Voici la carte postale de Guizmo du château d’Ecouen. « Le château d’Écouen, situé à vingt kilomètres au nord de Paris, et qui surplombe la plaine du pays de France à proximité de la forêt de Chantilly, abrite aujourd’hui les collections exceptionnelles du musée national de la Renaissance.
Bâti en 1538, propriété d’Anne de Montmorency, connétable de France et compagnon d’armes de François Ier, qui a grandi dans l’intimité de François Ier, puis prospéré sous la protection d’Henri II, Écouen n’est pas une demeure comme les autres. Elle inscrit dans ses pierres les ambitions et les succès d’un homme puissant qui est aussi un mécène et un esthète passionné d’art. Ce bel exemple d’architecture Renaissance française est inauguré en 1555, après seulement 18 ans de travaux.
Cet ardent collectionneur, bien souvent à l’avant-garde du goût, était aussi l’héritier d’une fortune colossale, qu’il accrut encore par une judicieuse politique d’acquisitions, par son mariage avec Madeleine de Savoie et par la faveur royale. À sa mort, en 1567, il possède quelque 130 châteaux disséminés dans toute la France et deux résidences parisiennes dont son hôtel de la rue Sainte-Avoye qu’il a doté d’une galerie peinte par Nicolo dell’Abbate.
Ecouen demeura entre les mains de la même famille jusqu’en 1632, date à laquelle Henri II de Montmorency, peu favorable aux méthodes de gouvernement de Richelieu, eut la tête tranché sur ordre du cardinal. Richelieu attribua toutefois Ecouen à Charlotte d’Angoulême, sœur du supplicié. La lignée s’éteignit en 1696 et la dernière héritière, la duchesse de Joyeuse, légua son château à Henri-Jules de Bourbon, fils du grand Condé. Mais les Condé préférèrent largement séjourner à Chantilly plutôt qu’à Ecouen.
Pillé et confisqué à la Révolution, le château devint tour à tour un lieu de réunion de patriotes, une prison militaire et un hôpital. Napoléon Ier y installa en 1805 un pensionnat de jeunes filles, pour les enfants de chevaliers de la Légion d’Honneur. Louis XVIII redonna Ecouen aux Condé sous la Restauration et Louis-Napoléon (futur Napoléon III) réouvrit le pensionnat en 1850. Les cours se poursuivirent à Ecouen jusqu’en 1962…
Ecouen fit alors l’objet d’un vigoureux programme de restauration
Depuis 1977, ce château méconnu, est devenu musée de la Renaissance à l’initiative d’André Malraux. Majestueux, il abrite, entre autres, des joyaux des collections de Cluny.
L’architecture du château témoigne de la puissance et des ambitions d’Anne de Montmorency. Des générations d’artistes s’y sont succédées au fil des siècles : l’architecte Jean Bullant, le sculpteur Jean Goujon, le potier et émailleur Bernard Palissy, le céramiste Masseot Abaquesne, l’architecte Jules Hardouin-Mansart.
Dès l’entrée, on pénètre dans la chapelle qui comporte une superbe voute peinte, et une copie de La Cène du grand Léonard entre 1506 et 1509 par son élève Marco d’Oggiono
Au rez de chaussée, la Salle d’Armes est doté d’une cheminée peinte du milieu du XVIème siècle : La rencontre de Salomon et de la Rein de Saba . La collection d’armes et d’armures est exposée de façon thématique : guerre, chasse, apparat…
Puis, Le 1er étage Comporte les appartements du Connétable dont les immenses cheminées peintes racontent l’histoire biblique (hum ils étaient assez mystiques à l’époque, de Jacob et Esau.
Le Cabinet du roi, dont une petite pièce lambrissée servait aux entretiens confidentiels du souverain. Dans la chambre du roi sont exposés les trois dernières grandes tapisseries de David et Bethsabee et la grande salle du roi.
Dans la chambre de Catherine de Médicis, trois grandes tapisseries flamandes retracent un épisode des Métamorphoses d’Ovide, où Phaeton, fils du Soleil, emprunte le char de son père et provoque le dérèglement du climat, la mort des animaux et des hommes.
Le musée possède des chefs-d’œuvre :
- Les tapisseries de la Tenture de l’Histoire de Diane
- La collection de céramiques ottomanes d’Iznik
- Le pavement du Château de Polisy
- La verrerie de la galerie des arts du feu
- Daphné, chef d’oeuvre d’orfèvrerie avec son immense pièce de corail
- Une fastueuse horloge-automate La Nef dite de Charles Quint , magnifique pièce d’orfèvrerie munie d’un orgue miniature, et la salle de la mesure du temps et de l’espace avec astrolabes, cadrans, horloges de tables et autres instruments de géographie car à la Renaissance le temps devient personnel.
Ceux qui se rendront à Ecouen en train devront traverser une petite partie de la forêt pour découvrir le musée. A l’époque, elle servait de terrain de chasse au roi et aux grands du royaume. Aujourd’hui, elle constitue une ceinture verte d’une centaine d’hectares, qui préserve le château de la progression de l’urbanisme. »
Muscate-Valeska de Lisabé
1 juillet 2019 @ 08:14
À voir…je le connais bien.Du concentré d’histoire.
La collection des orfèvreries léguée par la famille Rothschild est une des plus riches qui soient.
Baia
1 juillet 2019 @ 19:19
Pas loin de Luzarches … n’est-ce pas MVL ? 😉😁
Muscate-Valeska de Lisabé
3 juillet 2019 @ 16:07
Tout à fait chère Baia!…je suis née à Montmorency,j’ai vécu près de Chantilly,plus près encore de l’Isle-Adam,Parmain,Mériel….et Luzarches,comme vous:c’est un de mes coins chéris,ce joli pays!Toute ma jeunesse,par mes nombreux déménagements,a des souvenirs là-bas,où elle s’est faite😘
Baia
4 juillet 2019 @ 14:21
J’étais encore hier à Luzarches faire une petite visite à ma tante (soeur de mon père) … la maison est encore pleine de souvenirs et le parc, même s’il a subi quelques transformations (en bien et par nécessité compte tenu de l’age de certains arbres), m’a rappelé tous mes jeux d’enfants entre cousins !
Je vous embrasse chère Muscate et dites-vous que la vie est belle, malgré tout …
aggie
1 juillet 2019 @ 08:19
il y a erreur concernant la magnifique nef de Charlequint, elle est évoquée mais aucune photo ne la représente dans l’article ; la nef a réellement un aspect de bateau ; ce très beau château musée de la renaissance est à une dizaine de kilomètres de chez moi.
Pierre-Yves
1 juillet 2019 @ 08:44
Dans la grande banlieue du nord de Paris, Ecouen est une enclave de beauté au milieu d’un environnement difficile. L’aéroport de Roissy CDG est tout proche, et les grands ensembles de Sarcelles aussi. Non loin également, se trouve le chateau de Champlatreux, qui appartient aux Noailles.
A l’Est de Paris, un autre joyau, la chateau de Champs, s’est lui aussi retrouvé cerné par une urbanisation vorace et assez ingrate.
Leonor
1 juillet 2019 @ 09:37
Ah oui, Renaissance tardive française.
Bel article, même si je ne l’ai encore que survolé. On lira ça avec attention et délectation ce soir. Faut que j’aille bricoler un système pour attacher mes plants de tomate et cueillir les cassis de mon tout nouveau cassissier, avant que les poules s’en occupent.
Bonne journée à tous, , avec l’un ou l’autre degré de moins, si possible .
Baboula
1 juillet 2019 @ 19:48
Excusez moi,mais des poulettes nourries au cassis ça doit donner une chaire colorée en accord total avec des vitelottes, avec quelques navets .Hum ! Je vois le plat …
kalistéa
1 juillet 2019 @ 10:51
merci à Ghismo pour tous ces détails . Ce château abrita les débuts des celebres amours d’Henri ll et de Diane de Poitiers .
Danielle
1 juillet 2019 @ 10:56
Ce château me plait, je note sa visite pour le printemps prochain.
Merci Guizmo.
HS : Régine, avez vous reçu mes courriels ?
Régine
1 juillet 2019 @ 17:20
oui
septentrion
1 juillet 2019 @ 11:33
Merci Guizmo pour ce beau reportage.
Plus jeune, j’avais toujours été surprise du prénom féminin pour le connétable Anne de Montmorency. J’avais découvert alors que ce prénom pouvait à son époque être porté aussi bien par une femme que par un homme.
La tête tranchée rrrrrrhhhhh…
Quelle différence de destin entre Anne de Montmorency, connétable de France et son descendant, Henri II de Montmorency. Le fils de ce dernier, Etienne Guibourt, était un prêtre catholique et occultiste, connu pour son implication dans l’Affaire des Poisons.
C’est là que je me dis que je suis contente d’être née et de vivre dans une république qui, de surcroît, a aboli la peine de mort.
La fortune du connétable était indécente à une époque où les gens mouraient de faim. Mais esthète et collectionneur, il a laissé un héritage culturel important.
Claudia
1 juillet 2019 @ 12:10
Je l’ai visité l’en dernier, ce château est méconnu et mérite le détour. Effectivement quand on descend du train, on marche un peu dans la forêt avant d’y accéder, ce qui ajoute à son charme
Claude
1 juillet 2019 @ 12:33
Depuis l’entrée du château, la vue sur Paris et ses environs est surprenante.
Alinéas
1 juillet 2019 @ 15:33
Un grand merci pour cette carte postale concernant ce château-musée que je ne connaissais point !!!
Martine
1 juillet 2019 @ 18:01
Écouen est à moins de 20 km du centre de Paris, à la limite du val d’Oise et de la seine saint Denis. Très près il y a aussi l abbaye de Royaumont ,beaucoup moins loin que Chantilly
Caroline
1 juillet 2019 @ 22:45
Guizmo,
Merci pour cet article fort intéressant ! A lire le conseil de Claudia pour arriver à Ecouen pas très loin de Paris!
kalistéa
2 juillet 2019 @ 09:10
merci Septentrion de m’avoir appris que le satanique prètre Guibourg de l’affaire des poisons était le fils de henri de Montmorency … un bâtard sans doute ?
septentrion
3 juillet 2019 @ 11:22
Kalistéa,
J’ai été surprise par la parenté et le nom de famille, du fait.
D’après Wikipédia, c’est l’abbé Guibourg qui se disait fils illégitime de Henri II de Montmorency. Personnellement j’avais lu qu’il était son fils (naturel et pas légitime) mais je ne sais plus dans quel ouvrage.
kalistéa
4 juillet 2019 @ 16:08
comme la « comtesse de la Motte de l’affaire du collier de la reine , , se disait descendante de Henri ll .(par le fils qu’avait eu de lui la Fleming sans doute .)