Voici la carte postale de Villemaur-sur-Vanne et son jubé vieux de 500 ans par Guizmo. « La commune de Villemaur-sur-Vanne est une commune déléguée de la nouvelle commune d’Aix-Villemaur-Pâlis suite à sa fusion avec les communes d’Aix-en-Othe et de Palis.
Villemaur-sur-Vanne est un petit village français situé dans le département de l’Aube et la région du Grand Est (anciennement région Champagne-Ardenne). Ses habitants sont appelés les Panadiers et les Panadières.
La petite commune de Villemaur tient son nom de sa localisation, car elle est initialement bâtie autour d’un cimetière. On l’a tout naturellement appelée « Ville-Mort », avant de changer son nom au XVIIe siècle.
Dès le Haut Moyen Âge, le village jouit d’une importance stratégique non négligeable, car il se trouve au cœur du puissant et indépendant comté de Champagne, sur la route qui mène de Sens à la ville de Troyes, haut lieu du commerce en France.
La région de Villemaur-sur-Vanne est, en outre la terre de naissance des Templiers, le village de Payns, dont est originaire le fondateur de l’ordre, se trouve tout près, et de ce fait, de nombreuses commanderies fleurissent dans la région et assurent une certaine prospérité aux alentours.
Le village devient rapidement une seigneurie indépendante. Au XIIIe siècle, Villemaur-sur-Vanne était une ville importante et fortifiée, un centre d’échanges commerciaux avec quatre foires annuelles.
Un château médiéval se situait au sud-est de la ville et une église au nord. Elle deviendra la collégiale Notre-Dame accueillant neuf chanoines. Elle est la principale trace qu’il nous reste de cette époque.
La collégiale s’impose dans le paysage grâce à sa tour clocher, unique dans l’Aube, d’une hauteur de 33 mètres et recouverte de bardeaux de châtaigner datant du XVIe siècle.
Au XVe siècle, on découvre non loin de là de grandes richesses naturelles : forges, bois, minerais enfouis dans la forêt d’Othe. Ces ressources font la fortune de Villemaur: c’est à cette époque que sont entrepris les travaux de rénovation et de décoration de la collégiale Notre-Dame de l’Assomption.
La collégiale Notre-Dame accueillait alors jusqu’à neuf chanoines. Cette collégiale est la principale trace qu’il nous reste de cette époque. Elle s’impose dans le paysage avec à sa tour clocher de 33 mètres de hauteur recouverte de bardeaux de châtaigner datant du XVIe siècle
La collégiale de Villemaur-sur-Vanne recèle plus d’une particularité. Le clocher en charpente est très original et est en fait un ancien beffroi . Cette tour-clocher du XVI ème siècle est recouvert de lame de bois prélevés dans la forêt d’Othe. Sa sobriété pieuse et surtout son jubé magnifique en font un édifice emblématique du pays d’Othe.
L’architecture sobre du chœur et du transept du XIII ème siècle et la nef du 16 ème sont couverts d’un beau cerceau de bois. La pierre calcaire et le bois intimement liés confèrent au trésor de cette église « le jubé », toute son importance.
Merveilleux livre d’instruction et de médiation à l’usage des pèlerins du Moyen Age, signé et daté de 1521. C’est le plus important et le plus riche des jubés de bois subsistants en France.
Avant tout, qu’est-ce qu’un jubé ? Il s’agit d’une structure en hauteur, qui sépare le chœur et la nef d’une église et qui porte souvent une galerie ou coursive, décorée de bas-reliefs.
Séparant le chœur, où s’installent les clercs, des fidèles, c’est un élément que l’on trouvait fréquemment dans les églises construites avant la Renaissance et les changements introduits par le Concile de Trente.
Son nom vient du premier mot de la prière latine : Jube, Domine, benedicere. C’est en effet l’ancêtre de la chaire à prêcher qui n’apparaît qu’au XVIe siècle : du haut du jubé, dans les églises paléochrétiennes, et jusqu’au Moyen Âge, le clerc fait la lecture des épîtres et de l’évangile.
Si le jubé est aujourd’hui une construction assez rare, car beaucoup ont été détruits suite à la Réforme introduite par le concile de Trente. Certains subsistent encore et font la fierté des églises.
La partie avant de la collégiale, le chœur et le transept, datent tous deux du XIIIe siècle, tandis que la nef a été retravaillée aux XVe et XVIe siècle.
Le jubé, lui, a été conçu par les frères Thomas et Jacques Guyon, en 1521. À la manière d’une bande dessinée, ils représentent des scènes issues de l’Ancien Testament : la Vie de la Vierge et la Passion du Christ. Les figures sont inspirées par les gravures allemandes d’Albrecht Dürer, Cranach l’ancien et Schongauer.
Mais les œuvres d’art locales ont également été sources d’inspiration pour les artistes : les panneaux sculptés de « la Cène » et de « l’Entrée du Christ dans Jérusalem » sont inspirés des vitraux du chœur de l’église de la Nativité de la Vierge, à Bérulle, village voisin de Villemaur-sur-Vanne. Ces vitraux sont d’ailleurs référencés dans la Route du vitrail dans l’Aube.
Les sculptures du jubé tiennent un vrai rôle pédagogique auprès des pèlerins qui viennent prier à Villemaur. Souvent illettrés, ces pèlerins n’avaient accès aux Saintes Écritures qu’à travers les sermons des prêcheurs et les représentations picturales, les vitraux, les icônes.
Construit en bois et en pierre calcaire, le jubé est également orné de motifs bas-reliefs finement ciselés, d’un côté en style gothique flamboyant et de l’autre en style Renaissance, d’influence italianisante. Autrefois polychrome, il s’agit de l’un des jubés les plus riches et monumentaux du fabuleux style champenois.
Ce jubé a commencé a être démantelé après 1905 et vendu par panneaux mais les villageois les rachetèrent ce qui permis sa restauration. Il était encore polychrome en 1960.
En 1857, à la demande des Monuments Historiques, le jubé est restauré par le sculpteur troyen Valtat. Cette restauration demeure néanmoins limitée aux parties décoratives, comme le constate l’inspecteur des Monuments Historiques en 1895.
1907, la commune de Villemaur songe à vendre le jubé pour financer l’installation d’une canalisation d’eau. Les panneaux sont démontés à la suite de ce projet mais leur remise en place est rapide, le ministère ayant refusé la vente du monument.
A l’extérieur, une étonnante tour de plan carré couverte jusqu’au sol d’essences de châtaignier, reconstruite après l’incendie qui dévasta la Cité en 1446, fait office de clocher au sanctuaire.
A voir aussi, une halle de type Baltard construite en 1889, accueille les marchés du mercredi et du samedi matin, qui font partie des 100 plus beaux marchés de France.
Circuit découverte de la richesse de l’activité textile des XIXe et XXe siècles (anciens locaux des usines textiles, maisons des riches patrons bonnetiers).
Le marais de Villemaur, qui s’étend sur une superficie de 22 hectares, est inscrit depuis 1991 à l’inventaire des zones naturelles d’intérêt écologiques, faunistiques et floristiques.
Il est un des derniers vestiges des tourbières qui enserraient autrefois la vallée de la Vanne. C’est un refuge d’espèces végétales et animales en voie d’extinction. Passé le rideau d’aulnes et de frênes, s’ouvre une vaste roselière parsemée de bouleaux. A proximité de la rivière, la pâture devient plus humide et les roseaux laissent place aux touffes de laîches, des plantes à feuilles coupantes.
Plusieurs événements et visites guidées sont organisés tout au long de l’été et notamment le week-end du 14 et 15 août 2021.
Collégiale de Villemaur-sur-Vanne – 2 rue de l’Eglise – 10190 AIX-VILLEMAUR-PÂLIS »
Régine ⋅ Actualité 2021, Cartes postales, Eglises, France 12 Comments
Pistounette
12 août 2021 @ 04:53
Reportage très intéressant d’une région que je connais mal… et cette collégiale, vraiment une merveille !
Merci Guizmo
cerodo
12 août 2021 @ 06:06
Guizmo je lis tous vos posts même si je ne les commente pas. Merci pour vos cartes postales – entre autres.
Marnie
12 août 2021 @ 07:48
Merci pour cet intéressant reportage sur un village que j’ai découvert grâce à mon travail, tout comme l’Aube en général qui est un département qui vaut le détour et la visite même si on y pense pas forcément pour faire du tourisme.
Juste 2 corrections : vous vouliez sans doute dire « couverts d’un beau Berceau de bois »… Et je précise que la halle Baltard se trouve à Aix-en-Othe et non à Villemaur-sur-Vanne.
Ciboulette
12 août 2021 @ 19:30
Remarquables édifices , tant à l’extérieur qu’à l’intérieur . Je ne connaissais pas , et je vous remercie , Guizmo , de me les faire découvrir .
Annie
12 août 2021 @ 08:15
Merci ! J’ai appris beaucoup de choses.
Aldona
12 août 2021 @ 08:25
Merci pour ce reportage très enrichissant d’une région que je ne connais pas ou si peu.
Dillon
12 août 2021 @ 08:30
Merci Guizmo pour ce magnifique reportage ! Je suis bénévole dans l’organisation des 500 ans du jubé de la Collégiale et je peux vous assurer que le maire actuel de notre commune a apprécié à sa juste valeur cet article très exhaustif !
Vitabel
12 août 2021 @ 08:56
Merci Guizmo pour ce très beau reportage.
Kalistéa
12 août 2021 @ 09:36
J’ai appris beaucoup de choses , merci Ghismo car ce village et ses merveilles était jusqu’ici totalement inconnu de moi;; .d’où l’intérêt de ce site qui n’est pas heureusement uniquement un RV où l’on reçoit insultes et injures à propos de princesses qu’on apprécie ou pas .et souvent sans pouvoir répliquer!
Danielle
12 août 2021 @ 10:19
L’intérieur de cette collégiale ainsi que la halle sont superbes.
Merci Guizmo.
luigi
12 août 2021 @ 12:31
Très bel article Guizmo, comme toujours..
Trianon
13 août 2021 @ 15:28
Merci Guizmo,je connais Bercenay en othe,je n ai pas encore regardé quelle distance les sépare