Voici la carte postale de l’ile de La Desirade par Pistounette. « Desiderada, ainsi baptisée par les marins de Christophe Colomb, qui atteignaient enfin une île après deux mois de traversée, le 3 novembre 1493. Pourtant, faute d’eau, c’est vers la Guadeloupe que, toujours assoiffés, ils poursuivirent leur route.
A quelques kilomètres à l’est de la pointe des châteaux, bande de terre longiligne, la Désirade ne laisse jamais indifférent, pour qui fait l’effort de s’y hasarder. On dit « On y débarque en touriste et repart en amis« .
L’île la plus traditionnelle de l’archipel guadeloupéen suscite, par son histoire refoulée comme par ses paysages arides, ses passions. La Désirade vit hors du temps. Calme et simplicité caractérisent ce rocher tabulaire bien différent des autres îles de l’archipel. Elle est souvent comparée à un bateau renversé.
Rien ne semble en effet pouvoir perturber l’atmosphère tranquille qui règne sur l’île ni modifier l’authenticité et l’accueil bienveillant de ses habitants, composés en grande partie de descendants de Bretons, de Normands…
La pluie lave le ciel et les rayons du soleil qui transpercent les nuages irradient la Pointe des Châteaux au loin.
L’île est nue dans l’Atlantique. Quelque soit l’endroit où l’on est, la vue est saisissante. Géologiquement, c’est l’île la plus ancienne des Petites Antilles
Longue de 11 km sur 2 de large, la Désirade possède de magnifiques plages de sable blanc protégées par de longues barrières de corail qui enchantent baigneurs et plongeurs.
C’est aussi la zone la plus fréquentée des Petites Antilles par les baleines à bosse de décembre à avril
La Plage à Fifi, la plus belle de l’île
La côte sud dite « au vent » descend en pente douce vers la mer. Elle est longée de la seule route de l’île qui part de l’Anse des Galets pour finir à la pointe Doublé en passant par Beauséjour, le Souffleur et Baie-Mahault.
La côte Nord, « sous le vent » reste inhabitée et sauvage,
avec d’impressionnantes falaises, tombant à pic dans la mer, réserve d’oiseaux marins comme le Bicloitin, sorte de merle,
l’agouti, petit mammifère à fourrure dorée et
l’iguane des Petites Antilles, qui y vivent.
Ce plateau calcaire, reposant sur un socle volcanique dont le point culminant est la Grand-Montagne à 276m, au sol aride, convient peu à l’agriculture.
En revanche, la végétation naturelle est constituée de gaïacs, mapous, anacardiers (produisant les pommes de cajou) et cactées dont certains sont protégés comme les « Tête-à-l’Anglais« .
La pêche reste l’activité principale de l’île, et un peu d’élevage de cabris.
Comme en témoignent quelques sites archéologiques, l’île fut occupée du 3è au 16è siècle par des Amérindiens. Ces grottes auraient été utilisées par les premiers habitants de l’île et sont dans la zone archéologique de forte sensibilité de « Voûte à Pin – Ravine de César ».
Fragment de poterie trouvé à La Voûte-à-Pin
Repaire épisodique des pirates qui venaient y cacher leurs trésors, elle n’apparaît dans les textes qu’en 1724 avec la création par le comte Alexandre de Moyencourt (Gouverneur de Guadeloupe 1719-1727) de la Léproserie au quartier Baie-Mahault.
Considérée comme île des déshérités, peuplée d’une poignée d’Indiens caraïbes et de quelques familles de colons, la Désirade est choisie au 18è siècle pour reléguer les victimes de la lèpre dont la propagation inquiétait les habitants de la Grande-Terre.
En 1728, 125 malades (22 blancs, 6 Mulâtres et 97 Nègres) sont déportés dans un « camp » spécialement aménagé à Baie-Mahault, à l’extrêmité de l’île.
En 1811, le camp est transformé en hospice, et un médecin et quelques religieuses y prodiguent leurs soins dévoués.
Entièrement détruite par le cyclone de 1928, la léproserie est reconstruite en 1930 : elle se compose alors d’une trentaine de cases en ciment, de quelques pavillons médicaux et d’une chapelle. L’établissement fermera ses portes en 1958, et il ne reste aujourd’hui que les ruines d’un bâtiment sans toiture.
La cotonnerie : l’activité en a commencé en 1918 pour cesser en 1922. Le coton a été cultivé sur l’île dès la deuxième partie du 18è siècle et l’on trouve encore quelques cotonniers. Elle fut rattachée en 1648 au gouvernement de la Guadeloupe. En 1754 la paroisse naît.
En 1763 une ordonnance royale ouvre au quartier des Sables un camp de rélégués destinés aux jeunes gens des grandes familles « portant atteinte à l’honneur de leur famille’
1848 marque le déclin des habitations coloniales, incapables d’assurer un salaire à leurs travailleurs..
L’agriculture de subsistance, l’élevage mais surtout la pêche deviennent des activités premières des Désiradiens.
La réserve géologique nationale de la Pointe Abaque (décret de 2011) permet la valorisation du patrimoine géologique exceptionnel de la façade littorale nord de cette île. Au sud de la Désirade, à 12 km au large, les deux îlets de Petite-Terre, séparés par un lagon de 200m de large, sont classés réserve naturelle depuis 1998, et gérés par l’ONF en partenariat avec l’association Ti tè.
La cuisine Désiradienne est à l’image de son terroir. Savoureuse, elle a su conserver d’anciennes recettes : le colombo de cabri, la fricassée de chatrou (poulpe) ou la langouste grillée ne font que transiter du canot de pêche à votre assiette
La spécialité pâtissière de l’île est le far, où les pruneaux sont remplacés par du cajou confit. »
Régine ⋅ Actualité 2021, Cartes postales, France 31 Comments
Michelle
7 août 2021 @ 00:47
La cote nord, « sous le vent » me rappelle l ile d’Anticosti, développé par m. Menier de 1895 a 1913. Merveilleux endroit avec ses oiseaux et ses rivieres à saumons.
Quant aux plages de sable blanc elle me rappelle les Bahamas.
Merci Pistounette pour vos excellents documentaires et de me faire voyager par le monde mais surtout dans mes souvenirs. ❤
Mary
7 août 2021 @ 00:53
…
Je ne veux jamais l’oublier
Ma colombe ma blanche rade
O marguerite exfoliée
Mon île au loin ma Désirade
Ma rose mon giroflier…
Strophe de La Chanson du Mal Aimé.
Ce n’est pas ma strophe préférée, mais je l’aime bien aussi.
Anitra
7 août 2021 @ 02:12
Très intéressant, merci beaucoup. Ont-ils résolu la subsistance en eau douce ? Au moins en partie, je suppose, mais de quelle manière ?
Je vote pour la gastronomie locale à deux mains !
Pistounette
7 août 2021 @ 08:32
La Désirade a plusieurs sources d’eau douce, qui d’abord ont suffi.
Il y eut par la suite deux usines de désalement d’eau de mer, malheureusement très endommagées par le cyclone de 1928. Une nouvelle a été construite et inaugurée le 21 Février 1991, avec une canalisation de 15km.
Aujourd’hui toute La Désirade est desservie par cette conduite d’eau courante.
source de cette info : Mairie de La Désirade
Lunaforever
8 août 2021 @ 04:41
Même question pour l’eau.
Lunaforever
9 août 2021 @ 14:35
Merci Pistounette !
Pistounette
7 août 2021 @ 05:49
Avec l’accord de Régine (merci à elle 😊) j’ai concoté une série d’articles sur la Guadeloupe… c’est une région dépaysante (malheureusement confinée en ce moment) que j’aime (et connais) bien. J’espère qu’elle vous fera voyager…
Trianon
7 août 2021 @ 17:59
Merci Pistounette , cela me rappelle des souvenirs , plus ou moins bons, ..j’ai habité 1 ans en Guadeloupe .
Bonne soirée
Trianon
7 août 2021 @ 17:59
*an
Aldona
7 août 2021 @ 06:33
Merci à vous de nous faire rêver, et de nous enseigner, c’est un endroit paradisiaque
Auberi
7 août 2021 @ 15:41
Merci Pistounette de m’avoir fait savourer cette partie de l’archipel guadeloupéen que je ne connais pas, très joli choix de photos 🤗
Pascal M
7 août 2021 @ 07:12
Merci beaucoup Pistounette pour ce beau, et détaillé, reportage.
La Desirade, un vrai petit paradis que j’ai découvert en 1989…
Depuis la Guadeloupe, juste une petite traversée pour y aller…et c’est l’arrivée au paradis:)
Ciboulette
7 août 2021 @ 11:42
Merci , Pistounette , pour ce voyage très dépaysant !
louise
7 août 2021 @ 08:01
merci beaucoup ; que de beaux souvenirs sur cette ile ;
Mireille
7 août 2021 @ 08:22
Grand merci pour ce reportage fort intéressant, comme vos précédents sujets, Pistounette, et félicitations à Régine pour cette ingénieuse série de cartes postales et pour le site en général
Leonor
7 août 2021 @ 08:31
Pistounette, vos reportages sont très chouettes. Gros merci-poutou.
Mais j’aime pas le soleil. :-(
Ciboulette
8 août 2021 @ 15:14
Leonor , reconnaissez que , de ce point de vue , nous sommes » gâtés » cette année .Un peu trop , même !
JAusten
7 août 2021 @ 08:40
Merci de nous faire voyager ! N’ayant jamais été attirée par ces îles, peut-être me ferez vous changer d’avis
Marie d’Aix
7 août 2021 @ 08:59
Merci Pistounette!
La Désirade visitée un peu par hasard après les incontournables Saintes , Marie-Galante et qui m’a littéralement séduite …
Facile d’accès je ne manque pas d’y retourner.( cet hiver j’espère 🤞)
Merci pour vos articles documentés et très intéressants.
Annie
7 août 2021 @ 09:32
Merci beaucoup Pistounette, que de bons souvenirs de la Guadeloupe où j’ai habité une partie de mon enfance et mon adolescence, de 1957 à 1964.
Marie DM
7 août 2021 @ 09:34
« La désirade, Marie-Galante, st Barthélémy et st Martin, pays d’éternel été qui offre l’évasion dont chacun rêve » Je n’ai jamais oublié cette phrase que j’avais mentionnée dans un exposé que j’ai fait en 4ème sur les Antilles. Merci de nous faire connaître ce petit bout de France qui fait rêver.
Pascal
7 août 2021 @ 10:04
Très beau reportage encore .
Votre « tête à l’ Anglais » est un Melocactus , les Melocactus sont des cactées extrêmement difficiles à cultiver qui se reconnaissent facilement à cette enchevêtrement de poils au sommet qui porte les fleurs et s’appelle un céphalium .
Le spécimen photographié est superbe !
Ciboulette
8 août 2021 @ 19:41
Je comprends pourquoi Bo Jo porte une moumoute jaune !
Agnese
7 août 2021 @ 10:08
Merci Pistounette pour votre beau reportage qui me rappelle un joli séjour en 2001.
Cette île m’avait marquée par des centaines et d’iguanes (protégés) qui arrivaient de toutes parts et par de nombreux descendants de familles bretonnes arrivées il y a plusieurs générations et installés comme marins ou charpentiers.
Peut être que le dessert local qui est le far vient de ces familles?
Danielle
7 août 2021 @ 12:44
Une belle île mais les animaux qui l’occupent me font un peu peur.
Merci Pistounette.
Juliette d
7 août 2021 @ 14:18
On peut apercevoir cette ile des rives de la Guadeloupe.
Hervé J. VOLTO
7 août 2021 @ 15:14
Le père du footballeur Thierry Henri est originaire de la Désidérade
https://fr.wikipedia.org/wiki/La_D%C3%A9sirade_(%C3%AEle)
Val
7 août 2021 @ 17:32
Pistounette ,
J’y vais normalement en décembre voir mon fils militaire qui a été muté labà , j’ai eu l’occasion de faire une croisière en catamaran seulement 15 personnes
et parcourir toutes les Antilles jusqu’à 1 heure de la Floride , j’ai vu des îles dont personne ne parle jamais .
Je vous recommande de visiter les Antilles en catamaran c’est magique . On s’arrête où l’ont veut, on mange local, on nage en haute mer bref c’est l’idéal.
Guizmo
7 août 2021 @ 18:26
Merci à vous de nous faire découvrir cet endroit paradisiaque
Francesca
7 août 2021 @ 23:25
Merci pour ces beaux voyages d’une île à l’autre. Salut d’une île moins lointaine, la Corse.
val
11 août 2021 @ 12:58
Le gros problème de la Guadeloupe et c’est un problème majeur c’est le manque d’eau , souvent des coupures énormes ou les choses ne sont pas faites depuis quelques années . comme d’autres graves problèmes dont je ne parlerai pas ici .
Mais c’est un joli et magnifique endroit .