Perdus depuis 90 ans, cinq mystérieux objets d’art de Fabergé ressurgissent dans les sous-sols du Brighton Museum. Le Brighton Museum & Art Gallery a annoncé la découverte de 5 objets signés de la célèbre maison Fabergé.
La découverte dans ses réserves date de 2019. Ces cinq objets sont signés de la célèbre maison Fabergé, joaillier de la cour impériale de Russie.
Parmi les cinq objets retrouvés par l’expert, pas d’œufs, mais deux cadres à photo – l’un en émail violet translucide, et l’autre, plus petit, en émail « rose pompadour » -, deux pots à gomme émaillés, dont l’un avec un fleuron en pierre de lune, et l’autre surmonté d’un grenat, et enfin une petite boîte à rouleau humidificateur de timbres
La valeur de l’ensemble s’élèverait à plus d’un million de Livres sterling, soit plus de 1,17 millions d’euros.
Ces objets Fabergé ont été récemment découverts par pur hasard, par l’antiquaire Geoffrey Munn, un expert en joaillerie pour l’émission « Antique Roadshow » sur la chaîne britannique BBC One, alors qu’il rendait visite au conservateur du département Mode de l’institution, Martin Pel.
Effectuant une visite de routine dans les réserves du Royal Pavilion and Royal Trust à Brighton, il passa devant une vitrine de porcelaine principalement anglaise. Il a vu le coin de la photo de Fabergé en émail violet qui dépassait du papier de soie dans lequel elle avait été enveloppée
Il demanda que le cabinet soit ouvert et il déballa le papier de soie pour révéler les articles Fabergé couverts d’années de poussière et saleté.
Geoffrey Munn raconte « C’est une découverte vraiment excitante, notamment parce que c’était complètement fortuit. J’étais la-bas à la recherche d’un peintre du Sussex, et il y avait vraiment une chance sur un milliard (a snowflake : un flocon de neige) que je trouve ce que j’ai trouvé. Je marchais dans le sous-sol après quelque chose de complètement différent et j’ai vu le coin d’un des cadres photo qui dépassait du papier de soie.
Parce que j’ai passé toute ma vie à travailler avec des articles de Fabergé, je l’ai simplement reconnu et j’ai dit « allons, soulevons le papier de soie » et là se trouvaient les deux cadres, les deux pots de gomme et un rouleau humidificateur de timbre en émail bleu. Si le papier les avait enveloppés complètement, ils seraient toujours là maintenant. J’étais ravi mais ils étaient aussi sales et couverts de goudron de tabac, et Dieu sait quoi d’autre qui a obscurci leur éclat ».
Fabergé est un nom très réputé maintenant, mais il ne l’a pas toujours été et il était complètement démodé dans les années 1920-1930.
Deux cadres photos se trouvent notamment parmi les objets trouvés. ©DR/RPMT/Facebook
D’après leurs poinçons, ils auraient été réalisés entre 1896 et 1906.
Une petite boîte comportant un rouleau humidificateur de timbre. ©DR/RPMT/Facebook
Deux pots à gomme émaillés font partie de l’ensemble. ©DR/RPMT/Facebook
Ces cinq objets auraient été rapportés en Grande-Bretagne par Henry Vere Benett, qui travaillait pour les services de renseignement britanniques à Saint-Pétersbourg pendant la révolution russe de 1917.
Il était connu pour avoir cherché chez les bijoutiers locaux des articles à renvoyer à sa belle-mère, Lady Ellen Thomas-Stanford, qui vivait au Preston Manor à Brighton.
Lady Thomas-Stanford était une riche héritière et amie personnelle de la princesse Béatrice, fille de la reine Victoria. Après sa mort, en 1932, Preston Manor et son contenu ont été cédés à l’autorité locale pour devenir un musée.
Geoffrey Munn a effectué des recherches sur ces objets et a pu les retracer jusqu’à Lady Ellen de Preston Manor. Au dos des cadres photo, il trouva collés des numéros d’inventaire écrits de la même main que les numéros d’inventaire des articles de Preston Manor.
Bien que l’identité des deux femmes demeure un mystère, on pense que l’une d’elles pourrait être la Princesse Alice de Battenberg, arrière-petite-fille de la Reine Victoria et mère du Prince Philip.
Les photographies étaient contemporaines de l’époque des poinçons, entre 1696 et 1906.
D’après Geoffrey Munn, « la dame dans le cadre violet ressemble beaucoup à la Princesse Alice de Battenberg, arrière-petite-fille de la Reine Victoria, mère du Duc d’Édinbourg et belle-mère de la Reine ».
Elle aurait été âgée de la fin de l’adolescence et la dame sur la photo que l’on pense être elle porte un type de boucles d’oreille en perle qu’elle était connue pour avoir eue. Elle était liée à la famille impériale russe qui a été renversée par la révolution russe de 1917.
Et il y a toujours eu un lien royal très fort avec Fabergé : après tout sa clientèle principale était la famille impériale russe et dans une certaine mesure la famille royale britannique.
Georges Munn n’a aucune idée de qui est la seconde femme sur la photo. Elle les a entraînés dans une grande énigme, mais elle était certainement dans l’entourage de la famille royale, notamment en tant qu’invitée le week-end, comme les filles de la Reine Victoria
Il ajoute « les photos n’ont pas été vues par le public depuis qu’elles ont été laissées par Lady Ellen » et il fait appel à l’aide du public pour le découvrir.
Les objets seront exposés au Brighton Museum and Art Gallery du 2 novembre 2021 à juin 2022. (merci à Pistounette)
Régine ⋅ Actualité 2021, Angleterre, Expositions, Joyaux, Russie 17 Comments
Michelle
17 novembre 2021 @ 03:17
Histoire rocambolesque mais du moins ils ont été retrouvés au grand plaisir des futurs visiteurs du musée
framboiz07
17 novembre 2021 @ 04:44
Bravo, mais quand même,pourquoi ne font-ils pas des recherches sur les objets perdus …Une fois de temps en temps ,surtout que Fabergé,ça attire les gens !
Idem ,en France , avec le mobilier national , qui va dans les administrations et disparaît ensuite …
Léger , léger !
Benoite
17 novembre 2021 @ 05:59
Tous les ami(e)s du mystère… et des trésors vont pouvoir se boire un bon café, à la lecture de cet article ce matin. Chouette, une découverte de petits trésors cachés. Je dis merci à Pistounette et Régine de nous poster l’article. La vie des antiquaires et brocanteurs doit être très motivante, faite de patience, de culture et science de l’Art et des époques. Remonter la piste des objets trouvés, ici on demande de l’aide pour identifier la dame dans le cadre rose, doit être jubilatoire et passionnant. J’ai trouvé une fois, un article « la Gazette » dans un recoin de vieux mur, il donnait les nouvelles du Front en 1916, juste deux petites pages en noir et blanc, avec un dessin sur la couverture mais il sentait mauvais. la pisse de chat, la poussière, on l’a lu, posé dans un coin, et continué notre ménage, trouvé aussi une vieille cuillère à sucre à absinthe, et des vieux sous. Je pense que ce découvreur de ces 5 jolies merveilles a dû connaitre un vrai moment de bonheur, qui le fait partager, ici, et dans l’exposition. j’aime bien ces articles sur les découvertes, (on garde son âme d’enfant) à tout âge, n’est ce pas ??
Pascal🍄🍁
17 novembre 2021 @ 06:10
Passionnant ! 👏
Pascal
17 novembre 2021 @ 12:04
Et raconté de façon parfaite 👍
Aldona
17 novembre 2021 @ 09:59
Merci Pistounette, pour cette histoire, quelle belle découverte, ces objets sont d’une délicatesse, aux tendres couleurs, maintenant demeure le mystère de cette femme, quelqu’un ou quelqu’une trouvera un jour le nom de cette jeune femme, en feuilletant des albums de photos privés
Jual
17 novembre 2021 @ 10:00
Article très passionnant, merci! Je ne vois pas à quoi pouvait servir un pot de gomme…
JAusten
17 novembre 2021 @ 12:34
Ce devait être médical, arabique, barbari etc ou l’ancêtre du chewing-gum
Pascal
17 novembre 2021 @ 13:54
Pour coller les timbres? Servir de colle …
Beque
17 novembre 2021 @ 10:56
Lady Ellen Thomas-Stanford, née en 1848, est décédée le vendredi 11 novembre 1932 à Preston Manor, la demeure familiale dont elle avait héritée ainsi que de l’immense partie de la ville qui composait le domaine de Stanford. Lors du déclenchement de la guerre de 14, on comptait dix serviteurs à Preston Manor. Elle éprouva la plus grande fierté lorsque son second mari Charles Thomas, qui avait été député et maire de Brighton, avait été nommé, lors du Nouvel An 1929, baronnet pour ses services publics à Brighton et dans le district. Le fils d’Ellen, John, écrira après sa mort qu’elle était « la plus grande snob du monde et qu’elle aimait quiconque portait un titre ».
Beque
17 novembre 2021 @ 11:53
A propos de la princesse Beatrice, qu’elle aurait été sa vie si elle avait épousé le Prince Impérial dont elle était amoureuse et quelle aurait été la vie du Prince s’il n’était pas parti se battre avec les Anglais ?
Dans un journal de famille je lis ceci : « On le [le prince impérial] disait amoureux de la princesse Beatrix, dernière fille de la reine d’Angleterre (…) Peu de temps avant son départ, sur la volonté et l’ordre exprès de l’impératrice, il était parti pour le Danemark, avec un député de nos amis. Il y fut reçu admirablement. On comptait qu’il demanderait la main de la princesse Tyra, mais il n’en voulut rien faire. La princesse, dit-il, ne lui avait pas parue jolie et il voulait aimer la femme qu’il épouserait. L’impératrice avait combiné ce mariage avec la princesse de Galles. Le prince impérial, en épousant la princesse Tyra, devenait le beau-frère de la reine d’Angleterre actuelle [Alexandra, princesse de Danemark], de l’impératrice de Russie. (…) Son amour pour la princesse Beatrix grandissant, il résolut de partir, de s’illustrer et de revenir ensuite la demander. A Paris, sa résolution fut apprise avec stupeur.
Beque
17 novembre 2021 @ 11:56
quelle, sur la première ligne, évidemment !
Caroline
17 novembre 2021 @ 12:17
Très intéressant !
Quelle chance inouïe pour ces ‘ trouvailles ‘ d’ une grande valeur historique !!!
Il nous faudrait assez de temps pour découvrir des ‘ surprises ‘ dans notre cave ou notre grenier au prochain nettoyage du printemps ou plus tôt !
Laurent F
17 novembre 2021 @ 13:42
Moi j’ai trouvé une écumoire en cuivre dans le garage de ma maison sur laquelle est martelé « Château de Versailles 1727 ». Elle a connu Louis XV jeune homme !!!
Danielle
17 novembre 2021 @ 16:31
Incroyable, comment peut on perdre de tels objets ? n’y avait il pas d’enregistrement sur un cahier lors de leurs déposes dans ce musée ?
Cosmo
17 novembre 2021 @ 21:48
Antic road Show, une des meilleures émissions britanniques. Un pur bonheur de découvrir parfois des merveilles parfois des objets simplement touchants. Toujours dans un cadre magnifique.
DEB
18 novembre 2021 @ 12:47
Oui.