“ Il est devenu fort difficile aujourd’hui de donner une idée de l’urbanité, de la gracieuse aisance, en un mot des manières aimables qui faisaient, il y a quarante ans, le charme de la société à Paris.”
Ci-dessus, « Le Thé à l’anglaise servi dans le salon des Quatre-Glaces au palais du Temple » Michel-Barthélémy Ollivier.
Cette phrase résume ce qu’a été la vie d’Elisabeth Vigée-Lebrun dans les débuts de sa glorieuse carrière. Grâce, manières, éducation, esprit, bon goût, raffinement, intelligence, tels étaient les maîtres mots de la société d’Ancien Régime. Et c’est dans cet esprit que s’épanouit la jeune Elisabeth qui n’avait pas vingt ans.
19-21 rue de Cléry
Sa famille quitta le Palais-Royal pour s’établir au 19-21 rue de Cléry dans l’hôtel Lubert où habitait Pierre Lebrun, ou Le Brun, (1749-1813). Il avait été un élève de Boucher et de Fragonard, qualifié peintre de genre, c’est-à-dire sans grand talent.
Mais sa connaissance de l’art pictural et de son marché lui avait permis de se spécialiser dans le commerce des tableaux. Ses capacités étaient reconnues et appréciées par les amateurs de peinture, vendeurs et acquéreurs. Il est un spécialiste de peinture hollandaise dont il a publié des catalogues.
La demeure avait appartenu à Louis de Lubert, Président à mortier, soit président de Chambre, au Parlement de Paris, qui l’avait divisée en appartements bien habités.
Le marquis de Pezay (1741-1777) en fut un des locataires, son épouse née Caroline de Murat, sera proche d’Elisabeth Vigée-Lebrun, figurant sur de ses tableaux les plus célèbres, peint en 1787.
La marquise de Pezay, peinte par Elisabeth Vigée-Lebrun en 1787 – National gallery of Art Washington
Pierre Lebrun, se comportant en propriétaire apparent, n’était à l’époque qu’un des locataires. Son voisinage était un bonheur pour Elisabeth car il lui permettait d’admirer sa collection de tableaux qui était importante, renommée mais aussi fluctuante. Elle put ainsi s’exercer la main en les copiant.
Elle lui en était reconnaissante mais “…au bout de six mois, il me demanda en mariage. J’étais loin de vouloir l’épouser, quoiqu’il fût très bien fait et qu’il eût une figure très agréable. J’avais alors vingt ans; je vivais sans inquiétude sur mon avenir puisque je gagnais beaucoup d’argent, en sorte que je ne sentais aucun désir de me marier. Mais ma mère, qui croyait Mr Le Brun très riche, ne cessait de m’engager avec insistance à ne point refuser un parti aussi avantageux.”
La liste des personnages peints en 1773, 1774 et 1775 est impressionnante. Pour ne citer que les grands noms, le comte de Stainville, le marquis de Choiseul, la comtesse d’Harcourt, le prince de Rochefort, la comtesse de Gontault, Mademoiselle de Cossé, le prince de Rohan.
En trois ans, elle peint quatre-vingt-cinq tableaux, chacun vendu au prix fort. En 1784, elle fit le portait du Contrôleur Général des Finances, Charles-Alexandre de Calonne, pour la somme de 4000 francs ( 45 000 euros) et celui de Mr de Beaujon pour 8000 francs (90 000 euros ).
C’est dire si Elisabeth Vigée gagnait bien sa vie. Même si durant ces trois années, elle n’avait peint ses tableaux que pour 1000 francs (11 000 euros) chacun, cela lui aurait fait gagner 85 000 livres soit 950 000 euros. Il est difficile de comprendre pourquoi sa mère cherchait à lui faire faire un riche mariage.
Le Brun autoportrait en 1796
“Je me sentais si peu entraînée, toutefois, à faire le sacrifice de ma liberté, qu’en allant à l’église, je me disais encore : Dirai-je oui ? Dirai-je non ?”
Bien que prévenue par ses amis de la nature et de la personnalité de Pierre Lebrun, “Hélas, j’ai dit oui et j’ai changé mes peines contre d’autres peines.” C’était le 11 janvier 1776.
Eglise Saint-Eustache
Ses autres peines étaient son beau-père, d’une avarice sordide et d’une mauvais humeur constante, qui prenait tout ce qu’il gagnait.
La duchesse d’Arenberg, ne la sachant pas encore mariée car le mariage avait été tenu secret pour des raisons de transaction que faisait Lebrun avec un riche hollandais dont il devait épouser la fille et ne voulait pas perdre le marché, lui dit : “Au nom du Ciel, n’épousez pas Mr Le Brun, vous seriez trop malheureuse.” Auber, le joaillier de la Cour, lui dit : “ Vous feriez mieux de vous attacher une pierre au cou et vous jeter dans la rivière que d’épouser Mr Le Brun.”
A peine mariée, Elisabeth Vigée, devenue Lebrun, puis Vigée-Lebrun, constata “ Ce n’est pas que Mr Le Brun fût un méchant homme: son caractère offrait un mélange de douceur et de vivacité ; il était d’une grande obligeance pour tout le monde, en un mot, il était assez aimable ; mais sa passion effrénée pour les femmes de mauvaise mœurs, jointe à la passion du jeu, ont causé la ruine de sa fortune et la mienne, dont il disposait entièrement.” Ses amis avaient raison mais elle ne divorça que quand cela fut possible, voire obligatoire. Il était, désormais, non seulement son mari mais son agent, s’occupant de ses affaires.
En réalité, “Tous ceux qui m’entouraient, savaient que M. Le Brun s’emparait en totalité de l’argent que je gagnais, me disant qu’il le ferait valoir dans son commerce ; je ne gardais souvent que six francs dans ma poche…très souvent il négligeait de me dire que l’on m’avait payée.” Le commerce de son mari, bien que réel, ne bénéficiait pas de cet argent qui allait dans les parties fines, les jeux de cartes, l’entretien de ses maîtresses.
En 1778, toutefois, à la mort du marquis de Pezay, l’argent d’Elisabeth servit à acheter l’hôtel particulier dont ils étaient locataires, car Lebrun n’avait pas un sou.
Plan du croisement rue de Clery et du Gros-Chenet
En 1784 et 1785, ils l’agrandirent en construisant un bâtiment au fond du jardin donnant sur la rue du Gros-Chenet, aujourd’hui la rue du Sentier. Lebrun fit faire aménager dans la partie ancienne de l’hôtel une salle destinée à la vente des tableaux, une galerie circulaire couverte d’une coupole entourée de gradins. Les collections de son mari demandaient beaucoup de place.
Et chacun des époux avait son appartement. L’immeuble existe encore mais seule la façade subsiste dans sa forme originale, la décoration des appartement ayant totalement changé.
Façade sur la rue du Gros-Chenet
Façade sur le jardin
Aujourd’hui
Elisabeth était dans ses meubles mais était-elle vraiment chez elle ? En fait, elle n’habita la nouvelle partie de la demeure que fort peu de temps. Elle avait été opposée à sa construction, la trouvant trop ostentatoire. La disposition des appartements révèle la séparation du couple. Elle fut à l’origine de bien des libelles et des calomnies qui ont tenté de salir l’artiste.
Les appartements du couple
L’appartement d’Elisabeth
La gloire est là. Peu de temps après son mariage, invitée à une séance de l’Académie française, elle eut le plaisir d’entendre le poète La Harpe déclamer en se tournant vers elle : “Le Brun, de la beauté le peintre et le modèle…” Le public, dont la duchesse de Chartres et le roi de Suède, lors se leva pour applaudir et l’acclamer.
Mais bientôt allait survenir le grand évènement de sa vie. Elle était enceinte et allait donner le 12 février 1780, naissance à sa fille, Jeanne-Julie-Louise. Elle sera la prunelle de ses yeux et son désespoir.
Portrait présumé de sa fille peinte par elle en 1782
Julie Lebrun en 1787
Peu de temps auparavant Marie-Antoinette était entrée dans sa vie de peintre. En 1778, elle fit d’elle son premier portrait, celui d’une reine en majesté, avec comme seul détail insolite, une rose à la main.
Ce portait était destiné à sa mère, Marie-Thérèse d’Autriche, qui écrivit après l’avoir reçu : “ Votre grand portrait fait mes délices.” Elisabeth en fit deux répliques, qui sont dans les musées français, mais l’original se trouve à Vienne.
Premier portrait de Marie-Antoinette peint en 1778 – Kunsthistorisches Museum Vienne
Elle écrira d’elle : “ Marie-Antoinette était grande, admirablement bien faite, assez grosse sans l’être trop. Ses bras étaient superbes, ses mains petites, parfaites de forme, et ses pieds charmants. Elle était la femme de France qui marchait le mieux; portant la tête fort élevée, avec une majesté qui faisait reconnaître la souveraine au milieu de toute sa cour, sans pourtant que cette majestés nuisît en rien à tout ce que son aspect avait de doux et de bienveillant…Elle n’avait point de grands yeux ; leur couleur était presque bleue ; son regard était spirituel et doux, son nez était fin et joli et sa bouche n’était point trop grande, quoique les lèvres sussent un peu fortes. Mais ce qu’il y avait de plus remarquable dans son visage, c’était l’éclat de son teint. Je n’en ai jamais vu d’aussi brillant, et brillant est le mot; car sa peau était si transparente qu’elle ne prenait point d’ombre.”
Et c’est à cette éclat qu’elle rendit hommage au moins dix-sept fois, entre 1778 et 1789, certains tableaux ayant été reproduits deux fois par elle. Nous les retrouverons au cours du récit.
Deuxième grand portrait dit “Marie-Antoinette en robe à paniers” – 1783 –Musée du Château de Versailles
Peut-on dire qu’il y eut une amitié entre la reine et sa portraitiste ? Cela parait impossible dans le sens que nous donnons au mot amitié.
Le rapport entre les deux femmes fut excellent. Les séances de pose se terminaient souvent en causeries, voire en duos musicaux, les deux femmes étant férues de musique.
La reine avait certainement de l’affection pour l’artiste dont elle appréciait la simplicité, Elisabeth Vigée-Lebrun, bien que parfaitement en cour, n’en avait pas adopté la sophistication. Elle eut, de son côté, beaucoup d’admiration pour la souveraine et apprécia la manière simple avec laquelle elle était traitée.
Un jour, raconte-t-elle dans ses Mémoires, qu’ayant manqué une séance parce qu’elle était indisposée par sa seconde grossesse, loin de lui en faire le reproche, la reine la reçut avec gentillesse quand elle se présenta le lendemain sans rendez-vous.
Elisabeth allait se retirer quand la reine lui dit : “ Non, non, ne partez pas, je ne veux pas que vous ayez fait une course inutilement.” Elle changea alors son emploi du temps.
Elisabeth se mit à peindre mais elle était si émue qu’elle en laissa tomber ses pinceaux. Elle se baissait pour les ramasser quand la reine lui dit : “ Laissez, laissez, vous êtes trop avancée dans votre grossesse pour vous baisser” et ramassa elle-même les pinceaux.
Mais au-delà de cette sympathie réciproque et de la grande courtoisie de la reine, il ne pouvait rien avoir d’amical réellement entre elles. Tant de distance les séparait. Il n’y eut certainement pas de confidences échangées entre elles, comme peuvent le faire deux amies.
Les portraits se succédèrent. En 1779, elle fit une réplique du premier portrait à destination de l’impératrice de Russie, Catherine II. Elle fit deux autres portraits de la reine en buste, et deux copies, puis un autre en 1780. En 1783 , elle en fit onze. En 1787, un et en 1789, un inachevé.
Les plus célèbres sont, après le premier, est en 1783 un portait de Marie-Antoinette en robe à paniers, semblable au premier, et le portait du scandale “ Marie-Antoinette en gaulle.”
“Marie-Antoinette en robe de gaulle” -Collection du Château de Wolfsgarten, propriété de la Maison de Hesse
Il s’agissait d’un portait de la reine, vêtue d’une tenue simple, robe blanche, coiffée d’un chapeau de paille, tenue probablement portée à Trianon. Présenté au Salon de peinture, il dut être retiré car on ne pouvait représenter la souveraine dans une tenue simple.
Elisabeth Vigée-Lebrun en fit un autre, la reine tenant toujours une rose à la main, dans la même posture, mais habillée de soie et coiffée de plumes. Il remplaça le précédent au Salon. C’est le portrait dit “ Marie-Antoinette à la rose” conservé à Versailles.
Marie-Antoinette à la rose – 1783 -Musée du Château de Versailles
La même année, 1783, Gainsborough peignait Giorgiana, duchesse de Devonshire, dans la même simplicité et sans scandale. Mais il est que, si elle était la reine de la société anglaise, elle n’avait pas la reine d’Angleterre.
Giorgiana, duchesse de Devonshire par Gainsborough – National Gallery of Art de Washington
En 1787, elle peignit la reine avec ses trois enfants, Madame Royale, le Dauphin et le duc de Normandie, devant un berceau vide en hommage à la fille, Sophie, que venait de perdre le couple royal.
Elisabeth Vigée-Lebrun doutait du succès de son tableau, tant la famille royale était honnie dans l’opinion. Ce fut un succès. Elle fut alors présentée à Louis XVI et son tableau prit place dans une des salles du château de Versailles.
Après la mort du Dauphin, en 1789, Marie-Antoinette ne pouvant supporter cette vision, pleurant à chaque fois qu’elle passait devant, le tableau fut remisé. Et c’est à cela qu’il dut sa survie car lors de l’invasion du château le 4 octobre 1789, il est probable qu’il aurait été lacéré par les poissardes.
Marie-Antoinette et ses enfants – 1787 -Musée du Château de Versailles
En 1788, elle peint Marie-Antoinette en robe bleue, probablement le dernier portait connu de la reine.
La Révolution approche, les beaux jours vont bientôt finir.
Mais de retour en arrière, il y a eu en 1784, le portrait de Marie-Thérèse, dite Madame Royale, et de son frère, le Dauphin. Les enfants sont représentés en tenue simple, presque campagnarde, bien que le Dauphin y porte le cordon du Saint-Esprit.
Madame Royale et son frère, le Dauphin -Musée du Château de Versailles
Il n’est pas possible d’oublier l’entourage de la reine, Madame Elisabeth, sœur du roi, dont elle dit qu’elle “était un ange de bonté.” Et les amis de la reine. La princesse de Lamballe, née Marie-Thérèse de Savoie-Carignan (1749-1792), belle-sœur de la duchesse de Chartres, fut peinte en 1782.
La princesse de Lamballe -Musée du Château de Versailles
En 1782 et 1783, elle peignit Yolande de Polastron (1749-1793), Gouvernante des Enfants de France, duchesse de Polignac depuis 1780, ayant remplacé la princesse de Lamballe dans les amitiés de la reine.
Le comte de Vaudreuil (1740-1817), un autre proche de Marie-Antoinette, mais aussi ami intime de l’artiste, posa en 1784. On le disait l’amant de la duchesse de Polignac.
La duchesse de Polignac -Musée du Château de Versailles
Le comte de Vaudreuil en 1784 -Fine Arts museum Richmond – Virginie
Il ne semble pas qu’elle ait jamais peint Axel de Fersen, dont elle ne cite même pas le nom dans ses mémoires, pourtant dans l’entourage de la reine. N’en parlant pas, peut-être a-t-elle voulu préserver la réputation de la souveraine, dont on disait qu’il était l’amant ?
Mais il y a aussi les parias du cercle royal. Jeanne Bécu, comtesse du Barry, maîtresse de Louis XV, que Marie-Antoinette refusait de voir, peinte en 1781 et 1782. Elisabeth Vigée-Lebrun, se trompant, dit toutefois l’avoir peinte pour la première fois en 1786.
La comtesse du Barry – 1782 -National Gallery of Art Washington
“Madame du Barry pouvait avoir alors quarante-cinq ans environ. Elle était grande sans l’être trop ; elle avait de l’embonpoint ; la gorge un peu forte mais fort belle ; son visage était encore charmant, ses traits réguliers et gracieux ; ses cheveux étaient cendrés et bouclés comme ceux d’un enfant ; son teint seulement commençait à se gâter. Elle me reçut avec beaucoup de grâce, et ma parut avoir fort bon ton, mais je lui trouvais plus de naturel dans l’esprit que dans les manières…”
Il y eut aussi Jeanne de Valois-Saint-Rémy (1756-1791), comtesse de La Motte peinte vers 1780, l’aventurière à l’origine de l’Affaire du Collier de la reine”. Etrangement elle n’en parle pas dans ses mémoires. Peut-être par souci d’épargner la réputation de la reine.
Jeanne de Valois-Saint-Rémy comtesse de La Motte – Collection privée
La personnalité d’Elisabeth Vigée-Lebrun semble être double. Elle est à la fois mondaine, ses relations et sa vie le montrent, mais aussi solitaire dans ses moments de création. Le monde semble ne plus exister quand elle peint. Elle en oublie l’heure, elle en oublie presque d’accoucher.
Elle règle sa journée sur son temps de travail. Elle ne s’autorise à sortir dans le monde que le soir. Ses mémoires sont souvent la suite de grands noms qu’elle a peints dans la journée et qu’elle retrouve le soir, à l’opéra, au concert, dans des dîners.
Elle reçoit aussi beaucoup et bien, avec parfois de la fantaisie. Son” dîner grec” fit le délice de ses convives et la calomnie des autres. Après avoir lu “Le Voyages d’Anarcharsis” de Jean-Jacques Barthélémy, paru en 1787, elle imagina, en compagnie de son frère, un jour d’organiser un dîner, dont les plats seraient grecs. Mais pas que les plats, les costumes aussi ! Des draps et des tentures firent l’affaire pour organiser le décor et les costumes.
Ses invités en arrivant se virent affublés de toges de fantaisies, réservant ainsi une grande surprise au dernier d’entre eux, le comte de Vaudreuil. Poularde, anguilles à la sauce grecque, légumes, gâteau au miel firent le menu. Le dîner fut joyeux et plus que décent mais le lendemain le bruit courait en ville que ce dîner avait coûté vingt mille francs (200 000€), puis quarante mille francs, puis soixante mille francs (600 000€), enfin quatre-vingt mille francs. (800 000€).
Le roi en fut fâché.. La réalité était qu’il lui avait coûté moins de quinze francs (155€). Sa célébrité, sa proximité de la Cour, ses grandes relations, la qualité de sa peinture et l’argent qu’elle en tirait, faisaient d’elle une proie facile pour la calomnie. Surtout la veille de la Révolution.
Charles-Alexandre de Calonne (1734-1802) – 1784 -Collection Royale Windsor
La pire des calomnies après le “dîner grec” fut sa relation supposée avec Calonne. Certes, elle avait peint son portrait mais en réalité le connaissait peu pour n’avoir été chez lui qu’une fois au ministère des Finances où il donnait une fête. Jalousie de femme !
La comtesse de Cérès, épouse de Jean-Baptiste du Barry, ex-amant et beau-frère de Jeanne Bécu, comtesse du Barry, était la maîtresse de Calonne.
Après une pose pour son portait par Elisabeth, elle lui demanda de lui prêter sa voiture. Elle alla avec voir son amant et passer la nuit avec lui, laissant voiture et cocher devant la porte.
Or, la voiture d’Elisabeth était connue et on imagina que c’était elle qui avait passé la nuit avec Calonne. On raconta qu’il le lui avait payé son portait de manière extravagante. “Les uns prétendaient que le contrôleur général m’avait donné un grand nombre de ces bonbons que l’on appelle “papillotes” enveloppées de billets de caisse ( bons du Trésor) ; d’autres que j’avais reçu dans un pâté une somme assez forte pour ruiner le Trésor…Le fait est que est que M. de Calonne m’avait envoyé quatre mille francs en billets dans une boite qui a été estimée à vingt louis.” La boite valait 850 €.. Toutes calomnies blessaient Elisabeth Vigée-Lebrun.
Mais ces calomnies n’empêchaient pas les grands noms de France de venir dans son atelier et s’y faire peindre.
La baronne de Crussol en 1785 –Musée des Augustins à Toulouse
La duchesse de Gramont-Caderoussse – 1784 –
Nelson Atkins Museum of Art
La maréchale-comtesse de Mailly, née Blanche de Narbonne Pelet – 1783 –Collection privée
Elle aimait le théâtre et s’y rendait souvent pour entendre les plus grands acteurs, comme Lekain, Larive, le jeune Talma, ou les plus grandes actrices comme Mme Molé-Reymond, Mme Vestris ou sa sœur, Madame Dugazon. Elle n’hésita pas à les peindre. Si elles ne sont pas nobles, elles n’en sont pas moins célèbres et courtisées. “Le mariage de Figaro”, toutefois, dont elle savait les critiques à l’encontre du monde qu’elle aimait, n’eut pas ses faveurs.
Mme Dugazon en 1787 – dans Nina ou la Folle par amour de Nicolas Dalayrac- 1786 -Collection privée
La parisienne, qui fréquentait la Comédie Française, le Théâtre Italien, aimait pièces de théâtres et opéras, aimait le tourbillon mondain quand elle ne travaillait pas, aimait aussi la campagne. Mais pas n’importe quelle campagne, celle des châteaux de ses amis.
Autoportrait au chapeau de paille après 1782 -Collection de la baronne Nadine de Rothschid
Elle visita, plus qu’elle y séjourna, à Chantilly dont le prince de Condé lui fit les honneurs. “Ce château avait je en sais quoi de grandiose qui le rendait digne de ses maîtres…le maître de ce beau lieu y vivait adoré de tous les habitants qu’il comblait de ses bienfaits et qui l’ont si vivement regretté.”
Château de Chantilly au XVIIIe siècle
Le château du Raincy où elle allait faire le portait du duc d’Orléans et de celui de son épouse morganatique, Mme de Montesson, lui plut beaucoup moins. “Je m’ennuyais passablement au Raincy.”
Madame de Montesson était pourtant une femme charmante, malgré sa position fausse dans la société, et cultivée. Elle était peut-être prévenue contre elle par la duchesse de Chartres.
Château du Raincy par Carmontel en 1780
Mme de Montesson en 1779 -Collection du Musée du Louvre
Mais il y eut des séjours enchanteurs. A Gennevilliers, chez le comte de Vaudreuil, “maison meublée dans le meilleur goût quoique sans munificence.”
La compagnie s’y adonnait au théâtre. Sa belle-sœur, Suzanne Vigée fait partie de la troupe amateur. Fille de de Jean-Baptiste Rivière, conseiller de légation de la Cour de Saxe, elle a épousé Etienne en 1785. Le comte d’Artois était un des spectateurs assidus de leurs représentations.
Le château de Gennevilliers
Il y aussi Moulin -Joli. Il ne s’agit pas d’un château mais d’une “folie” dans le style du hameau de Trianon.
Charles Henri Watelet (1718-1786), familier de Louis XV et receveur général des finances d’Orléans, aménagea en 1771 un parc sur une île de la Seine et sur sa berge dans la propriété appartenant à sa maîtresse Madame Lecomte. Pour cette création, il bénéficia des conseils d’un de ses amis peintres, Boucher.
Le Moulin Joli
Ce parc s’étendait sur plusieurs îles séparées par un réseau de bras. Il était peu étendu, mais en son coeur l’intrication des bras, de la végétation des berges, et des ponts fleuris, formait un remarquable tableau bucolique.
Cet ensemble annonce l’esprit des parcs à fabriques. Toutefois il en comportait bien peu : des bergeries et grottes de moindre importance, les ponts flottants, passerelles de bois, et l’authentique moulin incorporé au décor. Le parc fut baptisé « l’île enchantée », il fut célèbre et admiré, de nombreux artistes y furent accueillis, en particulier les peintres Hubert Robert, Elisabeth Vigée-Lebrun et Boucher. La meilleure société le fréquenta, Marie-Antoinette y vint à plusieurs reprises. C’est des premiers parcs à l’anglaise dessiné en France.
Plan du Moulin Joli – Un parc à l’anglaise
Watelet n’était pas qu’un riche oisif. Il était peintre et graveur, sans atteindre le niveau de ses prestigieux commensaux. En 1774 il écrivit son « Essai sur les jardins », contribution à l’acclimatation en France du jardin naturel. Il commença un ample dictionnaire artistique, jugé suffisamment important pour être achevé après lui.
“Voilà un de ces lieux qu’on n’oublie pas ; si beau, si varié, si pittoresque, si élyséen, si sauvage, si ravissant enfin ! Représentez-vous une grande île couverte de bois, de jardins, de vergers que la Seine coupe par le milieu. On passait d’un bord à l’autre sur un pont de bateau, garni des deux côtés par des caisses remplies de fleurs que l’on renouvelait à chaque saison, et des bancs, placés de distance en distance, vous permettaient de jouir longtemps d’un air parfumé et de vues admirables ; de loin ce pont qui se répétait dans l’eau, produisait un effet charmant…M. Watelet était un homme distingué, d’un caractère doux et liant, qui s’était fait beaucoup d’amis. Dans son île enchantée, je le trouvais en harmonie avec tout ce qui l’entourait ; il y recevait avec grâce et simplicité une société peu nombreuse mais parfaitement choisie… C’est pendant ce voyage que je fis un de mes meilleurs portraits, celui de Robert, la palette à la main.”
Hubert Robert en 1788 -Musée du Louvre
Que dire de Mortefontaine situé dans l’Oise ? Louis Le Peletier de Mortefontaine (1730-1799), marquis de Montmélian, Conseiller au Parlement de Paris, Maître des Requêtes, Prévôt des marchands de Paris, aménagea le parc d’un château construit au XVIIe siècle, en un jardin anglo-chinois.
Un pavillon chinois, un obélisque, une colonne et une “vallée des tombeaux”, une glacière surmontée d’un pavillon et une prairie tiennent lieu de fabriques. Le parc est orné d’un grand nombre de statues d’animaux, d’un théâtre, une orangerie, une volière.
Château de Mortefontaine en 1805
“Monsieur de Mortefontaine recevait avec tant de bienveillance et de simplicité, que chacun chez lui se croyait chez soi. Le comte de Vaudreuil, Le Brun ( le poète, pas son mari ), le chevalier de Coigny, si aimable et si gai, Brongniart, Robert, Rivière et mon frère, faisaient toute la nuit des charades et se réveillaient pour se les dire ; cette folle gaieté prouve assez de quelle liberté l’on jouissait dans ce lieu. A la vérité, l’ordre était banni aussi bien que la gêne. Heureusement, nous étions entre intimes et en petit nombre car je n’ai jamais vu château aussi mal tenu.”
Il y avait à Mortefontaine une ambiance joyeuse au crépuscule de l’Ancien Régime. Le château par la suite, s’il existe toujours, ne connut pas un avenir heureux. L’intermède Joseph Bonaparte, dont c’était la résidence favorite, fut son denier moment de gloire.
Château de Maupertuis en 1780
Au château de Maupertuis, dans l’actuelle Seine et Marne, c’était une toute autre ambiance. “Partout régnait l’ordre et la magnificence. Monsieur de Montesquiou tenait là véritablement l’état d’un grand seigneur…Les repas étaient splendides, le château était assez vaste pour contenir habituellement trente ou quarante maîtres, tous bien logés, parfaitement soignés ; et cette nombreuse société se renouvelait sans cesse.”
Anne Pierre, marquis de Montesquiou-Fezensac, premier écuyer du comte de Provence, eut un fils qui se rallia à l’Empire et une belle-fille qui devint la gouvernante du roi de Rome,“ Maman Quiou”.
Le château avait été conçu et construit par Nicolas Ledoux, l’architecte visionnaire, (1736-1806) et Brongniart (1739-1813), auquel on doit la Bourse de Paris. Le parc fut conçu par Hubert Robert. Il a été détruit au XIXe siècle.
Maquette du château de Mauperttuis par Nicola Ledoux -Musée d’Arc et Senans
Tels étaient les lieux de plaisance où était conviée Elisabeth Vigée-Lebrun. Elle vivait au milieu d’une société élégante et choisie, proche des milieux de la Cour où seul son art lui donnait accès, mais sans jamais y avoir été officiellement invitée.
Femme de la fin du XVIIIème siècle, Elisabeth Vigée-Lebrun n’échappa pas à la nouvelle mode inspirée de Rousseau qui voulait que les mères s’occupassent de leurs enfants et les aimassent.
Devenu mère, elle consacra à sa fille toute l’affection qu’elle ne pouvait donner à son mari. Les différents portraits qu’elle fit d’elle sont des chefs d’œuvre d’amour maternel. Celui qu’elle fit d’elle avec sa fille en 1786 est considéré comme le premier vrai sourire représenté de l’art occidental où les dents sont apparentes.
Une mère et sa fille, le portait du scandale -Collection du Musée du Louvre
Son exposition au salon de 1787 provoqua un scandale. Depuis l’Antiquité, seules les dents des gens du peuple, considérés comme communs et vulgaires, incapables de maîtriser leurs émotions, sont représentés. Le journal à potins de la cour Mémoires secrets commente : “Une affectation que les artistes, les amateurs d’art et les personnes de goût se sont unis pour condamner, et qui ne trouve pas de précédent chez les Anciens, c’est qu’en souriant, elle montre ses dents.” ( Jones, Colin (2003). The Great Nation: France from Louis XIV to Napoleon. London)
La mère et la fille en 1789
À la lumière de ce portrait et de son autre autoportrait avec sa fille Julie (1789), Simone de Beauvoir, la papesse du féminisme, dans Le Deuxième Sexe (1949) s’en prend au narcissisme, selon elle de l’artiste : “Madame Vigée-Lebrun ne se lassait pas de mettre sa maternité souriante sur ses toiles.” Il est vrai que l’amour maternel ne fut pas primordial à ses yeux. Elle lui préférait la grande causes de la bien pensance de l’époque , comme le communisme.
L’artiste et sa fille
Elisabeth Vigée-Lebrun aimait sa fille comme une mère du XXème siècle et non du XVIIIe. Marie-Antoinette en faisait autant. Ses enfants comptaient dans sa vie de mère, probablement plus que ses devoirs de souveraine.
La perte de sa seconde fille, Sophie, fut son premier chagrin. Celle du Dauphin l’atteignait encore plus car elle eût lieu au moment où commençaient les Etats-Généraux.
Le roi partageait ses chagrins et comme elle devait faire abstraction de leur douleur pour rencontrer les délégués que la France leur avait envoyait dans une dernière tentative de sauver la monarchie et l’Ancien Régime.
Julie Lebrun en 1789 -Pinacothèque de Bologne
Merci à Patrick Germain pour cette deuxième partie. A suivre…
11 mars 2025 @ 07:04
Merci pour cet article exceptionnel …
Les peintures sont magnifiques !
Un régal pour mes yeux !
11 mars 2025 @ 07:12
Merci cher Patrick Germain pour ce nouvel épisode; Oui, beaucoup de calomnies à l’encontre d’E. Vigée Lebrun….
Merci pour ces admirables tableaux…
11 mars 2025 @ 07:43
Petite erreur de présentation
« Mme Dugazon en 1787 – dans Nina ou la Folle par amour de Nicolas Dalayrac- 1786 »
Mis à la place de « Autoportrait au chapeau de paille après 1782 -Collection de la baronne Nadine de Rothschid »
Et l’inverse.
11 mars 2025 @ 09:41
Nous avions rectifié, ce n’est pas grave ! cher Patrick Germain je ne mets plus de liens pour ne pas « spolier » votre passionnant récit, mais…. la fureur patriotique m’envahit lorsque je vois ces merveilleux portraits passés en Amérique….Avec votre permission, humblement sur la pointe des pieds cependant, voici le tableau entier de la Marquise de Pezay en espérant ne pas me couvrir de ridicule, et que le lien soit valide
https://i.pinimg.com/originals/60/b1/b5/60b1b578bbb1a7594e92727803c5cd66.jpg
11 mars 2025 @ 14:08
Très très intéressant, merci infiniment.
J’ai acheté le livre « souvenirs de L.E. Vigée-Lebrun » chez Tom Quartz éditions. Le connaissez-vous ? Qu’en pensez-vous svp ? Merci
11 mars 2025 @ 10:42
Cher Cosmo bravo,
Le portrait de la comtesse de la Motte Valois: une découverte pour moi, première fois que je vois son visage! comme la comtesse de Montesson.
Pour le portrait que vous avez mis pour madame Dugazon, je l’ai vu donné comme la princesse de Lamballe, c’est donc faux?
11 mars 2025 @ 12:41
Je me suis demandé comment Jeanne de Valois-Saint-Rémy avait pu payer son portrait. Je me la représentais comme un peu en marge de la Cour et sans un sou.
11 mars 2025 @ 13:11
Les intrigants et les criminels ont toujours des ressources, hélas.
11 mars 2025 @ 07:51
Merci Patrick Germain
C’est un vrai bonheur !
11 mars 2025 @ 08:14
Merveilleux voyage dans la vie de l’artiste et dans celle de son temps. Merci.
11 mars 2025 @ 08:17
Que de superbes peintures et magnifiques portrait ! Un Winterhalter au féminin avec plus de douceur et finesse.
11 mars 2025 @ 08:49
Merci à vous très intéressant !
11 mars 2025 @ 08:51
Quelle artiste, quel talent, je suis éblouie par la beauté de ses tableaux!
11 mars 2025 @ 09:13
Un même tableau est présenté à deux reprises…et avec deux légendes différentes : d’abord comme « princesse de Lamballe » puis comme « Mme Dugazon »
Merci à l’auteur pour cet article très agréable à lire !
11 mars 2025 @ 09:24
L’évolution des tableaux représentant Marie Antoinette est intéressante. Au fur et à mesure que la reine gagne en impopularité sa portraitiste essaye de l’humaniser, jusqu’à la réduire à son unique rôle de mère qui plus est venant de perdre un enfant.
Cela n’eut guère d’effet sauf peut-être sur Louis XVI;
11 mars 2025 @ 09:39
Un vrai régal . Merci
11 mars 2025 @ 09:43
On voit que notre époque n’a pas inventé grand-chose en matière de fake news, c’est juste qu’au XVIIIème siècle, on les nommait calomnies.
M et Mme Vigée Lebrun sont donc, presque, mes voisins. j’ai du passer des centaines de fois devant ce qui fut leur adresse parisienne, sans jamais penser à eux. Désormais, grâce à vous, cher Patrick, ce sera réparé.
Je note votre petite pique malicieuse à l’encontre de Simone de Beauvoir qui arrive comme une surprise du chef dans votre si richement documenté et si passionnant récit.
11 mars 2025 @ 13:08
Cher Pierre-Yves,
Je n’ai cité Simone de Beauvoir que parce qu’elle-même s’est permise de critiquer Elisabeth Vigée-Lebrun sur son amour maternel.
Mais je le reconnais volontiers c’est une pique…
Amicalement
Cosmo
11 mars 2025 @ 09:47
Merci Patrick Germain.
Tout est passionnant.
11 mars 2025 @ 09:48
Particulièrement charmant, le portrait de « Julie Lebrun en 1787 ».
Désirée Clary, reine de Suède, passait beaucoup de temps à Mortefontaine où elle retrouvait sa sœur Julie qui, elle non plus, n’avait pas voulu suivre son mari et y résidait presque en permanence, recevant nombre de dignitaires espagnols. Caroline s’y était mariée en 1800 et Pauline remariée en 1803.
11 mars 2025 @ 10:58
Je répète ce que j’ai dit auparavant, une iconographie à vous donner le tournis. Ce matin j’ai voyagé dans les différents musées d’Europe et d’Amérique du Nord.
E.V-L parle d’un certain embonpoint de la Reine. Les contemporains ne parlent jamais de cela, mais Haydn le compositeur qui avait connu Marie-Antoinette enfant en Autriche, la revit à Versailles dans l’âge adulte et lui dit tout étonné « Oh Matame, comme fous êtes devenue grossière ! » . Il voulait dire « grosse », ce qui n’était pas mieux. La Cour préféra en rire.
Quels mémoires ont aurait eu, s’ils avaient parlé de certains personnages rencontrés par l’artiste. Surtout les gens qui fréquentaient son salon. Je n’aime pas les mémoires de Madame Vigée-Lebrun par tout ce qu’ils ne disent pas et qui aurait été passionnant. Je suis frustré.
11 mars 2025 @ 11:21
merci pour toutes ces oeuvres. J’ ai beaucoup de mal à comprendre Simone de Beauvoir. En quoi serait-ce du narcissisme que de se peindre avec sa fille? petite erreur concernant mme Dugazon, représentant le même tableau que celui de la Princesse De Lamballe. Si l’ on s’ en tient aux rumeurs qui couraient les rues où un diner de 150 euros en aurai valu une centaine de mille, on comprends mieux toutes les choses fausses dites sur Marie Antoinette
11 mars 2025 @ 11:52
Merci Cosmo,lecture toujours aussi captivante ! Et l’iconographie est un pur régal
11 mars 2025 @ 12:45
Texte, iconographie, passionnants. On est aux côté de l’artiste lorsqu’elle séjourne dans toutes ces magnifiques demeures. On côtoie cette haute société du 18e siècle, en plongeant dans ces portraits.
Merci
11 mars 2025 @ 13:47
Merci beaucoup Cosmo.
C’est un grand plaisir de lire ces récits.
11 mars 2025 @ 13:49
Merci pour ce récit.
Les tableaux sont beaux et à défaut de photographie à l’époque, ils nous permettent de mettre un visage sur certains personnages historiques.