En 1710, à Saint Petersbourg, une chapelle est construite sur la perspective Nevski avant d’être suivie par une église en bois nommée Notre-Dame-de-Kazan. Le nouveau bâtiment de pierre, établi par décret de l’impératrice Anna Ioannovna, n’est construit qu’en septembre 1733.
Cette avant-dernière version de l’église est construite selon les plans de Mikhaïl Zemtsov (1688-1743) et s’appelle alors « Église de la Nativité de la Vierge Marie ».
De retour d’un voyage à Rome, Paul Ier (fils de Catherine II) souhaite voir construire à Saint-Pétersbourg une cathédrale semblable à Saint-Pierre de Rome.
Ainsi commence en 1801 la construction de la cathédrale Notre-Dame-de-Kazan sur le site de l’ancienne église, abîmée par le temps. Les travaux durent 10 ans, sous la direction du jeune architecte russe Andreï Voronikhine, recommandé par le comte Stroganov.
Confier la construction de la cathédrale à des maîtres russes et utiliser uniquement des matériaux locaux furent les deux conditions sine qua non qui ont présidé à la décision d’édifier la cathédrale. C’est un édifice majestueux (71,6 m de haut – 72,5 m de long) dont les masses essentielles sont orientées vers la perspective Nevski. Orné de mosaïques, de jaspe et de marbre de Carélie, il abrite notamment l’icône miraculeuse de la Vierge de Kazan.
Illustration en 1821
L’extérieur de la cathédrale Notre-Dame-de-Kazan est en forme de portique semi-circulaire. Cette colonnade, qui s’étend sur 4 rangées, comporte 96 colonnes de granite rose de 13 m de haut. Cet immense hémicycle accueille des bas-reliefs et de nombreuses statues de bronze réalisées par les meilleurs artistes de l’époque
Quatre sculptures en bronze sont visibles sur la façade nord du temple : le prince Vladimir, André le Premier appelé, Jean le Baptiste et Alexandre Nevksi.
La porte d’entrée en bronze sur le côté nord du bâtiment, exécutée par Vassili Ekimov (1756-1837) est une copie de la porte du Baptistère Saint-Jean de Florence.
L’intérieur est composé de 56 colonnes de granit rose surmontées de chapiteaux corinthiens en bronze. On peut y admirer de superbes bas-reliefs et un rétable réalisé par Bryullov. Le sol est recouvert d’une mosaïque de marbre polychrome de Carélie, tandis que le bâtiment est couronné par un dôme culminant à 76 m de hauteur.
La cathédrale est le lieu de culte de la famille Romanov.
Dans le principal sanctuaire de la cathédrale se trouve une copie de l’icône de la Mère-de-Dieu-de-Kazan, trouvée à Kazan dans les cendres en 1579, et particulièrement vénérée en Russie. Elle est fêtée deux fois : le 21 juillet et 4 novembre.
Tous les événements importants de l’histoire de la Russie sont associés à cet édifice. C’est de là, après une prière solennelle, que le maréchal Mikhaïl Koutouzov est parti à l’armée pour la guerre patriotique de 1812. Et c’est ici, en Juin 1813, que les cendres de ce grand commandant ont été ramenées. Le corps du maréchal a été enterré dans une crypte construite dans l’aile nord du temple. Pouchkine a écrit une très belle épitaphe. Des bannières de guerres et les clés des villes qui se sont rendues à l’armée russe ont été placées à proximité.
En décembre 1837, au 25è anniversaire de l’expulsion de Napoléon du territoire russe, sont édifiées les statues de Koutouzov et Barclay de Tolly, qui ont commandé les armées russes en 1812. Ces gigantesques figures en bronze sont dues au sculpteur Orlovski. Les socles de granit sont exécutés d’après le projet de l’architecte Stasov
Mémorial à Koutouzov
Pour la petite histoire, l’édifice a accueilli les funérailles du compositeur Piotr Illitch Tchaïkovski en 1893, en présence de 8000 personnes.
Au 19è siècle, la cathédrale abrite une école pour les adultes, édite son propre journal et est réputée comme centre de bienfaisance. Durant la Première Guerre mondiale, on y collecte nourriture et vêtements chauds pour les envoyer au front, et l’on y ouvre l’un des permiers lazarets de Russie grâce à l’argent des paroissiens et de l’église. Cet établissement sanitaire est patronné par l’impératrice Alexandra Féodorovna.
Il y a un siècle, dans la nuit du 6 au 7 novembre 1917, les bolchéviques menés par Lénine prennent le pouvoir en Russie, à partir de l’ancienne capitale russe, Petrograd (aujourd’hui Saint-Pétersbourg). Au même moment disparaît l’icône de Notre-Dame-de-Kazan.
De nombreuses décorations sont fondues et écoulées à l’étranger et la cathédrale est pillée pour les besoins d’Etat.
En 1929, les bolchéviques, conscients du symbole qu’elle représente, ferment la cathédrale et trois ans plus tard, le bâtiment est donné à l’Académie des sciences.
À la place de la croix, on installe sur la coupole une sphère dorée surmontée d’une flèche, et les possessions de l’église sont réparties entre différents musées. On installe à l’intérieur un Musée de l’histoire des religions et de l’athéisme. Son exposition permanente retrace l’histoire de l’apparition et du développement du christianisme, de l’islam et des religions orientales. Au temps de l’Union soviétique, les reliques sacrées conservées dans la cathédrale sont cachées pendant près de vingt ans dans le dôme de Notre-Dame-de-Kazan par les employés du Musée. Ce n’est qu’en 1991 que les reliques de Saint Alexandre Nevski, Saint Zosime et autres saints sont réintégrées dans la cathédrale.
Pourtant, la cathédrale résiste, malgré ce manque d’égard et malgré les bombardements incessants lors du siège de Leningrad (il y a des traces d’éclats d’obus sur les colonnes).
Depuis 1991, la cathédrale Notre-Dame-de-Kazan est à nouveau ouverte au culte. L’icône de la Mère-de-Dieu-de-Kazan est retournée au temple au même titre que la croix en or de nouveau installée sur le dôme. À l’occasion du 300ème anniversaire de Saint-Pétersbourg, en 2003, les maîtres de l’usine Baltique ont fabriqué la plus grande cloche de la cathédrale, pesant quatre tonnes et faisant plus de deux mètres de haut. Elle accueille régulièrement des services religieux avec la participation des plus hauts rangs de la hiérarchie orthodoxe.
Chaque année, le 12 Septembre, des processions religieuses sont organisées en l’honneur du prince, le saint patron de la ville, Alexandre Nevksi.
En 2013 se tient pour la 1ère fois depuis la Révolution une procession de 5500 personnes pour les 400 ans du « Temps des troubles » (1612) qui amenèrent à l’élection le 7 février 1613 de Mikhaïl Romanov, fondateur de la dynastie. (Merci à Pistounette)
Baboula
8 mars 2021 @ 03:46
Pistounette, vous faites toujours un excellent choix des illustrations qui donnent vie à vos articles . J’imagine le plaisir que vous devez avoir à leur rédaction . Sachez qu’il est partagé à la lecture . Merci à vous .
Pascal
8 mars 2021 @ 06:10
Très beau reportage , cette église illustre le mouvement d’occidentalisation de la Russie initié par Pierre le Grand avec une iconographie que l’on peut qualifier de décadente car plus conforme aux canons de la peinture occidentale qu’à ceux de l’iconographie byzantine qui avaient alors prévalu.
Évidemment le résultat reste très agréable à regarder mais la ”théologie de l’icône ” y trouve moyennement son compte.
Cela dit ,les Russes qui sont depuis revenus à une iconographie plus traditionnelle s’en sont toujours fort bien accomodés.
Pastelin
8 mars 2021 @ 11:38
Pistounette, je vais archiver précieusement vos posts, ainsi, quand j’irai à St Petersbourg, j’en serai déjà pas mal grâce à vous!!!!
Merci beaucoup!!!!
Guizmo
8 mars 2021 @ 12:16
Merci beaucoup pour vos reportages qui me donnent envie d’y retourner.
Caroline
9 mars 2021 @ 01:15
Merci à Pistounette, notre ‘ guide Michelin ‘ 😉 !
Danielle
8 mars 2021 @ 14:00
L’histoire de cette cathédrale a été bien mouvementée ! merci Pistounette pour ce beau et intéressant reportage.
Ciboulette
8 mars 2021 @ 23:57
Merci , Pistounette . Il se trouve que mon premier contact avec Saint-Petersbourg qui s’appelait encore Léningrad , s’est fait dans cet édifice , qui n’était malheureusement plus la belle cathédrale que nous voyons ici magnifiquement restaurée , mais » le musée des religions et de l’athéisme » , une présentation qui n’était absolument pas objective et qui relevait de la caricature . Cela avait créé en moi un profond sentiment de malaise . Par bonheur , la cathédrale revit .
Robespierre
8 mars 2021 @ 18:08
Ca fait penser à une place de Naples, construite sous le règne de Murat.