A son retour à Funchal, Zita a une mauvaise nouvelle à communiquer à l’empereur. Il était convenu qu’elle rapporterait de Suisse l’argent tiré de la vente des bijoux personnels des Habsbourg. Ils comprenaient la couronne dynastique que portait la reine lors de son couronnement à Budapest, huit colliers de l’ordre de la Toison d’or, enrichis de joyaux, et surtout, le Florentin, un énorme diamant qui avait appartenu à Charles le Téméraire. Mais lors de son séjour en Suisse, Zita avait eu la désagréable surprise de constater que l’homme de confiance de l’empereur, Bruno Steiner, avait disparu avec les bijoux.
La situation financière des souverains est donc désespérée: avec l’escroquerie de Steiner, ses derniers avoirs se sont dissipés. N’ayant plus les moyens de faire face au loyer onéreux de la villa Victoria, Charles se résigne donc à accepter avec gratitude l’offre d’un propriétaire terrien: Luís Rocha Machado. Il met gracieusement à disposition de la famille impériale sa villa, la Quinta do Monte, située sur les hauteurs de l’île, à 600 mètres d’altitude. Charles la visite par très beau temps: la quinta et son jardin lui plaisent, et il fait part à Zita qu’il serait sage de s’y installer au plus vite.
Le 18 février, après trois mois passés à la villa Victoria, les souverains emménagent à Monte, un petit village construit dans la montagne, à 6 kilomètres au-dessus de Funchal. Les enfants étaient arrivés avec de nombreux bagages, comprenant des objets d’utilité domestique et d’ameublement. Tout cela devait être transporté à Monte, et l’Empereur aida au transfert, au chargement et au déchargement.
La quinta, nom donné aux grandes propriétés bourgeoises de l’île, a été construite en 1826 par un riche britannique, le Dr Gordon, qui la transmet à ses descendants à sa mort. C’est en 1899 que Luís Rocha Machado s’en porte acquéreur.
La villa est construite au milieu d’un parc à la pelouse verdoyante. Il est agrémenté d’un petit étang et d’un ruisseau, qui serpente à travers la végétation luxuriante et les agapanthes en fleurs. Dans son ensemble, la demeure réunit une trentaine de personnes. En effet, outre le couple impérial et ses enfants, résident à la quinta des proches du couple qui les ont rejoints, et des membres fidèles de leur personnel. Parmi eux, l’archiduchesse Marie-Thérèse, infante du Portugal, troisième épouse de l’archiduc Charles-Louis, et que Charles considère comme sa grand-mère. A 62 ans. elle est arrivée de Suisse le 2 mars, avec le petit Robert, complètement rétabli de son opération, et la comtesse Kerssenbrock, dame d’honneur de l’impératrice depuis 1916, et gouvernante des petits archiducs qui lui sont très attachés. Dotée d’une grande maîtrise de soi et d’une puissance de travail physique et intellectuel considérable, elle est le plus solide appui de Charles et Zita.
La comtesse Mensdorff, qui avait raccompagné Zita et les enfants de Suisse, y réside aussi, de même que le père Paul Zsambóki, un prêtre hongrois, Joseph Dietrich, le précepteur des enfants, une religieuse suisse, également chargée de l’éducation des enfants, le comte Joao de Almeida et son épouse, qui avait connu Charles lorsqu’il était diplomate portugais, et plusieurs membres du personnel dont Golović, le fidèle valet de chambre de l’empereur à son service depuis 12 ans, Gregorić, le chauffeur, et son épouse, Anna Hubaleck, femme de chambre de la reine.
La maison est vaste, bien meublée. Dès son arrivée, Charles a fait éliminer une partie du mobilier, dans la crainte de voir les enfants l’abîmer. On y pénètre par le jardin, le hall ayant été transformé en chapelle par la volonté du couple.
Les pièces se distribuent autour d’un espace central et on peut retrouver leur localisation sur la photo prise de l’extérieur: à gauche, un grand salon octogonal avec trois grandes portes-fenêtres, puis une petite salle à manger centrale, et à droite, une grande salle à manger qui tient lieu de chambre aux garçons, et une autre chambre, occupée par l’archiduchesse Marie-Thérèse, puis par l’empereur lorsqu’il sera malade. Elles précèdent trois chambres et une salle de bain.
A l’arrière, deux petites chambres sont réservées à la comtesse Kerssenbrock et la comtesse Mensdorff. Au fond du hall, un double escalier conduit au premier étage où deux chambres mansardées, séparées par un cabinet de toilette, sont occupées par Charles et Zita. La villa est dotée d’eau courante. Le téléphone y est installé, mais il n’y a d’autre éclairage possible que celui de lampes à pétrole.
La quinta est complétée par des maisons annexes, dispersées dans le parc, et qui abritent soit des membres de la suite impériale, soit des membres du personnel.
Chaque jour, l’empereur effectue de longues promenades dans le parc et la région montagneuse de Monte, qui n’est pas sans lui rappeler les montagnes de son Autriche natale. Plus tard, l’impératrice Zita confiera: « Avant de tomber malade, il eut enfin l’occasion d’aller se promener avec nos aînés, Otto et Adélaïde, de parler avec les enfants. Il avait toujours été un marcheur infatigable. Il enseignait aux enfants l’histoire et la géographie en marchant. Durant les jours, pourtant peu nombreux, qu’il lui fut donné de vivre, les enfants apprirent énormément de leur père. Ce fut comme s’il devait utiliser ce temps pour s’occuper de sa succession. Il disait aussi aux enfants combien grande était la fidélité de beaucoup dans notre patrie et quelle joie infinie cela avait été de trouver, partout, autant de personnes dévouées, surtout aux pires moments. »
Charles se promène aussi parfois, seul, en compagnie du comte Joao de Almeida, sur les chemins de montagne. Il se rend parfois à Funchal, ce qui demande deux bonnes heures de marche pour descendre, à moins d’utiliser le funiculaire. Le portier de la villa, qui loge aux abords de la grille d’entrée, voit souvent passer le groupe rieur des enfants qui ne manquent jamais de le saluer. L’empereur y veille: un jour, le petit dernier, tout à l’effeuillage d’une marguerite, omet distraitement le bonjour traditionnel. Charles le fait revenir sur ses pas pour la cause.
L’empereur va, aussi souvent que possible, se recueillir dans l’église de Monte. Elle est toute proche de la quinta, et il peut même en voir les tours carrées depuis le jardin. C’est d’ailleurs cette église qu’il avait aperçue lors de son arrivée par bateau, et lui avait valu cette remarque à son épouse: « Regarde, là-haut, cette église qui ressemble à celles que l’on aperçoit sur les montagnes du Tyrol. Nous irons la voir ».
Nossa Senhora do Monte abrite une statue miraculeuse de la Vierge qui est la protectrice de l’île. Elle attire de nombreux pèlerins. Charles semble chercher en lui-même, une réponse claire à une question importante, pour arriver à une conclusion déterminante. Il avait le sentiment, disait-il depuis un long moment déjà, que le Seigneur le priait d’offrir sa vie afin de sauver ses peuples. Décontenancée, l’impératrice Zita n’osait répondre. En son for intérieur, elle priait Dieu d’en rester là. Cependant, l’empereur commence à lui donner des conseils sur ce qu’elle devait faire, au cas où – dans un avenir proche peut-être – il ne serait plus auprès d’elle. Il ne se doutait pas, cependant, que ce sanctuaire marial allait devenir son tombeau…
Au cours de ces journées, les petits archiducs profitent d’une vie de famille qu’ils n’avaient pas souvent connue par le passé. Si les plus grands suivent leur père dans ses promenades journalières, les plus jeunes jouent dans le vaste parc de la propriété, sous la surveillance de Zita ou de leur gouvernante. L’archiduc Otto raconte, bien des décennies plus tard: « Je me souviens de belles fleurs de camélia panachées rouge et blanches, tombées des arbres. Faute d’hiver comme nous le connaissions chez nous, nous les utilisions comme projectiles pour rappeler les batailles de boules de neige ». Sur la photo, on reconnaît de gauche à droite, Otto, Robert et Adélaïde en vêtement sombre, Félix et Charles-Louis en costume de marin, et à l’extrême-droite, le petit Rodolphe. Devant, la petite Charlotte, qui a moins d’un an.
Une partie du parc est agrémentée d’une belle roseraie, entourée de buis, et que domine une belle fontaine de marbre blanc. C’est là, dans un pavillon appelé la tour Malakoff, qu’est installée une longue vue permettant d’admirer la côte et Funchal en contre-bas. Tout près, un canon miniature et un poulailler font la joie des enfants qui adorent venir ici pour s’amuser.
Le parc est planté d’essences très variées. Près d’un siècle après son aménagement, il possède des arbres superbes: des chênes, des palmiers, des lauriers, des fougères arborescentes et des eucalyptus, dont un aurait été prélevé près de la tombe de Napoléon à Sainte-Hélène (il a aujourd’hui disparu).
Ce tableau idyllique pourrait faire oublier les affres de l’exil. Hélas, la réalité est toute autre à la quinta. Une lettre, écrite à cette époque par une femme de chambre, décrit leur vie au quotidien : «Ce n’est qu’en mai-juin, que le temps est agréable sur le Monte. Nous n’avons eu jusqu’à présent que trois journées ensoleillées, sinon toujours de la pluie, du brouillard et de l’humidité. Il fait naturellement plus chaud que chez nous dans les montagnes. Ici en haut, nous n’avons pas de lumière électrique, et de l’eau seulement au premier étage et dans la cuisine. La villa serait bien belle, mais nous avons peu de place même si seulement le strict nécessaire en personnel est sur place. Pour chauffer nous n’avons que du bois vert, qui fume sans cesse. On ne se lave ici qu’à l’eau froide et au savon. Grâce au ciel, nous avons notre lessiveuse, qui est installée à l’air libre. Les gens ne lavent qu’à l’eau froide ici, le linge n’est pas bouilli comme chez nous, tout doit être blanchi au soleil. Malheureusement, nous n’avons que peu de soleil, et c’est avec envie que nous regardons vers Funchal où il brille en permanence. La maison est si humide que cela sent la pourriture partout et que l’on voit le souffle de chaque personne. Comme transport, il n’y a que des voitures et des bœufs, et l’on ne peut se payer ni l’un ni l’autre; il y a, en outre, un chemin de fer à crémaillère mais qui ne circule pas tous les jours. Nous ne pouvons pas descendre à pied non plus, car il nous faudrait presque toute la journée pour revenir. Le pauvre Empereur, qui ne prend que trois repas par jour, ne peut pas recevoir de la viande le soir, seulement des légumes et des entremets sucrés, c’est ce que nous regrettons le plus.(…)
Ce qui est encore plus ennuyeux, c’est le fait que Sa Majesté doit accoucher au mois de mai, et ni une sage-femme, ni un médecin ne sera présent. Il n’y aura qu’une nurse, mais elle n’a pas d’expérience. Je suis totalement désespérée à ce sujet. J’écris à l’insu de Sa Majesté, car je ne peux admettre que l’on laisse deux êtres innocents, ici, dans une maison totalement insalubre aussi longtemps. On doit protester ! Leurs Majestés ne bougeront pas et se laisseraient enfermer sans sourciller dans un trou à rat, seulement avec de l’eau et du pain, si on leur demandait. Dans la chapelle de la maison, les champignons se font denses sur les murs. On ne pourrait plus supporter de vivre dans aucune pièce de la maison si le feu ouvert ne brûlait constamment. Nous essayons naturellement ensemble d’enrayer le mal ; parfois nous sommes près à renoncer, mais lorsque nous voyons, avec quelle patience Leurs Majestés supportent tout cela, nous continuons à nouveau.»
Malgré les épreuves morales qu’il endure, à la pensée de la misère de ses peuples, malgré les soucis et son mal du pays, l’empereur reste toujours enjoué et équilibré. « Nous allons bien, sans l’avoir mérité » se plait-il à répéter. (Un grand merci à Francky – Copyright photos : Francky, Perestrellos photographos: Collections photographiques du Musée Vicentes (Funchal), et DR. – -Bibliographie : Michel Dugast Rouillé, Charles de Habsbourg, Le dernier empereur (1887-1922), Editions Duculot, Paris, 1991; Erich Feigl, Zita de Habsbourg, Mémoires d’un empire disparu, Criterion, Paris, 1991; Jean Sévilla, Zita, Impératrice courage, Perrin, Paris, 1997; Erik Cordfunke, Zita, La dernière impératrice, 1892-1989, Editions Duculot, Paris, 1990.)
jul
13 octobre 2011 @ 06:50
Quel magnifique récit, précis, et si bien illustré. Encore merci Francky !
Je suis heureux de découvrir la vie de la famille impériale à Madère, et surtout les actes de solidarité et de soutien à son égard.
Comment a été accueillie l’Infante Marie Thérèse de Portugal par les habitants? Je crois qu’elle n’avait presque jamais connu le pays de son père.
Je ressens de la tristesse en lisant que l’Empereur pensait que Dieu voulait le faire mourir. Ca ne rassemble tellement pas à Dieu !
Jésus a été l’ultime sacrifice pour pardonner les Hommes !
Francky
13 octobre 2011 @ 09:51
Merci Jul !
L’infante Marie-Thérèse de Portugal a été fort bien accueillie, comme le reste de la famille d’ailleurs. Madère est fort loin de l’Europe et de ses conflits, et l’hospitalité de ses habitants est sincère.
Mais elle ne restera que peu de temps sur l’île, puisque arrivée le 2 mars, elle en repartira moins de deux mois plus tard…
Sa présence sera fort utile lors de la maladie de l’empereur car elle avait obtenu, dans le passé, un diplôme d’infirmière.
Quant à Charles, ses idées s’expliquent sans doute par un état dépressif avancé, et par sa grande spiritualité. Il voulait en fait, faire comme le Christ: offrir sa vie pour soulager la misère de ses peuples… Heureusement, il n’a pas connu la suite et le sort qu’ils connurent au XXe siècle !
jul
14 octobre 2011 @ 08:16
Merci pour vos précisions Francky
Oui heureusement que l’Empereur Charles n’a pas connu la suite !
Je suis content d’apprendre que la belle-grand-mère de l’Empereur (également tante de l’Impératrice) était infirmière et qu’elle a pu s’occuper un peu de lui.
Je suis toujours étonné (même si je ne le devrais plus) d’apprendre que la fille d’un prince que l’historiographie présente comme réactionnaire voire obscurantiste ait pu étudier et recevoir une formation (ici médicale). Comme quoi…
ciboulette100
14 octobre 2011 @ 22:09
Le destin de ce couple m’a toujours bouleversée… C’est pas la racaille politique qui nous entoure qui serait capable de supporter le millième :(
Damien B.
13 octobre 2011 @ 07:54
Merci Francky de cet excellent reportage !
JAY
13 octobre 2011 @ 08:43
TRES INTERESSANT D AVOIR LES DETAILS DU QUOTIDIEN !!
enfin on ne va pas quand meme les pleindre non plus !!!
c est les affres de l exil; pleins d autres familles sans le sous n ont pas eu la chance qu on leur prete des maisons etc ..
et plus vraiment que comme ils devaient etre deconnecté des la realité pour se faire voler tout leur bijoux … on en donne jamais tout a la meme personne !! dans de logique, manque de vecu …
Cosmo
13 octobre 2011 @ 15:46
Jay,
Pardonnez-moi d’intervenir.
Je ne vous comprends pas. Vous professez une admiration sans bornes pour la princesse Caroline de Monaco, et c’est votre droit le plus strict mais vous n’avez aucune compassion pour la Famille Impériale d’Autriche en exil.
N’oubliez pas que s’ils ont vécu des moments très difficiles, à l’instar de millions d’émigrés dans le monde, rien ne les avait préparés à cela. Même si le couple avait une conscience aigü de ce qu’était la misère dans le peuple, et ils l’ont prouvé durant leur règne, il ne l’avait bien entendu jamais vécue.
Jamais une fois, ils ne se sont plaints. Ils ont accepté leur sort avec dignité et sans aucune acrimonie.
L’Empereur Charles est mort en communion avec la souffrance des autres.Il n’a jamais exprimé le regret d’être pauvre avec les pauvres, bien au contraire. Il pensait avoir la chance de vivre enfin selon l’Evangile des Béatitudes.
Que l’on soit monarchiste ou non, chrétien ou non, la calvaire vécu par l’Empereur Charles, sa dignité devant la mort, puis la dignité de l’Impératrice Zita et de ses enfants tout au long de leur vie suscitent chez beaucoup compassion et admiration.
C’est nous que leur sort fait pleurer. Eux, les Habsbourg déchus , acceptant la Volonté de Dieu, ne l’ont jamais fait. Ils se sont redressés et ont affronté le siècle en hommes et femmes dignes et libres.
Je n’en ai jamais entendu un se plaindre de son sort et regretter une seule de leurs couronnes passées.
Je vous parle de tout ceci en réelle connaisance de cause.
Bien à Vous
Cosmo
philippe gain d'enquin
14 octobre 2011 @ 17:48
Votre plaidoyer est aussi juste et beau que l’article est intéressant; le fait est pour vous suivre que la princesse Grimaldi – et pour l’instant de Hanovre – n’atteindra jamais en dépit de ses « immenses » qualités l’excellence du couple impérial d’Autriche, voire d’aucun Habsbourg ainsi que vous le dites en conclusion. Merci à vous..
Charlanges
14 octobre 2011 @ 18:06
Merci, Cosmo, pour cette mise au point qui s’imposait.
Marie-France en belgique
13 octobre 2011 @ 08:44
Merci Francky ! Superbe récit où l’on se rend compte que cet exil fut tout, sauf doux pour la famille impériale !
Et on voudrait continuer la lecture …
MoniqueDN
13 octobre 2011 @ 09:35
Magnifique récit Francky ! Continuez et mille fois merci !
pierre-yves
13 octobre 2011 @ 09:48
Francky
Vous soignez la progression dramatique !
Vous commencez par nous présenter cette propriété comme un havre bucolique vue de l’extérieur et puis peu à peu, nous dévoilez le caratère insalubre de la maison qui ne reçoit presque jamais le soleil et suinte l’humidité et l’inconfort
Vous commencez aussi à « préparer » la fin de l’empereur mais de manière allusive.
Ce n’est pas qu’il y ait suspense sur l’issue, mais on a envie d’en savoir plus sur ses dernières semaines de vie.
Grand merci, donc, pour ce récit et pour les photos qui l’illustrent.
lucile
13 octobre 2011 @ 10:07
Merci infiniment Francky, c’est avec impatience que j’attendais la suite de ce récit passionnant. C’est étrange ces intuitions de l’Empereur sur sa fin prochaine…
Récit passionnant très bien illustré en effet.
Louise.k.De France
13 octobre 2011 @ 20:16
Lucile,
la grand-mère de mes enfants me disait un mois avant son décès qu’elle allait « partir bientôt »,moi je plaisantais en lui demandant pour quel voyage elle avait pris son billet d’avion..
Nous avons passé l’après midi précédent son décès dans le jardin à papoter..et le soir elle est partie pour son dernier grand voyage.Elle savait, elle était pourtant en pleine forme! Quand nous avons regardé les photos prises cet après midi là, nous nous sommes aperçus avec stupeur que (ne riez pas) la mort était déjà sur elle…impressionnant!
Je pense donc que l’Empereur a pu pressentir ce qui allait lui arriver!
stef34
14 octobre 2011 @ 09:27
louise ,
je connais un vieux monsieur de 91 ans ( bien sur il avait l’age de mourir !) , qui a fait le tour de la maison de retraite en disant aurevoir et merci pour tout au personnel …..qu’il partait pour son dernier voyage .
Tous se moquaient de lui car il était en pleine forme ! Son fils est allé comme tous les jours lui rendre visite , il a dit la même chose …..
Après son repas de midi , il est allé faire sa sieste habituelle et …….ne s’est jamais rêveillé !
Je pense aussi que l’empereur a pu pressentir ce qui allait lui arriver !
Francky
14 octobre 2011 @ 14:38
Stef34 et Louise
L’empereur a d’autant pu pressentir ce qui allait lui arriver qu’il restera malade 2 semaines pendant lesquelles se déroulera sa lente agonie… Lui laissant le temps de « préparer » son départ.
Vous en saurez un peu plus la semaine prochaine…
Palatine
14 octobre 2011 @ 18:46
Louise et Stef34, vos anecdotes font reflechir. Oui, ce pressentiment de la mort est un mystere que je ne parviens pas à eclaircir.
J’aime lire ces histoires vraies.
Cela montre qu’on n’a pas besoin d’etre Nostradamus pour prédire le jour de sa propre mort. Car je crois que c’était ce qu’il avait fait.
Le vieux monsieur de 91 ans a eu ce que j’appelle une belle mort, sans souffrance et dans la sérénité.
Cosmo
13 octobre 2011 @ 10:07
Encore félicitations pour cet excellent reportage et la très belle iconographie qui l’accompagne!
L’Empereur Charles acheva son calvaire à la Quinta do Monte. Son mysticisme y crut de façon étonnante.
La comtesse Kerssenbrock, affectueusement appelée Korffi par les enfants, fut en effet d’une aide précieuse et continua par la suite à être la gouvernante des archiducs puis la dame de compagnie de l’Impératrice jusqu’à la fin.
La mère de l’Archiduchesse Regina était je crois également une Kerssenbrock.
Francky
13 octobre 2011 @ 12:59
Merci Cosmo
Vous avez effectivement raison: la mère de l’archiduchesse Régina était née Comtesse Klara-Marie von KORFF gt SCHMISING-KERSSENBROCK. J’ignore par contre le lien de parenté avec la dame d’honneur de l’impératrice.
La comtesse Kerssenbrock restera toute sa vie aux côtés de Zita, y compris en Suisse, et mourut après une brève maladie, dans les bras de l’impératrice qui la veillait jour et nuit.
philippe gain d'enquin
14 octobre 2011 @ 17:51
Votre contribution au blog m’a passionné, sans pathos vous exprimez avec pondération et profondeur une réalité douloureuse, comparable – toutes proportions étant gardées, je vous le concède – à la fin de vie de notre premier empereur. Un lieu désolé et humide. Une constante dans bon nombre d’exils. Une fois de plus, merci à vous.
Francky
15 octobre 2011 @ 12:28
Merci Philippe !
Vous avez raison: bien que je ne sois jamais allé à Sainte-Hélène, les lieux où Charles Ier passa ses derniers jours m’y faisaient beaucoup penser. J’étais à Madère cet été, et ait pu me rendre compte de l’humidité constante qui règne sur l’île. Ayant séjourné dans une vieille quinta, j’ai pu me rendre compte que l’humidité ne quitte jamais ces vieilles maisons aux murs épais.
La seule différence pour Charles Ier, c’est qu’il passa ses derniers jours entouré de sa femme et de ses enfants. Ce fut une grande source de réconfort pour lui, pour l’accompagner dans sa triste fin.
Suzanne
13 octobre 2011 @ 11:11
Votre reportage est passionnant,Francky, merci. Le témoignage de la femme de chambre est particulièrement émouvant. Quelqu’un sait-il si l’impératrice a pu être assistée d’un médecin ou d’une sage-femme lors de son dernier accouchement?
Francky
13 octobre 2011 @ 13:00
Merci Suzanne.
L’impératrice a accouché en Espagne de sa dernière fille, et le roi d’Espagne avait mis un médecin à sa disposition.
Palatine
14 octobre 2011 @ 18:47
Un medecin specialiste des voies respiratoires aurait été bien utile aupres de l’empereur Charles qui n’avait pas assez d’argent pour se soigner.
Jean I
13 octobre 2011 @ 11:57
Merci Francky pour cette deuxième partie. Je n’avais jamais vu de photo de la maison habitée par la famille impériale à Madère.
Palatine
13 octobre 2011 @ 12:47
Ces lignes sont vraiment émouvantes et serrent le coeur.
JAusten
13 octobre 2011 @ 19:35
oui Palatine je ne vous donne pas tort du tout.
J’ai toujours été attirée par la famille de Habsbourg et spécialement la famille de Charles et Zita au destin hors du commun. Zita et ses enfants n’ont jamais baissé les bras.
J’ai lu la bio de Erich Feigl, j’ai bien aimé car très détaillée.
Mayg
13 octobre 2011 @ 13:06
Merci à Francky pour son excellent travail accompli et ce beau reportage est un régal.
Gilles B.
13 octobre 2011 @ 14:46
Un très grand merci pour votre récit Francky, écrit avec une grande finesse et superbement illustré. Continuez de nous enchanter et surtout de nous instruire. Les pièces que vous nous communiquez comme la lettre de la femme de chambre sont d’un grand intérêt et sont assez poignantes. Je ne savais rien des conditions matérielles de l’exil du dernier empereur d’Autriche. Cet article m’apprend beaucoup. Merci encore.
corentine
13 octobre 2011 @ 15:37
merci Francky et Régine
j’attendais la suite avec impatience
Angelo
13 octobre 2011 @ 17:04
Y aura-t-il une troisième partie de ce récit?
Régine
13 octobre 2011 @ 21:02
Une troisième et…une quatrième partie ;-)
Caroline
13 octobre 2011 @ 23:46
Chere Regine,en effet,j’ai l’impression de suivre le magnifique ‘recit’ de Francky sur l’histoire pathetique de Charles 1er et Zita d’Autriche!avec beaucoup de suspense!Que c’est passionnant!
Angelo
17 octobre 2011 @ 21:28
:-) J’attends avec impatience.
COLETTE C.
13 octobre 2011 @ 19:52
Quel beau et émouvant récit ! merci, Francky.
L’empereur a sûrement attrapé son mal dans cette maison insalubre.
COLETTE C.
13 octobre 2011 @ 19:56
J’ai lu que Charles-Philippe d’Orléans avait écrit un livre : » Rois en exil. Portugal, refuge royal ».Il est écrit en portugais: y-a-t’il une traduction française ?
Louise.k.De France
13 octobre 2011 @ 20:09
Ce récit est fort émouvant, et j’ai hâte(bien que je connaisse déjà la fin de cette triste histoire) de lire la suite, jeudi prochain.
Mais bien entendu beaucoup de gens avaient des vies beaucoup moins simple que la leur.Il est dit que l’Empereur ne prend que 3 repas par jour, mais combien en prenait-il auparavant? qu’il ne pouvait pas avoir de viande le soir, mais certainement des millions de personnes n’en avaient même pas le midi..
Malgré tout, leur vie fut bien triste.
Francky
14 octobre 2011 @ 14:44
Louise,
Je me suis fait la même réflexion. Il s’agit d’une traduction de la lettre de la femme de chambre de l’impératrice; je me demande s’il n’y a pas eu une erreur dans sa retranscription… Quoiqu’il en soit, les conditions de vie à la quinta étaient très précaires…
Alix
13 octobre 2011 @ 21:48
Voilà ce qu’est à mes yeux la vraie noblesse….
Quel courage a eu l’imperatrice Zita…..
Aujourd’hui que voyons nous depuis 3 décénies, (je ne parle pas du duc de windsor)? Des foules qui dans un effet d’entrainement s’enflamment pour des « princesses » de pacotille qui ne connaissent que le bistouri et cherchent les objectifs des photographes …Beaucoup les plaignent les pauvres quelle vie ils ont….
Aprés les scandales, argent, sexe, divorce, les unions systématiques avec la roture ….Alors pourquoi parler encore de royauté?
Quand on s’interesse un peu à l’Histoire des pays qui ont conservés une monarchie, quel décalage entre hier et aujourd’hui. Et pour demain ou aprés demain, je suis trés pessimiste.
Aujourd’hui les héritiers pensent surtout à leur vie personnelle leur vie privée leur bronzage, leurs louboutin, avant de penser pourquoi sont ils princes heritiers. C’est sans doute un sacerdoce mais n’exagageront pas. Ce n’est pas un travail à la chaîne.
Les dames font des dépressions, regardent leurs os, veulent une vie privée trés privée, cachent leurs enfants leurs vacances et week end de 4 jours sans communication….. et les époux jouent le même jeu. En fait que des droits et trés peu de devoir.
Je me dis s’ils ne sont pas contents de leur sort plus qu’enviable, qu’ils renoncent au trône et a tous les avantages qui leurs sont consentis. Qu’ils aillent travailler comme tout le monde et ainsi ils auront une vie privée comme leurs sujets.
Evidemment, il y a quelques cours royales ou tout se passe pour le mieux, en apparence tout du moins.
jul
14 octobre 2011 @ 08:32
Oh vous savez Alix, les princes d’aujourd’hui ont droit à une vie privée, à s’occuper un peu d’eux-même. Le mouvement a commencé à la fin du XVIIIème siècle alros ce n’est pas nouveau.
Cela ne les empêche pas d’être des personnes conscientes de leurs devoirs. L’un n’empêche pas l’autre.
Ce n’est pas parce qu’ils soignent leur apparence, ce qui est un devoir,
et veulent trouver un peu de bonheur avec le même conjoint toute leur vie qu’ils sont ingrâts et déshonorent leurs ancêtres. Mieux vaut être heureux et réussir son mariage avec une roturière que d’être malheureux avec une princesse avec laquelle on sauve les apparences (vous savez, c’était très souvent le cas).
Bon, c’est vrai, il est possible de réunir les deux conditions, mais il faut bien un brin de fraîcheur dans les monarchies. Le peuple a besoin de sentir que les princes ne les méprisent pas.
Voyez Victoria, Felipe, Haakon, Willem Alexander, William…On ne peut pas vraiment dire, quand on pense à toutes leurs activités officielles, qu’ils n’ont pas conscience de leurs devoirs… Les belles âmes ne se trouvent pas forcément derrière des visages affligés et tristes.
Francky
14 octobre 2011 @ 14:56
Alix,
Vous avez entièrement raison, et vous verrez dans la 4e partie de cet article que le souvenir et la vénération pour les Habsbourg restent intact, par delà les siècles… Ce dont ne peuvent se prévaloir d’autres familles « nobles » ou même royales.
AEIOU: vous connaissez la devise sans doute…
On peut la réactualiser ! ;)
pierre-yves
15 octobre 2011 @ 15:15
Alix,
le tableau que vous dressez est si caricatural que je ne peux m’empêcher d’y mettre mon grain de sel.
Cela me semble à la fois facile et vain d’opposer le destin digne, valeureux et tragique de l’impératice Zita à la vie des princesses de notre temps, que vous décrivez comme faite de privilèges, de caprices et d’attentions à leur propre personne.
Les personnes dont vous parlez sont les reflets de leur époque. Et il n’y a rien de commun entre 1922 et 2011. En 90 ans, ce n’est pas que le monde a évolué, c’est qu’il a vécu d’intenses bouleversements politiques, sociologiques, moraux, et n’est tout simplement plus du tout le même.
Comparer (par exemple) Letizia d’espagne à Zita, c’est comme comparer Albina du Bousrouvray et Bernadette Soubirous. Ou le vieux lavoir au bout du village au lavomatic de centre-ville. Ou le pneumatique d’antan aux forums du web. Ca n’a plus rien à voir.
Je ne sais pas d’où vous vient ce mépris des princesses d’aujourd’hui et cette vénération de celles qui appartiennent à un monde disparu, que donc, forcément, vous idéalisez.
Il y a quantité de choses qui ne tournent pas rond dans notre siècle et quantité de gens qui se conduisent mal ou sont portées aux nues pour de mauvaises raisons.
Mais pour autant, est-ce que cela doit nous conduire à ériger les gens qui vivaient dans le monde d’autrefois et selon les règles d’autrefois en exemple absolu ? Je ne le crois pas.
Vous savez bien que chaque époque a ses obscurantismes et chaque personne a ses démons. Il y a du bon et du moins bon chez les princes et princesses d’aujourd’hui exactement comme chez ceux d’hier.
Simplement, notre époque met davantage qu’autrefois les hommes et les femmes en pleine lumière. Par conséquent, tout se voit, tout se sait et tout se juge et tout se commente. Souvent un peu n’importe comment, d’ailleurs, mais c’est ainsi.
MoniqueDN
14 octobre 2011 @ 11:21
Si Régine le permet, voici vers une très belle vidéo consacrée à la vie de l’impératrice Zita. Merci d’avance Régine !
http://www.youtube.com/watch?v=utfA037u0Z4
Claude MARON
14 octobre 2011 @ 15:48
Il me semble avoir lu dans une biographie de l’Impératrice qu’un de des frères, à la poursuite du voleur de bijoux, avait retrouvé dans la chambre d’hôtel de celui-ci la carcasse de la couronne dynastique de la reine de Hongrie… Aurait-on des infos à ce sujet ?
Francky
15 octobre 2011 @ 12:04
Claude
Vous avez raison: les souverains ne pouvant circuler facilement en Europe (l’empereur en étant interdit jusqu’à sa mort, et Zita ne le pouvant avec ses 8 enfants), c’est effectivement un de ses frères (Sixte ou Xavier, je ne sais plus), qui fut chargé de la chasse du voleur de bijoux, sans succès… Et de fait, je n’ai pas d’informations concernant l’avenir des fameux joyaux…
Peut-être quelqu’un pourrait-il nous éclairer ?
dimitri
14 octobre 2011 @ 17:43
Monique DN
Merci pour ce reportage très émouvant.
En effet, que de dignité chez ces véritables monarques.
Comme le dit ALIX, les princesses contemporaines (pour la plupart) se conduisent comme des starlettes et ne peuvent pas nous inspirer le moindre respect. Voir actuellement le comportement d’Hélène de Yougoslavie. Quelle décadence! Et pourtant si on observe ses photos, elle ressemble de façon tellement troublante à Amélie de Bourbon-Parme, que l’on peut penser qu’elle est peut-être une descendante de Zita de Bourbon-Parme.
Dominique Charenton
14 octobre 2011 @ 18:20
Bonjour Cosmo et Francky
Voici le lien unissant la dame d’honneur de l’impératrice à sa belle-fille : Regina de Saxe Meiningen :
Maria Theresia Sidonia, comtesse von Korff gen. Schmissing-Kerssenbrock, dame d’honneur de l’impératrice Zita d’Autriche, dame de l’ordre de la Croix étoilée, dame de l’ordre bavarois de Thérèse, née le 06 10 1888 à Lichtenstein, décédée le 10 02 1973 à Chur est fille de Klemens August, comte von Korff gen. Schmissing-Kerssenbrock ( Schnellenberg 21 10 1839 – Lichtenstein bei Pilsen 07 12 1913 ), chambellan impérial et royal qui avait épousé en secondes noces à Praha le 17 08 1886 Gabrielle, princesse von Lobkowitz, dame de l’ordre de la Croix étoilée ( Wien 14 01 1855 – Hohenbrug an der Raab 12 08 1917)
Elle est la petite-fille de Klemens August, comte von Korff gen. Schmissing-Kerssenbrock ( Münster 12 06 1806 – Bornhofen 13 11 1880) fideicommissaire auf Brinke, camérier di Spada e Cappa du Pape qui avait épousé en 1ères noces à Adolphsburg le 24 06 1832 , Karoline, baronne von Fürstenberg (Herdringren 24 06 1832 – Brincke 27 10 1866)
Elle est l’arrière-petite-fille de Maximilian Franz Xaver, comte von Korff gen. Schmissing-Kerssenbrock, 2ème Fideicommissaire (Münster 14 11 1781 – Münster 18 10 1850) qui avait épousé en 1ères noces à Havirbeck le 01 12 1804 Theresia, baronne von Twickel (Münster 11 12 1786- Münster 11 01 1811)
Cet arrière-grand-père est le quartier 24 de Regina de Saxe Meiningen (1925-2010) voir ses 64 quartiers sur ce site le 23 02 2010 :
http://www.noblesseetroyautes.com/2010/02/requiem-solennel-de-larchiduchesse-regina/#comments
Sources utilisées :
GHdA GH Band IX 1979 : Korff
Almanach de Gotha, série comtale, années 1903 et 1942 : Korff
Dominique Charenton
dominique.charenton@wanadoo.fr
Francky
15 octobre 2011 @ 11:53
Merci Dominique pour votre aide !
Désormais, avec Cosmo, nous pouvons établir le lien de parenté, ce que j’ignorais…
Je trouve vraiment super que chacun puisse apporter sa contribution sur les sujets traités: cela fait de ce site un puits d’informations extraordinaire !
Merci beaucoup !!!
Francky
erwan
14 octobre 2011 @ 21:44
Ce second épisode est bien triste. Merci à Francky pour ce récit superbement illustré.
Francky
15 octobre 2011 @ 11:50
Erwan
La 3e partie risque de vous attrister encore plus… Mais il m’est apparu important de montrer comment est mort le dernier empereur…
francine
30 septembre 2012 @ 19:07
Je viens de lire votre travail, et je viens de rentrer de Madère, ou notre hôtel (l’actuelle Quinta do Monte) était à quelques mètres du lieu dont vous parlez. En effet, là haut c’est magnifique, mais très humide, il a plu les 2 jours de notre présence à Funchal; la ville est en effet moins mouillée que les collines. J’ai été dans l’église de Monte et ses nombreuses marches. Je suis heureuse d’en avoir appris plus sur Charles 1er. Nous avons connu (pas personnellement), Otto de Habsbourg dans le sud de l’Alsace ou j’habite car est passé par Ferrette, reçu en grande pompe par les autorités.