Voici la carte postale de Marc C., celle d’une statue du roi Charles VI exposée au Louvre. « Le 05 août 1392, le roi Charles VI, âgé de 23 ans, est frappé de « frénésie » dans la forêt du Mans, pour reprendre le terme utilisé dans l’Histoire de Charles VI attribuée à Jean II Jouvenel des Ursins (1388-1473). Le roi a une crise et la France est en crise : guerre de Cent Ans (1337-1453), mais aussi Grand schisme d’Occident (1378-1417). Jusqu’en 1414, le roi alterne les période de « démence » (plus ou moins violentes) et les rémissions (plus ou moins longues). Puis il sombre définitivement dans la « folie ».
Mais comment doit-on appeler ce roi si particulier ? Charles VI le Fou ou Charles VI le Bien Aimé ? Dans sa monumentale et passionnante biographie (Charles VI, Fayard, Paris, 1986), Françoise Autrand nous donne le point de vue des contemporains du roi : « Les malheurs qui les frappaient n’épargnaient pas leur souverain. Eprouvés par la misère et par la guerre, ils se reconnaissaient dans leur roi souffrant, et, dans ses traits douloureux, ils voyaient le visage du Christ de la Passion. Jamais ils ne l’appelèrent autrement que Charles le Bien Aimé. Et si l’on voulait être fidèle à leurs pensées, il faudrait intituler ce récit non pas « la folie du roi » mais « la Passion du roi Charles, le Bien Aimé ». » (p. 289)
Le roi souffrant incarne vraiment la nation souffrante. En 1833, Antoine-Louis Barye (1795-1875) exécute cette oeuvre « Charles VI dans la forêt du Mans » pour la princesse Marie d’Orléans (1813-1839), fille du roi Louis-Philippe Ier et de la reine Marie-Amélie de Bourbon-Sicile. Elle se trouve aujourd’hui au Louvre. »
Caroline
11 août 2017 @ 10:37
Où cette statue était-elle exposée ? Je ne vois pas si elle est haute ou petite parce qu’elle est posée dans une boite en verre.
Merci à Marc C. pour sa carte postale du Louvre !
Kalistéa
11 août 2017 @ 19:00
Les bras semblent disproportionnés .
Margaux ?
12 août 2017 @ 12:04
Je me suis fait la même réflexion.
Damien B.
11 août 2017 @ 19:52
Voilà une carte postale aussi originale qu’intéressante évoquant un roi capétien à la personnalité énigmatique.
Marc C.
11 août 2017 @ 21:08
Caroline,
C’est une petite statue qui est actuellement exposée au rez-de-chaussée de l’aile Richelieu, salle 33, du côté de la cour Puget.
Si vous connaissez le Louvre, elle est juste à côté du code de Hammurabi, mais pas dans le même département (le code de Hammurabi se trouve dans le département des Antiquités Orientales et la statue de Charles VI se trouve dans le département des Sculptures).
Pour plus d’informations :
http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not&idNotice=2284
Caroline
12 août 2017 @ 22:42
Marc C.,
Désolée, je n’ai pas fait attention à cette petite statue, merci pour votre lien !
Gérard
12 août 2017 @ 11:14
Cette statuette de plâtre doré et de cire, modèle du groupe fondu à la cire perdue pour la princesse Marie d’Orléans, est exposé au rez-de-chaussée de l’aile Richelieu salle 33 dans la vitrine 6. Elle a été vendue après le décès de Barye en 1876 et achetée par le sculpteur Henri-Alfred Jacquemart (1824-1896). Et plus tard elle fut donnée au Louvre par le peintre et compositeur Jacques Zoubaloff, grand collectionneur (1876-1941).
Le modèle original d’Antoine-Louis Barye avait été exécuté en 1833 et connut un vif succès au Salon de cette année-là. C’était les débuts de la carrière du sculpteur connu surtout pour ses œuvres animalières et qui s’attache ici à un thème médiéval cher au Romantisme. Au même Salon il présentait son Charles VII Victorieux, également portrait équestre aujourd’hui au Musée des Beaux-arts de Bordeaux.
Il existe une fonte posthume du Charles VI de 1893 en bronze d’après l’original conservé au Musée des Augustins de Toulouse, ses dimensions sont 48,6 × 44,5 × 23 cm. Cette fonte a été achetée par le musée en 1986 et vient d’une collection régionale en Armagnac. Elle est datée et signée.
On connaît aujourd’hui trois tirages du modèle en plâtre patiné bronze et cire exécuté pour la princesse Marie en 1833, et que la princesse conservait dans son salon des Tuileries.
Le choix de Charles VI vient peut-être de la pièce Charles VI de Delaville (Alexandre de La Ville de Mirmont) créée en 1826 à Paris à la Comédie-Française avec dans le rôle-titre François-Joseph Talma.
Charles VI a également été représenté alors par Delacroix circa 1824-1826 (Charles VI et Odette de Champdivers, collection privée). Les chevauchées fantastiques étaient également à la mode.
Charles VI est donc à cheval, vêtu d’un surcot, par une chaleur accablante il conduit ses troupes vers la Bretagne, après la tentative d’assassinat du connétable Olivier V de Clisson le 13 juin 1392 par Pierre de Craon qui trouva refuge auprès de Jean IV de Bretagne. Soudain le jeune roi lève les bras et son visage montre sa terreur. Le cheval se cabre pour se dégager de l’emprise du vieil homme qui à terre tient sa bride. C’est donc la scène de la crise de démence de Charles VI dans la forêt du Mans en août 1392. Le mendiant surgit dans la forêt où chevauche le roi et empoigne la bride du cheval en hurlant
« Arrête, noble roi, ne passe outre, tu es trahi. » Les princes se portent au secours du roi, font lâcher la bride du cheval, et c’est à la suite qu’au sortir du bois le roi pris de folie tua quatre de ses hommes.
Kalistéa
12 août 2017 @ 17:04
Merci Gerard pour tous ces renseignements concernant cette sculpture.Le jeune charles VI nous dit la chronique était d’un tempérament impressionnable.la scène de ce déséquilibré le fit se méfier.La troupe continuant sa route l’un des soldats s’assoupit sur sa monture et laissa échapper sa lance qui tomba sur le casque du soldat précédent faisant un grand bruit de ferraille.Le roi se crut attaqué et se démena avec son épée en tuant ses hommes , ceux-ci ne pouvant se défendre contre le roi.Ce fut sa première crise de folie furieuse.(à moins que sa première crise n’ait été suite à sa terreur lors du « bal des ardents » où il faillit périr brûlé !)
ciboulette
13 août 2017 @ 16:30
Merci , Kalistéa , il me semblait bien que c’était ce roi qui avait vécu le traumatisme du » bal des ardents « . C’est là, je pense qu’il faut chercher l’origine de ses troubles . Il est un peu simpliste de parler de folie , aujourd’hui on saurait qualifier et sans doute soulager ce problème.
Gérard
14 août 2017 @ 13:32
Parler de folie favorisait les menées anglaises…
Kalistéa
16 août 2017 @ 09:07
Sans doute Gérard;nous savons que les crises de sa maladie nerveuse étaient intermittentes.Mais plus il vieillissait plus elles devenaient nombreuses et plus longues elles étaient .Il finit par vivre prostré, refusant tous soins de toilette et d’hygiène , au grand dam de la reine Isabeau qui était au moins propre physiquement, si elle avait des choses moins limpides.. à se reprocher moralement.Elle donna 10 enfants à son époux si profondément malade.(du moins en était-il le père putatif!)