Voici la carte postale de Guizmo du château de La Celle-Saint-Cloud, haut lieu de rencontres diplomatiques et de conférences internationales.
« Le lieu de retraite supposé de Clodoald, petit-fils du roi Clovis, au VIe siècle, serait à l’origine du domaine de La Celle Saint-Cloud aujourd’hui propriété du ministère des Affaires étrangères.
La terre de La Celle, située sur le domaine royal, est donnée à l’abbé Vandremar qui la réunit au monastère Sainte-Croix-Saint-Vincent vers 697, connu après la mort de son fondateur sous le nom d’abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Le bâtiment de l’hospice, à l’origine du château, destiné aux religieux et aux nécessiteux, est transformé à de nombreuses reprises.
L’abbaye de Saint-Germain-des-Prés vend le domaine en 1616 à Joachim Sandras. Le corps de logis central est construit à cette époque. Il complète le pavillon construit par les moines. La maison connaît ensuite plusieurs propriétaires, puis le duc de la Rochefoucauld la fait achever sous Louis XIV.
La proximité du domaine de La Celle avec le château de Versailles attira en 1748 la Marquise de Pompadour, favorite du Roi Louis XV, qui y fit aménager seize appartements de maîtres, des écuries ainsi que des jardins à la française dessinés par Le Nôtre.
Elle fait reconstruire le logis central et édifier une aile à l’ouest. Le grand chemin pavé de Versailles à La Celle Saint-Cloud est créé pour la favorite de Louis XV qui y est reçu plusieurs fois. Elle le nomme “le petit château. »
À partir de 1750, Jacques-Jérémie Roussel, fermier général, remplace Madame de Pompadour et construit le pavillon et l’aile nord. Le château acquiert alors sa forme actuelle. C’est l’un des rares châteaux de plaisance aménagé au XVIIIe siècle en Ile de France à être dans un état proche de l’origine.
Le Duc de la Vauguyon, Pair de France, lui succède avant de céder le bien à Louis Pierre Parat du Chalandray. Il fait transformer les parterres à la française du château en jardin anglais par le paysagiste Morel, de Lyon, à partir de 1776.
Le château change à nouveau de propriétaire en 1804, avec le vicomte Morel de Vindé, Pair de France et membre de l’Académie des Sciences, Il entretient l’un des plus beaux troupeaux de moutons mérinos de France et y reçoit Louis XVIII.
La fin du XIXe siècle voit à nouveau le château passer de mains en mains : en 1844, Jean-Pierre Pescatore l’acquiert, jusqu’en 1855. Il contribue à embellir le parc avec l’aide des frères Bulher, architectes paysagistes de renom.
Jean-Pierre Pescatore, homme d’affaires luxembourgeois, acquiert la nationalité française et devient Maire de La Celle Saint-Cloud en 1852. Il est à l’origine de l’implantation dans le parc d’arbres étrangers, de superbes arbres d’ornements, que l’on peut encore admirer aujourd’hui et sa collection d’orchidées est réputée. Il ajoute une orangerie, des serres et un manège.
Elisabeth Dutreux, sa nièce, hérite du domaine en 1855. Tony Dutreux, son fils, réalise de nombreux travaux. Auguste Dutreux, le dernier propriétaire privé, entreprend en 1926 de rendre au bâtiment son allure du XVIIIe siècle avec le concours de l’architecte André Destailleur.. Napoléon III y est notamment reçu.
Par voie de succession, le château reste près d’un siècle en possession de la famille Dutreux. Durant la guerre, la grande duchesse Charlotte de Luxembourg y trouve refuge pendant une semaine puis les Allemands occupent les lieux.
Le propriétaire Auguste Dutreux émet le souhait que le château et le parc soient conservés dans leur intégralité et les lègue le 7 février 1951 au ministère des Affaires étrangères. Le domaine, inscrit à l’inventaire des sites pittoresques des Yvelines, est aujourd’hui un haut lieu de rencontres diplomatiques et de conférences internationales, ainsi qu’une résidence de repos du ministre des Affaires étrangères.
Ce sont les termes mêmes de cette donation qui rendent délicate la visite du château devenu résidence privée d’un membre du gouvernement : »…les biens donnés seront réservés à l’usage du ministère des Affaires étrangères et ne pourront être utilisés que par le ministre des Affaires étrangères lui-même, sa famille, ses invités personnels ou officiels, sans pouvoir être affectés à aucun autre usage, même provisoirement, notamment à la création d’oeuvres sociales, sportives ou autres, qui feraient ainsi perdre aux biens donnés leur caractère de propriété privée à usage personnel… »(extrait de la donation Dutreux-Noroy, 7 février 1951).
Le domaine accueille depuis 1955 des hôtes officiels étrangers, des réunions de diverses natures et abrite des conférences internationales.
Le roi Mohammed V du Maroc, le prince cambodgien Norodom Sihanouk, Jackie Kennedy ont fréquenté le domaine. Peu avant d’accéder à la présidence de l’Afrique du Sud en 1994, Nelson Mandela, affaibli, vient s’y repose. « Je n’ai jamais vu d’aussi beaux arbres », dit-il en arrivant à ses hôtes. En 2015, festivités célébrant les 50 ans de relations diplomatiques entre la France et la Mongolie y ont été organisées.
Fin 2013 et sous l’impulsion du ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius et de sa compagne Marie-France Marchand-Baylet, présidente de Flag-France Renaissance, l’orangerie est restaurée et le parc du château accueille de nombreuses sculptures d’artistes plasticiens contemporains. Il sert régulièrement de lieu d’exposition pour des artistes français ou étrangers.
L’aménagement intérieur est un témoignage intéressant de la décoration privée de la première moitié du XXe siècle.
Le jardin est principalement inspiré des maraîchers parisiens du XIXe siècle exerçant la permaculture, science qui a pour but la réalisation de sociétés humaines écologiquement soutenables.
Aménagé en fonction du soin à apporter aux différentes cultures, le jardin bio se divise en cinq parties, de celles qui demandent beaucoup de travail à celles qui en demandent le moins. On peut ainsi découvrir un potager bio intensif et observer les différents légumes que les jardiniers s’efforcent de faire pousser, sans oublier la prairie rase avec tous les arbres fruitiers, les légumes peu exigeants, un poulailler et un espace de repos. Il y a aussi des prés vergers qui regroupent toutes les exploitations fruitières ainsi que des ruches, le bois comestible, constitué de plusieurs variétés. Ou encore le bois sauvage où trône une petite mare et la flore sauvage francilienne.
Le domaine est aujourd’hui ouvert au grand public lors des Journées du Patrimoine et tous les mardis de 14h à 17h pour les établissements scolaires et les associations celloises sous réservation (c’est comme çà que j’ai pu le visiter – seule la partie basse était visitable ).
Le parc du château a été classé parmi les sites du département des Yvelines en mars 1985.Le château est inscrit au titre des monuments historiques en 1978.
Château de la Celle Saint-Cloud – 4, rue Pescatore La Celle-Saint-Cloud, La Celle-Saint-Cloud, 78170
Pour plus de détail concernant ce château : « Le petit château de la Celle-Saint Cloud » de Auguste Dutreux (Auteur), Douchan Stanimirovitch (Illustrations)
Régine ⋅ Actualité 2021, Cartes postales, Châteaux, France 12 Comments
cerodo
9 juillet 2021 @ 01:58
merci Guizmo pour cette intéressante et détaillée carte postale.
Pistounette
9 juillet 2021 @ 03:01
Merci Guizmo
Plus « reportage » que « carte postale », mais récit très intéressant… comme à votre habitude. Le patrimoine de Paris / région parisienne est aussi très riche en monuments de qualité
Michelle
9 juillet 2021 @ 03:24
Merci Guizmo, tourjours délectables de lire de reportages complets et intéressants.
Bambou
9 juillet 2021 @ 06:17
Magnifique château !
Aristocrate
9 juillet 2021 @ 07:43
Dommage pour la première photo qui ne s’affiche pas sur mon appareil, le reste est très bien. Merci Guizmo.
Philppe Gain d'Enquin
9 juillet 2021 @ 08:34
Au château de La Celle la seule question d’usage est, naturellement : « Comment allez-vous ? » Savoir pourquoi…
Laurent F
10 juillet 2021 @ 06:19
😂😂😂
Philppe Gain d'Enquin
11 juillet 2021 @ 17:35
Serviteur !
Laurent F
9 juillet 2021 @ 10:20
une belle découverte !
Danielle
9 juillet 2021 @ 15:07
Un beau logement pour M. le Ministre des Affaires Etrangères qui doit aussi apprécier le parc.
J’aime beaucoup les sculptures dans les niches.
Merci Guizmo pour l’histoire de ce château.
vieillebranche
9 juillet 2021 @ 21:07
Merci beaucoup pour cette documentation –
Philppe Gain d'Enquin
11 juillet 2021 @ 18:01
Serviteur !