duc Nicet d’Auvergne.
Il s’éteignit en 1589 par rattachement du fief à la Couronne de son dernier titulaire, Henri de Navarre.
Carolus
21 août 2021 @ 19:42
Merci Élodie d’avoir pensé à nous.
Je ne connais pas cette région, mais c’est un bon début pour la découvrir.