Cuisiner au domaine de Longwood à Sainte Hélène n’était pas un sinécure en raison de la difficulté d’approvisionnement. Jacques Chandelier fut l’un des cuisiniers de l’empereur. Il accepta le poste par amitié pour la famille Napoléon. Il fut autrefois page rôtisseur aux Tuileries.
Il resta en poste jusqu’au décès de l’empereur Napoléon Ier. La viande de boucherie était e piètre qualité car les pâturages étaient peu fournis, les animaux venaient du Cap en Afrique du Sud mais étaient fort maigres. Des porcs de race chinoise furent élevés à Sainte Hélène permettant de proposer de la charcuterie tant apprécie par l’empereur tout comme le boudin et les saucisses.
Idem pour le pain qui était très mauvais. Côté fruits, l’empereur qui aimait le goût des bananes, se mit à apprécier celles que son cuisinier lui préparait en beignets avec du rhum.
On sait que Napoléon n’était pas un fin gourmet et que son temps de table était quasiment chronométré. A Sainte Hélène, il rêvait de remanger une « soupe de soldats » comme celles qu’il mangeait (très épaisses) autrefois lors des batailles.
Au menu, et en fonction des possibilités de ravitaillement, Jacques Chandelier proposait à l’empereur des œufs, mais aussi des lentilles, des haricots en salades, des potages avec beaucoup d’oseille. Parmi ses péchés mignons de la poitrine de mouton pané, les vol-au-vent ou des timbales de macaroni. (Source : L’histoire de la table par André Castelot)
clementine1
12 mai 2016 @ 06:59
de la poitrine de mouton panée ? J’ai de la peine à l’imaginer, cette recette. De quoi anénantir un régime !
kalistéa
12 mai 2016 @ 08:14
C’est je crois l’affectueuse sœur de Napoléon , la princesse Pauline Borghèse , qui se défit de son propre cuisinier ; elle le persuada de s’embarquer pour sainte- Hélène , afin de bien nourrir son frère .
Il fit de son mieux , avec ce qu’il avait sous la main et donna satisfaction.
frambroiz 07
12 mai 2016 @ 11:37
Sous les tropiques, si vous plantez des tomates, ce sont les tuteurs qui poussent !
Caroline
12 mai 2016 @ 12:06
C’est une belle prison dorée pour Napoléon, en plus avec son cuisinier!
Corsica
13 mai 2016 @ 17:32
Caroline, si Sainte Hélène était mieux qu’un cachot de basse fosse, ce n’était pas non plus une prison dorée.
Tout d’abord Longwood, situé sur un plateau humide balayé par les vents, avait un micro climat pourri qui faisait dire à Hudson Lowe qui refusait d’échanger sa résidence de Plantation House avec celle de Napoléon : » Lady Lowe ne se porterait pas aussi bien à Longwood et je ne sacrifierai jamais la santé de ma femme au bon plaisir de Bonaparte. » Napoléon a très mal supporté les grandes différences de température, l’humidité constante, les pluies fréquentes, les vents violents et le brouillard qui régnait sur ce plateau d’altitude. Un véritable cauchemar pour un méditerranéen !
Quant à Longwood, ancienne vacherie devenue résidence d’été du gouverneur, elle n’était pas conçue pour les mois d’hiver. L’absence de cave et le sol argileux rendait la maison insalubre. « L’humidité qui suintait à travers toutes les cloisons pourrissait à ce point les planchers, qu’un jour celui de la chambre de Napoléon s’effondra et livra passage à un flot d’eau fétide qui contraignit l’Empereur de se réfugier dans une pièce voisine. L’hiver, les vêtements, les cuirs, les rideaux se couvrent d’une fine couche de moisissure blanchâtre. Les feux n’arrivaient pas à assécher l’air car le degré d’humidité relative augmentait en même temps que la température ; ce sera donc en pure perte que l’Empereur, frileux, craignant avec raison l’atmosphère de cave de son intérieur, fera flamber des tonnes de bois, et de bois vert, hélas. L’humidité persistera. »
Autre joyeuseté de cette prison dorée : les rats. Leur présence sur le plateau de Longwood avait été de tout temps constatée… L’arrivée d’une collectivité qui, malgré les consignes d’hygiène qui lui avaient été communiquées, s’abstenait de détruire les déchets de cuisine soit en les enterrant soit en les brûlant, provoqua instantanément leur prolifération. Les alentours de la maison furent ainsi envahis par une véritable armée de rongeurs, montant la garde devant la porte de l’office, détruisant poulaillers et clapiers, se faufilant partout, même dans les pièces d’habitation. La nuit, l’Empereur les entendait grouiller au-dessus de sa tête, gratter sous le plancher de sa chambre, s’attaquer aux boiseries. Un jour même, il en vit un sortir de son chapeau alors qu’il s’apprêtait à le prendre pour sa promenade du soir. »
Bref, tous les écrits concordent. Aussi bien ceux des fidèles de Napoléon que ceux des commissaires étrangers : vivre à Longwood n’avait rien d’une sinécure.
Corsica
13 mai 2016 @ 17:34
J’ai omis un guillemet avant ma citation » Leur présence…
Albane
12 mai 2016 @ 19:31
Je crois que le drapeau devant la maison est français. L’île de Sainte-Hélène appartient-elle à la France, ou seulement la demeure de Napoléon ?
LPJ
12 mai 2016 @ 19:57
L’ile de Sainte Hélène n’est pas française.
Au 19ème siècle après diverses péripéties diplomatiques, pécuniaires et autres, le domaine put enfin devenir propriété de l’Etat français.
La demeure de Longwood et son mobilier viennent de faire l’objet d’une importante campagne de restauration via un double financement : public (l’Etat) et privé au travers d’une souscription internationale. Celle-ci, organisée par la Fondation Napoléon sous le haut patronage du Prince Napoléon, a permis de récolter des fonds importants, dépassant même les prévisions. Cela a permis de mener des travaux de sauvegarde supplémentaires, notamment pour le mobilier.
Albane
14 mai 2016 @ 10:59
Merci, LPJ.
COLETTE C.
12 mai 2016 @ 20:02
Heureusement, l’empereur n’avait pas l’air difficile !
gipcan
12 mai 2016 @ 23:02
Article intéressant
Pascal
13 mai 2016 @ 08:59
Comme le laisse entendre Caroline et malgré tout ce qu’on peut lire ou entendre , chaque fois que je vois des images de Sainte Hélène je ne peux me l ‘imaginer comme l’enfer qui nous est dépeint et pourtant….
Serait ce que le Sainte Hélène d’aujourd’hui est bien différend de celui d’alors?
Il est certain qu’après les fastes du premier empire cet exil avait tout d’une descente aux enfers , pourtant tous les princes exilés ou détrônés ne furent pas aussi bien traités , même si le « bien » en l’occurrence était relatif !
En tout cas je trouve toujours ces détails sur la vie privée des grands personnages (leurs goûts , leurs manières et habitudes , leurs animaux familiers) très intéressants …
kalistéa
14 mai 2016 @ 19:07
Bien que tout ce que nous dit Corsica soit vrai , le séjour à Sainte- Hélène doit sa mauvaise réputation au génie de Napoléon qui voulait faire de lui-même un martyr de la perfide Albion , aux yeux des contemporains mais aussi de l’histoire : Hudson Lowe s’en est tout de suite aperçu et un jour il a dit à l’Empereur : « vous inventez Sainte- Hélène ».
Mais le gouverneur n’était pas de force en face de Napoléon: celui-ci voulait lui faire jouer un rôle de tortionnaire et d’un abject personnage , et il l’a joué!
Rentré en Angleterre Hudson Lowe fut couvert d’opprobre et c’est ce qu’avait imaginé Napoléon.Le fils Las Cases le provoqua en duel et le blessa , aux grands applaudissements de tout le monde.Il mena une vie misérable sous les injures et les reproches des Anglais eux-mêmes ( Napoléon n’avait-il pas dit : « le peuple Anglais vengera ma mémoire. »?)
Il finit par se suicider !
Napoléon réussit à faire de sa chute et de sa captivité une victoire!