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Cette deuxième partie de l’entretien du Prince Léka a pour thème « une vie au service de l’Albanie ».

Noblesse et Royautés : Le 28 juin 2002, la famille royale arrive à Tirana pour s’y installer. C’est alors votre premier contact avec votre patrie. Quels souvenirs en gardez-vous ?

Prince Léka : C’est un sentiment difficile à expliquer. J’avais été élevé dans la perspective de ce retour mais là, le jour J était enfin concret. Je quittais l’Afrique du Sud en plein hiver dans ce pays pour arriver en Albanie en plein été !

Je n’avais jamais vu autant de monde au même endroit. La foule était impressionnante, elle voulait voir la famille royale. Ma vie, je le pense, a vraiment changé en une nuit. D’adolescent, je me suis retrouvé à avoir un agenda avec des engagements, des activités,…mais aussi de nouvelles responsabilités bien concrètes.

La monarchie était la seule référence pour les Albanais avant la longue ère communiste. Je pense que ce jour-là, j’ai véritablement compris ce que voulait dire être un prince, c’est-à-dire être au service de son pays.

Noblesse et Royautés : Bien qu’ayant été élevé dans la culture albanaise, le fait de vous établir concrètement en Albanie, a dû être un grand changement dans votre vie. Vous aviez été habitué à vivre dans une grande métropole comme Johannesbourg. Comment cela s’est-il passé ?

Prince Léka : Oui, en effet, les villes sud-africaines sont des mégalopoles en comparaison. J’ai surtout observé ce changement avec curiosité et j’ai rapidement trouvé cela très bénéfique. Pour ma mère la Reine Susan, ce fut un grand changement.

Tirana est en définitive assez proche de la plupart des capitales européennes et donc il était beaucoup aisé de pouvoir voyager en Europe que lorsque nous vivions en Afrique du Sud. Cela m’a donc permis d’effectuer plus facilement des déplacements en Europe, de resserrer des liens.

Vous savez en 1991, l’Albanie avait le même seuil de pauvreté que la Somalie. C’est incroyable comme les choses ont positivement évolué, surtout ces dix dernières années. J’ai pu voir au fil du temps ce développement à Tirana et dans le pays.

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Noblesse et Royautés : Monseigneur, pouvez-vous nous parler de votre formation académique universitaire et militaire à Sandhurst ?

Prince Léka : Mon père tenait à ce que j’intègre l’académie militaire de Sandhurst pour sa rigueur et sa discipline. Cela a été positif pour moi tant au niveau de l’aspect plutôt sportif/entraînement que de la rigueur et du leadership. J’y ai d’ailleurs obtenu le Prix Roi Hussein. J’avais précédemment intégré l’académie militaire albanaise de Skanderbeg car c’était tout aussi important pour moi d’avoir une formation dans mon pays.

Noblesse et Royautés : Après vos études, vous avez été conseiller au Ministère albanais des Affaires étrangères, au Ministère albanais de l’Intérieur et ensuite auprès du président albanais de 2012 à 2013. Pouvez-vous nous parler de cette expérience professionnelle au cœur de la vie albanaise ?

Prince Léka : C’était selon moi la meilleure manière de servir mon pays. J’ai travaillé très dur que pour montrer ce que je pouvais apporter. J’ai fait partie d’une équipe qui travaillait sur le dossier de l‘adhésion de l’Albanie à l’Union européenne, sur des dossiers liés au Kosovo. Etre conseiller au sein d’un cabinet ministériel m’a aussi donné l’opportunité outre le fait de travailler pour mon pays, de gérer des situations d’urgence. J’ai à cette époque noué des relations amicales avec le ministre de l’intérieur devenu depuis lors président de la république. Le message que je continue à véhiculer est le suivant : je suis au service du pays.

Noblesse et Royautés : Monseigneur, actuellement vous vous consacrez donc entièrement à votre fonction de prince des Albanais ? La famille royale a-t-elle un statut concret en Albanie comme c’est désormais le cas pour la famille royale de Roumanie ? 

Prince Léka : En 2003, une loi spéciale a été votée par le Parlement albanais par rapport à la famille royale, lui reconnaissant son rôle historique. Toutefois, la famille royale ne perçoit aucune dotation. En comparaison avec d’autres pays dont le Monténégro, le statut de la famille royale est plus modeste mais c’était déjà un premier pas important au vu du contexte. Nous devons faire de notre mieux. Elia et moi sommes prêts à servir notre pays et nous répondons toujours favorablement lorsqu’on nous demande des tâches de représentation.

Noblesse et Royautés : Monseigneur, quelle est votre journée-type ?

Prince Léka : En semaine, je me réveille vers 7h, le week-end un peu plus tard vers 8h. Je consacre du temps en début de matinée à la lecture de la presse, à mon agenda, je me tiens au courant de ce qui se passe comme événements dans le pays et à l’étranger. Je consulte mes courriels et y donne suite très rapidement. J’enchaîne ensuite les rencontres, les réunions, l’une ou l’autre activité de représentation, ou pour la fondation Reine Géraldine. Le soir, nous nous rendons par exemple dans les ambassades lorsque c’est le jour de leur fête nationale sinon nous voyons nos amis pour prendre un verre ou manger à l’extérieur.