Voici la carte postale du palais épiscopal de Meaux par Guizmo. « La cité épiscopale de Meaux, correspond à l’ancien quartier ecclésiastique de la ville au Moyen âge et sous l’ancien régime.
Cité florissante du temps des Meldes — dont le gentilé, les Meldois et Meldoises, est tiré —, la cité épiscopale était ceinte de remparts dont il reste encore des vestiges.
Au Moyen Âge, cette cité s’étendait du nord de la cathédrale jusqu’aux remparts. Elle présente encore une physionomie proche de celle du XIIe siècle, ce qui en fait un ensemble architectural unique en Île-de-France, en particulier avec sa cour fermée. Dans une rue adjacente, une maison de chanoine est encore visible.
Construit dans la première moitié du XIIe siècle, le palais épiscopal de Meaux est le résultat d’apports architecturaux successifs issus des périodes médiévale, moderne et classique.
Constitué aujourd’hui par deux séries de bâtiments accolés dans le sens de la longueur, la résidence des évêques ne comprend à l’origine que le bâtiment donnant sur le jardin et la chapelle qui lui est attenante.
C’est aux XVIe et XVIIe siècles que le palais doit son apparence actuelle. Les évêques qui se succèdent à cette époque sont à l’origine de la modernisation de la demeure épiscopale.
L’évêque Guillaume Briçonnet (1516-1534) est le premier à entreprendre des travaux. Un siècle plus tard, Dominique Séguier (1637-1659) modernise l’aspect architectural du palais sous le goût du classicisme.
Le Cardinal de Ligny (1659-1681), neveu de l’évêque Séguier et son successeur, fait construire à cette extrémité, sur la terrasse engagée dans le rempart, un petit pavillon près duquel il fit planter une allée d’ifs encore existante.
Au gré des guerres et des turbulences, le palais épiscopal a été le refuge de plusieurs personnages historiques. Marie-Antoinette et Louis XVI ont dormi dans le palais épiscopal, lors de leur retour de la fuite de Varennes…
Avant ça, on raconte que le centre-ville de Meaux était la résidence de Gabrielle d’Estrées (la maîtresse d’Henri IV) et Napoléon y est passé pendant plusieurs trajets de campagnes….
Jusqu’à la Révolution française, la cité épiscopale de Meaux conserve une fonction religieuse par excellence, quartier ecclésiastique jouxtant la ville laïque. Sous la Révolution, le palais épiscopal est vidé de son mobilier et transformé en prison puis en dépôt d’objets d’art confisqués aux immigrés. Sous le Consulat, l’édifice est rendu à l’autorité épiscopale et devient de 1800 à 1825 à la fois résidence de l’évêque et sous-préfecture.
En 1905, suite à la loi de séparation de l’église et de l’état, le palais est racheté par la ville de Meaux. Aujourd’hui et ce depuis 1927, l’ancienne résidence des évêques qui, à l’exception de la chapelle haute, a été restaurée dans l’état le plus proche possible de celui qui était le sien lors de l’épiscopat de Jacques Bénigne Bossuet et est devenu le musée municipal que je vous propose de visiter. Il ouvrit ses portes en 1927 et porte le nom de Bossuet en hommage au souvenir du grand prélat qui l’habitat.
Le musée municipal de Meaux, aménagé dans le palais épiscopal, Ainsi, depuis le début du XXe siècle, c’est à une fonction culturelle et patrimoniale que la cité épiscopale de Meaux est destinée.
Durant la guerre de 1939-1945, les parties souterraines du palais épiscopal servirent d’abri lors des alertes aériennes.
On accède au palais par une rampe d’accès, qui permettait au mulet de monter jusqu’au grenier, le long de laquelle de nombreux tableaux représentent les évêques de Meaux successifs.
Au rez-de-chaussée, deux magnifiques salles, séparées par un mur épais, occupent toute la longueur du bâtiment. Chacune des salles est divisée en deux nefs par une file de colonnes Les bases de ces colonnes présentent les griffes caractéristiques du XIIe siècle tandis que les chapiteaux, d’un style plus avancé, présentent un décor végétal orné de volutes, évoquant déjà de véritables crochets gothiques.
La chapelle double date de la seconde moitié du XIIe siècle. Au rez-de-chaussée, on accède à la chapelle basse par la salle de l’officialité. Cette chapelle, divisée en plusieurs pièces par des cloisons, présente une voûte d’arêtes et se termine à l’Est par une voûte en cul-de-four percée d’une fenêtre en lancette. Au second niveau, la chapelle haute possède une nef voûtée d’ogives de deux travées séparées par un arc-doubleau et se termine par un chœur absidial voûté en six quartiers d’ogives et éclairé par trois longues fenêtres en tiers-point.
La salle située à droite de la montée est connue sous le nom de salle Changeux. Donnant accès à la chapelle haute, elle était autrefois divisée en deux espaces occupés par des chambres. Actuellement, cet espace accueille la toute première salle du musée Bossuet dédiée à la fin du maniérisme.
La salle du Synode, appelée ainsi parce que ces assemblées s’y sont tenues autrefois, est aujourd’hui une pièce aux dimensions imposantes et au plafond charpenté constitué de trois poutres maîtresses. Quatre fenêtres caractéristiques du XVIIe siècle donnent sur le jardin . Aujourd’hui, elle accueille une collection de peintures du XVIIe siècle et présente des artistes tels que Claude Vignon (1593-1670) Jacques Blanchard (1600-1638), Bon Boullogne (1649-1717) ou encore Noël Coypel (1628-1707).
A droite de la salle du Synode se trouve le salon des Evêques dit Antichambre : une salle ornée d’une jolie cheminée en marbre datant de l’époque de Louis XIV. Dans cette pièce sont exposées les œuvres d’artistes qui se sont illustrées dans le courant néo-classique, entre 1715 et 1830.
Située à la suite du salon des évêques, la chambre du roi ou chambre de l’évêque est sans aucun doute la plus belle pièce du palais. Cette dernière est ornée de boiseries finement sculptées datant de l’épiscopat d’Antoine René de La Roche de Fontenille entre 1737 et 1759. Elle contient également une élégante cheminée en marbre rouge de l’époque de Louis XV au-dessus de laquelle une boiserie encadre en bas une glace et en haut une représentation de l’Adoration des mages. Cette pièce qui était autrefois la chambre de Jacques-Bénigne Bossuet (évêque de Meaux de 1681 à 1704) fut nommée chambre du roi car dans la nuit du 24 au 25 juin 1791, elle accueillit le roi Louis XVI, ramené de Varennes. Elle accueille dorénavant, une partie de la collection de peintures du XVIIIe siècle.
Le cabinet Bossuet ou la chambre de la Reine, à la suite de la chambre du Roi, servait autrefois de cabinet de travail à Bossuet. Alors que le roi Louis XVI occupa la chambre de l’évêque, la reine Marie-Antoinette et les deux enfants passèrent la nuit dans cette pièce, d’où son nom.
La salle Renaissance dite Salle Moissan, autrefois appelée la deuxième salle du palais épiscopal. Aujourd’hui, cette salle rassemble la collection de tableaux réunis par Henri Moissan, prix Nobel de chimie en 1906 et amateur d’art.
Léguée à la ville de Meaux à la veille de la Grande Guerre, par Louis son fils unique, cette collection réunit des artistes contemporains de Moissan tels que Gustave Courbet (1819-1877), Eugène Delacroix (1798-1863), Jean François Millet (1814-1875), Charles François Daubigny (1817-1878) et forme la majeure partie du fond XIXe du musée.
Une antichambre, dite Salle Troubadour, dans le prolongement abrite la collection d’apothicairerie du musée provenant de l’ancien Hôtel-Dieu de Meaux.
Le palais épiscopal, les bâtiments et éléments suivants en dépendant ont été classés au titre des monuments historiques arrêté du 29 août 1984. »
Régine ⋅ Actualité 2023, Cartes postales, Eglises, France 17 Comments
Pistounette
25 août 2023 @ 02:11
Reportage très intéressant et très bien documenté… comme d’habitude. Seul dommage… un peu loin de Juan, mais noté pour un prochain séjour en Île-de-France.
Merci Guizmo et bonne journée
Alice
25 août 2023 @ 05:25
Merci Guizmo pour cet excellent article, très bien documenté et détaillé. Une ville et un musée à visiter !
Benoite
25 août 2023 @ 06:04
L’allée originale ici pour les mulets, anes me ramène à un chateau de la Loire, dont je poste ici le lien.. https://www.batiedurfe.fr/
mais je reviens ici,
Benoite
25 août 2023 @ 06:14
L’allée originale ici pour les mulets des ânes me ramène à un château de la Loire, 42 dont je poste ici le lien.. https://www.batiedurfe.fr/ je l’ai visité celui ci.
mais je reviens ici, à Meaux, il me semble que les Postes Françaises, avaient émis un timbre poste sur les remparts d’une des villes de ce département 77 Seine et Marne, je pense que ce sont ceux de Provins. je ne retrouve rien sur ce timbre.
Les visites et promenades sont toujours excellentes de découvertes, très belles photos, et commentaires leur convenant à merveille. Que de belles villes et monuments chacun (e) avec son HISTOIRE très loin dans le temps.. Merci encore Guizmo, l’été a largement anticipé ici sur NR, avec vous,, la journée du Patrimoine de septembre à venir..
Benoite
25 août 2023 @ 06:33
Pour le château de la Bastide d’Urfé, département de la Loire 42, il y avait aussi une rampe d’accès cavalière, les gentilhommes pouvaient atteindre le 1er niveau avec leurs montures.
Et la photo de Guizmo la n° 2 et la n°3 me rappelent aussi un peu un petit château-musée sur Henri IV, dans la ville de Nerac Lot et Garonne (47) où il y a une jolie colonnade mais en balcon.. à l’étage. Je n’ai pas visité ce château.
il a un lien ce château
https://chateau-nerac.fr/ je sais que je nourris l’article ici de Guizmo, mais les souvenirs que j’ai à la visite (lecture ) de sa promenade, m’ont ramené à des souvenirs de 40 ans passés, soit par une visite de la Bastide d’Urfé, et pour le château musée d’Henri IV, à une carte postale. Je m’intéresse énormément à l’Architecture de la France, et je complétais mes connaissances, avec des jolies cartes postales…
Que Guizmo me pardonne si je me livre tjrs à des comparaisons architecturales, ou vestimentaires, au travers de ses visites cartes postales, je m’en voudrais d ‘envahir son bel espace de connaissances, et je respecte bcp ses temps de liberté consacrés à nous apporter des sorties très documentées.
Guizmo
25 août 2023 @ 06:36
J’ai oublié de préciser que j’ai fait cette visite avec un guide conférencier de la ville vraiment très intéressant, passionnant et passionné. Merci à lui d’avoir pris le temps de répondre à toutes nos questions.
Baboula
25 août 2023 @ 08:03
Merci ce nous faire partager vos visites . Y-a-t-il un musée pour la savoureuse moutarde de Meaux ?
😀Pistounette
25 août 2023 @ 10:45
Vous avez raison de préciser, chère Guizmo… quand on peut lire l’absurdité des commentaires de certaines personnes (dont au demeurant c’est la seule activité : ces commentaires… ), qui ne se rendent même pas compte du travail que demande un reportage tel que celui-là
Bonne journée
Perlaine
26 août 2023 @ 13:02
Pistounette , inutile d’inférioriser les participants à ce site qui ont tous des côtés intéressants , quant à vous , vous n’avez pas été la dernière à vous fourvoir ou plutôt à nous mettre en situation difficile avec un certain site qu’il aurait mieux valu éviter . ce n’est pas vos copier-coller de sites espagnols que nous sommes , pour certains , capables de lire qui sont les plus transcendants , je retire bien plus de certaines réflexions que ces sempiternels laïus pris sur le net ! Ceci évidemment ne vaut pas pour les reportages de Guizmo qui sont de qualité .
Perlaine
27 août 2023 @ 08:58
veuillez bien lire fourvoyer au lieu de fourvoir – merci
Baboula
28 août 2023 @ 15:29
Travail quel grand mot ! Si vous êtes vraiment dans ces pays ce sont des souvenirs que vous nous racontez mais si vous recopiez des guides touristiques alors quel boulot !
A propos, vous n’avez jamais fini votre reportage en Australie .
Gatsby
25 août 2023 @ 09:11
Merci Guizmo pour cette visite documentée à laquelle j’ai pris beaucoup de plaisir et où j’ai appris que Louis XVI et sa famille avaient dormi à Meaux sur le chemin de retour de Varennes.
Danielle
25 août 2023 @ 10:38
Ce reportage et ces photos me donnent envie de revisiter Meaux, merci Guizmo.
Pascale
25 août 2023 @ 11:33
Merci beaucoup, Guizmo, pour ce reportage détaillé et fort intéressant. En travaillant à l’établissement de ma généalogie, j’ai découvert qu’un de mes arrière-grands-oncles était chanoine à la cathédrale de Meaux. C’était une famille de petits rentiers de province, comme il y en avait encore avant la première guerre mondiale, la crise des emprunts russes et celle de 1929. À la fin du 19eme siècle, son père est décédé alors qu’il avait 8 ans. Sa mère ne pouvait gérer son patrimoine seule car, à l’époque, les femmes n’avaient pas le droit d’avoir un compte en banque seules, à leur nom. Sans métier, elle a dû » se placer » comme cuisinière, donc un emploi à plein temps et logée sur place, ce qui ne lui permettait plus d’élever son enfant. Comme il était doué pour la musique, les chanoines de Meaux l’ont pris en pension. Ils constituaient en effet un choeur très réputé pour les grandes messes. Cet homme est devenu lui-même chanoine et a été en quelques sortes sauvé par la musique et la religion. Sinon, il aurait dû passer par la case de l’orphelinat puis celle de domestique. Cher Guizmo, savez-vous s’il existe encore un choeur de chanoines et d’enfants à Meaux? Étant donné qu’il y a de moins en moins de prêtres, ce serait étonnant. Mais il y a sans doute, comme partout, un choeur de laïques qui a repris le flambeau. En tous cas, les édifices et la cathédrale sont magnifiques.
Jacob van Rijsel
25 août 2023 @ 12:51
Très intéressant. Merci.
laude Patricia
25 août 2023 @ 16:28
Je n aime pas.
Je le préfère mi fait. Un peu plâtre comme je l appelle.
Hervé J. VOLTO
30 août 2023 @ 19:28
Histoire du palais episcopal de Meaux.
https://www.musee-bossuet.fr/fr/cite-episcopale/le-palais-episcopal-de-meaux.html