Carte postale de la statue de Charles Ier, comte d’Anjou à Hyères dans le Var par Septentrion qui la dédiée à Gérard. « En avril 2019, les Hyérois ont pu retrouver l’usage de la place Clémenceau, appelée également place de marbre ou place de la rade, après de longs mois de travaux.
La place est beaucoup plus belle notamment avec la rosace, les 61 ombrières, dont le motif est inspiré des plaques en fonte hyéroises du XIXe siècle, selon le projet de l’architecte Rudy Ricciotti.
« Charles Ier d’Anjou, comte de Provence, apposant son sceau sur l’acte qui le reconnaît seigneur d’Hyères (septembre 1257). »
La statue de Charles 1er d’Anjou a fait sa réapparition toute nettoyée et restaurée (auparavant absence de la main tenant le sceau).
La statue originale a été réalisée en pierre calcaire jaune par l’artiste toulonnais Louis-Joseph Daumas, en 1843.
Cette statue est une copie autorisée par le gouvernement que le maire Alphonse Denis (1830-1848) avait réclamée pour sa ville.
Histoire de la ville d’Hyères : En 963, apparut pour la première fois dans un document officiel le nom de « Hyères » (Iero).
La fondation de la ville actuelle intervint au 10e siècle sur la colline du Castéou. Guillaume, dit le Grand Marquis, et roi d’Arles, après la victoire sur les Sarrasins, confia, en échange de la reconnaissance de son pouvoir de suzerain, le territoire d’Hyères à Pons de Fos, ancêtre de la famille de Fos d’Hyères. Un héritier de ce Pons de Fos devint seigneur d’Hyères, il fît construire une première forteresse au 11e siècle. En 1140 fut créé le petit Etat souverain d’Hyères, par Geoffroy II, vicomte de Marseille.
Ensuite, avant 1257, pas de fait notable si ce n’est une lutte militaire de courte durée entre Ildefons, premier comte de Provence de la maison de Barcelone et Ancelin de Foz, seigneur d’Hyères. Ildefons surprit le château et s’y logea en 1192 ; Ancelin en chassa son déloyal suzerain, et le mit en déroute.
En 1257, l’indépendance de la seigneurie d’Hyères disparut. La famille de Fos fut obligée de défendre ses droits contre Charles d’Anjou, devenu comte de Provence en 1245. Le 14 septembre 1257, les Fos doivent vendre tout ce qui leur reste de « Hyères, son château, sa ville, son territoire, ses îles » au comte de Provence, la résistance fut impossible, et le mince Etat prit fin le 15 octobre 1257.
Le comte de Provence y installe un viguier, son représentant, et entreprend de réaménager la cité et le château. C’est de cette époque que datent les plus vieux vestiges.
« Charles d’Anjou, frère de saint Louis, comte de Provence du chef de sa femme Béatrix, éleva la prétention de se mettre en possession d’Hyères. Les prétextes, a défaut des raisons, étaient nombreux ; ils avaient pour eux le meilleur, si ce n’est le plus équitable des arguments, celui du plus fort. Roger d’Hyères, Bertrand de Foz et Mabille, leur sœur, que la chose regardait, ne se laissèrent pas intimider ; ils résistèrent, opposèrent plainte contre récrimination, et s’enfermèrent bravement dans le château d’Hyères. Ils eussent évidemment succombé ; mais les évêques de Nice et de Fréjus intervinrent pour jouer le rôle de médiateurs.
L’issue du conflit fut un traité de cession de la seigneurie, contre un échange de seigneuries particulières considérables. Le donjon, la ville, les îles d’Hyères et leurs dépendances de terre et de mer, furent abandonnés à Charles d’Anjou ; qui donna, en compensation, un domaine dont le revenu était évalué à dix mille sous provençaux.
Malgré la violence qui avait déterminé la transaction, les seigneurs châtelains d’Hyères, mis en possession de Collobrières, Pierrefeu, La Môle, Cavalaire, de Bormes en partie, de Cannet et autres terres, devinrent des partisans dévoués de Charles d’Anjou et ses auxiliaires, lors de la conquête de la Sicile. » Extrait d’un récit historique de Amédé Aufaure (1861).
Au 13e siècle, l’émiettement du pouvoir local permit à Charles 1er d’Anjou, comte de Provence, d’asseoir son autorité sur la ville et d’en faire en 1257, une ville comtale. Afin d’affirmer son pouvoir sur Hyères.
Charles 1er d’Anjou fit édifier un château qui fut une des places fortes les plus importantes de Provence. Une première enceinte fortifiée fut bâtie, comportant des murailles, neuf tours et cinq portes.
Le 13e siècle fut marquée aussi par le développement de nombreuses fondations religieuses, notamment, l’abbaye de Saint-Pierre de l’Almanarre en 1221 sur l’ancien site d’Olbia et celle des Cordeliers vers 1230 à l’église Saint-Louis.
Aujourd’hui, une partie des ruines restantes.
Charles d’Anjou, dernier enfant du roi de France Louis VIII dit Le Lion( premier roi capétien qui ne fut pas couronné du vivant de son père) et de Blanche de Castille, est né le 21 mars 1227, après la mort de son père. Le prénom de Charles, inhabituel chez les Capétiens, met en avant son ascendance carolingienne.
Son père le destinait à l’Eglise mais son destin va être tout autre lorsque ses frères Jean (4e enfant) et Philippe Dagobert (6e enfant) décèdent tous les deux en 1232, jeunes et sans descendance. Charles va donc hériter de vastes domaines dans le centre de la France. C’est Saint Louis, son frère qui va lui transférer l’apanage d’Anjou de son frère Jean.
Charles d’Anjou passe sa jeunesse à la cour de Robert d’Artois, son frère, il y dispose d’un cheval pour la chasse, d’une petite cour, de serviteurs, d’un professeur et d’un prêtre.
En 1242, il suit son frère Louis IX lors d’une expédition militaire contre le comte de la marche.
Quatre ans plus tard, âgé de 19 ans, il épouse Béatrice, dernière fille de Raimond Béranger V, comte de Provence et de Forcalquier, et de Béatrice de Savoie.
Le comte Raimond Béranger V avait richement dotée ses trois premières filles dont Marguerite de Provence qui avait épousé Louis IX .
Connaissant les vues du comte de Toulouse, Raimond VII, sur son comté et après les luttes intestines que s’étaient livrées les Sabran (famille de sa mère, comtesse de Forcalquier) durant sa jeunesse, il décide par testament de faire de Béatrice de Provence son unique héritière.
En 1245, cette dernière devient comtesse de Provence, au décès de son père. Le roi de France Saint Louis, se dépêche d’organiser le mariage de Charles et de Béatrice. Il fera son frère, comte d’Anjou et du Maine, créant ainsi la seconde dynastie angevine (après celle des Plantagenêt). Charles devient aussi par mariage comte de Provence et de Forcalquier, principautés qu’il va gouverner jusqu’à sa mort.
Béatrice de Provence et Charles 1er d’Anjou
Ce mariage est qualifié par l’historien Gérard Sivéry comme « l’un des chefs-d’œuvre de la grande stratégie matrimoniale médiévale »
La 7e Croisade : En 1248, Charles d’Anjou participa à la septième Croisade avec son frère Saint Louis et fut, comme lui, fait prisonnier en Égypte. Malgré les réticences de Saint Louis, il accepta finalement les propositions du pape, qui, dès 1253, offrait de lui inféoder le royaume de Sicile. En effet, le pape Innocent IV avait soutenu les projets de mariage tout comme il avait encouragé Charles à fonder un empire méditerranéen.
Allié à la papauté, Charles s’empare de Naples et de la Sicile, en battant Manfred et Conradin à Bénévent (1266) et à Tagliacozzo (1268).
En 1266, Charles d’Anjou fut investi du royaume de Sicile par le pape Clément IV. Charles d’Anjou prit possession des deux parties (insulaire et péninsulaire) du royaume de Sicile, mais il fut chassé de la partie insulaire en 1282.
Il étend son pouvoir dans les Balkans et devient en 1277 le prétendant au trône de Jérusalem. Charles d’Anjou reçut aussi les titres fictifs de roi d’Albanie (1272) et roi de Jérusalem (1278-1285).
La colère suscitée par la présence française déclenche les Vêpres siciliennes en 1282. Charles est chassé de la Sicile par une coalition des Siciliens avec Pierre III d’Aragon, et sa flotte est défaite dans la baie de Naples en 1284. Premier roi de Naples de la dynastie angevine, il est le créateur d’un éphémère empire méditerranéen.
A Hyères, un événement d’un autre ordre s’était produit en 1254. Le 12 juillet, Saint Louis, sa femme, ses enfants et sa suite, revenant de Terre sainte, débarquèrent sur le littoral hyérois et séjournèrent au château. C’était la première fois, autant qu’on peut le supposer dans le silence des chroniques, qu’un roi de France, le plus illustre de ceux de toute la chronologie, venait prendre pied sur le sol de la petite ville provençale.
Ce tableau, signé signé de Louis Charles Arsenne, est daté de 1840 et représente saint Louis débarquant à l’Ayguade le 10 juillet 1254. La toile mesure 4,26 m de haut pour 5,44 m de large, a été installé dans le choeur de l’église Saint Louis en 1883.
Saint Louis, qui avait longtemps résisté à l’idée du débarquement, pour ne pas prolonger sa séparation d’avec le reste de la flotte ancrée à Chypre, paraît avoir eu plaisir à séjourner au milieu de la belle contrée où il venait d’aborder. Il quitta Hyères pour se rendre à Aix en Provence, par la Sainte-Baume, où il monta en pèlerinage.
« Fourbu, Louis IX se repose plusieurs jours. Il est reçu par le comte des Fos et rencontre le viguier (prévôt), l’évêque, le Grand maître du Temple et un abbé franciscain. Il fait quelques dons à divers établissements religieux, puis un pèlerinage de trois jours à la Sainte-Baume. Pendant ce temps, la reine Marguerite va visiter sa mère à Aix-en-Provence. Surtout, le discours d’Hugues de Digne marque durablement le roi. Le cordelier Hugues recommande à Louis IX de pratiquer la justice envers son peuple, afin que Dieu «lui conserve son amour, et ne démembre pas son royaume».
Presque tous les ans depuis1992, les bénévoles de l’association de l’Ayguade historique mettent en scène l’arrivée du 44ème roi de France sur leur plage (celle de l’Ayguade à Hyères) en 1254, à son retour de la 7ème croisade.
« En juillet 1254, Saint Louis rentre de croisade. Il est malade, la nef a subi un incendie, l’équipage manque d’eau et a voulu mettre les voiles aux escales de Chypre et Lampedusa. C’est la Bérézina avant l’heure! Un voyage de dix semaines, mettant lui-même un terme à huit ans de combats (1248-1254) en Terre Sainte.
Louis IX veut débarquer à Aigues-Mortes, terre royale et port fortifié qu’il a fait construire. La reine Marguerite de Provence voit, elle, l’urgence à toucher terre au plus tôt. «Le roi était en pleine crise de mysticisme et voulait absolument s’entretenir avec Hugues de Digne, un prêcheur catholique,(En 1244, Hugues de Digne fait un prêche devant le Pape et les cardinaux à Lyon) pour savoir comment gérer le royaume à son retour», explique Jean-Luc Peuvrel. Après deux jours au mouillage dans la baie, Saint Louis débarque à L’Ayguade avec femme, enfants et équipage, invité au château par Ildefons où il assistera à un prêche de Hugues de Digne. »
La date la plus couramment acceptée est le vendredi 10 juillet 1254. À l’association l’Ayguade historique , on est plus formel sur le 3 juillet. Bref, en 2016, l’hommage a lieu le 2 juillet.
Saint Louis, église du XIIe siècle
A environ 200 mètres de la statue du comte d’Anjou se situe l’église Saint Louis qui date du XIIe siècle. C’est dans cette église sise Place de la République (ancien jardin du couvent des Cordeliers) à Hyères que l’on retrouve le tableau signé par Louis Charles Arsenne.
En 1230, les Franciscains s’installent en Provence . La famille de Fos creuse deux tombeaux devant ce qui deviendra l’église Saint-Louis.
La rosace vue de l’intérieur
En 1481, la Provence perdit son indépendance avec le rattachement à la couronne de France.
Le développement d’Hyères fut rapide au point d’éclipser la cité épiscopale de Toulon. Les comtes de Provence attachaient beaucoup d’intérêt à la ville car ils voulaient établir un monopole sur le sel. Au début du 14e siècle, avec 5.000 habitants, Hyères était la 8e ville provençale. »
Régine ⋅ Actualité 2020, Cartes postales, Eglises, France, Statues 12 Comments
Baboula
22 août 2020 @ 09:48
Coucou Monica,allez-vous bien ?
Menthe
22 août 2020 @ 09:52
Merci Septentrion, je me réserve la lecture de votre reportage bien fourni pour plus tard.
ciboulette
22 août 2020 @ 16:52
Merci , Septentrion , pour cette intéressante visite dans le passé . La place est en effet embellie par la rosace et la statue .
septentrion
24 août 2020 @ 10:22
Ciboulette,
Cette statue était à mon avis reléguée tout au fond de la place avant les travaux et perdait son sens.
septentrion
24 août 2020 @ 10:21
Menthe,
J’espère que cela vous aura procuré un petit moment de détente. A imaginer aussi toutes les magnifiques espèces florales qui montent de la vieille ville jusqu’au vieux château.
Benoite
22 août 2020 @ 11:34
Récit magnifique. Merci Septentrion de tout ce souci du détail. Dates, illustrations, et commentaires en font un récit précis, complet, et pour les amies de l’Histoire et celle ci de Provence, je j’ai apprécié, mieux savouré. La grande famille de Louis VIII et de son épouse, était ambitieuse. On partait facilement en guerres, à l’époque. Pour étendre ses terres et pouvoirs.
J’aime que nos amis du site, nous fasse partager leurs coups de coeur, et leurs visites touristiques. Cette année, je ne vais nulle part. Donc, celles qui sont ici me vont bien.
septentrion
24 août 2020 @ 10:30
Benoîte,
Je me suis même un peu perdue dans les extraits de récit, n’ayant plus certains ouvrages sous la main au moment où j’ai tapé le texte. J’en profite pour donner certaines sources dont : La « Provence au Moyen-Age » par Martin AURELL Jean Paul BOYON et Noël COULET, « Madame Douceline et son frère Hugues de Digne » de Claude THOUMYRE.
Gérard
22 août 2020 @ 16:30
Merci infiniment Septentrion de votre aimable intention et surtout de votre très bel article si bien illustré avec des inédits.
Il faudra que je vous donne les coordonnées d’un de mes amis qui a une maison magnifique et un très beau jardin qui se visite et qu’il a restauré. C’est une maison historique.
Mais peut-être le connaissez-vous.
septentrion
24 août 2020 @ 10:32
Gérard,
Inédits, je ne suis pas sûre…
Concernant le jardin, ne serait-ce pas le Plantier de Costebelle ?
Si c’est le cas, je ne connais pas son propriétaire.
monica
22 août 2020 @ 18:48
Oui ça va bien. Merci beaucoup chère Baboula. 😚
Baboula
23 août 2020 @ 09:03
Je suis allée à la plage de l’Ayguade en ignorant tout de son histoire. Cette région devenue touristique a longtemps été une zone de conflits auxquels ont fait suite les razzias barbaresques. Merci Septentrion d’avoir réveillé pour nous l’histoire d’une belle endormie .
DEB
23 août 2020 @ 09:07
Merci. Très intéressant.