Voici la carte postale de la cathédrale de Meaux par Guizmo. « Située en plein centre-ville de Meaux, en Seine et Marne, la cathédrale est reconnaissable à sa spécificité, la tour sud, également surnommée la tour noire.
Le christianisme est prêché dans la région de la ville de Meaux dès le IIIème siècle par Saint Denis. Le martyr eut pour successeur Saint Saintin qui devint le premier évêque de Meaux.
Sur l’emplacement de trois églises (Saint-Étienne, Notre-Dame et du baptistère Saint-Jean-Baptiste), l’évêque Gautier Saveyr décide de faire construire au IXe siècle une nouvelle cathédrale romane. Cet édifice ne restera que peu de temps car vers 1175, il est décidé la construction d’une cathédrale gothique.
La crypte du XIème siècle constitue le seul vestige de la cathédrale pré-gothique, avec un pan de mur appartenant sans doute au chevet du 10e siècle : ces éléments ont été mis au jour par l’archéologie dans les années 1960.
La construction de la cathédrale de Meaux, commencée vers 1170-1180, quelques années après Notre-Dame de Paris ne s’achève qu’en 1530-1540 avec le carillonnement des cloches dans le clocher de la tour Nord. La longue construction de la cathédrale trouve partiellement son explication dans la guerre de Cent Ans et l’occupation anglaise de la cité.
Cette très longue période de construction explique pourquoi la cathédrale de Meaux présente une vaste diversité de styles architecturaux. En effet, entre le début des travaux et leur fin, l’architecture gothique en France a traversé plusieurs phases qui ont laissé des traces tangibles dans l’édifice, depuis le style classique de la fin du XIIème siècle jusqu’au flamboyant du XVème siècle.
Dès 1198, la veuve du comte de Champagne Henri le Libéral fut inhumée dans la cathédrale, et avant 1200, le déambulatoire, trois chapelles rayonnantes, les doubles bas-côtés du chœur et l’étage des tribunes situé au-dessus des bas-côtés intérieurs étaient construits.
De 1215 à 1220, les grosses piles de la croisée du transept furent élevées, ainsi que les niveaux supérieurs du chœur c’est-à-dire le triforium et les fenêtres hautes. De plus le chœur fut couvert de voûtes d’ogives. Cela est attesté par un dessin datant des environs de 1220, fait par Villard de Honnecourt, et représentant ce chœur primitif doté de trois chapelles rayonnantes.
Un nouvel architecte édifia le transept et les deux dernières travées de la nef de 1220 à 1235, et déjà en 1235, la chapelle du bas-côté droit de la nef, située au niveau de la dernière travée fut créée.
À peine 50 ans après l’édification du chœur, celui-ci a rapidement dû être rénové, notamment à cause d’un affaissement dû aux fondations mal érigées.
Une nouvelle campagne de construction débuta en 1266 et fut financée par Jeanne de Navarre, dernière héritière du comté de Champagne et future épouse de Philippe IV le Bel. On modifia alors les façades des deux croisillons du transept afin de les mettre au goût du jour.
En 1317, le roi de France Philippe V le Long donna un terrain pour construire deux chapelles rayonnantes supplémentaires. Puis en 1322, Charles IV le Bel, fit également une donation. Vers 1331-1335, un bourgeois de Meaux, Jean de Rose, subsidia la dernière chapelle latérale à droite de la nef.
En 1335, le roi Philippe VI autorisa l’allongement de la nef de trois travées, les dernières, situées à l’ouest de l’édifice. Dès lors, les travaux repartirent, mais concernèrent uniquement la moitié droite des trois premières travées, ainsi que la porte droite et la porte centrale de la façade occidentale.
En 1336, les tympans de ces deux portails furent sculptés, mais en 1358, les travaux s’arrêtèrent suite à une jacquerie paysanne. Peu après, la guerre de Cent Ans débuta et, comme presque partout en France, les travaux s’arrêtèrent.
Ils reprirent en 1390, avec la construction de la partie gauche des trois premières travées, ce qui dura jusque 1410. Puis la situation militaire de la France se dégrada sérieusement (règne de Charles VI le Fol) et les travaux s’arrêtèrent à nouveau, suite à l’occupation de la ville par les Anglais (1422-1439).
Les trois premières travées de la nef ne furent dès lors terminées que durant la deuxième moitié du XVème siècle et le début du XVIème siècle.
La tour nord, haute de 60 mètres, est le dernier élément architectural achevé. Une deuxième tour aurait dû s’élever côté sud. Dans l’attente des travaux, une tour faite en bois avait été installée pour y installer provisoirement les cloches. Cinq siècles plus tard, celle qu’on surnomme la tour noire est toujours en place et est devenue définitive. L’existence d’une tour provisoire montre qu’une seconde tour était bien prévue. Les guerres de religion ont eu raison de la fin du chantier.
En effet, l’épiscopat de Guillaume Briçonnet est celui du cénacle de Meaux, foyer de réflexion et de réforme de l’Église de Meaux, qui prépare les esprits à la réforme protestante. L’apparition d’un important foyer protestant à Meaux puis les guerres de religion qui touchent durement la région ont sans doute formé un contexte défavorable à la poursuite du chantier. En 1562, la cathédrale fut pillée et endommagée par les Huguenots.
La charpente est d’origine et remonte donc à la construction de l’édifice, entre le début du XIIème siècle et le XVIème siècle. À ce jour, 2 500 pièces de bois composent la charpente de la cathédrale Comme pour Notre-Dame, c’est le chêne, qui a été choisi pour supporter le toit du monument.
Une attention particulière est donc portée sur Saint-Etienne de Meaux, suite au terrible incendie qui a ravagé la toiture de Notre-Dame de Paris, en avril 2019. Le même matériau, particulièrement abrasif, qui compose la charpente est donc régulièrement scruté par le diocèse et les pompiers.
La diversité stylistique est surtout visible à l’intérieur de la cathédrale qui est remarquable pour sa luminosité et la finesse de son ornementation sculptée. Une des plus importantes caractéristiques du sanctuaire, que l’on ne retrouve nulle part ailleurs dans une autre cathédrale gothique, est la hauteur des voûtes des collatéraux qui atteignent plus ou moins 15 mètres, soit la moitié de celle de la nef principale. Ceux-ci étant dotés de hautes baies, la lumière pénètre en abondance au cœur de l’édifice et révèle ainsi la belle teinte de la pierre de Varreddes, utilisée dans la construction.
Dans le chœur de la cathédrale entouré de belles grilles en fer forgé, on peut voir la dalle funéraire, faite de marbre noir, de Jacques-Bénigne Bossuet, l’Aigle de Meaux, la plus importante personnalité de l’histoire de la ville, qui y fut évêque de 1682 à 1704.
Deux statues commémorent Bossuet dans la cathédrale : la première le montre assis sur son trône épiscopal, et la seconde debout, priant, avec autour de lui des personnages sur lesquels il eut une influence déterminante : le Grand Dauphin Louis, Louise de la Vallière, Turenne et Henriette d’Angleterre.
Adossée au mur d’une chapelle du bas-côté sud de la nef, on peut voir un autre monument funéraire ; celui du bourgeois Jean Rose et de son épouse. Mort en 1364, ce dernier avait fondé un hôpital destiné à accueillir des orphelins. Il fut reconnu comme bienfaiteur de la cité.
La cathédrale Saint-Étienne est dotée d’un magnifique orgue du XVIIe siècle. Il se trouve à l’extrémité occidentale de la nef, au revers de la façade, sous la grande Rosace ouest qui date du XVème siècle. Il date de 1627 et fut construit par Valéran de Héman, un des plus importants facteurs d’orgues de l’époque. Restauré à la fin du XXe siècle, il permet d’organiser de très beaux concerts dans la cathédrale Est à remarquer également le vitrail de la crucifixion datant du XIVème siècle. Le buffet est classé par les « Monuments historiques » en septembre 1971.
Au milieu de XIXe siècle, l’édifice se trouvait dans une situation délicate. La pierre de Varreddes, bien qu’étant très résistante aux fortes pressions, était friable et peu endurante face aux intempéries. La traversée des siècles avait passablement ruiné l’enveloppe extérieure de l’édifice et de gigantesques travaux de restauration s’avéraient nécessaires. Une longue restauration eut lieu de 1839 à 1894.
Le pourtour du chœur fut refait ainsi que les arcs boutants de la nef. La 3ème Travée de la nef élevée dans le style Flamboyant fut modifiée pour qu’elle ressemble aux autres travées.
De nombreux architectes des Monuments historiques se succédèrent lors des chantiers de restauration. Parmi eux, il faut citer Edouard Danjoi (1838-1905), Honoré Ohné et surtout Jules Formigé (1879-1960) auteur d’une remarquable étude historique et architecturale sur la cathédrale de Meaux.
Des concerts et récitals sont donnés régulièrement dans la cathédrale ».
Rue Saint-Etienne, 77100 Meaux
Régine ⋅ Actualité 2023, Cartes postales, Eglises, France 13 Comments
Perlaine
11 août 2023 @ 07:12
Merci Guizmo pour l’évocation de Bossuet.
Baboula
11 août 2023 @ 07:33
Chic,nous allons faire le tour des Offices de Tourisme.
JAusten
11 août 2023 @ 07:56
Merci Guizmo ! L’architecture de cette cathédrale et des cathédrales en général a quelque chose de génial quant on sait à quels siècles elles étaient construites et des moyens qu’ils disposaient pour le faire. Ce génie était à l’époque inégalé.
😀Pistounette
11 août 2023 @ 07:57
Bonjour Guizmo,
Voici donc un de vos sujets sur Meaux que j’attendais…
Comme les autres : lire et relire tant le sujet est riche et intéressant. Merci à vous.
Passiflore
11 août 2023 @ 08:16
Saint Faron, évêque de Meaux, avait demandé au futur Saint Fiacre, un moine irlandais, de fonder une petit monastère dans la forêt voisine du Breil, qui deviendra, au XIIIe siècle, une importante abbaye tenue par les Bénédictins de Saint-Maur. Saint Fiacre est décédé le 30 août 670 et son corps a été transporté à la cathédrale de Meaux pendant les guerres de religion mais, d’après ce qu’écrit Guizmo, ce n’était sans doute pas une « bonne idée » puisique je n’ai pas trouvé sa tombe dans la cathédrale. En 1970, on célébra, à Meaux, le XIIIe centenaire de la mort de Saint Fiacre en présence du Cardinal-Primat d’Irlande et de l’évêque de Meaux, Mgr Ménager. Un congrès et une exposition furent organisés à cette occasion.
Charlotte (de Brie)
11 août 2023 @ 13:23
Le gisant de Saint Fiacre (son tombeau est vide) ainsi que « la pierre guérisseuse » sont dans l’église du village de Saint Fiacre à une dizaine de kilomètres de Meaux.
La pierre guérisseuse est réputéer soigner toutes les maladies relatives à l’anus, notamment les hémorroïdes, on dit que Saint Fiacre avait l’habitude de s’asseoir sur une pierre ronde et qu’un jour où découragé pour je ne sais quelle raison, lorsqu’il s’assit, la pierre devint molle et creusée en son centre pour devenir une sorte de fauteuil ou autre…
https://www.pinterest.fr/pin/453385887480164849/
La cathédrale basilique de Meaux conserve une relique : le bras de Saint Fiacre.
Le Saint est fêté le 30 août et la ville de Coulommiers le fête le deuxième dimanche de septembre.
Passiflore
12 août 2023 @ 08:17
Charlotte, merci pour le lien. Quand je suis passée devant la chapelle de Saint Fiacre, elle était fermée. J’ai compris que le saint s’était assis, découragé par l’accusation de sorcellerie par une femme qui avait vu sa bêche « magique » défricher à toute vitesse le terrain que lui avait octroyé Saint Faron.
A Orleans, un certain quartier de la ville est décoré de fleurs et de fruits le dernier dimanche d’août (non ?), je ne sais pas ce qu’il en est à Coulommiers.
Charlotte (de Brie)
11 août 2023 @ 08:48
Evidemment cette cathédrale n’est pas une découverte pour moi, mais il est toujours agréable de l’admirer sous tous les angles.
Vous avez eu beaucoup de chance, Guizmo d’accéder à la charpente qui comme vous le dites fait l’objet d’une attention soutenue depuis l’incendie de Notre-Dame, on l’appelle la « petite soeur » et les restaurateurs de Notre-Dame sont venus à plusieurs reprises l’étudier pour la reconstruction.
Un tout petit ajout à votre description exhaustive de Saint Etienne de Meaux : il s’agit d’une cathédrale-basilique.
La cathédrale fut élevée à la dignité de « basilique » le 26 juin 1912 par le Pape Pie X à la demande de Monseigneur Marbeau, évêque de Meaux, à la suite des fêtes solennelles qui célèbrèrent Bossuet en 1911. Une plaque commémore cette date dans la cathédrale-basilique.
Monseigneur Marbeau est connu comme » l’évèque de la Marne » suite aux actions qu’il mena durant la Première Guerre Mondiale.
Mort en 1921, il repose au côté de Bossuet son illustre prédécesseur dans la nef de l’édifice.
Antoine1
11 août 2023 @ 09:30
Encore une fois de belles photos et une intéressante visite. Le genre de reportage que je préfère. J’ai beaucoup apprécié le croquis de la charpente avec tous les termes techniques que l’on mélange souvent.
Danielle
11 août 2023 @ 10:33
Merci Guizmo pour ce reportage sur cette belle cathédrale que je n’avais malheureusement pas pu visiter.
Jean Pierre
11 août 2023 @ 12:52
Il faut le faire Danielle, Guizmo a su nous en donner l’envie.
Pour la ville, c’est une autre histoire!
Aldona
11 août 2023 @ 17:01
Merci pour la découverte de la cathédrale, impressionnante
Hervé J. VOLTO
16 août 2023 @ 16:28
Merci de cette carte postale, cher Guizmo !