Voici la carte postale de la statue de Jean Baptiste Massillon à Hyères par Septentrion. « Il s’agit de la seconde statue que la ville de Hyères consacre à Jean Baptiste Massillon qui est né entre ses murs le 24 juin 1663, rue Rabaton. C’est le sculpteur hyérois Gabriel Antoine Cotel qui l’a réalisée, en pierre, en 1963 pour le tricentenaire de la naissance du grand orateur religieux. Cette statue est comme « reléguée » sur la place Massillon à côté de la Tour des Templiers (ou chapelle Sainte Blaise), et à proximité de la rue Rabaton où naquit Jean-Baptiste Massillon, au numéro 7.

La statue de Jean-Baptiste Massillon se trouve à droite de la Tour

 Extrait de l’acte de baptême détenu aux Archives Municipales de Hyères

Les Archives municipales détiennent les registres paroissiaux à partir de 1603 et les archives anciennes antérieures à la Révolution. « Masseilhon » est le nom d’origine de Jean-Baptiste Massillon qui a été francisé.

Jean-Baptiste était le fils de François Massillon, notaire à Hyères, en Provence, lui-même fils de notaire.

En 1672, il entre au collège des Pères de l’Oratoire, à Hyères.  « Ces vagues, que de fois le petit Jean-Baptiste les a contemplées de près sur la plage et de plus loin, depuis l’étage supérieur de cette maison, celle de ses parents, et depuis la terrasse du Collège des Pères de l’Oratoire de Jésus, récemment installé dans la Cité, quand, écolier, il se rendait là, chaque matin, depuis l’âge de neuf ans, auprès d’hommes vénérables – ils étaient douze, dont trois régents – consacrant leur temps à prier, à étudier, à préparer et exercer leur apostolat d’écrivains, de conférenciers, de prédicateurs, de maîtres de la jeunesse, attachés aux fortes disciplines traditionnelles, sans se priver d’être ouverts aux courants nouveaux de la pensée (…). De la rue Rabaton (sa maison natale) il n’était qu’à cent mètres à peine de l’Oratoire. Il débouchait là-haut en pleine clarté et, avant d’entrer dans le collège, regardait vers la mer » Propos du Chanoine Marcel.

Après avoir essayé de l’intégrer à son étude, son père permit qu’il poursuive ses études et l’envoya à Marseille au collège de l’Oratoire en 1678. Massillon avait quinze ans et il y restera pensionnaire trois ans. A dix-huit ans, sa vocation oratorienne affermie, il entra au noviciat d’Aix, appelé « institution » chez les oratoriens, le 10 octobre 1681.

De 1682 à 1684, il étudie la théologie à la maison d’Arles, matière pour laquelle il n’était sans doute pas « fait ». Après plusieurs années comme professeur enseignant les humanités et la rhétorique, Jean-Baptiste Massillon est ordonné prêtre, en 1692, à l’âge de vingt-huit ans. Il est déjà remarqué pour ses grands talents d’orateur.

Quand il fut enfin appelé pour la première fois à monter dans la chaire chrétienne, le futur prédicateur de la cour a commencé par un échec à Lésignan ! Il s’est alors demandé s’il était réellement appelé à la prédication. « La vivacité de ses passions et même, dit-on, quelques écarts de conduite l’amenèrent aussi à douter qu’il fût sérieusement appelé à l’état ecclésiastique ». Après avoir prononcé plusieurs oraisons funèbres d’archevêques, il est bientôt appelé à Paris. Mais auparavant, par peur de l’excès que peut procurer le succès, il prend l’habit et se retire à l’abbaye cistercienne de Sept-Fons.

En 1700 il prêcha devant Louis XIV à Versailles. Ayant gagné l’admiration du souverain, celui-ci lui signifie : « Je veux, mon père, vous entendre tous les deux ans »

Ensuite, pendant vingt ans il va prêcher à Paris où les gens viennent l’écouter en nombre.

Il a ainsi prononcé l’oraison funèbre du Grand Dauphin en 1711 et celle du roi en 1715, en prêtre plein de courage et lucide. Cette dernière commençait par : «Dieu seul est grand, mes frères et dans ces derniers moments surtout où il préside à la mort des rois de la terre : plus leur gloire et leur puissance ont éclaté, plus en s’évanouissant alors, elles rendent hommage à sa grandeur suprême: Dieu parait tout ce qu’il est, et l’homme n’est plus rien de tout ce qu’il croyait être……. Ce roi, la terreur de ses voisins… Un siècle entier d’horreur et de carnage…

« Ce qui distingue Massillon des autres prédicateurs de la cour, c’est la sévérité de la morale qu’il osa y prêcher ; c’est, lorsqu’il s’adressait à Louis XV enfant, les austères conseils de gouvernement qu’il se permit de lui donner ; c’est enfin la manière éloquente avec laquelle il sut exprimer devant le prince et les grands les misères, les besoins et les droits des sujets, mis en parallèle avec le luxe et la tyrannie des gouvernants. »

En 1717, il est appelé par le régent au siège de l’évêché de Clermont-Ferrand.

Jean-Baptiste Massillon, évêque de Clermont(1663-1742), huile sur toile, École française, 1719, Paris, palais de l’Institut © RMN-Grand Palais / Droits réservés

En 1718, il est élu membre de l’Académie française, au fauteuil n°4 en remplacement de l’Abbé de Louvois, décédé. Il y fût présent une seule fois,  le 23 février 1719, jour de sa réception.  A partir de 1721 il ne quitte plus son diocèse sauf pour venir à Saint-Denis prononcer l’oraison funèbre de Madame, mère du régent le 13 février 1723.

Il est très apprécié dans son diocèse de Clermont-Ferrand, il mourra le 28 septembre 1742 à Beauregard-l’Evêque. Il léguera ses biens aux plus pauvres. Il avait constitué notamment une très belle bibliothèque.

Jean-Baptiste Massillon repose en la cathédrale de Clermont-Ferrand, son cœur et ses entrailles furent déposés en l’église de Beauregard-l’Évêque.

Ses discours ne furent publiés qu’après sa mort. Ses Œuvres complètes ont été  plusieurs fois publiées au cours du XIXe siècle.

Jean-Baptiste Massillon apparaît dans les correspondances échangées entre Madame de Sévigné, sa fille et sa petite-fille et Madame de Coulanges.

Jean Le Rond d’Alembert, mathématicien, physicien, philosophe et encyclopédiste français, dans son Éloge de Massillon, appelait le Petit Carême « le vrai modèle de l’éloquence de la chaire ; un livré digne d’être appris par tous les enfants destinés à régner, et d’être médité par tous les hommes chargés de gouverner le monde. » Il est souvent rapporté que Voltaire se faisait lire le Petit Carême pendant ses repas.

Massillon est un des quatre évêques prédicateurs (avec Jacques-Bénigne Bossuet, Valentin Esprit Fléchier et François de Salignac de La Mothe-Fénelon dit Fénelon) représentés sur la  fontaine monumentale (12 mètres de hauteur) Saint-Sulpice devant l’église du même nom à Paris. Ces quatre personnages symbolisent l’étroite relation qui existait entre le trône et l’autel, qui a beaucoup évolué à cette période, Ils ont marqué leur époque.

Si Paris a rendu hommage à Jean-Baptiste Massillon en érigeant cette fontaine, à Hyères, c’est sous l’égide du maire Alphonse Denis (1830-1848) que les hommages, dans sa ville natale, lui sont rendus.

Par un acte officiel de 1830, la place et la rue Bourbon sont débaptisées à son profit.

Un buste en marbre blanc est réalisé et juché sur une haute colonne. La colonne a depuis été déplacée en plusieurs endroits, tout comme le buste. Le buste se trouve depuis peu dans l’église Saint Louis et la colonne au cimetière de Giens.

En 1893, une statue en bronze est commandée au sculpteur Jean William Henri Pécou, et au fondeur Durenne. Sur le socle, on pouvait retrouver à la fois les armes de la ville de Hyères et ceux de la ville  de Clermond-Ferrand. Elle avait été installée sur la partie sud de la place de la République, elle disparaîtra avec la seconde guerre mondiale.

La porte de la Rade, porte historique, qui donne accès à la partie médiévale d’Hyères, est également mentionnée comme Porte Massillon au bout de la rue Massillon, dans le prolongement de la place Massillon.

Première statue de Jean-Baptiste Massillon à Hyères.  Localisation à l’origine : Hyères, place de la Rade (Var) (Titulaire(s) et droits sur les photos: Musée d’Orsay, Fonds Debuisson)

« Je dois tout à l’Oratoire et je n’oublierai jamais les obligations que j’ai à la congrégation ». Propos de Massillon à ses amis.

 

Je me suis aidée pour la rédaction de plusieurs sources dont :

  • Ecrits de Monsieur Stéphane GOMIS, Professeur d’histoire moderne, Clermont II
  • Site de l’Oratoire Saint Philippe Néri Hyères
  • Site de l’Académie Française
  • Dictionnaire universel du XIXe siècle