Voici la carte postale de Louhans par Guizmo. « Louhans qui signifie « site agréable au bord de l’eau » doit son origine aux Burgondes qui s’installèrent au Vème siècle.
Au IXème siècle, Louis le Bègue fait don du village à l’abbaye de Tournus. En parallèle, le commerce du sel se développe, la ville devenant un relais entre le Jura et la vallée de la Saône.
Capitale de la Bresse bourguignonne, la cité médiévale de Louhans est célèbre par sa Grande Rue constituée de part et d’autre de 157 arcades, dont les plus anciennes datant du XVe siècle, son marché du lundi, l’un des plus importants de France occupant toute la ville, ainsi que sa volaille de Bresse renommée.
Louhans s’honore aussi de posséder l’un des plus beaux Hôtel-Dieu de France, ensemble architectural d’une grande pureté. Il existe en Bourgogne, dès le moyen-âge, de nombreux hôpitaux, hospices ou maladreries fondés soit à l’initiative de particuliers fortunés, soit par des communes qui ont le souci de traiter le problème des pauvres passants, des errants ou des indigents sédentaires.
Depuis plus de trois cents ans, l’Hôtel-Dieu se dresse au cœur de la Ville. Magnifique édifice en pierre rose de Préty le premier bâtiment fut construit au XVIIème siècle, sous le règne de Louis XIV. Achevé en 1767, il était destiné à l’accueil des malades indigents.
Devenu ensuite l’hôpital de Louhans, il a été tenu par les Sœurs hospitalières de l’ordre de Sainte-Marthe jusqu’en 1977, année de sa fermeture. Les Sœurs de Sainte–Marthe sont une congrégation religieuse féminine de droit pontifical membre de la fédération des Sœurs de la charité : Séminaires, hôpitaux, enseignement, paroisses. La spiritualité est toute simple : les sœurs consacrent leur vie au service des pauvres, des malades reçus et accueillis dans les différents hôtel-Dieu.
Elles avaient également les charges des hôtel-Dieu de Tournus et Cuiseaux. A Louhans, les sœurs étaient au nombre de 12. La mère supérieure était élue pour 5 ans. Cependant elle pouvait être réélue et certaines ont dirigé l’établissement pendant de longues années.
Les religieuses n’avaient pas fait vœux de pauvreté et arrivaient à l’hôtel-Dieu avec leurs meubles et leur linge. Souvent issues d’excellente famille, elles ont ainsi apporté de magnifiques objets, cristal, argenterie ou livres. Les sœurs hospitalières de la communauté de Ste Marthe qui ont dirigé l’établissement pendant près de 300 ans, ont ainsi légué à l’Hôtel-Dieu des meubles et objets d’art authentiques représentant les différents styles de cette longue période. Ces meubles garnissent les salles et offrent aux visiteurs une saisissante atmosphère.
Une cour d’honneur permet d’accéder aux salles des malades dont le mobilier d’origine a été conservé.
Les deux salles monumentales garnies de lits clos ainsi que la Chapelle illustrent parfaitement l’esprit de communauté où les soins du corps comme ceux de l’âme étaient donnés aux patients les plus pauvres. Au-dessus de chaque lit une plaque indique le nom du donateur. Pour le salut de leur âme et selon leur moyen, les donateurs faisaient don d’un lit complet ou de quelques mois d’entretien.
Dans la salle des hommes, les lits sont en bois mais dans la salle des femmes, construite en second lieu, les lits sont en fonte afin de combattre les punaises de lit.
Durant la première guerre mondiale, l’hospice accueillit jusqu’à 300 blessés.
La chapelle s’ouvre sur les salles des malades. De chaque côté, des stèles en bois sculpté, d’origine, non restaurées et en parfait état de conservation, accueillaient les 12 religieuses.
Dans le chœur, la Vierge veille sur tous. Grâce à une verrière savamment installée, la Vierge, quel que soit le temps, est toujours dans la lumière.
Dans l’aile, alors réservée à la communauté des sœurs, l’ancien réfectoire témoigne des repas pris en commun, dominés par les portraits des mères supérieures qui ont travaillé dans cette demeure.
Dans la salle à manger, les religieuses recevaient à déjeuner leur hiérarchie religieuse mais aussi de nombreux notables soucieux de leur âme et qui soutenaient l’hospice de leurs dons.
L’imposante cheminée et la batterie de chaudrons en cuivre attestent dans la cuisine d’une certaine effervescence gastronomique, en témoigne le recueil de recette de sœur Amédie Pirat.
Au premier étage se situent les chambres des sœurs. Il ne s’agit pas là de cellules comme on en voit en général dans les établissements religieux. Les sœurs y installaient leur mobilier personnel et avec le temps elles ont même choisi papier peint et décoration. Quand l’eau courante fut installée dans l’hospice, chaque chambre fut dotée d’un lavabo personnel.
En 2018, une nouvelle salle s’est ajoutée à la visite : le cabinet médical. Celui-ci se trouve dans l’ancienne infirmerie des sœurs.
Ce cabinet nous fait découvrir les instruments médicaux des années 1930 et 1940, qui permettaient par exemple de soigner la tuberculose mais aussi les maladies dites « ordinaires », des objets utilisés jadis comme l’appareil de Küss, l’ancêtre du stéthoscope de Laennec, un appareil à radiographie, une seringue à perfusion directe : un tuyau était relié au donneur, on aspirait son sang et on le réinjectait immédiatement au receveur.
Et… la mallette de l’arracheur de dents !! Cette nouvelle installation a été possible grâce notamment aux différents dons que l’Hôtel-Dieu a reçus de médecins de la région.
Sans conteste, le joyau de l’Hôtel-Dieu est sa pharmacie apothicairerie, considérée comme l’une des plus belles d’Europe. Celle-ci contient, blottie dans des écrins en chêne confectionnés sur mesure, une exceptionnelle collection de faïences lustrées hispano-mauresques des 15ème et 16ème siècle.
La première salle était destinée à l’accueil car l’hospice fabriquait ses médecines mais aussi fournissait la ville et les différents médecins en remèdes.
Dans la seconde salle, les sœurs stockaient les produits qui servaient à fabriquer les potions. C’est dans cette salle que chevrettes, albarelli, poudriers et autres récipients contenant encore poudres, fleurs et herbes séchées, onguents et autres substances, reposent dans des niches richement décorées.
Des vases aux décors polychromes côtoient de délicats “poudriers” en verre soufflé contenant “d’inquiétants” produits.
Témoin de trois siècles d’histoire, une “pietà” bourguignonne à l’iconographie exceptionnelle semble veiller sur tous ces trésors.
Durant la seconde guerre mondiale les religieuses ont caché tous ces trésors afin de les soustraire à la convoitise des occupants.
L’hospice est classé aux Monuments historique par arrêté du 20 mai 1964. Merci à la charmante guide qui nous a fait découvrir ce lieu pour sa gentillesse et toutes ses connaissances.
En sortant de l’hôtel-Dieu, faites un tour dans le centre historique qui permet de découvrir l’église Saint-Pierre, construite au 18ème siècle, accolée à la première, dans le style néogothique. Elle est surmontée d’un toit de tuiles vernissées. Elle contient un vitrail, l’Apocalypse selon Saint Jean, qui date de 1993 réalisé par un maître verrier de Taizé.
La maison du Bailli, aussi appelée Hôtel du Commerce, a été bâtie vers 1570. La façade en pierre blanche avec niches à coquilles et médaillons tranche avec toutes les autres arcades de la rue. »
Régine ⋅ Actualité 2022, Cartes postales, France 24 Comments
Alice
11 juillet 2022 @ 02:07
Merci pour ce très intéressant reportage et les informations historiques. J’espère pouvoir visiter
Leclercq
11 juillet 2022 @ 05:14
Magnifique article, Guizmo. Merci!
Pascal Hervé 🍄
11 juillet 2022 @ 05:46
Récit fort intéressant et bien mené, merci Guizmo !
Beque
11 juillet 2022 @ 08:03
Article passionnant et emprunt de foi et de respect. j’ignorais totalement l’existence de cet hôtel-Dieu. Le récent cabinet médical doit permettre de voir des objets qu’on ne peut plus voir au Musée de l’Assistance Publique situé dans l’hôtel de Miramion, quai de la Tournelle à Paris qui, après fermeture, est devenu l’hôtel (un hôtel ?) particulier de Xavier Niel.
Par ailleurs, je ne sais pas si on confectionne toujours les corniottes (déformation de « cornette », la coiffe des religieuses), pâtisseries à base de pâte à choux créées par les soeurs de Sainte Marthe qui, lors de la préparation, retournaient la pâte en tricorne. A l’Ascension, tous les boulangers en cuisaient. Il semble que la tradition ait été maintenue le lundi, jour de marché, en souvenir des religieuses de l’Hôtel-Dieu.
Frederic
11 juillet 2022 @ 11:50
Bonjour Bègue
Oui étant du Jura je vois confirme on fais toujours les cornières à se rouler par terre
Visitez aussi le château d arlay dont le conte est le roi de Hollande
Frederic
11 juillet 2022 @ 11:50
Je voulais dire corniottes toutes mes excuses
Beque
11 juillet 2022 @ 19:56
Merci, Frédéric pour vos réponses. J’apprends tous les jours.
La Guiche
14 juillet 2022 @ 16:42
Bonjour,
La seigneurie d’Arlay appartint aux Chalon-Arlay puis Orange-Chalon (après mariage de Jean III et Marie des Baux d’Orange) issus d’une branche cadette des comtes palatins de Bourgogne et dont la lignée agnatique s’éteignit en 1530 avec Philibert de Chalon.
Sans héritier légitime, Philibert de Chalon avait institué pour héritier universel son neveu René de Nassau avec la condition que celui-ci reprenne les nom et armes de Chalon. René de Chalon revendiqua peu ses seigneuries comtoises et lui-même s’est éteint sans héritier légitime. Il légua son patrimoine à son cousin, Guillaume de Nassau Dillenbourg (Guillaume le Taciturne) qui devint prince d’Orange mais jamais seigneur d’Arlay. En effet, l’empereur ne l’a jamais confirmé dans les titres comtois de la maison de Chalon faute de droits. Du reste, Guillaume n’a jamais utilisé le nom de Chalon.
En comté de Bourgogne, les titres médiévaux peuvent se transmettre aux femmes et par elles mêmes mais « sous couvert des liens du sang du premier investi ». René de Nassau s’est trouvé légitime à succéder à son oncle, puisqu’il descendait à la 10e génération du premier seigneur d’Arlay, par contre il ne pouvait en disposer pour le transmettre hors de cette même descendance.
Le Taciturne est le fondateur de la maison d’Orange-Nassau, famille royale des Pays-Bas (dont la Hollande est une province) depuis 1813 mais aucun monarque néerlandais ne peut revendiquer légitimement les titres comtois de la maison de Chalon. Il est vrai que Guillaume Ier des Pays-Bas s’est réclamé de cet héritage mais c’est une usurpation pure et simple.
Le titre de baron d’Arlay (baron van Arlay) attaché au roi des Pays-Bas dont la Hollande est une province, n’est qu’une politesse. L’actuel ne le revendique d’ailleurs pas.
La maison de Chalon a une descendance cognatique survivante, alors si vous voulez trouver un héritier légitime au titre de seigneur d’Arlay, il faut le chercher dans cette filiation, en France… en Franche-Comté… dans le Jura… à Arlay.
La Guiche
14 juillet 2022 @ 16:45
Bonjour Frédéric,
La seigneurie d’Arlay appartint aux Chalon-Arlay puis Orange-Chalon (après mariage de Jean III et Marie des Baux d’Orange) issus d’une branche cadette des comtes palatins de Bourgogne et dont la lignée agnatique s’éteignit en 1530 avec Philibert de Chalon.
Sans héritier légitime, Philibert de Chalon avait institué pour héritier universel son neveu René de Nassau avec la condition que celui-ci reprenne les nom et armes de Chalon. René de Chalon revendiqua peu ses seigneuries comtoises et lui-même s’est éteint sans héritier légitime. Il légua son patrimoine à son cousin, Guillaume de Nassau Dillenbourg (Guillaume le Taciturne) qui devint prince d’Orange mais jamais seigneur d’Arlay. En effet, l’empereur ne l’a jamais confirmé dans les titres comtois de la maison de Chalon faute de droits. Du reste, Guillaume n’a jamais utilisé le nom de Chalon.
En comté de Bourgogne, les titres médiévaux peuvent se transmettre aux femmes et par elles mêmes mais « sous couvert des liens du sang du premier investi ». René de Nassau s’est trouvé légitime à succéder à son oncle, puisqu’il descendait à la 10e génération du premier seigneur d’Arlay, par contre il ne pouvait en disposer pour le transmettre hors de cette même descendance.
Le Taciturne est le fondateur de la maison d’Orange-Nassau, famille royale des Pays-Bas (dont la Hollande est une province) depuis 1813 mais aucun monarque néerlandais ne peut revendiquer légitimement les titres comtois de la maison de Chalon. Il est vrai que Guillaume Ier des Pays-Bas s’est réclamé de cet héritage mais c’est une usurpation pure et simple.
Le titre de baron d’Arlay (baron van Arlay) attaché au roi des Pays-Bas dont la Hollande est une province, n’est qu’une politesse. L’actuel ne le revendique d’ailleurs pas.
La maison de Chalon a une descendance cognatique survivante, alors si vous voulez trouver un héritier légitime au titre de seigneur d’Arlay, il faut le chercher dans cette filiation, en France… en Franche-Comté… dans le Jura… à Arlay.
Jean Pierre
11 juillet 2022 @ 08:25
Cet article montre qu’on a parfois tort de ne pas sortir de l’autoroute….comme pour Barbizon.
JAusten
11 juillet 2022 @ 08:48
Superbe ballade et un très bon récit. Merci Guizmo
Ciboulette
11 juillet 2022 @ 14:07
Merci , Guizmo , pour l’histoire de cette ville et de son Hôtel- Dieu , dont les salles des malades sont tout à fait semblables à celles des Hospices de Beaune ,
vues dans le film » la grande Vadrouille » .
j21
12 juillet 2022 @ 10:26
Je confirme, grande similitude entre les deux Hôtels-Dieu, Louhans et Beaune . Ces deux viles sont distantes d’environ 60km.
Pascal HERVE
12 juillet 2022 @ 18:21
J’y ai pensé moi aussi …
En fait c’était un système plus respectueux que les actuelles chambres à deux lits .
Parfois je rêve des lits clos…comme on devait s’y sentir bien ?
Aggie
11 juillet 2022 @ 12:37
Merci de m’avoir remémore le souvenir
aubepine
11 juillet 2022 @ 12:58
Merci pour ce beau reportage intéressant et détaillé qui fait la joie de ceux qui ne peuvent se déplacer et pourtant qui ont envie de découvrir les choses !
cerodo
11 juillet 2022 @ 19:24
je fais partie de ceux qui ne peuvent se déplacer et ont pourtant envie de découvertes ! Oui, merci mille fois !
Danielle
11 juillet 2022 @ 15:35
Très bel article accompagné de jolies photos, merci Guizmo.
J’ai visité Louhans il y a très longtemps mais pas l’Hôtel Dieu, je note donc cette visite pour les années à venir.
Domin
11 juillet 2022 @ 18:38
Très intéressant ! Ça donne envie de programmer une visite .
Moine Eric
11 juillet 2022 @ 19:01
Merci, à Guizmo de parlé de Louhans habitant dans une commune proche de cette ville cela me fait chaud au cœur ! …….
Francesca
11 juillet 2022 @ 23:13
Merci, Guizmo, pour cette belle invitation à voyager et découvrir.
lila🌷la vraie
12 juillet 2022 @ 00:02
Très belles glycines ………😘
Belles vaisselles , magnifiques carafes …
Thierry Lyon
12 juillet 2022 @ 10:19
Merci de ce bel article qui me touche, moi qui suis à moitié Louhannais (famille maternelle). Cette ville est très agréable et il y règne une douceur de vivre plaisante. N hésitez pas à la visiter😊
Benoite
13 juillet 2022 @ 15:32
Merci Guizmo, de ce récit de visite. NR donne des articles cartes postales de qualité, où la curiosité de découvrir une région de France, ou d’ailleurs (aussi bien) et des monuments, est plus que satisfaite de par ces léctures, et photos.
Une visite en effet ludique et historique pour ceux qui ne peuvent se déplacer, et qui peut aussi faire revenir des beaux souvenirs aux autres. Les comms y sont toujours assez souvent, pleins de bons messages. et de satisfaction.