Documentaire de la chaîne ARTE « Châteaux et princesses de légende » visible jusqu’au 4 janvier prochain avec un gros plan sur le château de Cesky Krumlov en Bohême, le palais russe de Tsarskoïe Selo et Holyroodhouse en Ecosse. Cliquez ici.
Documentaire de la chaîne ARTE « Châteaux et princesses de légende » visible jusqu’au 4 janvier prochain avec un gros plan sur le château de Cesky Krumlov en Bohême, le palais russe de Tsarskoïe Selo et Holyroodhouse en Ecosse. Cliquez ici.
Danielle
28 décembre 2018 @ 10:29
Une émission à regarder avec tout cet art baroque.
Zorro
28 décembre 2018 @ 11:18
Le château de Cesky Krumlow en Bohème était au début du 18e siècle la résidence de la princesse Eléonore de Schwarzenberg (née Éléonore-Amélie de Lobkowicz) .
Eléonore épousa en 1701 le maréchal de la cour d’Autriche, le prince héritier de Schwarzenberg. Le prince et la princesse de Schwarzenberg menaient grand train. Cependant après plus de 20 ans de mariage, le couple n’avait toujours pas d’héritier.
C’est à plus de quarante-et-un ans qu’Eléonore donna naissance et de manière tout à fait inespérée à un fils. Ce fait, extraordinaire à l’époque, attira l’attention de la population, surtout que la princesse avait une personnalité excentrique…
Grande chasseresse, la princesse était connue pour tirer sur tout ce qui bougeait dans les bois de la région. Tous les animaux y passaient, à l’exception notable des loups… En effet, on raconte que pour donner naissance à un fils, la princesse buvait le lait de louves qu’elle épargnait. Les habitants de Cesky Krumlow entendaient la nuit les loups hurler de douleur depuis les hauteurs du château, la récolte de lait de louve n’étant pas chose aisée…
En 1732, le prince de Schwarzenberg fut tué accidentellement lors d’une chasse par l’Empereur Charles VI. En dédommagement, l’Empereur devint le tuteur du jeune fils et l’emmena avec lui à la Cour de Vienne. L’empereur versa également une pension annuelle à la veuve qui lui permit de maintenir un train de vie fastueux.
La princesse devenue veuve et privée de son fils s’enferma de plus en plus dans la solitude. Dépressive, elle finit par tomber malade. Très versée dans l’ésotérisme, elle dilapida sa fortune dans des remèdes et des posions les plus bizarres à tous les apothicaires de l’Empire. Elle fit venir également des formules ésotériques de l’orient transitant par Venise. Peu à peu, au regard de sa grossesse tardive, de sa mystérieuse maladie et de tous les faits étranges qui se déroulaient au château, une légende naquit dans la région selon laquelle la princesse était un vampire et qu’elle avait besoin de sang frais humain pour se nourrir….
Les autorités eurent vent de ses rumeurs et craignaient que le mal dont elle souffrait ne se répande dans la population. Le médecin personnel du roi se rendit donc à son chevet et décida son transfert à Vienne. La princesse finit par mourir dans le palais des Schwarzenberg en 1741 à l’âge de 58 ans. Après son décès, une autopsie fut pratiquée (fait rare pour l’époque et inédit pour une personne de son rang), afin de neutraliser le « mal des vampires » en prélevant et disséquant son cœur. Contrairement à l’usage, la princesse ne fut pas enterrée dans la crypte des Schwarzenberg à Vienne mais fut enterrée de nuit et de manière quasi anonyme dans une chapelle de l’église Saint-Vitus de Český Krumlov, dans une tombe scellée par une voûte maçonnée.
La famille de Schwarzenberg (et sans doute les autorités) craignaient en effet que la princesse vampire ne contamine tous les morts entreposés dans la crypte qui était située en plein cœur de Vienne…
Après sa mort, tous les portraits d’elles furent détruits ou modifiés (le seul portrait qui est parvenu jusqu’à nous a été modifié après sa mort).
Pour information, le vampirisme était une réalité à l’époque. Les médecins diagnostiquaient régulièrement des cas de vampirisme. Les rituels et les remèdes étaient codifiés dans des traîtés, etc. Des archéologues ont récemment mis à jour des tombes avec des cadavres qui avaient subi un rituel anti-vampirique (tête coupée placée entre les genoux, mains entravées par des grosses pierres, etc.). Les personnes qui se suicidaient étaient quasi automatiquement soupçonnée de se transformer en vampire après leur mort…
Il faudra attendre le règne de Joseph II (et sa « réformite aigüe ») pour définitivement reléguer le vampirisme en une superstition populaire.
Cependant, la légende restait tenace dans la région. A la fin du 19e siècle, Bram Stocker entendit parler de cette princesse vampire et s’en inspira pour son personnage de Dracula.
Ce n’est que récemment que l’analyse des symptômes et la relecture des rapports d’autopsie pratiquée à l’époque qui permirent d’identifier la maladie de la princesse. Elle souffrait en fait d’un cancer de l’utérus et/ou du colon qui s’était métastasé.
Mayg
28 décembre 2018 @ 12:41
Merci Zorro pour ces précisions.
DEB
28 décembre 2018 @ 13:21
Merci Zorro.
Très intéressant.
Philibert
2 janvier 2019 @ 16:07
Pour son personnage de Dracula, Bram Stocker s’est surtout inspiré de Vlad V, tristement célèbre en Transylvanie.
Perceval
28 décembre 2018 @ 14:11
Merci beaucoup pour cette invitation au voyage, Régine
Je vais derechef le regarder
Clara
28 décembre 2018 @ 17:05
À Cesky-Krumlow il n’y a pas que le château (avec sa ravissante tour Renaissance et son magnifique théâtre baroque) qui soit féérique ; la ville aussi est un décor de conte merveilleux… Hélas son histoire est ponctuée de tragédies et pas seulement celle de la malheureuse destinée d’Eléonore. Musée de la torture, ours emprisonnés dans les douves, assassinats historiques, rien ne manque à la légende noire de la ville ! Mais après tout, les contes de fées ont leur versants cruels et noirs…
josaintvic
28 décembre 2018 @ 17:42
merci Zorro pour ce récit palpitant que vous nous offrez
Fabienne
28 décembre 2018 @ 19:16
Vous faites allusion à la crypte des Schwarzenberg à Vienne.
A Trebon, en République Tchèque, il y a un tombeau des Schwarzenberg. Est-ce de la même famille ?
Leonor
29 décembre 2018 @ 10:35
Voilà qui rappelle la légende d’Erzebeth Bathory en Hongrie . Légende tenace à propos d’une femme réelle, accusée de multiples meurtres sadiques mais où, là aussi, les preuves manquent.
Détails ici :
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lisabeth_B%C3%A1thory
Plusieurs films se sont inspirés de cette affaire.
Apparemment, les humains ont besoin de se faire trembler . Comme si la réalité ne suffisait pas, pour faire trembler !
Zorro
29 décembre 2018 @ 15:00
C’est bien la même famille mais la crypte dont vous parlez à été bâtie à la fin du 19e siècle.
Albane
29 décembre 2018 @ 21:12
Cela glace le sang. Sans mauvais jeu de mots.