La chaîne ARTE diffusera ce samedi 26 mars 2015 à 20h50 le documentaire « Les Romanov, gloire et chute des tsars de Russie ».En voici le résumé : « Issu d’une famille de boyards moscovites, Michel Fedorovitch Romanov n’a que 17 ans lorsqu’il est couronné tsar en juillet 1613.
Son nom n’est pas resté dans l’histoire, contrairement à ceux de Pierre le Grand (1672-1725) et de Catherine II (1729-1796). Ces deux souverains ont instauré un pouvoir central très fort en s’efforçant de moderniser leur immense empire. Tous deux se sont ouverts sur l’Europe occidentale, alors que la plupart des tsars ont maintenu les archaïsmes et favorisé l’hégémonie de l’Église orthodoxe. Autres figures de la dynastie : Alexandre II, qui abolit le servage en 1861, et sera assassiné par des révolutionnaires en 1881 ; et Nicolas II, le dernier tsar de Russie, exécuté avec sa famille en 1918 à Ekaterinbourg. Il ne voulait pas gouverner et ne fut jamais à l’écoute de son peuple…
Visite des hauts lieux de leur règne, à Saint-Pétersbourg et Moscou, archives inédites, entretiens (avec les historiens Irina Scherbakova et Viktor Erofeev, un descendant des Romanov, Paul Koulikovsky, le cinéaste Alexandre Sokourov, la styliste Tatyana Parfionova) retracent l’histoire des Romanov et ses résonances dans la Russie contemporaine. » (Merci à Anne)
Berte
25 mars 2016 @ 13:45
Merci à vous pour cette information.
Bon après-midi.
Arnold
27 mars 2016 @ 19:02
bof, franchement mauvais documentaire avec des images pas terribles utilisées plusieurs fois, des commentaires pas très brillants et surtout un couplet anti-Poutine assez long et mal venu… En plus, ça commence par la fin et l’assassinat d’Ekaterinbourg… Bref, on perd son temps avec un travail peu objectif même s’il rappelle quelques vérités… Rien sur les Romanov actuels ou si peu, sauf une grosse bouffe au caviar et à la betterave (encore heureux : on imagine mal un dîner russe avec des épis de maïs et du poulet cajun…). J’ai perdu une heure et demie (sans parler de la musique, atrocement répétitive).
agnes
28 mars 2016 @ 05:30
et une grosse erreur sur un tableau, la pendaison des stresly, qui est de Surakov, et non de Repine.
Camille
28 mars 2016 @ 08:06
J’ai eu les mêmes impressions, malgré la présence d’intervenants russes (c’est pour cette raison que j’ai vu ce documentaire). En plus il me semble qu’il s’agissait d’une rediffusion, donc je connaissais finalement déjà le contenu. La BBC avait proposé en 2003 une série entière sur les Tsars avec un épisode (voire 2) pour chaque souverain. Pourquoi ne pas faire de même ? Les reportages français sur la Russie et les Romanov m’intéressent de moins en moins, au point que je vais regarder du côté russe maintenant. C’est souvent cheap, je ne comprends pas forcément tout (mais je peux deviner grâce à mes connaissances), mais c’est déjà bien mieux que les émissions sur les Romanov et Raspoutine réalisées par Stéphane Bern.
Bertrand de Rimouski ( Canada )
25 mars 2016 @ 14:15
Le visage de l’Impératrice en dit long sur son problème de personnalité !
septentrion
25 mars 2016 @ 14:27
Merci Anne et Régine, je regarderai sûrement.
Cdt,
Actarus
25 mars 2016 @ 14:32
Surtout que depuis la deuxième moitié du XVIIIe siècle c’étaient des Holstein-Gottorp qui n’avaient plus de Romanov que le nom.
Pauvres Nicky et Alicky… ils auraient pu être brillants, mais au lieu de cela ils se sont retranchés à Tsarkoe Selo et se sont coupés, non seulement de l’élite de Saint Petersbourg, mais aussi du peuple. Ils voyaient benoîtement « l’âme russe » dans les pauvres paysans dont Nicolas imitait le style vestimentaire (mais avec des textiles coûteux).
Si la monarchie revenait en Russie, il serait logique qu’elle le soit avec une dynastie nouvelle. Les Poutine ? ;-) Ils auraient la frite, nous diraient nos amis québécois. ^^
*Gustave de Montréal
27 mars 2016 @ 13:07
Depuis le mariage de l’impératrice Anna Petrovna avec le prince Charles-Frédéric de Holstein-Gottorp en 1725, le patronyme de la famille est Romanov-Holstein-Gottorp.
Ogier le Danois
28 mars 2016 @ 13:22
Moi, je le trouve très intéressant que le duc Charles-Frédéric, qui fit des Romanoff des Holstein-Gottorp-Romanoff, mourut au et avait en tant que villégiature d’été le domaine de Rohlfshagen en Holstein, situé au Limes Saxoniæ, la zone frontalière médiévale (carolingienne) entre les Saxons et les Slaves (Wendes), entouré par des noms manifestement slaves tels que la rivière Barnitz (bara (= marécage) + itsa) et les hameaux Politz (pole (= champ) + itsa) et Neritz (na + reka> retse = à la rivière).
Ogier le Danois
28 mars 2016 @ 13:37
Et depuis que les Romanoff sont les H-G-R ils sont aussi
…. « heritiers de Norvège, ducs de Schleswig, de Holstein, de Stormarn, de Dithmarse et d’Oldembourg ».
Heritiers de Norvège mais pas de Danemark parce que l’ancêtre commun avec les Oldembourg royaux de Danemark était le roi Frédéric I d’Oldembourg, roi-heritier de Norvège, mais roi-élu de Danemark.
Ogier le Danois
28 mars 2016 @ 13:08
Une dynastie Poutine ? Pourquoi pas ? Ils ont le même genre d’origines:
Les Romanoff étaient d’abord associés aux écuries royales (leur ancêtre Andreï Kobyla = André jument). Devenus boyards ils marièrent une fille au tsar Ivan le terrible, ainsi devenant parents de derniers Rurikides.
Les ancêtres de Poutine étaient des serfs dans le gouvernement de Tver, dont le plus lointain traçable, un Jakoff Nikitine* fut en 1627 / 1628 serf dans un village nommé Borodino (nom très commun en Russie, pas celui de la battaille), appartenant à un certain Ivan Nikikitch* Romanoff, boyard et l’oncle du premier tsar Romanoff, Mikhail Fiodorovitch. Plus tard le grand-père paternel de Poutine était cuisinier chez Lénine et Staline ! Pour reproduire l’ascension sociale des Romanoff il faut que Poutine mariât l’une de ses filles au grand-duc prétendant Georges Mikhailovitch Romanoff.
Le nom Poutine veut dire « celui qui appartient à la voie (путь en russe), alors un habitant, utilisateur ou gardien de voie(s).
* Au XVII siècle seulement les nobles eurent le droit de noms patronymiques avec « -itch », comme Nikititch (fils de Nikita). Leurs serfs utilisèrent le possessif en -ine (comme Nikitine, Poutine) pour les noms avec un terminaison molle (voyelle ou consonne palatalisée) ou -off pour les autres (comme Romanoff).
Ogier le Danois
28 mars 2016 @ 13:44
Poutine à l’œil fixe sur la couronne de Monomakh:
http://s947.photobucket.com/user/Isana1988/media/5iue5464ew5yues-1.jpg.html
Ogier le Danois
28 mars 2016 @ 14:59
Autres sources appellent l’ancêstre plus arrière Yakim Nikitine. Le village ou plutôt hameau s’appelle Bordino aujourd’hui (près de Turgino, village plus grand). Son petit-fils deménagea (volontairement ? – il était après tout serf) à Pominovo dans le gouvernement de Moscou (à l’est de la ville), où la famille vivait jusqu’au grand-père de Vladimir Poutine.
Ogier le Danois
28 mars 2016 @ 15:09
Argh, correction – trop de lieux avec le même nom en Russie ! C’est un « pays neuf » comme les USA avec une foule de lieux homonymes.
Le village de Pominovo dont il s’agit est près de Bor(o)dino et Turginovo, dans le gouvernement de Tver. Là on peut faire un « pèlerinage » à la maison ancestrale des Poutine !
Ogier le Danois
28 mars 2016 @ 16:45
Après la mort sans enfants de Nikita Ivanovitch Romanoff en 1654, les domaines Bordino-Tourginovo-Pominovo revint à la couronne et le tsar Fiodor III les donna à sa belle-mère Domna Apraxine. Ensuite en herita son fils comte Pierre Matveïevitch Apraxine, le fils de celui-ci comte Alexandre Petrovitch Apraxine, la fille de celui-ci la comtesse Hélène Alexandrovna, qui épousa un Narychkine (Alexandre Lvovitch, sans titre, mais cousin de l’empereur Pierre le grand). Leur fille Agrefena Alexandrovna Narychkine épousa en 1760 Nicolas Ivanovitch Neplioueff (Неплюев) et les Neplioueff, descendants du premier Romanoff Andreï Kobyla, étaient en possession des domaines dès lors, par la descendance de la première épouse de Nicolas Ivanovitch Neplioueff, une princesse Mechtcherski.
Ogier le Danois
28 mars 2016 @ 16:58
Neplioueff, du surnom de l’arrière petit-fils d’Andreï Kobyla, Fiodor Ivanovitch Nepliou, qui veut dire « ne crache ! » !
COLETTE C.
25 mars 2016 @ 14:54
Je ne manquerai pas cette émission.
Lisa
25 mars 2016 @ 17:18
Quelle tragédie !
Nicolas II était un personnage falot sous l’emprise de sa femme qui était une illuminée.
Paul Koulikovsky est un descendant de la grande duchesse Olga, sœur de Nicolas II. Elle s’était établie au Canada où elle est morte dans le dénuement.
*Gustave de Montréal
26 mars 2016 @ 12:27
morte en 1960 dans une cambuse au dessus d’un salon de coiffure, rue Gerrard, Toronto. Je connais bien l’endroit. Elle avait quand même laissé $ 200 000.00 pour ses enfants. Elle est enterrée avec son mari au York Cemetery de Toronto.
Claude-Patricia
25 mars 2016 @ 18:07
Bonjour à tous,
J’ai trouvé un vieux recueil de biographies, et je vous en propose une lecture. Je commencerai par Paul Ier de Russie.
A plus tard!!
Amicalement.
Claude
Lisa
25 mars 2016 @ 18:07
Si Régine le permet :
http://dona.ek.la/grande-duchesse-olga-alexandrovna-c24030441
Pafoume
27 mars 2016 @ 08:26
Bonjour Lisa
Merci pour le lien.
Bon dimanche
Wilhelmine
25 mars 2016 @ 18:27
La dernière Tsarine , Alix von Hessen-Darmstadt était donc allemande .
La chapelle qu’un architecte de St Petersbourg à construite pour le Tsar quand il est allé dans sa belle famille à Darmstadt a été restaurée (entre 2004 et 2007) par la ville de Darmstadt à 20km environ au sud de Francfort , elle brille de toute sa splendeur c’est un vrai petit bijou à l’extérieur comme à l’intérieur avec ses magnifiques mosaïques .
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/a/ab/Mathildenhoehe_Russische_Kapelle_Pano_1.jpg/220px-Mathildenhoehe_Russische_Kapelle_Pano_1.jpg
*Gustave de Montréal
26 mars 2016 @ 12:34
Oui, allemande, fille du grand-duc Louis IV de Hesse & du Rhin et de Alice de Grande-Bretagne, fille de la reine Victoria.
Leonor
27 mars 2016 @ 15:56
Et par la princesse Alix, malheureuse héritière du gène de l’hémophilie que portait la reine Victoria.
Leonor
27 mars 2016 @ 22:25
Il fallait lire, bien sûr, qu’Alix avait hérité de sa mère ALICE le gène etc. Veuillez m’excuser.
Ogier le Danois
28 mars 2016 @ 18:18
La plus lointaine ancêtre cognatique d’Alix de Hesse et du Rhin fut Adalheidis > Adélaïde / Adélaïs / Alaís / Alice / Alyss / Alix de Béziers, comtesse de Forcalquier au XII siècle.
korobaze
26 mars 2016 @ 11:58
Nicolas 2 éait fort bel homme sur cette photo, il avait beaucoup de charme je trouve, par contre son épouse m’a l’air totalement neurasthénique et névrosée….
clement
26 mars 2016 @ 12:41
Depuis la mort prématurée de sa mère ,la tsarine avait de gros problèmes psychologiques, vivant en vase clos avec sa famille, ce qui n’a pas arrangé les liens pratiquement inexistant avec le peuple ; qui sait quelle tournure aurait pris l’avenir si elle avait été plus ouverte et naturelle et moins mauvaise conseillère de son mari !!!
clement
26 mars 2016 @ 12:43
inexistants
clement
26 mars 2016 @ 12:46
un grand merci à Wilhelmine pour ce reportage et les photos !
racyma
26 mars 2016 @ 14:25
leur sort m a toujours emue parce que tellement injuste
Marcel
26 mars 2016 @ 14:57
Les Romanov sera diffusée le dimanche 27 mars à 14h 30 sur Arte.
Philippe Gain d'Enquin
26 mars 2016 @ 19:42
Un couple de petits bourgeois quand il fallait un grand empereur à un peuple qui pardonne mal la médiocrité ! Un homme, trop bon époux qui ne fut bon père que pour ses filles et son fils, quand la Russie toute entière espérait en lui…. Et cette abdication quand il aurait fallu être à l’avant des troupes ; quel fiasco !
Cosmo
27 mars 2016 @ 09:29
Cher Philippe,
Vous résumez parfaitement la situation.
L’incompétence et la faiblesse de Nicolas ont valu à la Russie et au monde les horreurs du régime communiste pour le reste du siècle.
La fin de la famille impériale fut affreuse, mais pas différente de celle des millions de personnes assassinées depuis 1917.
Joyeuses Fêtes de Pâques
Cosmo
Juliette
27 mars 2016 @ 14:18
Le documentaire est fort intéressant. Je ne connaissais pas la styliste Tatyana Parfionova. Je la trouve très talentueuse. Ses créations en broderie et ses motifs me font penser aux travaux Christian Lacroix mais dans un style moins excentrique et plus classique et d’inspiration historique. Voici un lien:
http://vk.com/tatyanaparfionova
Claude-Patricia
27 mars 2016 @ 18:52
Bonjour à tous,
Paul Ier de Russie par Monsieur le Marquis de Ségur.
Il est peu de souverains dans l’histoire moderne qui semble marqués du sceau de la fatalité au même degré que l’empereur Paul Ier. Fils de Pierre III qui mourut assassiné par Catherine, sa femme, désavoué de son père en haine de sa mère, persécuté, de son enfance à son avènement, par cette mère aussi dure de coeur que forte d’esprit, assassiné lui-même après un règne très court, il offre toutes les caractères de ces violences du destin dont la littérature antique a célébré les malheurs.
Il naquit en 1754 de l’empereur Pierre III, neveu et héritier de l’impératrice Elisabeth et de Catherine, princesse de Holstein, si connue sous le nom de Catherine la Grande. Cette altière princesse, poussée par l’ambition de régner seule et par le désir de se livrer plus à l’aise à ses déportements, détrôna son mari, avec la complicité des trois frères Orloff, ses favoris, se fit proclamer impératrice, et le malheureux czar Pierre III mourut huit jours après, dans sa prison, étranglé, dit-on, par un des Orloff.
Paul, élevé durement par sa mère qui voyait en lui son héritier plutôt que son fils, épousa en 1774, une fille du landgrave de Hesse-Darmstadt, qui mourut fort jeune, quelques-uns disent de mort violente, puis la princesse Marie de Wurtemberg, nièce du roi de Prusse. La soumission de cette seconde grande-duchesse la mit à l’abri des ressentiments de sa belle-mère.
Catherine, ne voulant laisser à son fils aucune part à l’administration de l’Empire, le fit voyager, moins pour l’instruire que pour l’éloigner. Il visita successivement les principales nations de l’Europe, et fit des séjours prolongés à Varsovie, à Berlin, à Vienne, à Rome et à Paris. Dans le voyage qu’il fit, en 1782, en Allemagne, en Italie et en France, il produisit partout la plus favorable impression, et laissa la réputation d’un prince accompli. Son enthousiasme pour les arts était tel, à une époque relativement heureuse de sa vie, qu’à une représentation musicale au théatre de Berlin, il faillit s’élancer hors de sa loge, dans un transport d’admiration pour le trille merveilleux de Melle Marra, la grande cantatrice de l’époque. Ce qui n’est pas moins curieux que l’exaltation du prince moscovite, c’est le moyen employé par le grand Frédéric pour procurer à son hôte cette violente jouissance musicale. Melle Marra, qui se croyait tout permis, s’était mis en tête de ne pas chanter ce soir-là, et elle avait envoyé au directeur du théatre un billet de complaisance du médecin qui la déclarait malade et hors d’état de jouer. Frédéric, instruit de l’affaire, envoya, séance tenante, un détachement de grenadier appréhender au corps la cantatrice récalcitrante. On la força de s’habiller, on la transporta en voiture jusqu’au théâtre, et devant cette énergie de l’autorité, elle finit par s’exécuter de bonne grâce. Il est probable que le grand-duc Paul fit montre de qualités plus sérieuses que son goût pour la musique, car frédéric le Grand, après l’avoir entretenu, écrivait à d’Alembert : « ce prince possède de grandes et nobles qualités. Il est un peu grave, cela tient à son caractère, mais le fond est excellent. » A paris, son succès fut universel; les lettres et les Mémoires du temps sont remplis de ses louanges et parlent avec enthousiasme de sa grâce, de son amabilité et de son esprit.
Déjà, cependant, avant et durant ce voyage, il avait ressenti les atteintes du mal qui devait empoisonner sa vie et qui détruisit peu à peu l’équilibre de ses facultés: ce mal était la méfiance. La mort tragique de son père était sans cesse devant ses yeux. Faible de caractère, il devint soupçonneux, s’imagina ue sa mère, qui l’écartait des affaires, voulait l’écarter à jamais du trône, et dans ce voyage en Europe, ordonné par elle, il crut voir un exil déguisé et sans limite.
A son retour, sa méfiance s’accrut avec la froideur de sa mère et avec l’isolement où le laissait la lâcheté des courtisans. Il résidait presque continuellement à Gasselin, palais de campagne qu’il avait fait bâtir à peu de distance de Saint-Pétersbourg et il y vivait fort retiré avec sa femme et ses enfants. Les favoris et les ministres ne lui ménaigeaient pas les affronts, et les douze gentilshommes de la Chambre, désignés pour faire tour à tour le service auprès de lui, ne se gênaient point pour imiter ces négligences et ces mépris. Le comte Rostopchine, l’un deux, attaché de coeur u grand-duc, remplaçait de bonne grâce ceux qui manquaient à leur service, mais il s’indignait de cet oublie des convenances, et, poussé à bout, il leur dit un jour ce qu’il pensait de leur conduite. Il s’en suivit des provocations qui firent grand bruit à la cour de Catherine et amenèrent l’exil du jeune chambellan. Paul, touché du procédé et du dévouement de Rstopchine, lui voua dès lors une affection qui dura jusqu’à sa mort et qui les honora tous les deux, car le favori osa toujours tout dire, et presque toujours le maître sut tout entendre.
En 1787, le grand-duc voulut, en sa qualité de prince héritier, prendre le commandement des troupes russes contre la Turquie. Catherine s’y opposa, et comme il insistait vivement par ses paroles : « que pensera de moi l’Europe, instruite de mon dessein, quand elle verra que je ne l’exécute pas? » sa mère répondit froidement : « elle pensera que vous êtes un fils respectueux. »
Le grand-duc Paul avait quarante-deux ans quand la mort presque subite de l’impératrice Catherine le fit passer d’une retraite absolue à la puissance souveraine. C’était le 19 novembre 1796. Le récit des derniers moments de Catherine et de l’avènement de Paul a été écrit par le comte Rostopchine, témoin de ce qu’il raconte, avec une éloquence et une vérité saisissante. Nous n’en citerons que les pages où Paul est en scène.
« Ce jour là (18 novembre) dit-il, le grand-duc héritier dînait au moulin de Gatschina à cinq verstes du château. Avant le dîner, quand tout le monde était déjà réuni, le grand-duc et la grande-duchesse racontèrent un rêve extraordinaire qu’ils avaient fait la nuit précédente. Le grand-duc s’était senti attiré vers le ciel par une force invisible et surnaturelle, ce qui le fit se réveiller plusieurs fois, mais aussitôt qu’il se rendormait, le même rêve se répétait. Enfin, réveillé tout à fait et voyant que la grande-duchesse ne dormait pas non plus, il apprit d’elle, à son grand étonnement, qu’elle avait eu la même vision et qu’elle avait été agitée comme lui.
Francine du Canada
28 mars 2016 @ 11:01
Hé, hé, hé, merci Claude-Patricia; je suis déjà attachée à la personnalité de Paul 1er et j’ai hâte de connaître la suite. FdC
Yom
27 mars 2016 @ 19:21
Un empereur sans envergure sûrement pas d’une grande intelligence ,mené par le bout du nez par une épouse totalement névrosée depuis toujours qui aurait mérité être soignée mais a cette époque…Elle a sûrement été très mal dans sa peau toute sa vie mais elle a fait beaucoup de tord à son mari.
Claude-Patricia
28 mars 2016 @ 10:02
Bonjour à tous,
Suite
Le dîner fini, comme le grand-duc s’en retournait à Gatschina avec sa suite, il rencontra un de ses hussards qui venait lui annoncer l’arrivée au château du comte Zubow, porteur d’une nouvelle importante. »
Cette nouvelle était que l’impératrice avait été frappée à cinq heures du matin d’une apoplexie qui ne lui laissait point de salut. Paul repartit immédiatement pour Saint-Pétersbourg avec la grande-duchesse. Rostopchine qui accourait au devant de lui le rencontra à moitié chemin. « Quand je m’approchais de la portière, dit-il, il reconnu ma voix et s’écria : Ah! C’est vous, mon cher Rostopchine! Il descendit aussitôt et je lui racontait tous les détails. « Faites-moi le plaisir de me suivre, dit-il, nous arriverons ensemble; j’aime à vous voir près de moi. Je me mis en traineau avec Bikow, et nous le suivîmes…ayant dépassé le palais Tchesma, le grand-duc sortit pour un moment de voiture et j’attirai son attention sur la beauté de la nuit. Elle était tout à fait calme et claire, il n’y avait pas plus de trois degrés de froid, la lune tantôt se cachait derrière les nuages, tantôt nous éclairait, il semblait que c’était dans l’attente du grand évènement qui se préparait sur la terre, tous les éléments se taisaient et faisaient place à un calme majestueux. Je regardais le grand-duc; il avait les yeux élevés vers la lune qui l’éclairait en en plein, et je vis son visage innondé de larmes. Impressionné par les émotions de cette journée, dévoué de coeur et d’âme à l’homme qui montait en ce moment sur le trône de Russie, non moins que je l’étais à ma patrie, je me représentais vivement toutes les suites, toute la gravité des premiers pas et des influences qui pouvaient agir sur les vues d’un souverain autocrate, plein de force, de santé, de fougue et qui avait perdu la faculté d’être maître de lui-même. Oubliant la distance qui nous séparait, je saisis impétueusement la main, et je lui dit : « Monseigneur, quel moment pour vous! » A quoi il répondit en serrant fortement la mienne « Ecoutez, mon cher, écoutez! J’ai vécu quarante-deux ans, Dieu m’a soutenu. peut-être me donnera-t-il la force et la raison nécessaires pour supporter l’état auquel il me destine; j’espère, de toute sa bonté! »
Cette scène n’est-elle pas pleine de grandeur et de simplicité? Et ne montre-t-elle pas qu’elle était grande aussi, l’âme de cet infortuné prince qu’attendait une fin si prompte et si tragique?
J’arrive sans transition au récit de la mort de Catherine : « A cinq heures du soir (c’était le 19 novembre) le poul de l’impératrice s’affaiblit sensiblement : trois ou quatre fois, les médecins crurent que le dernier instant arrivait, mais la force de la constitution prolongeait l’agonie et retardait sa fin; le râle était si fort que l’on l’entendait dans la chambre à côté, le corps était toujours étendu sur le même matelas, la face était tantôt rouge tantôt violette. Un des médecins, constamment agenouillé, essuyait avec un mouchoir l’écume qui découlait de la bouche, d’abord jaune, puis noire…A neuf heures, Rogerson entra dans le cabinet où étaient les grands-ducs et les grandes-duchesses Alexandrine et Hélène…Cette minute restera présente à ma mémoire jusqu’à la fin de ma vie! A la droite se tenaient le grand-duc héritier, la grande-duchesse et leurs enfants, au chevet, moi et Plestchew; à gauche les médecins et toutes les personnes du service intime de l’impératrice. La respiration était difficile et rare; le sang, tantôt en montant lui défigurait les traits, tantôt en se retirant leur rendait leur aspect naturel, le silence de tous les assistants, la fixité des regards dirigés tous vers le même objet, la demi-obscrurité qui régnait dans la chambre, tout inspirait l’éffroit et annonçait la venue de la mort. Le quart de dix heures sonna, et Catherine la Grande, ayant poussé un dernier soupir, à l’égal de tous les mortels, comparut devant le tribunal de Dieu!
Claude-Patricia
28 mars 2016 @ 14:54
» Aussitôt les traits de celle qui remplit le monde de la gloire de son règne reprirent leur expression habituelle de grâce et de grandeur. Son fils et son héritier, après s’être prosterné devant son corps, se retira en fondant en larmes. La chambre se remplit en un clin d’oeil de femmes attachées au service de la défunte, et leurs sanglots éclatèrent…Les pleurs et les gémissements ne dépassèrent pas le seuil de la chambre où se trouvait le corps. Les appartements étaient remplis de gens titrés et en service, lesquels, dans toutes les circonstances heureuses ou malheureuses ne sont occupés que par leur seul intérêt et cette minute était pour eux ce que sera le jugement dernier pour les pécheurs.
Claude-Patricia
28 mars 2016 @ 16:30
« Le comte Samoylff naturellement avait une figure bête qu’il s’efforçait, sans y parvenir, de rendre triste. Il entra dans la chambre de service et dit : Messieurs, l’impératrice Catherine est morte, et son fils, l’empereur Paul, est monté sur le trône. Le grand maître des cérémonies qui n’avais jamais en tête que le cérémonial, vint annoncer que tout était prêt dans la chapelle du palais pour la prestation du serment. L’empereur s’y rendit accompagné de sa famille et suivi de tous ceux qui se trouvaient au palais. Il se mit à la place impériale et tout le monde, à la suite du clergé, répéta la formule du serment. après quoi l’impératrice Marie voulut se jeter aux pieds de l’empereur, mais il l’en empêcha, ainsi que ses enfants. Ensuite, chacun, après avoir baisé la croix et l’évangile et signé son nom, baisa la main du souverain. »
Tel est, bien abrégé, le récit du comte Rostopchine, écrit au lendemain même de la mort de Catherine, de l’avènement de Paul Ier, et qui forme certainement une des pages les plus émouvantes du règne si court de ce noble et malheureux prince. Un de ces premiers soins, en montant sur le trône, fut de réhabiliter la mémoire de Pierre III son père, et de faire exhumer ses restes mortels pour leur rendre les honneurs funèbres que Catherine et ses complices lui avaient refusés à sa mort. La vengeance qu’il tira des meurtriers survivants de Pierre III fut originale, comme tous ses actes, et cruelle dans sa modération. Il exigea qu’ils tinssent le drap mortuaire étendu sur le cercueil, pendant toute la durée de la cérémonie, et ce pilori d’un nouveau genre dut être pour eux un supplice de honte et d’angoisse. La cérémonie achevée, il se contenta de les exiler de la cour et de la capitale : il est remarquable, en effet, que malgré ses emportements et ses actes de déraison, Paul Ier ne répandit pas une goutte de sang pendant tout son règne.
Les débuts de ce règne, marqué par les mesures de grande importance et de haute sagesse, pouvaient faire espérer un règne illustre et bienfaisant. Lors de son couronnement, il régla, par un acte constitutionnel, l’ordre de succession au trône de Russie, laissé jusque là au bon plaisir du souverain, il décida que la couronne se transmettrait de mâle à mâle, par ordre de primogéniture, et que les femmes ne pourraient régner qu’à défaut d’héritier de sexe masculin. Il supprima un grand nombre d’emplois inutiles, diminua considérablement les dépenses du Trésor, favorisa le commerce national, et travailla activement au projet formé depuis longtemps de joindre par des canaux la Baltique à la mer Noire. Il établit une maison d’orphelins militaires, où 800 enfants furent élevés et instruits aux frais de l’Etat. Il continua les traditions de tolérance religieuses de sa mère et protégea, comme elle, les Jésuites chassés de France et d’Espagne, qu’il laissa libres d’enseigner et d’élever la jeunesse de son empire.
Mais à ces mesures, dignes d’un vrai politique et d’un sage législateur, succédèrent bientôt des caprices absurdes et des tracasseries sans nom. Sa manie de tout réglementer ne connaissait pas de limites, et son despotisme s’exerçait de préférence là où il est le plus insupportable, dans les petites choses. Tantôt il proscrivait les modes françaises, déterminait la forme des chapeaux et des vêtements, tantôt joignant l’odieux au ridicule, il ordonnait que sur son passage, tout le monde descendit de voiture et s’inclinât devant lui. Il y eu des moments où son orgueil parut atteindre les limites extrêmes de la déraison. Un jour, il dit à un ambassadeur étranger qui s’excusait d’un retard en alléguant la visite d’un grand personnage de sa cour, cette parole que Louis XIV n’eût pas osé prononcé « apprenez, Monsieur, qu’il n’y a de considérable ici que la personne à qui je parle, et pendant le temps que je lui parle. »
A un certain moment, il se mit en tête de dire la messe en sa qualité de chef suprême de l’église orthodoxe : « puisque je suis leur chef, dit-il, j’ai le droit de faire tout ce qu’il font ».
En dépit de toutes les observations, il commanda des ornements somptueux, fit disposer une chapelle digne d’un souverain pontife, et il eût accompli cet acte de folie sacrilège, si un évêque russe n’eût imaginé de lui dire que d’après Saint Paul, un veuf remarié ne pouvait être admis aux ordres sacrés. Ce raisonnement le frappa, et avec sa mobilité habituelle, une fois le projet ajourné, n’y pensa plus.
Francine du Canada
1 avril 2016 @ 21:41
Merci Claude Patricia; finalement… il n’était pas trop attachant l’empereur Paul 1er. FdC
Ogier le Danois
28 mars 2016 @ 18:30
C’est drôle comme les Européens de l’Ouest disent « tsarine » mais pas « empereurine » quand ils veulent dire « tsaritsa » (> tsarice ?) en lieu d' »impératrice » !
En russe « tsarina » veut dire rien, en ukraïnien (et dialectes occidentaux de russe ?) une éspèce de porte pour le bétail, aux Balcans la douane (due au tsar).
Ogier le Danois
28 mars 2016 @ 18:47
L’impératrice parla mal le français, langue du foyer et de la culture de la bonne sociète russe. Sa deuxième language natale, l’anglais, devient assez à la mode chez les snobs russes, en raison des nounous anglais et le sport, mais l’usage restait limité à quelques « anglomanes ». Son russe finit par être assez bon, mais cela a pris du temps et elle était gênée de faire des fautes devant les gens. Quelques mondains savaient vraisemblemant parler l’allemand, plutôt des hommes et des « barons baltes », mais à St. Pétersbourg l’allemand était une « langue des marchands » assez méprisée par la haute sociète. C’est une raison porquoi elle se retira de la haute sociète.
Ogier le Danois
28 mars 2016 @ 18:50
Correction:
Sa deuxième LANGUE natale, l’anglais, DEVENAIT assez à la mode chez les snobs russes.
Contraire à Alix et Charlène je ne me gêne pas du tout de faire des fautes en m’exprimant ! :-)
Yom
28 mars 2016 @ 21:10
Merci Claude Patricia,très intéressant votre commentaire.
Ogier le Danois
30 mars 2016 @ 00:45
Voix et discours en français de l’empereur Nicolas II (avec r uvulair) suivi par la réponse du président de la république Loubet (avec r roullé) pendant une revue militaire à Krasnoïe Selo en 1902:
https://www.youtube.com/watch?v=9OR2KnRPgKQ
ben J
11 mai 2016 @ 21:51
je cherche le titre de l’extrait en piano vers la 49ème minute du reportage (musique assez triste…)