Mercredi 4 novembre 2015 à 20 heures, concert-événement en la cathédrale Saint André de Bordeaux pour commémorer les 400 ans du mariage entre le roi Louis XIII et l’infante d’Espagne Anne d’Autriche.
Des noces avec des fêtes d’une ampleur exceptionnelle à cette époque à Bordeaux puisque les Cours de France et d’Espagne s’unissaient doublement : Louis XIII avec Anne d’Autriche, et Elisabeth sœur de Louis XIII avec le futur roi Felipe IV.
Le concert comptera la participation de l’acteur Didier Sandre comme récitant et de l’ensemble Baroque Orfeo qui interprètera des airs des compositeurs de Louis XIII comme Formé, Bouzignac,ou Moulinié. (Visuel construit autour du tableau « Le Mariage de Louis XIII, Roi de France et de Navarre et d’Anne d’Autriche, infante d’Espagne » de Jean Chalette. Toulouse, Musée des Augustins. Photographie Daniel Martin.)
Claudia
29 octobre 2015 @ 09:17
Formé, Bouzignac ou Moulinié ? Je n’avais jamais entendu parler de ces compositeurs.
Zeugma
29 octobre 2015 @ 11:05
Etrange mariage ….. qui s’explique par des raisons politiques comme c’était l’usage à l’époque.
Louis XIII (1601-1643) devient roi à l’âge de 9 ans à la mort de son père, Henri IV, assassiné le vendredi 14 mai 1610.
Il épouse Anne d’Autriche (1601-1666) le jeudi 26 novembre 1615 – les deux époux ayant tous deux l’âge de 14 ans – quasiment cent ans avant la mort de son fils Louis XIV.
Le futur Louis XIV nait le dimanche 5 septembre 1638, 23 ans après le mariage de ses parents. (Contrairement à son père et à son fils aîné, Louis XIII n’était pas ce qu’on appelle un homme à femmes. Aimait-il les hommes ? C’est un mystère.)
Louis XIV se marie le mercredi 9 juin 1660 avec sa cousine Marie-Thérèse d’Autriche (1638-1683).
Zeugma
29 octobre 2015 @ 12:16
Le « Point de vue & images du monde » de la semaine dernière – daté du 14 au 20 octobre 2015 – avait consacré un excellent article signé François Billaut et titré
« Il y a 400 ans, Louis XIII et Anne d’Autriche, un mariage consensuel mais pas sensuel » à cet événement.
Vincent
30 octobre 2015 @ 09:48
Tallemant des Réaux, écrivain et biographe, raconte ainsi les débuts du jeune Louis XIII dans la sexualité : «Le roi commença par son cocher Saint-Amour à témoigner de l’affection à quelqu’un. Ensuite, il eut de la bonne volonté pour Haram, son valet de chiens, puis pour Vendôme, le commandant Sauvray et Montpuillan-la-Force, qui furent éloignés l’un après l’autre par la reine mère. Enfin, Monsieur de Luynes vint.»
Le spectacle des nombreuses maîtresses et bâtards, dont son père, Henri IV, lui impose la présence, a rendu Louis XIII profondément misogyne. Lorsque le roi est assassiné, en 1610, Louis, a 9 ans. Il trouve en Charles de Luynes, 32 ans, le père qui lui manquait. Et l’affection pour ce père de substitution va se transformer en amour. Lisons le Journal d’Héroard, médecin attaché à la personne du roi dès sa naissance, qui note quotidiennement la santé, les activités, les allées et venues du souverain, à la date du 28 décembre 1611 : «Le roi, dans son rêve a dit : “Qu’il est beau, qu’il est beau mon Luynes, que je l’aime.”»
Quatre ans plus tard, Héroard précise : «Le roi avait l’habitude de se relever pour aller dans le lit de M. de Luynes où ils s’amusaient, sans dormir jusqu’à quatre heures du matin.»
En quoi consistaient ces jeux ? Quelle fut la nature des rapports de Luynes et du roi ? La «virilité» de Louis XIII n’est pas discutable puisqu’il réussit à donner deux enfants à la reine. Luynes, lui, aime les femmes. Nous avons la preuve, grâce à Héroard, que ce n’est pas le favori qui cherche les contacts sexuels avec le roi. Peu importe comment leurs corps s’unissent, mais Louis, enivré par cette découverte du plaisir partagé, éprouve une reconnaissance sans bornes envers son initiateur. Luynes n’aurait pas conservé dix ans la faveur du roi, sans qu’une liaison physique ne les attache l’un à l’autre.
Le roi tardant à consommer son mariage avec l’infante d’Autriche. Luynes poursuit l’éducation sexuelle du souverain, et lui propose d’assister à l’accouplement de Mlle de Vendôme, fille naturelle d’Henri IV, avec le duc d’Elbeuf. Laissons parler l’ambassadeur de Venise : « Le roi est présent sur le lit des époux, et sa demi-sœur lui dit : “Suivez mon exemple, Sire, et faites la même chose avec la reine.”»
Cette leçon n’inspire pas Louis qui refuse toujours d’honorer la reine. Le favori va alors prendre une initiative qu’on aurait du mal à croire, si la scène n’était décrite par Héroard. Le lendemain, 25 janvier, « M. de Luynes obligea le roi à remplir son devoir conjugal. Il dut prendre Sa Majesté dans ses bras et la porter sur le lit de la reine. Le roi s’efforça par deux fois, avant d’y parvenir. Le lendemain, je vis qu’il avait le gland très rouge. »
Peine perdue ! Il faudra attendre encore dix-huit ans pour que cette union donne un héritier au trône. L’amour du roi pour Luynes va toujours grandissant. Ce simple fauconnier est fait duc. Afin de prendre le pouvoir, à l’âge de 16 ans, en 1617, le roi le charge même d’organiser l’assassinat de Concini, le tout puissant favori de la reine mère. La mort de Luynes, en 1621, crée donc un grand vide dans le coeur du roi. Le cardinal de Richelieu, qui est parvenu à s’imposer comme conciliateur entre le roi et la reine mère, Marie de Médicis, et comme Premier ministre, pousse dans les bras du roi de beaux jeunes hommes à sa solde. Le roi s’entiche d’abord du jeune d’Esplan, puis de François de Baradat, 19 ans, très beau et musclé. Tallemant des Réaux nous dit : « Le roi fait cent ordures avec lui.»
Mais si Louis XIII a décidé de ne plus désormais mêler ses favoris à la politique, il se plaint au cardinal de leur hétérosexualité ! : «Ils ont commerce avec des garces et sont avec elles en perpétuelles picoteries.» À peine croyable : le roi reproche à ses favoris de le tromper avec des femmes ! Richelieu choisit alors le marquis de Cinq-Mars, qui, outre ses qualités physiques, a de l’esprit. Le cardinal compte sur le nouveau favori pour être informé des pensées du souverain et l’infléchir à sa politique. L’ascension de Cinq-Mars est fulgurante, lui et le roi deviennent inséparables. Écoutons Tallemant des Réaux : «Le Roi aimait éperdument Cinq-Mars. Une fois, le Roi se mit au lit dès sept heures, il envoya déshabiller Monsieur Le Grand, qui revint paré comme une épouse. “Couche-toi, couche-toi,” lui dit-il, impatient. Ce mignon n’était pas encore dedans que le roi lui baisait déjà les mains.»
En 1638, naît le futur Louis XIV. Son devoir conjugal accompli, le roi entend vivre à son goût et il écrit au cardinal : «Pourvu que je sois maintenant hors de toutes ces femmes, il ne m’importe où.» En fait, il souhaite uniquement la compagnie de Cinq-Mars, mais celui-ci se fait prier. Ce bel homme couvert de maîtresses hésite à partager les étreintes d’un quadragénaire, malade et vieilli avant l’âge. Commence alors une période de disputes incessantes entre le roi et son favori. Le souverain en appelle à Richelieu, ce qui a pour unique effet que Cinq- Mars prête l’oreille aux ennemis du cardinal. Le roi autorise Cinq-Mars à participer au Conseil, mais Richelieu obtient qu’il revienne sur sa décision. Le favori, fou de rage, ravale sa colère et sa haine, mais cet affront le décide à entrer dans une conjuration composée – excusez du peu – de la reine mère et de Gaston d’Orléans, frère du roi, qui projettent, tout simplement, d’assassiner le cardinal. Le complot est éventé. Effondré, le roi signe, la mort dans l’âme, l’arrestation de Cinq- Mars, qui est jugé et condamné pour haute trahison. Par crainte qu’il n’en dise trop sur ses rapports sexuels avec le roi, la torture lui est épargnée. Il est décapité à la hache. La reine est le seul membre du complot qui n’est pas inquiété. Richelieu la ménage, songeant que la mauvaise santé du roi, pourrait l’amener à devenir régente. Le cardinal meurt cette même année 1642. Le roi l’année suivante.
Haut-Landaise
30 octobre 2015 @ 17:59
De Thou faisait partie de cette conjuration. Ce nom et celui de Cinq-Mars me sont restés en mémoire depuis que j’avais lu ces faits dans un magazine pour les jeunes en bande dessinée… il y à quelques lustres ! Evidemment pas question d’ y trouver les autres informations de votre post ! Merci. HL
JAusten
30 octobre 2015 @ 20:04
ma foi ! Moi qui croyait Louis XIII ennuyeux comme un jour de pluie en automne …
Antoine
31 octobre 2015 @ 11:04
Vincent, vous nous en direz tant ! Merci pour ce long et intéressant article. Mais quelle horreur de ne pouvoir dissimuler aucune de ses turpitudes, même des siècles après…
Caroline
29 octobre 2015 @ 12:14
On assiste en ce moment à la lutte contre le mariage précoce dans le monde du Tiers-Monde et dans les pays islamiques!C’est surprenant de voir ce couple ‘européen’ marié à l’age de 14 ans, vous n’ignorez pas les suites de ce malheureux mariage politique.
ML
29 octobre 2015 @ 23:11
C’était en 1615
Marc
29 octobre 2015 @ 23:44
Caroline,
Il ne faut pas faire d’anachronisme.
Le jeune âge de ces mariés nous surprend en 2015 mais il ne surprenait certainement pas en 1615.
Dans la famille royale et plus généralement les grandes familles, on pouvait choisir un(e) fiancé(e) pour son enfant encore bébé et le mariage venait ensuite confirmer cet accord politique.
D’après ce que j’ai pu lire, les parents pouvaient marier leurs enfants assez jeunes mais généralement le mariage n’était consommé que plus tard. On laissait du temps au temps.
Le problème de Louis XIII et d’Anne d’Autriche est qu’ils ont été obligés de consommer tout de suite leur mariage car Marie de Médicis voulait absolument et le plus vite possible un héritier qui sanctionnât définitivement l’alliance espagnole.
Mais il ne faut pas non plus croire que tous les mariages de ce type ont été malheureux.
Par exemple, le 3 novembre 1701, le roi Philippe V d’Espagne (17 ans) épousait Marie-Louise de Savoie (13 ans). Ils furent très heureux ensemble et très épris l’un de l’autre.
Et si je me rappelle bien ce que j’ai pu lire dans le Louis XIV de Jean-Christian Petitfils (que je vous invite à (re)lire), leur mariage a été consommé très tôt.
Ils n’avaient évidemment pas choisi de se marier (le grand-père Louis XIV avait décidé) mais il ne semble pas qu’on les ait forcé à faire l’amour, à la différence de nos deux « tourtereaux » de 1615.
framboiz07
29 octobre 2015 @ 12:22
Sur Hérodote. net , une page est réservée à ce mariage .Les fiancés étaient jeunes & la nuit de noces fut très peu privée, le Roi en conçut une aversion pour cette épouse. L’Espagne est la grande puissance de l’époque , jusque la bataille de Rocroi & la victoire de Condé, à la fin du règne (1643)
Didier Sandre fut un Louis XIV convaincant dans l’Allée du Roi , où d’ailleurs tous les acteurs étaient de grande qualité .
Alain Golliot
29 octobre 2015 @ 19:21
Louis 13 préférait les confitures…faites avec Marie de Hautefort…qu’Anne, peu rancunière, recommanda ds son testament à Louis 14…
Sigismond
8 novembre 2015 @ 17:10
Monseigneur le duc d’Anjou était présent à ce concert :
https://www.facebook.com/Louis.XX.de.Bourbon/posts/984741174921691