Car, par un paradoxe plein d’ironie, si le nom de Goncourt est toujours très connu, grâce au célèbre prix littéraire, à la station de métro parisienne, ou à divers équipements urbains, le grand public l’associe plus rarement au duo fraternel d’auteurs du XIXe siècle, qui lui donne son rayonnement aujourd’hui.
Mais qui étaient Édmond et Jules de Goncourt ? Pourquoi ces frères écrivains polygraphes d’une même oeuvre, abondante et étonnante, qui tutoyèrent voire toisèrent, de Flaubert à Maupassant en passant par Zola (ci-dessus) et Huysmans, tout ce que la seconde partie du XIXe compta de gloires littéraires, sont-ils comme dissimulés par la postérité de leur nom ?
La princesse Mathilde Bonaparte qui jouait un peu le rôle de « ministre de la culture » du régime et dont le salon était le point nodal de la vie littéraire et artistique.
C’est à cette question qu’entreprend de répondre Pierre Ménard à travers une biographie pleine de malices, de drôlerie, et d’empathie justement intitulée Les Infréquentables frères Goncourt, aux Éditions Tallandier.
Les Goncourt, hobereaux de province, issus d’une famille de fermiers généraux, anoblis peu avant la Révolution, d’abord tentés par une carrière de peintre, sont des collectionneurs avertis et idolâtres de tous les objets d’art d’un XVIIIe siècle fantasmé et recréé dans leurs domiciles successifs. Ils seront également des collectionneurs passionnés et des promoteurs d’art japonais.
Comme à son habitude, L’Essonne en Auteurs a choisi un lieu remarquable, approprié à l’évocation des deux esthètes que furent les Goncourt, en installant son tournage dans l’appartement-atelier du peintre d’intérieur Laurent de Commines, dont tout l’art est dédié au revival et à l’évocation sublimée d’intérieurs des XVIIIe et XIXe siècles.
Trois oeuvres de Laurent de Commines : le château de Groussay, la bibliothèque de l’ambassade de Grande-Bretagne ou le château de Sceaux.
Liens de l’émission: https://youtu.be/zNta9efDUlc
Juliette d
24 novembre 2020 @ 04:46
J’ai adoré le Goncourt 2019 de Jean-Paul Dubois. J’ai tout lu de cet auteur que j’adore.
Il faut lire Une vie française.
Intéressante l’histoire des frères Goncourt. Merci Régine.
Charlotte (de Brie)
24 novembre 2020 @ 06:42
Si les frères Goncourt étaient réputés « langues de vipère », Pierre Ménard a lui, trempé sa plume dans le vitriol ou l’encre sympathique au choix !
Antoine
24 novembre 2020 @ 10:23
Les frères Goncourt sont loin d’être des écrivains mineurs. Certains de leurs ouvrages supportent la comparaison avec Zola (Germinie Lacerteux, la fille Elisa). Leur journal est d’une rosserie féroce, mais souvent très drôle et frappant juste pour dénoncer les travers de leurs contemporains.
aubert
24 novembre 2020 @ 12:55
Les rosseries sont souvent très drôles…quand elles concernent les autres.
Menthe
24 novembre 2020 @ 10:47
Les 5000 francs or, voulus par les frères Goncourt, récompensant le lauréat du prix, sont réduits à un chèque symbolique de 10€ de nos jours.
J’ai bien aimé le Goncourt 2019 décerné à Jean-Paul Dubois.
ciboulette
24 novembre 2020 @ 16:50
J’habite juste à côté de Nicolas Mathieu , prix Goncourt 2018 .
Adorable Menthe ( pour vos connaissances horticoles que je sollicite sans vergogne !) , est-ce : du houx ? des cynorhodons , autrement appelés gratte – Q ? Ce sont les fruits de l’églantier ( rose de chien , littéralement ).
Menthe
25 novembre 2020 @ 17:54
C’est de l’aubépine, Ciboulette.
De Nicolas Mathieu, je ne connais que « Aux animaux la guerre », très dur.
ciboulette
26 novembre 2020 @ 19:41
Merci , Menthe , je n’avais pas pensé à l’aubépine . Nicolas Mathieu a obtenu le Goncourt pour » leurs enfants après eux » . Il ne plonge certes pas sa plume dans l’eau de rose .
J’ai beaucoup aimé aussi l’auteur dont vous parlez : jean-Paul Dubois .
Arielle
24 novembre 2020 @ 11:18
Très intéressant. Merci.
Pierre-Yves
24 novembre 2020 @ 11:46
Jules est mort jeune. Et Edmond, l’aîné, le frère survivant, a vécu le reste de sa vie dans un petit hotel particulier du boulevard de Montmorency, à Auteuil, où il amassa une véritable collection d’art. Il est mort chez Alphonse Daudet et sa femme, Daudet était son plus proche ami.
Les romans des Goncourt sont en effet pratiquement oubliés de nos jours. J’en ai un en attente depuis trois mois sur ma table de nuit, Manette Salomon,réédité par Folio, mais ne l’ai pas encore ouvert.
Kalistéa
26 novembre 2020 @ 12:08
Vous m’avez appris des choses que j’ignorais cher PY . Merci .( d’où l’intérêt parfois de lire tous les commentaires de ce site !)
Robespierre
24 novembre 2020 @ 12:10
J’ai regardé ce lien et c’était super intéressant. Je le conseille à ceux qui ont un peu de temps devant eux.
Pimont
24 novembre 2020 @ 12:32
Ce qui m’étonne chez les Goncourt, c’est qu’avec les propos plus qu’haineux qu’ils tenaient ouvertement envers certaines « catégories de population « , l’académie dudit nom n’ait pas été mise en demeure de ne plus utiliser ce patronyme…⁹
Jean Pierre
24 novembre 2020 @ 14:56
Le livre de Ménard a eu de bonnes critiques mais autant relire le venin et la bile des Goncourt.
Robespierre
25 novembre 2020 @ 14:35
J’ai lu le Journal il y a très longtemps et n’en ai pas de souvenirs. Ménard dans son interview dit un truc intéressant. Il semble que dans la vie, les Goncourt n’étaient pas aussi durs qu’ils le montrent dans le Journal, et s’intéressaient aux humbles. En écrivant Germinie Lacerteux, ils ont suscité l’intérêt d’un Zola de 25 ans. Le livre a été éreinté, mais c’était un livre précurseur du naturalisme. Zola a fréquenté les Goncourt après ce livre et puis a volé de ses propres ailes avec le succès que l’on sait. J’ignorais que Jules mort à 40 ans avait succombé aux séquelles d’une syphillis. Comme Maupassant et tant d’autres.
ciboulette
26 novembre 2020 @ 19:44
Et qu’Emile Zola est mort assassiné , par une cheminée qui tirait mal ( version officielle ) , en réalité parcequ’un homme payé par l’extrême droite a bouché ( volontairement et depuis le toit ) la cheminée en question . Il l’a avoué sur son lit de mort .
Robespierre
27 novembre 2020 @ 13:30
Je crois aussi que Zola est mort assassiné par la cheminée qu’on a aidé à mal tirer. Ce qu’on dit sur son lit de mort est crédible.
pimont
27 novembre 2020 @ 14:22
Comme quoi, même sur son lit de mort, on peut encore avoir envie de se faire remarquer en élucubrant des propos invérifiables.