Carte postale du Théâtre Montansier à Versailles par Guizmo. « Ce théâtre est né sous l’impulsion de Mademoiselle Montansier dont il porte aujourd’hui le nom. De son vrai nom Marguerite Brunet, elle est certainement une des premières femmes entrepreneurs de l’histoire.
À quelques pas du Château de Versailles et de l’Opéra Royal, en plein cœur du quartier Notre-Dame, se tient le Théâtre Montansier. Théâtre à l’italienne du XVIII ème siècle, lieu de spectacle vivant depuis son inauguration le 18 novembre 1777 par Marie-Antoinette et Louis XVI.
En 1768, Mademoiselle Montansier obtient la charge et le titre de « directrice des spectacles à la suite de la Cour », soit le privilège exclusif de donner des spectacles dans toute résidence royale.
Elle dirige un premier théâtre mais très vite elle décide de faire construire un nouveau théâtre dont elle serait propriétaire et directrice sur un terrain appartenant alors au comte de Provence.
C’est avec l’aide de Marc-Antoine Thierry, premier valet de chambre du roi, qui réussit à convaincre le comte de Provence, frère du roi et futur Louis XVIII, de s’en séparer, que Marguerite Brunet put racheter le terrain dit des » chiens verts ».
Jean-François Heurtier, architecte du roi, est alors choisi pour faire les plans du théâtre, et les travaux sont menés par Boullet, machiniste de l’Opéra royal, en moins de dix mois.
La façade est la même qu’aujourd’hui, à laquelle manque un groupe du sculpteur Boullet représentant Thalie, muse de la Comédie et Melpomène, muse de la Tragédie. Toutes deux étaient assises autour de la lyre d’Apollo.
Le roi et la reine portent un grand intérêt à ce théâtre, de la présentation des plans au choix de leur loge (en avant-scène, côté Jardin). Celui-ci est avant tout stratégique : on peut y accéder directement et de manière privée depuis le château. Marguerite Brunet s’est installée au second étage du théâtre. Elle y reçoit de jeunes auteurs et tient des séances de lecture.
Madame de Pompadour, quant à elle, avait fait construire son propre petit couloir lui permettant de rejoindre son hôtel particulier situé à droite du théâtre.
La salle est novatrice car elle est parfaitement ronde et l’acoustique parfaite. Elle permet de regarder les acteurs sur scène mais aussi les spectateurs dans leur loge.
Dans le cas spécifique du théâtre Montansier, les loges étaient dorées de bleu clair et d’or. Le plafond est alors bien différent. Le peintre Bocquet représente un tableau circulaire d’Apollon sur son char éclairant la tragédie, la comédie et les talents lyriques. Tout ce tableau était encadré de guirlandes de fruits et de fleurs.
Le peintre Canot réalisa le rideau de scène en trompe-l’oeil. Il représente le bassin de Neptune. Si aujourd’hui la plupart des théâtres anciens sont rouges, c’est parce qu’ils ont été construits ou redécorés au XIXème siècle. Au XVIIIèm, la faveur allait au bleu clair, blanc et or qui s’accordaient aux toilettes et perruques poudrées.
La première restauration date de 1823. La mode est alors au rouge couleur du théâtre bourgeois. Le plafond du peintre Bocquet est remplacé par un plafond représentant les neuf Muses et Apollon.
En 1834, la ville de Versailles achète le théâtre Montansier et en 1851 une autre restauration est confiée à Charles Séchan, peintre décorateur pour l’Opéra de Paris, la Comédie-Française ou l’Assemblée nationale et à qui l’on doit le plafond du grand salon du château de Vaux-le-Vicomte.
Il réalise l’actuel et le troisième plafond, où il peint un treillis de fleurs. Le sculpteur Cruchet réalise la décoration sculptée, qui reste aujourd’hui : les loges d’avant scène, les moulures, les cariatides et les médaillons
Pendant la Première Guerre mondiale, le Théâtre Montansier ferme mais le directeur a le droit de projeter quelques films afin d’éviter la ruine. Tandis que lors de la Seconde Guerre mondiale, le théâtre est livré aux troupes allemandes qui s’y produisent pour divertir leurs soldats.
La troisième restauration date de 1936, année où le théâtre prend le nom de théâtre Montansier. Celui-ci retrouve ses couleurs d’origine : le bleu et le blanc rehaussé d’or.
De 1943 à 1961, la ville gère seule le théâtre en le louant à diverses troupes.
En 1961, une fameuse directrice et metteur en scène arrive au théâtre, Marcelle Tassencourt. Elle dirige le lieu, avec son mari Thierry Maulnier, membre de l’Académie Française, et lui redonne son lustre d’antan en proposant des spectacles parisiens ainsi que des créations.
C’est à cette époque que Jean Vilar, Danielle Darrieux ou encore Jean-Louis Barrault passent au théâtre Montansier.
Francis Perrin, né à Versailles et qui a débuté comme comédien au théâtre Montansier, en devient Directeur de 1992 à 2000. C’est sous sa direction que sont décidés les grands travaux de 1991-1992. On y redécouvre des restes d’anciennes décorations originales et qui inspirent les décorations actuelles : motifs de lyre, de putti musiciens, de griffons et de chimères.
Fulvio Lanza réalise une réplique du rideau de scène disparu représentant le bassin de Neptune, le foyer est restauré et les sculptures des dessus de portes ajoutées.
En mars 2009, la restauration de la scène et la réouverture des dessous de scène et de ses machineries (fermés depuis la restauration de 1992) sont menées à bien grâce aux financements conjoints de la ville de Versailles et des dons des spectateurs.
Le théâtre Montansier est inscrit, depuis le 18 avril 1991, au titre des monuments historiques (pour les décors intérieurs). »
Régine ⋅ Actualité 2020, Cartes postales, France 15 Comments
Juliette d
26 août 2020 @ 03:43
Quel magnifique théâtre.
Bambou
26 août 2020 @ 05:56
Magnifique petit théâtre…!
J’ai appris quelque chose….j’ai toujours cru que ce théâtre s’appelait Montpensier……autant pour moi !
PATRICIA
26 août 2020 @ 12:09
Même chose pour moi, cela me rassure, je ne suis pas la seule !
Manel
26 août 2020 @ 05:59
Magnifique histoire et magnifique théâtre, j aime beaucoup les couleurs.
G de G
26 août 2020 @ 08:23
Magnifique carte postale, merci Guizmo!! Quel beau théâtre…
PATRICIA
26 août 2020 @ 09:51
Magnifique ! tout est étudié et réalisé bien sûr de manière minutieuse ! Un Bijou !
Nicolette
26 août 2020 @ 12:19
Je suis perplexe. Comment Mme de Pompadour dėcėdėe en 1764 a-t-elle pu faire contruire un couloir reliant son hotel particulier au théâtre inauguré en 1777 ?
Anna H
26 août 2020 @ 15:07
C’est en effet un très beau théâtre où je suis déjà allée. J’habite Boulogne près de TF1 et LCI et à quarante minutes de Versailles où j’ai enseigné plusieurs années et c’est agréable d’y retourner et d’admirer son château.
ciboulette
26 août 2020 @ 15:39
J’aime beaucoup , bien que n’y étant jamais allée , mais , Guizmo , vous nous présentez de si belles vues et un reportage si précis que l’on s’y croirait !
Le bleu pâle est une excellente idée , la restauration en s’inspirant du modèle d’autrefois aussi .
joce
26 août 2020 @ 16:08
Que de souvenirs… Quand j’habitais à côté ans les années 70, je suis allée très souvent aux spectacles dans ce théâtre.
Danielle
26 août 2020 @ 16:36
Un joli théâtre, merci Guizmo pour ce reportage.
Benoite
26 août 2020 @ 18:17
Une splendeur théatrale, et architecturale, que cette présentation et sa belle histoire.
10 Mois seulement pour sa construction.. C’est à souligner. Tout est beau, décors, rénovations, les subtilités demandées par les membres de la Famille Royale. on ne sait jamais tout d’un Monument classé. Ici Guizmo est passé par le petit bout de la lorgnette, de NR.
J’aime l’acteur et comédien Francis Perrin, fidèle à sa ville de naissance, qui en a accepté 8 ans la direction me plait aussi, pour ce qu’il a fait réaliser pour ce joli théâtre.
Olivier d'Abington
27 août 2020 @ 00:25
Souvenirs, souvenirs!!
J’y ai joué « Le Songe d’une nuit d’été » en 1990!
Enfin, la première scène de la pièce, lors du concours inter-scolaire qui s’y tenait à l’époque… Je ne sais pas s’il a toujours lieu…
Baboula
31 août 2020 @ 14:05
Je savais bien que la programmation était prestigieuse !
Baboula
31 août 2020 @ 14:05
Je savais bien que la programmation était prestigieuse !