Elle restera pour l’éternité littéraire “L’Etrangère” et pourtant Madame Honoré de Balzac était loin d’en être une. Eve Rzewuska par Ferdinand Georg Waldmüller en 1835.
Eve Rzewuska était née à Pohrebyszcze dans la nuit de Noël, sans que l’on sache exactement de quelle année. En effet, les années diffèrent selon les sources, selon les témoignages et selon l’intéressée elle-même. La date acceptée aujourd’hui est le 24 décembre 1803/5 janvier 1804. La première date correspond au calendrier julien et la seconde date au calendrier grégorien.
A la suite des trois partages de la Pologne entre la Russie, la Prusse et l’Autriche, la partie est et sud-est du pays avait été attribuées à la Russie. Les Polonais donc, même catholiques romains, étaient tenus de suivre le calendrier julien conservé par l’Eglise orthodoxe. Rappelons que c’est le pape Grégoire XIII qui en 1582 décida de modifier le calendrier. C’est ainsi le lendemain du 4 octobre 1582 est devenu le 15 octobre 1582. Cette double datation sera suivie tout au long de l’article quand de besoin.
Eve Rzewuska jouait elle-même avec ces confusions de date, avouant à Balzac lors de leurs premiers contacts en 1833, elle avait 27 ans, ce qui la faisait naître en 1806, perdant trois au passage.
Une chose est certaine, c’est son milieu d’origine, la très haute noblesse polonaise. Balzac la disait petite-nièce de Marie Leszczynska, reine de France. Rien n’était moins sûr car il est impossible de trouver le lien de parenté réelle entre les deux femmes…peut-être à la mode de Bretagne, les deux familles se connaissant bien et ayant bien des liens entre elles.
Armes des Rzewuski
Les Rzewuski sont en effet une très grande famille polonaise, dont les membres ont occupé des positions importantes dans l’ancien royaume de Pologne.
Son arrière-grand-père le comte Wenceslas Rzewuski ( 1705-1779) a joué un grand rôle dans la Pologne du XVIIIe siècle. Il fut d’abord partisan de Stanislas Leszczynski, élu roi de Pologne le 13 septembre 1733. Quand Stanislas fut évincé du trône par Auguste III de Saxe, Wenceslas Rzewuski partit en exil avec le souverain déchu, qui finit par le délier de son serment, ce qui permit à Wenceslas Rzewuski se rallier le nouveau souverain qui le nomma hetman, soit connétable de la couronne, puis en 1762, voïvode de Cracovie, capitale royale de la Pologne. Stanislas Poniatowski devenu roi en 1763, Wenceslas Rzewuski s’opposa à lui. Cela lui valut d’être enlevé par les Russes, favorables à Poniatowski, et un exil de cinq ans en Russie. Mais il revint sur le devant de la scène, récupérant titres et positions. En 1732, il avait épousé la princesse Anna Colomba Lubomirska.
Position de la Volhynie en Ukraine
Son fils aîné, le comte Stanislas Ferdinand Rzewuski (1737-1786) hérita de ses immenses domaines, en Volhynie et en Ukraine. Son épouse la princesse Catherine Radziwill ( 1740-1789) était la fille de l’homme le plus puissant de Lituanie. et fut richement dotée. Stanislas Ferdinand Rzewuski fut “porte-étendard” du Grand-duché de Lituanie et par son train de vie et ses dépenses inconsidérées mit en péril sa fortune et celle de sa femme. Cette dernière et ses enfants lui firent un procès qu’is gagnèrent en 1785, récupérant ainsi le reste de la fortune soit plus de 100 000 hectares de terre. Il mourut en 1786 laissant cinq enfants : Séverin, Adam-Laurent (1760-1825) Anne (1761-1800) Théophile, morte en 1831 et Françoise. L’oncle maternel des enfants, le brillant Charles-Stanislas Radziwill (1734-1790) s’occupa de marier richement ses nièces. Anne épousa le comte Plater, Théophile devint princesse François-Xavier Lubomirski (1747-1802) puis divorça pour épouser son beau-frère, le mari d’Anna, veuf en 1800. Françoise épousa un homme richissime Jean-Chrysostome Rdultowski (1735-1791).
Severin Rzewuski
Influents et riches les Rzewuski représentaient le prototype de cette grande noblesse polonaise qui constituait un véritable pouvoir politique hostile à l’idée d’une monarchie forte et à toutes les réformes entreprises dans le sens d’une centralisation. Ils étaient de grands féodaux s’appuyant des propriétés immenses.
Adam-Laurent Rzewuski était une personnalité brillante. Pendant un an de 1789 à 1790, il fut ambassadeur de Pologne à Copenhague. On le surnomma le “beau Rzewuski”. Voici comment est décrit le personnage par un de ses contemporains, lors de sa réception à la cour: “Il avait un magnifique zupan ( robe de dessous) en lamé d’argent, à fleurs d’or, entremêlé de fils de soie de couleurs le plus brillantes; une ceinture de Sluck, toute raidie par sa trame d’or; aux côtés un sabre semé de brillants; sur le zupan un cordon de l’Aigle-Blanc; autour du cou une croix de Saint-Stanislas, et au cou une agrafe de grand prix qui retenait par dessus le zupan un knouts en velours vert magnifiquement et abondamment brodé d’or doublé de zibeline; par dessus encore une étoile de l’Aigle-Blanc; sur la tête un bonnet de zibeline, avec une aigrette en plume de héron et bien agrafe garnie d’une émeraude de la grosseur d’un thaler, entourée de brillants gros comme des pois. Le dessus du bonnet était cramoisi avec une houppe de brillants; sur des bottes jaunes à fer d’argent retombait un pantalon en satin également cramoisi.” ( Mémoires de Jan Duklan Ochocki – Wilno 1857) Il était difficile de faire plus somptueux en cette fin du XVIIIe siècle, alors que la révolution avait éclaté en France.
Adam-Laurent Rzewuski en grande tenue
En 1790, il fut nommé Castellan de Vitebsk et se maria avec Justine Rdultowska, fille de Joahim Hyppolite Rdultowski. Elle lui apporta une dot de 700 000 ducats d’or. Au troisième partage de la Pologne en 1795, il fit allégeance à Catherine II de Russie et fut nommé Sénateur de l’Empire russe, Conseiller de la Cour, et Maréchal de la Noblesse du Gouvernement de Kiev. Ce retournement politique peut s’expliquer parce que toutes ses propriétés étaient comprises dans la partie russe de la Pologne partagée. C’était un fin lettré traducteur en polonais de Corneille et de Racine. Il fut membre de la loge Astrea de Saint-Petersbourg, la plus aristocratique de Russie.
Sa résidence principale était à Pohrebyszcze, en Volhynie, au sud-est de Berditcheff. Le domaine outre le château comprenait 20 000 hectares de terres. Il lui venait de l’héritage de sa mère. Le château néo-gothique était richement meublé. Voici comment il est décrit en 1881 : “le sol de l’entrée était en marbre blanc, décoré des armes des Rzewuski et des familles apparentées. A gauche de l’entrée se trouvait une chapelle, à droite une grande salle à manger. Les autres pièces étaient utilisées comme bibliothèques, salons ou chambres. Le salon blanc était orné de fort belles mosaïques et de meubles anciens de belle facture…Dans la galerie de tableaux se trouvaient des portraits de famille…La grande salle de bal était divisée en trois parties par huit colonnes corinthiennes, soutenant des poutres couvertes de frises en plâtre. Le plafond était décoré d’une grande rosace d’où pendait un lustre. Les murs et les colonnes étaient récouverts de stuc blanc”
Pohrebyszcze domaine d’Adam-Laurent en Volhynie
Parmi les tableaux appartenant à Adam-Laurent Rzewuski des Titien, des Murillo, un Greuze. Pour avoir une idée de ce que pouvait être sa collection il faut voir la collections Czartoriski à Cracovie, qui a permis ses trésors “Le Dame à l’hermine” de Léonard de Vinci, achetée au début du XXe siècle. Le couple vécut en grands seigneurs et dépensât une partie considérable de leur fortune
Adam-Laurent Rzewuski
Ils eurent sept enfants. L’aîné Henri (1791-1866) fut romancier. Le second Adam ( 1805-1888) fut général dans l’armée russe. Ernest ( 1811-1869) fut officier dans l’armée russe. Chacun des fils reçut de propriétés considérables, avec château, terres, fortêts et des serfs. Pohrebyszcze revint à Adam. Les quatre fille étaient considérées comme des beautés. Caroline (1795-1885) avait un épousé un homme très riche, Jérome Sobanski. La seconde, Alexandrine, morte en 1878, était Madame Alexandre Moniuszko, grand propriétaire foncier de Biélorussie. Eve devint madame Hanski, épouse d’un seigneur de plusieurs grands domaines. Enfin Pauline ( 1806-1866) épousa Jean Riznic, issu d’une famille d’armateurs et de banquiers à Trieste et à Odessa. Les quatre filles firent donc d’excellents mariages. Leur mère, Justine Rzewuska, était, selon son arrière-petite-fille, une grande dame orgueilleuse, imbue de sa naissance, traitant ses domestiques avec dureté, mais pouvant également être charitable.
Comtesse Rosalie Rzewuska (1788-1865), née princesse Lubomirska
Leur tante Rosalie Rzewuska (1788-1865), née princesse Lubomirska, décrit Adam-Laurent Rzewuski et sa famille : “Le castellan Rzewuski était un homme d’esprit remarquable et d’une instruction étendue. Il avait eu maintes occasions d’acquérir l’expérience des hommes et des affaire, et peut-être aimait-il trop à débiter avec emphase des lieux communs sur l’incertitude de la vie et la vanité des biens de la terre. Ses discours vertueux et dévots me semblaient parfois tirés d’un répertoire où ils auraient été préparés pour servir à volonté…Sa femme et ses enfants firent sous sa direction un cours de principes, comme on ferait un cours de littérature, et le goût déterminant seul le choix des opinions, elles firent chaos dans la tête des Rzewuski sans qu’ils tinssent le moins du monde à faire triompher une idée aux dépens d’une autre. Monsieur et madame Rzewuski avaient élevés leurs enfants au fond d’une campagne solitaire. Ils les avaient initiés à force de livres, à des idées vaniteuses en mondaines, telles qu’on aurait pu les prendre à Paris ou à la cour. Madame Rzewuska voulait de toute force que ses filles se marient grandement. Elle les entretenait continuellement de tous les partis qu’elle pouvait faire et les préparait à recevoir la visite des personnages que ses voeux appelaient secrètement. Ainsi l’une de ses filles devait tenir un livre entr’ouvert, l’autre dessinerait, la troisième broderait; enfin il y avait des poses de commande, auxquelles s’exerçaient les jeunes personnes, et qui devaient charmer leurs futurs adorateurs.” ( Mémoire de la comtesse Rosalie Rzewuska, publiés à Rome 1939-1950, T II page 301-302)
Cette description des jeunes filles attendant la venue de l’élu de leur mère n’est pas sans rappeler celle faite par Jane Austen dans “Orgueil et Préjugés” où l’on voit les cinq soeur Bennett poser sous les ordres de leur mère.
Une autre critique éclaire le caractère des quatre soeurs : “Les dames de la famille Rzewuski subjuguaient régulièrement ceux qui ls approchaient par une certaine beauté qui appartenaient à elles seules et par une froide splendeur de l’intelligence, par un esprit qui évoquait infailliblement le froid scintillement des stalactites.” (S.Wasylewski dans “l’Amour romantique”, Poznan 1928)
Ces deux portraits donnent une image négative des soeurs Rzewuski, sorte de bas-bleu aristocratiques, attendant de trouver leurs égaux pour convoler.
Armes de la famille Hanski
En 1819 Eve épousait Venceslas Hanski (1782-1841) issu d’une famille ancienne noble, bien que moins illustre que les Rzewuski mais fort riche. Il avait 37 ans, elle en avait 15. Aujourd’hui cette différence d’âge peut surprendre mais pas à l’époque et surtout pas dans leur milieu, le mariage reposant sur des intérêts mutuels bien compris. Il était très riche.
Venceslas Hanski par Josef Kriehuber
Cela comptait pour elle car salon la loi polonaise, elle n’avait droit qu’à une infime part de l’héritage de ses parents et si elle voulait continuer à vivre sur le même pied, seul un mariage de raison pouvait le lui offrir. Elle était jeune et belle. Cela devait compter pour lui qui faisait ainsi une fin splendide. Son épouse était en outre une jeune femme cultivée, parlant quatre langues, outre le polonais, le russe, le français, l’anglais et l’allemand. Il était de règle dans la haute société de l’époque, notamment dans l’empire d’Autriche ou dans l’empire russe, de parler les langues étrangères majeures. Manquait à la polyglotte, l’Italien, la langue dite de l’amour.
Eve Hanska en 1825 par Holz von Sowgen
Le mariage fut donc célébré entre le 7/19 février 1819, date du contrat signé entre les parents et le fiancé, et le 13/25 mai de la même année, date de la donation d’usufruit entre les époux. L’acte de mariage lui-même n’a jamais été trouvé.
Dans le monde de l’aristocratie russo-polonaise, les Hanski, même non titrés, ne sont pas n’importe qui, à la fois parce qu’ils sont nobles et surtout parce qu’ils sont très riches, et ce depuis le XVIe siècle. Plus propriétaires terriens que politiques, ils n’ont jamais accédé aux grand honneurs. Mais posséder plusieurs domaines avec tous les villages dans le gouvernement de Kiev, avoir des serfs, pouvoir acheter du prince Gaspard Lubomirski le domaine de Wierzchownia, près de la Volhynie, ce n’était pas rien.
Jean Hanski, le père de Venceslas, était toutefois sous-palatin de Kiev, porte-étendard de Zytomierz, chevalier de l’ordre de Saint -Stanislas. Sa mère, Sophie Skorupka, avait apporté un domaine de plus. Outre Venceslas, le couple eut trois filles, Marie épouse de Joseph Morzkowski, Monique épouse de Stanislas Bukar et Joséphine épouse de Venceslas Boreyko.
Venceslas Hanski a hérité de ses parents une fortune considérable, ses soeurs devant se contenter de la portion congrue. En 1804, il est chevalier de Malte, dans la branche russe. Il est nommé maréchal de la noblesse du district de Zytomierz. Maçon, il s’intéressa au développement des écoles polonaises dans sa région.
On ne sait pas grand chose de la vie de ses soeurs. On peut noter que la descendance de Monique Bukar se retrouve chez les Walewski. L’une de ses petites-filles, la petite-nièce de Wenceslas, Octavie, née en 1822, a épousé le général-baron autrichien, Jean-Baptiste de Löwenthal (1804-1891). Leur fille Séverine épousa en 1863, Louis Charles Elie, 2ème duc Decazes, qui fut ministre des Affaires étrangères de la IIIe République naissante. Sans avoir ancêtres et alliances princiers, ils sont situés au niveau le plus haut de la société aristocratique du XIXe siècle.
Louis 2ème duc Decazes ( 1819-1886)
Mais le couple Hanski, qui ayant trouvé un intérêt mutuel au mariage, n’est pas assorti. Il est dépressif, elle est sensuelle, rêveuse avec des tendances au mysticisme. La tante d’Eve, Rosalie Rzewuska raconte dans ses mémoires cités plus haut : “Hanski, riche, parcimonieux, désireux d’augmenter et de préserver sa fortune,a fait compris que si sa femme avait plus d’esprit que lui, il avait plus de raison qu’elle et qu’il devait la mener à la lisière. Pour lui faire éviter les dangers qu’il redoutait, il prit le parti de l’en éloigner et la garda, pendant maintes années, dans une campagne solitaire à Wierzchownia, où il s’était plu à bâtir un beau palais, à créer des jardins dispendieux, à établir de superbes fabriques. Il y avait beaucoup de serviteurs, des cuisiniers, des confiturière, un orchestre, que sais-je enfin, un grand état de maison, et tout ce qui peut contribuer aux jouissances de la vie. Il satisfaisait toutes les fantaisies de sa femme, lui achetait beaucoup de bijoux et de livres mais la tenait éloignée du grand monde.” (( Mémoire de la comtesse Rosalie Rzewuska, publiés à Rome 1939-1950, T I page 432) Or Eve avait été élevée pour le grand monde.
Wierzchownia était un domaine de 20000 hectares avec 3000 serfs dont 300 domestiques de maison qui avait été construite quelques années auparavant, dans le style néoclassique de l’époque, superbement meublée. Les murs étaient ornés de tableaux achetés à Londres ou Milan, la superbe vaisselle venait de Chine et 25 000 ouvrages composaient la bibliothèque. Hanski était fier de dire qu’aucun meuble n’était russe.
Situation de Wierzchownia en Ukraine
La journée au milieu de ces splendeurs, toutefois, y était morne pour Eve. Son mari passait la plupart de son temps à surveiller son domaine et le soir se retirait tôt après le dîner, laissant sa femme seule. On suppose qu’il aimait sa femme, sans être amoureux d’elle. Et la différence d’âge se faisait sentir. Le couple eut cinq enfants, dont seule la troisième Anna Maryanna Jozefa survécut. Elle naquit le 14/26 décembre 1828 à Wierzchownia.
Château de Wierzchownia
Eve passait ses soirées seule dans cette maison immense et isolée, que d’aucuns appelaient palais, terme bien fait pour séduire Balzac. Elle ne fréquentait pas les quelques dames des environs car leur société l’ennuyait. Elle n’aimait pas aller à Saint-Petersbourg dont la cour l’ennuyait également. Elle n’aimait pas recevoir les nobles visiteurs qui parfois s’annonçaient.
La fratrie Rzewuski entretenait dans l’ensemble de bons rapport entre ses membres. Compte tenu des distances qui les séparaient les uns des autres, ils s’écrivaient beaucoup et se visitaient parfois, pour de longs séjours. Il n’est pas inintéressant de savoir qui ils étaient car chacun a joué un rôle plus ou moins important sans sa vie. Et comme dans toutes les fratries, il y eut des hauts et des bas dans leurs relations. (Merci à Patrick Germain pour cette première partie de récit)
Noble polonais
corentine
6 mars 2017 @ 09:37
Merci beaucoup Monsieur Germain !
je ne connaissais pas cette dame, je découvre
Ghislaine
6 mars 2017 @ 09:53
Je plonge dans cette saga polonaise avec un pur ravissement .
Les illustrations sont très belles de plus .
Merci à vous .
Severina
6 mars 2017 @ 10:41
Tout un monde que je ne connaissais pas: passionant et intéressant, merci.
Kalistéa
6 mars 2017 @ 10:49
Cela commence bien , et est totalement passionnant.Peu ou pas connu je suppose par la majorité d’entre nous: d’où l’intérêt! Merci cher Patrick !
Pierre-Yves
6 mars 2017 @ 10:53
On voit que la tendance, que l’on croit très contemporaine, de chercher à paraître plus jeune que ce qu’on est, n’est en fait pas nouvelle. Au XIXème siècle déjà, Eve était encline à se rajeunir.
On comprend que cette jeune femme s’ennuie dans son grand domaine et qu’elle attend son heure. Et nous, nous attendons la suite !
Jean Pierre
6 mars 2017 @ 11:54
Ces Rzewuski sont-ils parents avec le Rzewuski, le confident confesseur ultime de Liane de Pougy dont parle Jean Chalon dans sa biographie.
Cosmo
6 mars 2017 @ 16:34
Oui car il n’existe qu’une seule famille de ce nom ! Je pense qu’il s’agit d’un petit neveu mais je vous le confirme demain.
Cordialement
Cosmo
Patrick Germain
8 mars 2017 @ 15:55
Jean Pierre,
En réponse à votre question, je pense que le père Rzewuski dont vous parlez est le père Alexandre Ceslas Rzewuski (1893-1983). . Il était le fils d’Adam Rzewuski (1847-1932) lui-même fils naturel d’Adam Rzewuski (1804-1888), le frère cadet d’Eve de Balzac. Très lancé dans la société aristocratique et intellectuelle du Paris d’après-guerre il était ami avec le prince Félix Youssoupoff, la princesse de Polignac, née Winnaretta Singer, Jean Cocteau, Misia Sert, Boni de Castellane ou Gaston Palewski etc…
Devenu prêtre dominicain en 1926, c’est par les Ghika qu’il fit connaissance de Liane de Pougy, elle-même princesse Georges Ghika et tertiaire dominicaine, dont il fut l’ayant-droit littéraire.
On peut dire que le père Rzewuski, un grand intelletuel, était le petit-neveu par alliance de Balzac.
Cordialement
Patrick Germain
Jean Pierre
9 mars 2017 @ 12:44
Merci beaucoup pour l’info.
vieillebranche
6 mars 2017 @ 12:22
merci beaucoup pour ce texte et les illustrations. c’est passionnant . Bravo!
Robespierre
6 mars 2017 @ 13:11
L’iconographie est superbe. Il y a deux portraits d’Eve qui ne se ressemblent guère. L tout premier, en vetements 1830 montre une très jolie femme, le second en dessous, daté de 1825 montre une femme qui ne casse rien.
COLETTE C.
6 mars 2017 @ 14:47
Passionnant ! Merci.
Bertrand de Rimouski ( Canada )
6 mars 2017 @ 14:57
Je me délecte de ce genre de récit historique ! Je connaissais quelques familles nobles de cette époque par mes lectures mais pas les Rzewuski ni les Hanski… Un délice littéraire !!!
ciboulette
6 mars 2017 @ 17:11
Merci , Patrick Germain , pour cette biographie riche et intéressante .
Celle que tous les manuels appellent encore » Madame Hanska » ( vous avez connu le Lagarde et Michard ?) avait donc des origines très nobles et très riches , ce que j’ignorais .
J’attends la suite avec impatience !
Dominique d'amico
6 mars 2017 @ 17:32
Tres interessant
Je ne connaissait pas du tout son histoire
Vivement la suite
Lady Chatturlante
6 mars 2017 @ 18:03
Désolée, mais je n’ai pas lu. C’est beaucoup trop long pour Internet. Vous devriez plutôt en faire un livre.
J’ai cherché une photo de robe de mariée mais comme il n’y en a pas, je retourne à ma layette.
Claude-Patricia
6 mars 2017 @ 18:09
Merci beaucoup cher ami, vous êtes un merveilleux conteur. Si j’étais cinéaste, je ferai bien volontiers des films avec toutes ces biographies!! Ah oui, j’ai une âme romantique qui voit bien des reconstitutions!!
Bien à vous!!
Tonton Soupic
6 mars 2017 @ 18:09
C’est biau, mais c’est longourzux comme un jour de crême.
Antoine
6 mars 2017 @ 19:26
J’ai lu une partie de l’intéressante correspondance (chez Bouquins, je crois) entre Balzac et Mme Hanska, mais j’étais très ignorant de sa famille polonaise, de son implantation, et m’y perdais beaucoup. Merci pour cette mise en situation claire et documentée qui fait attendre impatiemment la suite.
Kalistéa
6 mars 2017 @ 19:56
Le 2e duc Decazes n’était pas aussi beau que son père Elie, dit: »le beau Decazes ».
Mais c’est un homme sympathique.
plume
6 mars 2017 @ 21:41
je sens poindre une suite de l’ordre de grandeur et décadence au fil des années. Attendons …
JAusten
6 mars 2017 @ 21:45
Severin Rzewuski avait le type Mogol
Caroline
6 mars 2017 @ 23:10
Patrick Germain,
C’est intéressant de lire des détails historiques sur la noblesse polonaise! Je me demande comment vous avez réussi à vous documenter en polonais, certainement avec un interprète pour vous aider.
Merci pour le début de la biographie de Eve de Balzac!
Cosmo
7 mars 2017 @ 08:40
Caroline,
Il existe suffisamment de documents en langue française consacrés à la Pologne, à son histoire et à sa noblesse pour qu’il ne soit pas besoin d’en posséder leur langue.
Cordialement
Cosmo
Caroline
7 mars 2017 @ 22:02
Cosmo,
Bravo pour vos recherches de documentation !
Merci et bon mercredi !
Actarus
6 mars 2017 @ 23:12
Mon commentaire est pertinent car on parle de rois dans cette chanson. ;-)
Corsica
7 mars 2017 @ 07:58
Mon cher Patrick, savez-vous si, en Pologne, le servage a été aboli avant ou après 1861, année de l’abolition en Russie? Une fois encore, votre plume redonne vie à des personnages que, personnellement et à part Eve de Balzac, je ne connaissais pas. Merci.
Patrick Germain
7 mars 2017 @ 18:38
Chère Corsica,
La Pologne étant sous domination russe, du moins en partie, le servage y a été maintenu jusqu’en 1861.
Par contre la partie prussienne ou autrichienne ne connaissaient plus le servage qui avait été aboli en 1783 pour l’Autriche, en 1848 pour certaines parties, et en 1823 pour la Prusse.
Probablement qu’en Pologne, il y avait des parties, même sous domination russe qui échappaient au servage.
Les situations juridiques des individus pouvaient changer d’un endroit à l’autre selon les dates et les conditions des annexions. Vous verrez dans un article suivant que la noblesse n’avait guère plus de liberté que ses serfs, face à l’autocratie.
Mais servage ou non, le paysan restait attaché à la terre, qu’il lui était quasiment impossible de quitter. Un très beau livre d’Isaac Bashevi Singer, « Le Manoir » relate bien la condition des paysans dans cette partie nord-ouest de l’Ukraine-Pologne. Il relate bien aussi la condition des Juifs, pris parfois entre la pauvreté absolue de la classe paysanne et une relative aisance de ceux qui administraient les domaines au nom du seigneur, ce qui les faisait mal voir par les deux car le fermage était toujours trop élevé pour le fermier et ne rapportait jamais assez pour le propriétaire. Il faut savoir que les Juifs ne pouvaient en aucun pas posséder la terre, la cultiver oui, tenir bars et bordels oui, faire du commerce oui, administrer oui, être usurier oui, mais la posséder non. Mais là aussi la situation finit par changer pour les Juifs riches, mais pas pour les pauvres comme vous avez pu le lire dans les articles consacrés à Maurice de Hirsch.
Amicalement
Patrick
Corsica
9 mars 2017 @ 13:49
Cher Patrick,
Merci infiniment pour votre longue réponse détaillée qui me donne envie de lire » Le Manoir ».
Amicalement
Corsica