Carte postale de la chaumière aux coquillages à Rambouillet par Guizmo. « Au milieu du XVIIIème siècle, le domaine de Rambouillet appartient à Louis Jean Marie de Bourbon, duc de Penthièvre. Son père, fils légitimé de Louis XIV et Madame de Montespan l’a acquis en 1706. Père et fils n’auront de cesse d’en faire une terre prodigieuse comme le relate Saint-Simon.
Le duc est donc cousin du roi. Il est riche et même très riche. Il est en fait la première fortune de France ce qui agace le roi. Il est pieux et charitable. Amoureux de la nature il a la charge des chasses royales en tant que Grand Veneur du Roi. C’est un homme aimé et très apprécié de tous ceux qui l’entourent.
Il a un fils, Louis Alexandre de Bourbon qui est tout son contraire. Dévergondé, il a une jeunesse grivoise qui inquiète son père. Ce dernier pense que le mariage l’assagira et il lui choisit une épouse. Ce sera une princesse italienne, douce et pieuse.
Très vite la vie d’homme marié ne suffit plus au jeune homme et il reprend sa vie dissolue et s’entiche d’une comédienne et contracte tant de dettes qu’il en est amené à vendre bijoux de sa jeune épouse.
En 1768, il meurt a 20 ans d’une maladie vénérienne laissant sa jeune épouse veuve à 19 ans. La jeune femme qu’on connaitra sous le nom de Madame de Lamballe tombe en mélancolie et son beau-père qui l’apprécie beaucoup, cherche à la distraire.
Vers 1775, Louis-Jean-Marie de Bourbon, fit bâtir la curieuse Chaumière des Coquillages, et une autre fabrique, l’Hermitage, dans un jardin anglais, à l’intention de sa belle-fille, la veuve princesse de Lamballe, depuis peu surintendante de la maison de Marie-Antoinette.
De l’extérieur, la chaumière n’a rien d’extravagant à part, si on regarde attentivement les murs, des os de boeuf insolites, fichés dans le mur. La chaumière étant construite dans un environnement de marécages, c’était une technique ancestrales pour préserver les murs des remontées humides. macabres mais efficaces.
Le Pavillon, insolite, véritable curiosité, surprend par son raffinement intérieur. Pour mieux le comprendre, il faut savoir que ce minuscule bâtiment illustre l’idéal du retour à la nature, propre à la seconde moitié du XVIIe siècle. La chaumière est constituée de deux pièces.
Dans le petit salon, mur arrondis et le plafond du salon, dont le mobilier est d’origine, sont entièrement recouverts de coquillages qui composent des fleurs, des croisillons et des filets – même le miroir de la cheminée est fait de nacres irisées. Acheminés depuis la Normandie et les Antilles Françaises, ces coquillages formant des dessins ont engendré un long et minutieux travail de fixation (il y a près de 10 000 moules).
Les canapés et les fauteuils ont été crées par Nicolas Foliot en 1780. Ils sont en harmonie avec le décor de coquillages et sont un parfait exemple du naturalisme très en vogue à l’époque.
Par une porte dérobée, cachée dans les boiseries, on entre dans un petite pièce très élégamment décorée. C’est un endroit très raffiné qui permettait à Madame de Lamballe d’avoir une garde-robe discrète et raffinée.
Intelligente et instruite, elle aidera beaucoup son beau-père dans ses oeuvres charitables. On pensera même à elle lorsqu’il s’est agit, après la mort de Marie Leczinska, de trouver une seconde épouse à Louis XV mais madame de Pompadour, favorite en titre voyant en elle une vraie rivale fit tout pour que le mariage n’aboutisse pas.
Elle devint rapidement l’amie de la jeune dauphine Marie-Antoinette et le resta malgré l’éloignement de la reine. Cette amitié indéfectible lui vaudra d’être, par méprise, sauvagement décapitée en 1792. Sa tête piquée sur un bâton sera brandie sous les fenêtres de la reine Marie-Antoinette. Terrible mort pour une princesse bienfaisante et charitable et dont son seul tort fût sa fidélité à la reine.
Élevée au coeur d’une île, la Chaumière fut entièrement restaurée de 2003 à 2007. Les visites sont limitées à 20 personnes, se font à heures fixes et sur inscription. »
Régine ⋅ Actualité 2020, Cartes postales, France 16 Comments
Françoise
20 août 2020 @ 03:56
Très belle visite à faire passionnant sur tous les plans
DEB
20 août 2020 @ 05:26
Révolution, que de crimes furent commis en ton nom !
Pauvre femme inoffensive, qui comme beaucoup d’autres victimes fut martyrisée, dépecée et souillée.
Avait-elle des enfants ?
Ceci dit, cet endroit étonnant .
Merci Guizmo.
Pascal🍄
20 août 2020 @ 05:42
Tres beau reportage et d’autant plus bienvenu que le lieu ne se visite pas facilement.
Il a en outre le mérite de faire mémoire de l’extraordinaire personnalité du duc de Penthievre et un épisode édifiant de ce que certains s’obstinent encore à appeler avec des trémolos dans la voix « la grande révolution » .
Cette révolution fût peut-être initiée par des gens fréquentables mais se termina par la bestialité des masses manipulées par des monstres pour le plus grand bien de quelques profiteurs.
Quoiqu’on en pense ,c’est le plus grand mérite de Napoleon de nous en avoir sorti.
DEB
20 août 2020 @ 07:06
Vérifié, pas d’enfant.
Charlotte (de Brie)
20 août 2020 @ 07:49
Remarquable comme toujours Guizmo !
Etonnante cette histoire d’os de boeufs fichés dans le mur pour combattre l’humidité, quelle propriété absorbante ont donc ces os ? oui c’est vrai il me semble avoir retenu de mes cours de sciences que l’on parlait de partie spongieuse. Karabach ?
A Coulommiers dans le parc des Capucins, autrefois propriété de la duchesse de Longueville, contemporaine de la princesse de Lamballe, belle et fidèle, existe une grotte aux coquillages qui a fait l’objet l’an dernier d’une restauration financée en partie par le Loto du Patrimoine.
Phil de Sarthe
20 août 2020 @ 07:57
Superbe et miraculeusement conservé.
Il me semble toutefois que c’est un portrait de Mme de Polignac qui est présenté…😉
Baboula
20 août 2020 @ 08:08
Quel commentaire peut-on faire ? Tout a été bien dit . Guizmo,découvreuse de trésors cachés.
Menthe
20 août 2020 @ 09:45
Merci Guizmo, très intéressant.
Donc par le passé, il y eut aussi des envies de retour à la nature pour se soustraire à la futilité et superficialité de l’époque.
septentrion
20 août 2020 @ 11:20
Merci Guizmo, tout est très intéressant.
La pièce sur la 9e photo est tout à fait splendide.
Quel destin pour la pauvre princesse de Lamballe !
ciboulette
20 août 2020 @ 11:24
Cette chaumière aux coquillages est vraiment originale et curieuse . Malheureusement , elle rappelle le destin tragique de Madame de Lamballe .
Merci , Guizmo , pour cette découverte !
Denis
20 août 2020 @ 13:24
Texte intéressant mais le portrait supposé représenter la princesse de Lamballe est en fait celui de la duchesse de Polignac , par Mme Vigée-Le brun .
Mayg
20 août 2020 @ 13:42
Merci à Guizmo pour ce reportage.
Quel triste destin pour cette jeune et jolie princesse. Entre un mari volage mort jeune et sa décapitation du à son amitié avec Marie Antoinette.
Danielle
20 août 2020 @ 14:42
Quelle originalité ! merci Guizmo.
Claudia
20 août 2020 @ 15:33
C’est un endroit insolite et très joli que j’ai eu la chance de visiter il y a quelques années, en même temps que la laiterie de la Reine. En tout cas merci Guizmo pour ce reportage bien complet.
Teresa2424
20 août 2020 @ 16:19
Muy interesante!!Gracias
de Montlaville
20 août 2020 @ 17:10
Si je peux me permettre, le portrait est celui de la duchesse de Polignac, née Polastron et non celui de la princesse de Lamballe. Les deux femmes étaient bien différentes, la première guidée par l’intérêt et pris la fuite au premiers soubresauts de 1789, la seconde ayant une réelle indéfectible amitié pour la reine, ce qui lui coûta la vie.