Voici la carte postale de Pont d’Ain par Guizmo. « Pont-D’Ain est une commune de l’Ain, en région Auvergne-Rhône-Alpes, à 11 km au nord d’Ambérieu-en-Bugey.
Elle doit son nom à la présence dès l’Antiquité puis le Moyen Âge d’un pont qui était alors le seul moyen de franchir le cours de l’Ain dans la région. Le territoire de la localité s’étend de part et d’autre de la rivière, et couvre 11 km².
Le village s’est développé justement grâce à sa position stratégique, entre régions naturelles et historiques du Bugey, du Revermont et de la Bresse,
A l’époque où la bourgade appartenait au Duché de Savoie (du 13ème au 16ème siècle), le pont érigé sur l’Ain, à cette époque en bois et à proximité du Château, était à la fois un verrou stratégique et une source de revenus.
Pont-d’Ain a toujours été un lieu de passage important qui prit très tôt de l’importance grâce, en particulier, au transit des grains entre la Bresse et Nantua.
A l’origine, le village se trouvait au pied du château, enfermé dans les remparts. Aujourd’hui, c’est le quartier de la place Davinet.
Ce n’est qu’à partir du XVIIIème siècle que le village se développa vers l’ouest. Sur le plan cadastral de 1807, seules quelques maisons sont édifiées à l’emplacement du carrefour actuel.
Gérard de Nerval, dans son ouvrage « Voyage en Orient » (1851) raconte la halte qu’il fit dans une auberge à Pont d’Ain : « […] je visite le village composé d’une seule rue encombrée de bestiaux, d’enfants et de villageois avinés …», mais il ajoute : « je reviens en suivant le cours de l’Ain, rivière d’un bleu magnifique dont le cours rapide fait tourner de nombreux moulins […] ».
Rendue à la France, la commune de Pont d’Ain a continué à tirer profit de la circulation des hommes et des marchandises, en particulier de l’octroi sur le pont routier et du flottage du bois sur l’Ain. Grâce à sa rivière, Pont d’Ain connut très tôt une renommée de lieu de transit des marchandises provenant des villages en amont et en particulier pour le flottage des bois jusqu’à Lyon.
Les radeaux étaient formés par des arbres entiers attachés entre eux. Leur largeur était calculée en fonction de la dimension des arches des ponts à franchir. Les radeliers faisaient étape sur le quai du port (actuel quai Justin Reymond) construit sur l’emplacement d’un marécage dont une partie était aménagée pour recevoir ces bateaux plats et autres radeaux.
Au début du XIXème siècle, l’Ain se franchit toujours à l’aide du bac. Le passage se fait au moyen d’une corde traversant la rivière, attachée à la partie supérieure de deux poteaux placés sur les deux rives. Une poulie et un treuil incliné, servent à tendre et à détendre cette corde.
Les bacs installés sur l’Ain sont identiques à ceux utilisés sur la Saône : bateau à fond plat, aux bordages galbés, dont les extrémités relevées permettent l’accostage : leur longueur est de dix mètres environ et leur largeur de quatre. C’est la construction des barrages hydroélectriques qui sonna le glas de cette route fluviale, vers 1934-1935.
Progressivement, l’idée de construire un pont en pierre avance et malgré de nombreuses protestations, les fondations seront entreprises et le pont sera construit et ouvert à la circulation dans l’été 1887.
Le 18 août 1897, il accueille le premier tramway de la ligne Pont d’Ain – Jujurieux, ce qui n’aurait pu être réalisé avec le pont suspendu. Ce double rôle de pont routier et ferroviaire durera jusqu’à la fermeture de la ligne de tramway le 1er mars 1934.
Du premier château, il ne reste probablement rien. C’est Amé V dit le Grand, seigneur incontesté de la Bresse et de tout le Bugey, qui fit reconstruire le pont sur la rivière d’Ain, releva le château de ses ruines et le fortifia au XIVe siècle.
C’est lui encore qui, le 21 avril 1319, octroya aux habitants de Pont-d’Ain une charte de franchises, à l’origine de leurs droits civils. C’est lui qui a réuni à la Savoie, la Bresse, le Revermont et la partie méridionale du Bugey par son mariage avec Sybille de Bâgé.
Il acquit en 1289 le château de Pont d’Ain à Robert, duc de Bourgogne. Il fut institué un atelier de frappe de monnaie.
Les seigneurs, chargés de l’administration avaient des agents subalternes pour veiller à la tranquillité publique. Ainsi, on peut lire dans les archives de ces seigneuries que «Pierre Guillet a été condamné à une amende de 10 sous pour avoir frappé un taureau avec un râteau», ou encore, moins drôle, «frais d’exécution de Pierre Bel, voleur, et de Robert de Nécudey (hameau de Pont d’Ain encore actuellement), guetteur, qui l’avait fait échapper de la prison et tous deux pendus».
La maison de Savoie le gardera uni à ses possessions pendant près de trois siècles en titre de chef-lieu de châtellenie et de mandement. Selon Guichenon : » Les princesses de Savoie y venoient accoucher et y faisoient élever leurs enfants... » C’est ainsi que naquit à Pont d’Ain, en 1476, Louise de Savoie et quatre ans plus tard, son frère Philibert le Beau. Ces deux personnages devaient occuper une place importante dans l’histoire de France.
L’une est la mère de François Ier, futur roi de France qui séjourna lui-même au château de Pont d’Ain en 1546. L’autre fut l’époux tant aimé de Marguerite d’Autriche. Inconsolable à la suite de la mort accidentelle et prématurée de son bien-aimé, elle décida la construction de l’Eglise de Brou, « ce dernier et harmonieux soupir de l’art gothique »
Le château connut des moments fastes et d’autres difficiles, selon la personnalité de ses occupants. Ainsi, Philibert II dit le Beau et son épouse, Marguerite d’Autriche, fille de l’empereur d’Allemagne, firent vivre aux lieux une époque brillante. Veuve en 1504, Marguerite commença alors à s’occuper de la fondation de l’église de Brou.
Le seul vestige de cette époque «glorieuse» est l’escalier monumental, connu sous le nom de « tour Marguerite ». Sur l’une des solives, on peut encore y lire : « Claude Brebier, mestre maçon de Ponssin, le 19 décembre 1594.
Le célèbre marquis de Lesdiguières, duc et pair, maréchal et connétable de France, acheta le château vers 1610 ; il lui ajouta une tour et fit d’importantes réparations.
Par la suite, le château fit l’objet de nombreuses transactions jusqu’à ce que Mr Chossat Saint Sulpice, maire de la ville de Bourg en Bresse en fasse l’acquisition en 1804.
C’est la veuve du marquis de Grollier (dont l’époux fut décapité à Lyon à la révolution française) qui lui céda un bâtiment « pillé et délabré » .
Le nouvel acquéreur entreprit de nombreux travaux et le bâtiment prit l’aspect qu’on lui connaît aujourd’hui. En 1833, il fut vendu au diocèse de Belley-Ars qui en fit une maison de retraite pour les prêtres.
Le château est composé d’un bâtiment rectangulaire remanié au milieu du 18e siècle sur trois niveaux, plus les combles.
Au nord de ce corps principal, une porte ouvre sur une cour composée à l’ouest d’un bâtiment en pierre postérieur à 1843, et à l’est d’un bâtiment en partie reconstruit sur les murs médiévaux.
Le logis principal comprend, en rez-de-chaussée, une pièce lambrissée Louis XV et un escalier en bois de la même époque (1594) restauré au 19e siècle. Au premier étage, une chapelle peinte au 19e siècle. A l’étage supérieur, une autre pièce contient des peintures pieuses datées de 1849. La partie nord de la toiture repose sur un mur partiellement recouvert de peintures murales.
Les dépendances, aménagées en ateliers et dépôts par les prêtres, conservent des murs médiévaux ainsi qu’une cave voûtée, un puits sans doute du 14e siècle, et un four. Le jardin conserve le vestige d’une partie rasée du château avec un mur à coussiège, ainsi que les restes de fortifications et des traces de fossés.
Le château fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques par arrêté du 18 octobre 2004 et est une propriété privée.
De retour au centre-ville, faire une pause à la Halle sur la place du Champ de Foire, une halle baladeuse, en provenance de Saint-Laurent-sur-Saône, et reconstruite à Pont d’Ain au début des années 2000, qui accueille aujourd’hui de nombreuses manifestations, mais aussi le traditionnel marché du samedi.
En visitant les quartiers vous pourrez découvrir les fours (au Blanchon, dans le haut de Pont d’Ain, à Pampier et à Oussiat) qui fonctionnent encore, mais aussi de nombreuses croix (on en dénombre 7 sur la commune), les deux puits de Pampier récemment restaurés, tout comme le lavoir, situé Chemin de l’Abreuvoir.
Eglise de Notre Dame de l’Assomption : A l’origine Pont d’Ain n’était qu’une annexe du siège paroissial d’Oussiat.
Le monastère d’Oussiat, fondé en 893 par l’abbé Bernon, devient prieuré au 11ème siècle et dépendait de l’abbaye de Cluny. Des spéculateurs l’achetèrent en 1831 et vendirent les belles pierres ; il n’en reste rien. La première église Notre Dame fut construite à partir de 1787, mais elle se montra peu solide si bien qu’en 1845, il fallut songer à une reconstruction totale.
Une imposition extraordinaire de 1856 à 1897, plus une souscription locale permirent d’envisager une construction nouvelle. L’église de style roman fut bénite le 24 décembre 1872 et consacrée l’année suivante.
Au bord de la rivière le long du quartier du port depuis le pont en direction d’Oussiat, le moulin Convert, construit à la fin du XIXème, possédait trois jeux de meules fonctionnant grâce à la force motrice du barrage.
A l’époque où la Rivière d’Ain était utilisée pour le flottage du bois et le transport des marchandises, les radeliers faisaient souvent une halte à Pont-d’Ain avant de rejoindre Lyon. La Rivière d’Ain est aujourd’hui un cours d’eau tranquille offrant de magnifiques parcours en canoë-kayak accessibles à tous.
En vous écartant un peu, vous découvrirez les Vannes Rouges, tout au bout de la zone industrielle du Blanchon, d’anciennes vannes d’irrigation, mises au repos aujourd’hui à cause de la dérivation de l’Oiselon, elles aussi restaurées par les jeunes d’un chantier international et qui témoignent d’un passé de ce quartier aussi bien soumis aux inondations qu’aux sécheresses de ses terrains sablonneux.
La Catherinette de Pont-d’Ain est un site paisible et très agréable accessible, à pied, depuis la maison de retraite, par un joli chemin ombragé et en voiture, depuis la voie communale qui va du cimetière au pont du Suran, par le chemin rural dit « Des côtes du chêne ».
La Catherinette de Pont-d’Ain est à la fois un site et une chapelle. Dédiée à Notre Dame de Grâce, cette chapelle est l’un des 26 sanctuaires mariaux du diocèse. Très fréquentée jusqu’aux années 1950, elle fut laissée à l’abandon.
Cette chapelle et les terrains attenants ont été vendus par le Diocèse de Belley-Ars à la ville de Pont-d’Ain en 1973 pour le franc symbolique. Pour sauver cette chapelle de la ruine et protéger le site, l’association « Les Amis de la Catherinette » fut fondée le 28 Décembre 1974. Depuis sa fondation, l’association poursuit son activité de restauration, de rénovation et de mise aux normes de sécurité afin d’ouvrir la chapelle au public.
Pendant la 2ème guerre mondiale, plusieurs mouvements de Résistance ont été actifs sur le territoire de la commune. Ils se sont particulièrement illustrés lors de la libération de Pont d’Ain le 1er septembre 1944. La cité des bords de l’Ain est l’une des rares communes du département de l’Ain à avoir reçu la croix de Guerre et une citation.
Colleen82
8 août 2021 @ 00:53
Superbe paysage.
Lunaforever
8 août 2021 @ 04:31
J’ai bien aimé cette visite guidée. J’ai trouvé triste que l’on ait pendu les deux amis dont l’un avait aidé l’autre à s’évader , mais pas drôle du tout qu’un abruti ait frappé un taureau avec un râteau. Il devait être entravé, le pauvre, sinon ce lâche ne s’y serait pas risqué !
Ciboulette
8 août 2021 @ 15:03
Les mêmes remarques que vous , Lunaforever !
Un article au départ tout à fait rafraîchissant , puis des données historiques inconnues ( naissance de Louise de Savoie et de Philibert le Beau ) , et la destinée peu commune de cette petite ville , de son château et de ses ponts !
marianne
8 août 2021 @ 09:29
Merci beaucoup pour ce reportage .
Leonor
8 août 2021 @ 10:02
Mais comme c’est intéressant, tout cela.
La vie des villages, des bourgs : j’aime beaucoup. Merci Guizmo.
Baboula
8 août 2021 @ 13:44
Désolée pour ce commentaire trivial mais dès que j’entends « Ain » je pense gastronomie ,poulet de Bresse et cuisses de grenouilles .