Cette première partie du long entretien accordé par le Prince Léka II des Albanais et la future princesse Elia, porte sur l’enfance et la jeunesse du prince né en 1982 en exil.
Noblesse et Royautés : Monseigneur, vos parents le Roi Léka et la Reine Susan se sont mariés en 1975 à Tolède en Espagne. Ils se sont ensuite établis en Afrique du Sud où vous êtes né en 1982 et où vous avez grandi. Votre père est né en Albanie qu’il a quittée lorsqu’il n’avait que quelques heures de vie. Toutefois, vous avez grandi baigné dans la culture albanaise. Pouvez-vous nous en parler ?
Prince Léka : Je suis en effet né (NDLR : le 26 mars 1982) à Johannesburg en Afrique du Sud mais la chambre d’hôpital avait été déclarée territoire albanais par les autorités sud-africaines. J’ai toujours connu mon père extrêmement actif avec la diaspora albanaise, travaillant sans relâche pour lutter contre le régime communiste d’Enver Hoxha.
Notre maison était ouverte en permanence aux Albanais. J’ai donc grandi dans une culture albanaise depuis le début. J’avais aussi bien que vivant en Afrique du Sud, de nombreux amis européens.
Noblesse et Royautés : Lorsque vous alliez à l’école en Afrique du Sud, vos camarades de classe avaient-ils connaissance de votre statut princier ?
Prince Léka : Non, pas au début. J’étais inscrit à l’école sous le nom de « Leka Albania » mais mes camarades ignoraient que j’étais prince. Cela s’est su ensuite lorsque pour des raisons de sécurité j’ai dû disposer de gardes du corps. Les gens se sont alors surtout montrés curieux. Mais en fait, j’ai eu la chance de bénéficier d’une éducation très libre en tant qu’enfant et à ce moment-là on ne se rend pas bien compte de ce qu’implique le statut de prince car j’étais élevé avec simplicité et l’importance de la notion de la modestie par rapport aux autres.
Noblesse et Royautés : Quels souvenirs gardez-vous de votre enfance et adolescence en Afrique du Sud ?
Prince Léka : C’est un souvenir contrasté, en fait la combinaison, si je peux dire, de deux mondes. D’un côté, mon père le Roi Léka toujours en contact permanent avec l’Albanie et les albanais de la diaspora, si aimant de son pays (NDLR : le Roi Léka a quitté l’Albanie quelques heures après sa naissance) avec une sphère familiale très unie et soudée avec mon père, ma mère et ma grand-mère paternelle (NDLR : le Roi Léka, la Reine Susan et la Reine Géraldine). Nous vivions de manière très unie à quatre dans cette atmosphère de lutte pour la délivrance de l’Albanie et puis d’un autre côté la vie de tous les jours dans ce si beau pays qu’est l’Afrique du Sud. Un pays riche en diversité culturelle que j’ai vu s’acheminer vers la transition démocratique sous la houlette de Nelson Mandela. La naissance de cette nouvelle Afrique du Sud et la manière dont les choses se sont passées démocratiquement a eu un très grand impact sur moi.
Noblesse et Royautés : Votre père le Roi Léka a toujours continué à entretenir des relations très suivies avec la diaspora albanaise de par le monde. Dans les années 80, au plus fort du régime dictatorial, gardait-il espoir de pouvoir retourner un jour dans son pays ? En discutiez-vous en famille ?
Prince Léka : Mon père vivait avec cette certitude qu’un jour le régime dictatorial aurait une fin en Albanie. Il était entièrement dévoué à la cause de son pays. Il voyageait beaucoup à la rencontre des Albanais de la diaspora et des chancelleries occidentales, maintenait de nombreux contacts toujours dans cette ligne de mire de jours meilleurs pour son pays.
A la chute du communiste, c’est incroyable comme les choses ont alors rapidement évolué. Mon père qui avait connu depuis l’exil la Guerre Froide et toutes ses conséquences pour l’Albanie, voyait enfin que les choses commençaient à bouger. Il se tenait constamment informé de la chute du régime à Tirana et des évolutions de la situation sur le terrain. De mon côté, j’attendais près de son bureau qu’il ait terminé de passer des coups de fils. Les événements s’accéléraient. Ce fut alors la chute du régime communiste en 1991, l’espérance d’une transition vers la démocratie, d’une opportunité de futur pour notre pays et d’un futur plus engagé encore pour notre famille au service de l’Albanie.
Noblesse et Royautés : En 1993 et en 1997, votre père le Roi Léka est revenu sur le sol albanais. Comment avez-vous vécu cela à titre personnel ?
Prince Léka : J’en avais en fait les poils redressés ! Mais nous étions surtout très inquiets à la maison lorsque mon père foula le sol albanais en 1993. Sa sécurité n’était vraiment pas garantie. La situation était réellement dangereuse. Il en fut de même en 1997 où le pays était au bord de l’anarchie. La question que mon père se posait était la suivante : « que veulent concrètement les Albanais ? » Il y avait beaucoup de monde pour le voir, l’approcher. Ce furent incontestablement des moments de grande émotion mais dans un contexte délicat.
Severina
26 septembre 2016 @ 06:58
Congratulations, Régine, pour l’entretien et l’élégance.
Mary
26 septembre 2016 @ 07:56
Vivement la suite…
corentine
26 septembre 2016 @ 11:07
Merci beaucoup Régine
Manon
26 septembre 2016 @ 11:12
Un couple tout à fait charmant !
Sophie
26 septembre 2016 @ 11:18
Très intéressant, merci pour cette première partie.
patricio
26 septembre 2016 @ 12:17
Ce premier épisode est trés intéressant, vivement la suite.
Amitiés
Patricio
maman monique
26 septembre 2016 @ 12:35
Mille mercis pour ce reportage.
je suis impatiente de voir le mariage
marielouise
26 septembre 2016 @ 12:51
Très intéressants ces entretiens…Merci Régine!
Ce couple est très attachant!
ml
Esquiline
26 septembre 2016 @ 13:04
Une question.
Quand ces ex parlent de leurs liens avec la diaspora, à quels exilés font-ils référence?
Aux pauvres diables, toujours exploités quelque soit le régime, ou aux oligarques de leur entourage qui espèrent retrouver leurs privilèges?
Les Bulgares qui ont donné le pouvoir exécutif à Siméon sont les seuls à avoir expérimenté les bienfaits d’une restauration. Ca a duré le temps d’une législature!
Bon, mieux vaut ne pas trop creuser et lire avec délice la suite de ces contes de ces fées serbes, roumains ou albanais.
Claudia
26 septembre 2016 @ 17:12
Je me pose la même question, qui compose la diaspora albanaise ? Et ces personnes sont-elles nombreuses ? Mais attendons la suite de l’entretien.
Corsica
26 septembre 2016 @ 17:52
Esquiline, je me suis posée la même question mais le grand père du jeune prince qui s’était auto proclamé premier roi d’Albanie onze ans avant de devoir fuir, n’était apparemment pas parti les mains vides. On peut donc supposer, tout du moins espérer, qu’une partie de l’or Albanais emporté a servi à aider la diaspora déshéritée.
Ce jeune couple a l’air fort sympathique et sa volonté de se mettre au service de son pays est louable mais j’avoue que je ne saisis pas bien pourquoi l’on voudrait rétablir une monarchie qui, dans la longue histoire de l’Albanie, n’a en fait duré que onze ans.
AnneLise
26 septembre 2016 @ 19:33
Pour être honnête, je ne suis pas assez informée sur la diaspora albanaise pour pouvoir vous répondre tant au positif qu’au négatif.Je pense que lorsque les évènements qui ont chassé le Roi Zog, ont eu lieu, ceux qui ont pu s’échapper appartenait à la classe dite supérieure,comme dans tous les exemples que vous citez.
Toutefois, ce qui m’interpelle ( comme l’on dit dans certains milieux) c’est pourquoi aujourd’hui, les descendants de ces monarchies balayées soit après la première Guerre Mondiale, soit après la seconde, connaissent un regain d’intérêt dans leurs pays ?
Le mariage en question aura bien lieu à Tirana !
Quant à Siméon il est revenu en tant que Premier Ministre, non en tant que Roi, on ne peut donc parler de restauration stricto sensu.
Là encore quelles réalisations concrètes pendant sa mandature, je ne suis pas assez qualifiée pour en débattre.
Gérard
26 septembre 2016 @ 20:13
Pourquoi leur faire un procès d’intention ?
Leonor
27 septembre 2016 @ 09:29
Pas procès d’intention, Gérard.
Je partage la question d’Esquiline.
Elle est logique, de bon sens, et légitime.
C’est une question, pas un procès.
Esquiline
27 septembre 2016 @ 12:43
Merci à tous ceux qui m’ont répondu.
J’ai lu leurs commentaires avec beaucoup d’intérêt.
ciboulette
26 septembre 2016 @ 13:25
Merci , Régine , j’attends la suite …
Moine Eric
26 septembre 2016 @ 16:07
Oui, vivement la suite dommage que l’on ne puisse pas partager l’article sur les réseaux sociaux ? ….
Pierre-Yves
26 septembre 2016 @ 16:46
La future reine a vécu en France plusieurs années et est comédienne, de théâtre principalement et toujours en activité. Continuera t-elle à monter sur scène une fois mariée ? Je suppose qu’on le saura dans un prochain épisode :)
Caroline
27 septembre 2016 @ 10:38
Pierre-Yves, suivra-t-elle l’exemple de Clotilde de Savoie ou celui de Catherine de Serbie? Je pense qu’elle désire se dévouer à sa patrie d’adoption comme les reines et princesses de la nouvelle génération, une fois installée en Albanie avec son futur mari, le prince Léka d’Albanie!
Caroline
26 septembre 2016 @ 20:21
Merci pour cette leçon d’histoire sur la royauté d’Albanie assez méconnue pour la plupart d’entre nous!
En quelle langue avez-vous pu converser avec le prince Leka et sa jolie fiancée? Merci d’avance!
Régine
26 septembre 2016 @ 20:52
En français et anglais
Jean Pierre
26 septembre 2016 @ 20:50
Régine, je comprends sans comprendre.
Comment la famille se retrouve t’elle en Afrique du Sud ? Ce n’est pas sur la frontière espagnole.
Comment ses parents ont ils pu se marier à Biarritz en France et non pas à Tolède en Espagne lieu de résidence où a eu lieu la noce mais pas le mariage ?
Quid de l’Australie dans tout ça ?
Le prince Leka a l’air d’être un gentil garçon, ce serait bien qu’il se lâche.
Régine
27 septembre 2016 @ 11:52
Le roi Léka et la reine Susan se sont établis en Afrique du Sud en raison du travail du roi Léka (dans les matières premières). Pour ce qui est de leur mariage à Tolède, je n’ai pas posé la question.
Sylvia2
27 septembre 2016 @ 19:57
Leka et sa mère la Reine ont vécu en Espagne avant que il leur soit demandé de quitter le pays . En 1975 Franco est mort, ils sont partis après. Il y a eu des problèmes d armes si ma mémoire est bonne. Je crois que le gouvernement et Juan Carlos ne voulait plus de Leka. La Reine Géraldine aurait pu rester. Mais elle a suivi son fils et sa belle fille.
Albane
26 septembre 2016 @ 20:58
Merci, Regine !
Cosmo
26 septembre 2016 @ 21:39
Intéressant car, somme toute, assez décalé ! Ce jeune prince n’a pas de vraie tradition derrière lui mais il semble sincère dans son souhait de s’investir pour un pays qui est à peine le sien.
Caroline
27 septembre 2016 @ 10:33
Madame Régine, merci pour votre réponse!
Bon mardi!
COLETTE C.
27 septembre 2016 @ 10:44
Un couple fort sympathique !
Véronick
28 septembre 2016 @ 11:36
Merci Régime, de nous faire partager cet entretien.
Véronick