En 1888, le Grand Duc Serge Romanov et son épouse la Grande Duchesse Elisabeth (Ella) née princesse de Hesse Darmstadt, se rendent à Jérusalem pour la consécration de l’Eglise Saint- Marie- Madeleine. Ce voyage marque très profondément la grande duchesse qui éblouie par la splendeur de l’église construite sur la colline du Mont des Oliviers s’exclame « Comme j’aimerais être enterrée ici ». Trois ans plus tard, Elisabeth la luthérienne se convertissait à l’orthodoxie puis deviendra religieuse et mère supérieure de son ordre.
l’Eglise Saint- Marie- Madeleine (photo Jean Pierre)
Lors de la révolution de 1917, elle refuse de retourner en Allemagne comme le lui proposait son cousin germain Guillaume II. Elle est arrêtée en mai 1918 et exécutée le 17 juillet 1918 le même jour que Nicolas II et sa famille. Sa fidèle servante la soeur Varvara (Barbara) Yakovleva sera assassinée en même temps ainsi que d’autres membres de la famille Romanov. L’Armée russe blanche, arrivée sur les lieux de l’exécution découvre les cadavres. Les funérailles des victimes sont célébrées dans la cathédrale d’Alapaïevsk et les cercueils sont déposés dans la crypte.
Devant l’arrivée des gardes rouges, un moine du nom de Seraphin charge les cercueils dans des trains à travers la Sibérie avec pour destination finale la Chine. Ils arrivent finalement à Pékin au cimetière de la mission ecclésiastique russe. La sœur de la grande-duchesse, la marquise de Milford Haven informée de la situation mit tout en œuvre pour transférer les cercueils de sa sœur et de la fidèle Barbara de Shanghai à Jérusalem.
Le 15 janvier 1921, les deux corps furent accueillis en grande pompe à Jérusalem par les clergés russe et grecs, les autorités anglaises et la colonie russe de Jérusalem. Le lendemain et un peu plus de 30 ans après sa venue, le vœu de la grande-duchesse était exaucé.
la tombe d’Ella (photo Jean Pierre)
Quant au moine Seraphin qui veillait sur les corps depuis Alapaïevsk, il s’installa à côté de l’église Saint- Marie- Madeleine. Dans la crypte on trouve également la tombe de la princesse Alice mère du duc d’Edimbourg et nièce de la grande-duchesse Ella. La tombe d’Alice, contrairement à celles de sa tante et de Barbara n’est pas normalement accessible au public. (Merci à Jean-Pierre pour ce récit – Copyright photos : Jean-Pierre – Article dédié à Agnès)
Mogador
15 mars 2017 @ 06:22
Je ne connaissais rien de tout cela, merci.
agnes
15 mars 2017 @ 07:07
Merci beaucoup Jean Pierre de me dédier cet article.
Le couvent de Sainte Elisabeth à Moscou n’est pas le plus somptueux mais le plus paisible. Au fond du jardin, elle avait fait construire un petit édifice pour y être enterrée, mais elle méritait bien de reposer à Jérusalem.
Muscate-Valeska de Lisabé
15 mars 2017 @ 08:44
Passionnant,mystérieux, mystique. ..j’ai aimé. Merci Jean-Pierre.
Jean Pierre
15 mars 2017 @ 12:59
Mystique est bien le mot.
Cosmo, je crois, avait déjà relevé le fait : comment la tsarine, sa soeur Ella et leur nièce Alice, élevées dans le luthéranisme le plus pur, même mâtiné d’anglicanisme, ont elles pu devenir des mystiques orthodoxes, un monde si éloigné de leur éducation.
candy
15 mars 2017 @ 09:16
Merci Jean Pierre pour ce récit et photos, article des plus intéressants
Sila
15 mars 2017 @ 09:55
Ce qui est terrible, c’est que si Ella et Varvara ont rejoint Jérusalem, les autres martyrs assassinés avec elles et partis en Chine sont toujours là-bas. On ne connaît plus l’endroit exact et ces princes (Paley, Constantinovitch) sont abandonnés sans sépultures.
Marie1
15 mars 2017 @ 10:10
Merci pour ce récit
C’est après l’assassinat du Grand Duc Serge qu’elle décida de se consacrer aux pauvres et de fonder à Moscou le couvent des Saintes-Marthe-et-Marie.
Kalistéa
15 mars 2017 @ 10:39
Cette princesse ne semble pas avoir trop eu « la célèbre beauté des Hesse ».Elle a de beaux traits mais pas d’éclat.
j21
15 mars 2017 @ 13:21
Fréderic Mittérand dans « Les aigles foudroyés » dit que la princesse Elisabeth jeune fille était plus belle et éclatante que la future tsarine mais son mariage malheureux avec le grand duc Serge lui fit perdre sa joie de vivre. Ce fut l’inverse pour sa sœur.
.
Kalistéa
16 mars 2017 @ 19:39
J21.On voit sur cette photo qu’en effet ce couple à qui on a dù imposer un mariage non désiré , n’est pas heureux.Cette princesse avait une destinée de martyre , ça fait froid dans le dos: Pauvre femme!
Rose
15 mars 2017 @ 14:05
Bonjour,
J’avais lu au contraire que Ella, était la plus belle des 4 soeurs Hesse, juste « avant » la tsarine qui était très belle mais avait en permanence les traits crispés, d’abord par la timidité puis par la nervosité. Ella était en tous les cas bien plus belle que sa soeur Victoria de Milford Haven.
Ella avait hérité de sa mère la princesse Alice de Grand-Bretagne une attirance un peu morbide pour les malades et les mourants. Son dévouement certain pour ceux qui souffrent lui a donné un halot de sainteté, reconnu d’ailleurs par l’église. Mais cela participait aussi d’un profond déséquilibre. Sa nièce, la princesse Alice de Battenberg, la mère du duc d’Edimbourg, avait ce même mysticisme exacerbé et ce même dévouement certain pour les malades et les personnes en souffrance. Au terme de longues négociations diplomatiques, elle a été enterrée, selon ses dernières volontés à côté de son modèle, sa tante Ella.
Belle journée
Rose
Silvia
16 mars 2017 @ 19:18
Vous dites qu’elle avait une « attirance un peu morbide pour les malades et les mourants » et aussi un « mysticism exacerbé ».
Pour mieux vous comprendre: « morbide » et « exacerbé » selon quels critères? Diriez vous, par exemple, que Ste. Catherine de Sienne, St. Jean de la Croix, ou Ste. Teresa de Avila avaient un mysticisme exacerbé? A la fin de sa vie la grande-duchesse Ella était bien entendu orthodoxe, et la spiritualité chrétienne de l’église orientale a toujours eu un air un peu différent de ce que nous connaissons à l’occident. Est-ce possible que sa vocation et sa spiritualité étaient très profondes et que, tout simplement, vous ne les partagez pas, ou au moins de la même façon? Mon intention n’est pas de vous contredire, mais je me demande s’il faut juger.
Rose
17 mars 2017 @ 15:08
Bonjour,
Je comprends ce que vous voulez dire. Il n’y a aucun jugement de valeur de ma part. La grande duchesse a été déclarée sainte, elle est à part.
En revanche, les témoignages ou les faits (Alice a quand même été internée et entendait des voix..) concordent pour dire que la mère d’Ella, Alice de Grande-Bretage et sa nièce Alice de Battenberg avaient un comportement au delà de la compassion et du dévouement, au delà de ce les observateurs à leur époque trouvaient normales.
Un livre est intéressant : Alice, princess Andrew of Greece de Hugo Vickers. Au delà de notre sujet, il balaie la vie de cette princesse et plus largement celle de la famille de duc d’Edimbourg.
Belle journée
Rose
Au delà
Silvia
18 mars 2017 @ 18:20
Je vous remercie de votre réponse, Rose.
Bien à vous,
Silvia
Mary
15 mars 2017 @ 19:21
Pourtant Guillaume II voulait l’épouser et elle a refusé car il ne lui plaisait pas. C’est pour cela qu’il voulait l’aider à quitter la Russie pendant la révolution,il lui gardait de l’attachement et il était inquiet pour elle. Comme il avait raison !
Baronne Manno
15 mars 2017 @ 11:17
Merci Jean-Pierre pour cet article très intéressant, qui revient sur le destin hors norme et la mort atroce de cette très grand dame.
Et l’histoire ne s’arrête pas là. La mission écclésiastique russe fut fermée dans les années 50, et l’église démolie pour en faire une aire de jeu . Aujourd’hui encore, on ne sait pas où se trouvent les corps des 6 autres personnes supplciés en même temps qu’Elisabeth et Varvara. (Le grand-duc Serge Mikhaïlovitch, le prince impérial Ioann Constantinovitch, le prince impérial Constantin Constantinovitch, le prince impérial Igor Constantinovitch, le Prince Vlamidir Paley et Fiodor Semionovitch Remez, secrétaire du grand-duc Serge).
Une équipe sino-russe a été mise en place, qui tente de retrouver les corps, notamment en interrogeant les ouvriers qui ont participé à la démolition de l’église. Mais en vain jusqu’à aujourd »hui.
Ainsi, ces martyrs victimes de leur vivant de la pire barbarie (jetés vivants dans un puit de mine dans lequel on lança une grenade, morts de faim, froid et de leurs blessures) au nom d’une idéologie, n’ont toujours pas, pour cause de soubressauts de l’histoire, trouvé de sépulture décente un siècle après leur mort.
Elisabeth et Varvara au moins reposent en paix.
caroline23
15 mars 2017 @ 18:22
Merci beaucoup Madame pour tous ces récits, je ne connaissais pas ces sordides dénouements.
COLETTE C.
15 mars 2017 @ 11:21
Intéressant, merci !
Était-elle veuve au moment où elle est devenue religieuse, ou avait-elle quitté son mari ?
MIEL
15 mars 2017 @ 13:53
elle était veuve du grand duc Serge, et le mariage ne fut jamais consommé en raison de l’homosexualité de son époux, il fut assassiné en 1905
Corsica
15 mars 2017 @ 14:28
Elle est devenue religieuse après l’assassinat de son époux, gouverneur de Moscou.
Jean-Pierre, un grand merci pour cette histoire de dépouilles qui m’était totalement inconnue et merci d’avoir dédicacé cette article à Agnès car elle le mérite doublement : elle nous ravit avec ses reportages de Russie et elle a fait un article sur le couvent Saintes-Marthe-et-Marie, fondée par cette princesse.
agnes
15 mars 2017 @ 16:57
veuve, elle a vendu bijoux et habits pour fonder son couvent.
http://www.noblesseetroyautes.com/sainte-elisabeth-de-russie/
AnneLise
15 mars 2017 @ 17:11
Elle était veuve, son époux ayant été tué lors d’un attentat en 1905
laurent F
15 mars 2017 @ 17:18
le grand-duc Serge a été assassiné en 1905
Véronick ?
15 mars 2017 @ 17:54
Colette C,
Le Grand Duc Serge Romanov meurt victime d’un attentat ( une bombe fut jetée à l’intérieur de sa voiture)., le 17 février 1905.
Devenue veuve, la Grande Duchesse Elisabeth porte définitivement des vêtements de deuils et devient végétarienne.
Elle fonde, en février 1909, le couvent Saintes Marthe et Marie de Moscou dont elle devient abbesse et se consacre aux pauvres………!
Cordialement
Véronick
Mary
15 mars 2017 @ 19:23
Elle était veuve. Son mari était mort dans un attentat.
AnneLise
15 mars 2017 @ 12:08
Emouvante histoire en cette année anniversaire de la chute de l’Empire Russe.
Il me semble que lors d’un reportage assez récent, il y avait une photo du Prince Charles fleurissant la tombe de sa grand-mère, la Princesse Alice.
Jean Pierre
15 mars 2017 @ 13:04
Lors de mon dernier passage, j’ai demandé à la nonne de permanence si je pouvais visiter la crypte où se trouve la princesse Alice. Comme il fallait qu’elle aille chercher la clé, ce qui demandait un travail considérable, je n’ai pas insisté.
Vous aurez donc compris que je ne suis pas le prince Charles.
AnneLise
16 mars 2017 @ 13:01
Ah bon !
jo de st vic
15 mars 2017 @ 12:44
elle ressemble a sa soeur la tsarine…son destin fut aussi tragique..
j21
15 mars 2017 @ 13:16
Oui un triste destin car contrairement à sa sœur la tsarine, son couple ne fut pas heureux. Son mari le grand duc Serge était un homme cruel et pervers. Le couple n’eut pas d’enfants (et pour cause).
Gérard
18 mars 2017 @ 20:23
On n’a plus trop de documents personnels concernant le grand-duc Serge y compris ses lettres à sa femme, ce qui a pu faire dire qu’on a pu s’en débarrasser mais c’est une des raisons aussi qui a pu faire penser à l’homosexualité.
Le prince était timide, peu avenant, les contacts physiques lui semblaient une corvée.
Cependant les deux époux s’aimaient et, chose rare en ce milieu et en ce temps, ils partagèrent toujours le même lit jusqu’à la mort de Serge.
Au demeurant le grand-duc pouvait être attachant, Alexandre III l’aimait plus que ses autres frères.
Il était aussi très dévot et très surveillé et l’on ne peut penser qu’il ait mené trop joyeuse vie.
Leonor
15 mars 2017 @ 13:20
Les tribulations des corps …
Les restes méritent bien sûr le respect.
Mais j’aime à considérer que ce ne sont néanmoins que des dépouilles.
Les préhistoriens ont longtemps considéré que l’humain ( ou l’hominidé, comme on voudra) était sorti de la condition animale lorsqu’il a commencé à enterrer ses morts, voire à les honorer par des fleurs ou autres objets et ajouts funéraires dans els sépultures. Qu’il aurait commencé à prendre conscience à ce » moment »-là.
Certes. Oui, bien sûr.
Mais on sait maintenant aussi qu’au moins certains animaux ont conscience de la mort, voire rendent une sorte d’hommage à leurs morts. Je pense aux éléphants.
La question est vaste et, à mon sens pas si simple que ça ( j’ai des animaux , je les observe , et je lis à ce sujet ). Leur dénier une forme de conscience me semble aberrant.
Cosmo
15 mars 2017 @ 14:20
La conversation est un concept qui m’échappe, surtout à l’intérieur de la même foi chrétienne. On peut être séduit pas la splendeur des offices orthodoxes, mais point n’est besoin de se convertir pour en jouir. La Foi en la parole du Christ n’est-elle pas la même chez tous, protestants, catholiques romains ou catholiques orthodoxes ?
Cela dit, cet article est très intéressant. Merci à Jean-Pierre !
Jean Pierre
16 mars 2017 @ 12:47
Cosmo, quel lapsus !
La conversation est donc un concept qui vous échappe….
100 € pour la séance.
Cosmo
17 mars 2017 @ 13:19
Excellent !
Je recommence : la conversion est un concept…
Amicalement
Cosmo
Gérard
16 mars 2017 @ 14:43
Elle arrive parfois dans un mariage mixte la conversion afin que les enfants et les parents aient tous les mêmes rites et puissent suivre tous la même messe. Mais c’est certainement difficile d’abandonner les rites de ses parents. Aujourd’hui cependant ce n’est plus l’origine de drames familiaux comme il y en avait il y a un demi-siècle.
Anne-Cécile
16 mars 2017 @ 16:34
Peut-être. Mais outre la liturgie des origines du Christianisme, en version grecque russe,,,, sous les ors (mais nous en avons aussi dans nos pays), l’Orthodoxie propose aussi une véritable école de mysticisme : l’Hésychasme.
Ne dit-on pas « Le catholicisme romain est le salon du Christianisme, le catholicisme orthodoxe en est la chambre »?
Nous sommes un peu familiers de ce phénomène, à travers nos mystiques et Bernard de Clairvaux notamment, mais dans le catholicisme orthodoxe, cette pratique pénètre toutes les strates et est accessible au Peuple à travers la Liturgie qui en est imprégnée.
val
15 mars 2017 @ 15:49
C’était un hipster très en avance ou alors ce sont les brabus branchés qui sont des grands copieurs !!!!!
val
15 mars 2017 @ 15:51
Je vais dire quelque chose qui va vous choquer mais les êtres humains n’ont pas tellement changés depuis ce temps là ils sont toujours aussi cruels parfois .
Gérard
16 mars 2017 @ 14:45
L’évolution est sans doute en dents de scie et n’est pas à la portée de tous peut-être.
ciboulette
15 mars 2017 @ 16:36
Merci pour cet article émouvant.
Véronick ?
15 mars 2017 @ 17:23
Merci Jean Pierre ,
Pour cet article intéressant et les photos…….!
En cette année du centenaire de la chute de l’Empire Russe.
Histoire, elle aussi tragique, de la Grande Duchesse Elisabeth , dite Ella……..!
Véronick
Mélusine
15 mars 2017 @ 17:44
Quelle histoire poignante ! Merci, Jean-Pierre.
Lady Chatturlante
15 mars 2017 @ 20:00
Quelle belle robe d’assassinée. Mais je croyais que c’était la baronne Manno qui écrivait. Qui est Jean-Pierre ?
Jean Pierre
16 mars 2017 @ 12:49
La réincarnation du moine Séraphin.
Baronne Manno
16 mars 2017 @ 20:10
Chère Lady Chatturlante,
ce n’est pas moi qui a écrit cet article, bien qu’à titre personnel, j’ai une profonde admiration pour cette grande dame, et le travail qu’elle a accompli auprès des pauvres et des malheureux. Et tout comme vous, je n’ai pas le plaisir de connaître Jean-Pierre.
Votre dévouée
Baronne Manno
Jean Pierre
17 mars 2017 @ 13:12
Mesdames et néanmoins lady et baronne, comme le caveau de la princesse Alice dans la crypte hierosolymitaine, on me visite sur demande motivée.
Amicalement
Jean Pierre
Leonor
18 mars 2017 @ 14:07
Bon. Entre » l’hésychasme » et la crypte » hierosolomytaine » , on va bientôt avoir besoin d’un lexique de théologie appliquée ! ;-)
Seigneur, Jésus Marie et tous les saints, dire que notre brave Seigneur Jésus-Christ parlait, lui, en paraboles bien imagées pour que tout le monde comprenne … !
Ne vous fâchez pas, els copains, si je vous moque un peu. Je vous auime bien quand même, même s’il faut vous … dé..-crypter…. …
AnneLise
18 mars 2017 @ 20:27
Eh bien !
Dites-moi, vous me semblez bien audacieux.
Lady Chatturlante
19 mars 2017 @ 12:56
On vous visite le caveau ? J’avoue ne pas comprendre ce que vous voulez dire.
Lady Chatturlante
19 mars 2017 @ 13:16
Chère baronne Manno,
la grande-duchesse Elisabeth Feodorovna était vraiment une grande dame et son dévouement m’émeut toujours aux larmes. Vous aussi êtes une grande dame. Votre gentille réponse, l’élégance de votre style, en témoignent formidablement. Je le souligne car ce sont des qualités qui ne sont pas largement partagées. Quand je ne suis pas clouée au pilori pour ma passion des robes de mariée, on veut me faire taire.
Le plaisir de vous lire a ensoleillé ma journée et je vous en remercie du fond du coeur.
Votre affectionnée,
Katharine (Lady Chatturlante)
frambroiz 07
15 mars 2017 @ 21:41
Les gens menacés ont du mal à comprendre qu’il faut partir , quand on leur propose de le faire ,ça m’étonne toujours …
Caroline
15 mars 2017 @ 22:14
On savait que la mère du duc d ‘Edimbourg est enterrée à Jérusalem avec sa médaille posthume de ‘Juste parmi les Nations’ , elle a caché une famille juive chez elle en Grèce durant la seconde guerre mondiale.
Merci pour cet article intéressant, y-a-t-il d’autres nobles du Gotha enterrés en Israel, peut-etre à Saint-Jean-d’Acre, jadis ville chrétienne durant les Croisades?
Gérard
17 mars 2017 @ 17:22
Godefroid de Bouillon et les sept premiers rois latins de Jérusalem eurent le privilège d’être enterrés au pied du Calvaire.
Les rois choisirent tous d’être inhumés auprès du Sépulcre du Christ et y laissèrent des marques de leur magnificence.
C’était tout l’espace qui s’étendait à droite de la porte d’entrée de l’église du Saint-Sépulcre dans ce qu’on appelait la chapelle d’Adam parce que la tradition disait qu’il avait été enterré sur le Golgotha. On y déposa les dépouilles de Godefroid et de Baudouin Ier, mort en 1118, de Baudouin II, mort en 1131, de Baudouin III d’Anjou, mort en 1162, d’Amaury Ier, son frère, mort en 1174, de Baudouin IV le Lépreux, mort en 1185, et de Baudouin V, mort en 1186.
Au fond se trouvait le rocher et spécialement « la fente miraculeuse qui s’était faite lorsque le Christ expira sur la croix ». C’était là une belle et large crypte qu’une voûte couvrait depuis la paroi extérieure de l’église jusqu’au corridor menant au chœur des Grecs vers la chapelle de Sainte-Hélène. D’autres princes latins furent inhumés à proximité.
Les huit tombeaux subsistèrent en cet endroit jusqu’au XVIe siècle et Radziwill (Nicolas Christophe Radziwiłł l’Orphelin, 1549-1616, deuxième ordynat de Niasvij, grand maréchal de Lituanie) est le premier qui en 1583 signale le déplacement d’une partie des tombes royales. Après cela et jusqu’à la fin du XVIIe siècle on ne voit plus à droite, au rez-de-chaussée, que les tombeaux de Godefroid de Bouillon et de son frère Baudouin Ier ainsi que celui du grand prêtre Melchisédech. Les autres tombeaux avaient été relégués dans le passage public, contre le mur du chœur et tous, qui selon les voyageurs étaient au nombre de trois à six, se délabraient progressivement.
D’après Chateaubriand à la fin du XVIIIe siècle les tombeaux adossés au chœur des Grecs n’étaient plus que des débris. La Révolution française fournit l’occasion de les faire disparaître comme aussi de déblayer la chapelle d’Adam dont la possession était restée aux Grecs du fait des troubles révolutionnaires. En 1806 tombeaux et clôtures auraient disparu. Les tombes royales de Godefroid et de Baudouin auraient remplacé les débris des mausolées déjà sacrifiés et le prétendu tombeau de Melchisédech avait été anéanti sans respect pour la tradition grecque. Il y eut ensuite l’incendie du 12 octobre 1808 mais toute la partie de l’église où se trouvait la pierre de l’onction resta intacte, cependant l’architecte des Grecs détruisit ce que le feu avait épargné, bouleversa tout, éleva une lourde maçonnerie devant les chapelles du Calvaire et selon la phrase du baron de Hody dans sa Description des tombeaux de Godefroy de Bouillon et des rois latins de Jérusalem, jadis existant dans l’église du Saint-Sépulcre ou de la Résurrection (Bruxelles, 1859), il « convertit en simples matériaux les tombeaux qu’avaient épargné la conquête de Saladin en 1187, la rage des Karismiens en 1244, et l’oppression de quatre siècles !
En 1806, une partie au moins des tombes royales subsistait encore.
En 1808, elles avaient totalement disparu ! »
Dans la chapelle de Godefroid de Bouillon se trouvait donc avant 1808 de part et d’autre le tombeau de Godefroy et celui de Baudouin. Derrière l’autel on pouvait voir le rocher fendu à côté de la place où l’on prétend que fut trouvé le crâne d’Adam qui aurait donné son nom au Golgotha, le mont du crâne. La chapelle voisine était devenue ensuite le réfectoire ou magasin des Grecs. De l’autre côté de cette chapelle était l’escalier conduisant au Calvaire. Les tombeaux de Godefroy et de Baudouin étaient de grandes pierres chacune surmontée d’un petit toit de pierre décoré de frises et supporté par quatre colonnettes.
Il semble que ce soit également au Saint-Sépulcre qu’ait été inhumé le roi de Jérusalem Foulques V d’Anjou qui mourut en 1143.
Les reines de Jérusalem ne furent pas enterrées aux côtés de leurs époux. En 1126 mourut la reine Morfia de Malatya ou Melitene (aujourd’hui en Turquie) qui était la fille d’un prince arménien, Gabriel prince de Malatya. Elle avait épousé Baudouin II. Elle souhaita être inhumée dans l’abbaye alors existante de Sainte-Marie de la Vallée de Josaphat à l’est de Jérusalem ce qui créa donc un précédent. C’est également dans cette abbaye que fut inhumée sa fille aînée Mélisende reine de Jérusalem, morte en 1161, et qui épousa Foulques V d’Anjou devenu donc roi de Jérusalem.
L’empereur byzantin Constantin X Doukas mort en 1067 a été enterré au monastère Saint-Nicolas de Molibotos à la Porte dorée de Jérusalem.
Ce que l’on appelle le Tombeau des rois à Jérusalem et qui demeure un peu mystérieux malgré les fouilles archéologiques, et fait partie des quatre établissements français de la ville, paraît être plutôt que le tombeau de David et de Salomon, celui de la reine Hélène d’Abiadène en Assyrie qui mourut vers 56-58 et qui s’était convertie au judaïsme.
Le tombeau de David qui est un cénotaphe à Jérusalem est au rez-de-chaussée du Cénacle sur le Mont Sion à proximité de l’abbaye de la Dormition, et c’est dans ce qui est devenu une chapelle plus tard que Jésus aurait partagé la dernière cène avec ses apôtres et aurait institué l’eucharistie.
On a découvert il n’y a pas longtemps sur les pentes du mont Herodion à 12 km au sud de Jérusalem le tombeau d’Hérode Ier le Grand, mort en 4 avant Jésus-Christ, tombeau dont la pierre a dû être brisée peu après sa mort par le peuple en colère.
Parmi les princesses qui reposent à Jérusalem en dehors d’Alice de Grèce et d’Élisabeth de Russie nous trouvons également une princesse d’un rang plus modeste, Héloïse de La Tour d’Auvergne, fille de Joseph Aurèle de Bossi, un homme politique et écrivain français d’origine piémontaise mort en 1824. Partisan de la réunion à la France, il fut préfet et baron d’Empire. Elle-même mourut à Florence en 1889 et c’est seulement le 22 décembre 1957 que l’on accomplit ses dernières volontés qui étaient d’être inhumée près de l’église du Pater Noster à Jérusalem dont elle fit construire le cloître du Carmel et qui est l’un des territoires français de la ville puisque la princesse a laissé l’édifice à la France. Sur son mausolée dans le cloître a été placée l’urne contenant le cœur de son père dont le corps est au Père-Lachaise. Héloïse avait épousé en premières noces le banquier parisien Eugène Leroux dont elle fut veuve avant de se marier avec César-Maurice de La Tour d’Auvergne (d’Apchier), 1809-1896, prince de La Tour d’Auvergne, duc de Bouillon, comte d’Apchier, marquis de La Margeride, mort sans descendance le 18 février 1896 à Clermont-Ferrand.
Leonor
18 mars 2017 @ 14:08
Oooops, c’est long, ça, mais sûrement très intéressant. Pas le temps de lire maintenant dans la minute, mes minettes attendent leur dessert de fraises. A ce soir, Gérard.
Caroline
19 mars 2017 @ 10:13
Gerard,
Comme toujours,??????!
?
Leonor
15 mars 2017 @ 23:08
A propos de dépouilles brinquebalées, l’histoire du corps de l’amiral Nelson, Horatio de son petit nom, est quand même peu ordinaire :
Mortellement touché à Trafalgar – bien que victorieux – il avait refusé que son corps soit inhumé en mer, et exprimé la volonté d’être enterré en Angleterre.
Placés devant le problème de la conservation du corps pendant le trajet, les marins trouvèrent une solution … de marins. Ils enfournèrent le corps, plié, dans un tonneau … d’eau-de-vie, mélangée avec du camphre et de la myrrhe, et l’attachèrent au mât principal du navire, le bien-nommé Victory.
A l’arrivée au pays, le corps délaissa son tonneau pour un cercueil plus traditionnel, mais toujours rempli d’alcool, cette fois d’eau-de-vie de vin !
Les Anglais ont beaucoup de sens pratique et d’humour. Enfin, hors Brexit, bien sûr. ;-)
frambroiz 07
17 mars 2017 @ 00:54
Autre histoire incroyable , Du Guesclin, qui a voyagé sur plusieurs départements et plusieurs siècles ! Voyez Wikipédia , pour cette aventure inénarrable …
Leonor
17 mars 2017 @ 18:33
Mais c’est ma foi bien vrai, Framboiz ! Je l’avais oublié, Du Guesclin rebouilli dans le vin aromatisé !
Et des histoires macabres comme ça, il y en a des tonnes ; Y compris de celles qui arrivent de nos jours , à des anonymes.
beji
15 mars 2017 @ 23:23
C’est elle qui éleva les neveux de son mari le grand-duc Dimitri (impliqué dans
l’assassinat de Raspoutine) et sa soeur Maria.
Frédéric GENSE
16 mars 2017 @ 21:23
Merci Jean Pierre !
Dominique Charenton
16 mars 2017 @ 21:53
Leonor
Que pensez vous de cette recette de cuisine …. :
» Henry V roi d’Angleterre en 1422 fut découpé et mis au court-bouillon. Voici en effet ce que raconte le conservateur du musée historique du château de Vincennes dans son livre : Les Tragédies de Vincennes : « » …..tandis que l’on vidait le corps de ses entrailles, dans une dépendance du donjon de Vincennes, une cuisine hallucinante se préparait. L’on était allé chercher à l’office le plus grand des chaudrons de cuisine, tandis que les serviteurs préparaient un feu. Le corps d’Henry V fut posé sur une table , tronçonné, et les morceaux du conquérant de la France furent mis dans le chaudron placé sur le feu . Pendant des heures les serviteurs surveillèrent le bouillonnement régulier de cette cuisson. Tout Paris le lendemain connu
l’opération et en parla : les écrivains notèrent le fait sur leurs tablettes : les chroniques de Charles VI et celles de Juvénal des Ursins sont encore là pour nous en conserver l’authentique souvenir, et elles nous parlent du corps qui fut « » » bouilli en une poesle tellement que la chair se sépara des os. L’eau qui restait fut jetée au cimetière de Vincennes. Les os avec la chair furent mis en un coffre de plomb avec plusieurs espèces d’épices, de drogues odoriférantes et choses sentant bon « » »
…. L’opération à laquelle le corps d’Henry V fut soumis n’avait rien d’exceptionnelle lors quelle en était la raison ? Froissart nous en sans doute livré le secret dans un texte très antérieur où contant la fin du roi Edouard I le chroniqueur nous dit : « » » Le bon roy Edouard fit appeler son fils aîné et lui fit jurer sur les sints qu’aussitôt trépassé, il le ferait bouillir en une chaudière tant que la chair se départirait des os ; et après ferait mettre la chair en terre et garderait les os et toutes les fois que les Escoçais se rébelleraient contre lui, il porterait avec lui les os de son père, car il tenait fermement que tant qu’il aurait avec lui ses os , les Escoçais n’auraient point
la victoire « » » Froissart ajoute qu’Edouard II n’observa pas les volontés de son père et le fit simplement inhumé. Cette pratique affreuse était donc né d’un sentiment superstitieux, qui, progressivement avait dû s’altérer »
Source : Intermédiaire des Chercheurs et des Curieux, 1960, colonne 1119.
J’avoue avoir savouré que la vie de celui qui nous avait mis la pâtée, se termina finalement dans nos casseroles….
Leonor
17 mars 2017 @ 18:37
Formidable, ce texte, Dominique Charenton ! Je n’en avais pas connaissance. Je me le garde précieusement dans mes p’tits papiers. Va falloir que je compile tout ça un jour – voeu pieux.
Et … bravo pour la chute ! :-))
Va falloir que je retrouve la recette des têtes réduites, celles des Jivaros. Dans lequel de mes carnets de cuisine ai-je collé ça ?
AnneLise
17 mars 2017 @ 20:22
Et que dire du corps de Louis IX ?
Lui c’était dans du vin…
Dominique d'amico
17 mars 2017 @ 13:26
Tres interessant je ne connaissais pas
A relire e detail pour moi
agnes
18 mars 2017 @ 06:38
Oui, les interieurs (et exterieurs) des eglises orthodoxes n’ont rien à voir avec les lutheriennes.
C’est hyper chargé mais c’est aerien, de bon gout, magnifique, impressionant, divin, harmonieux, epoustouflant…. que je comprends aisement les conversions. (Par contre, les offices religieux sont vraiment longs)