Du 28 mai au 24 septembre 2017, le Grand Trianon au château de Versailles accueillera l’exposition « Un tsar en France. Pierre le Grand à la Cour de Louis XV » qui célèbre le tricentenaire de la visite du tsar de Russie en France.
Pierre entré dans l’Histoire comme Pierre le Grand, est surtout connu pour avoir initié la construction de la ville de Saint-Pétersbourg. Il s’inspira de ses voyages en Europe pour l’édification de ses palais. Ainsi, la grande cascade du palais de Peterhof érigé pour être plus somptueux encore que Versailles, copie celle du château de Marly.
Le tsar qui était un passionné de sciences et d’art, mit à profit ce voyage à la Cour du roi Louis XV pour visiter des résidences royales mais aussi les manufactures. A Versailles, la venue du tsar Pierre le Grand fut un événement majeur deux ans après la mort du roi Louis XIV.
L’exposition présentera plus de 130 œuvres comprenant des toiles, du mobilier, des gravures, des dessins, des sculptures, des livres et plusieurs objets de son cabinet de curiosité. De nombreuses œuvres d’art proviennent du musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg. (Merci à Anne)
Leonor
6 février 2017 @ 12:52
Pas vilain garçon, le grand Pierre, si le portrait est fidèle.
Et un sacré foutu caractère.
Mais … Combien d’ouvriers sont morts sur le chantier impossible de Saint-Pétersbourg ? Remarquez, le chantier de Versailles a coûté pas mal de vies aussi.
Muscate-Valeska de Lisabé
6 février 2017 @ 17:30
Une chevelure coiffée en vagues souples comme après une permanente réussie,et la moustache digne d’un acteur hollywoodien des années 50…;-))
Leonor
7 février 2017 @ 11:41
Et, ce qu’on ne voit pas sur la photo (!), Muscate, c’est que le gaillard faisait deux mètres de haut ! Donc, battus au poteau, même les Burt Lancaster, Cary Grant, etc
PS : Que les messieurs du site qui n’atteindraient pas à ces dimensions extravagantes ne s’offusquent pas, je vous en prie. Dans la vraie vie, je ne jauge pas la valeur des gens au nombre de cm en hauteur qu’ils affichent. Mais que voulez-vous, je suis moi-même vraiment grande pour ma génération , alors, forcément …
bianca
6 février 2017 @ 13:23
C’est noté, Versailles… Une ville très chère à mon cœur, le château est magnifique le matin quand le soleil illumine sa façade ! Sur le chantier de St Pétersbourg je ne connais pas le nombre de sacrifices humains qu’il a coûté, pour Versailles si un ouvrier périssait il n’y avait aucune aide pour sa famille hormis le paiement de la journée !
Zorro
7 février 2017 @ 09:36
C’est vrai. Le chantier de Versailles a causé pas mal de mort parmi les ouvriers. Le site du château de Versailles étant situé sur des marais qu’il a fallu assécher, beaucoup d’ouvriers sont morts de paludisme.
En revanche, je pense que les familles des ouvriers qui sont morts sur le chantier ont dû bénéficier d’une aide conséquente. A l’époque, les ouvriers étaient organisés en corporation et la solidarité interprofessionnelle était très forte.
Gérard
10 février 2017 @ 12:52
Le chantier de Versailles a certes occasionné beaucoup de morts, on a dit parfois 10 000, ce fut sans doute plus, victimes de paludisme, d’accidents, de la typhoïde. Mais il est difficile de connaître le nombre exact des morts ainsi que le rapporte Frédéric Tiberghien dans Versailles, le chantier de Louis XIV, 1662-1715, Perrin 2002 et 2006, car les décès ne sont pas répertoriés dans les registres paroissiaux des environs.
Les régiments d’Anjou, de Normandie, de Touraine, du Languedoc de Navarre qui participaient à l’assainissement des marécages et aux travaux, ont subi les pertes les plus importantes, de plusieurs centaines à plusieurs milliers d’hommes et Doyen qui affirmait tenir ses informations de personnes ayant participé aux travaux, chiffrait à 10 000 hommes les pertes subies par les régiments sur ce chantier ce qui représentait 3,5 % de l’armée de terre. On enregistre jusqu’à 1 320 décès entre 1684 et 1685.
Toutes les dépenses relatives au service des blessés et des malades civils ou militaires étaient prises en charge par la Surintendance des bâtiments du roi.
On compensait également partiellement les pertes de salaire. Mais les indemnités versées après un accident ont été jusqu’à la loi du 9 avril 1898 des secours qui ne remplaçaient pas un revenu récurrent.
Il y avait c’est vrai aussi la solidarité professionnelle notamment à travers les corporations, la charité institutionnelle de l’Église et beaucoup d’initiatives privées.
Selon Bernard Lepetit (La formation d’une population urbaine sous l’Ancien Régime : Versailles de 1545 à 1717, Étude démographique et sociale, Paris, Université de Paris-I, 1976) la morbidité et la mortalité venaient aussi de la sous-alimentation ou de la mauvaise alimentation et des changements brusques de température dans une population qui ignorait les règles d’hygiène et vivait dans une certaine concentration ; comme la guerre, la construction du château tua moins directement par les accidents qu’indirectement par les épidémies qu’elle aggravait et parfois faisait naître.
Leonor
7 février 2017 @ 11:48
Au départ du chantier ordonné par oukaze par Pierre le Grand, 30 000 hommes étaient au travail sur le site, lequel était un marécage, avec tous les problèmes de salubrité et de sécurité que cela pose.
Saint-Pétersbourg en construction est resté longtemps un immense chantier, dans ces mêmes conditions. On estime actuellement que, pendant le règne de Pierre, 150 000 hommes y ont laissé la vie.
Sources : hérodote.net
Mais qu’on ne s’y trompe pas, je ne mets pas Pierre le Grand en accusation. : c’était la » loi » de l’époque; et, comme dit, d’autres chantiers de semblable envergure ont , ailleurs, eux aussi coûté bien des vies.
Berthold
7 février 2017 @ 17:30
Ha ben c’était mieu de périre le matin alors! ?
J.B.
Jean Pierre
6 février 2017 @ 15:34
Sur cette visite lire Saint-Simon.
Ce qui frappe, c’est qu’elle se voulait discrète.
DEB
7 février 2017 @ 08:26
Jean-Pierre,
Il y a aussi le récit des coulisses du voyage , raconté par Jean Buvat, écrivain de la bibliothèque du roi et déposé aux archives nationales.
On y découvre un tzar grand buveur, un peu pingre et, comme chez st Simon, désireux de tout voir.
Leonor
8 février 2017 @ 14:41
Ah, je ne savais pas tout ça, à propos de Sait-Simon. M’en vais lire ça dès que possible . Merci Deb et Jean Pierre.
Mélusine
6 février 2017 @ 17:17
Pierre le Grand, Frédéric de Prusse et Louis II de Bavière forment un « fan club » des admirateurs du Roi Soleil, car il les a inspirés et ils se sont efforcés de copier son Versailles.
ciboulette
6 février 2017 @ 17:21
C’est donc le Régent qui l’accueilli , et non Louis XV , trop jeune encore ?
DEB
7 février 2017 @ 08:22
Ciboulette,
Le tzar avait 45 ans et Louis XV 7 ans.
Le lendemain de l’arrivée du tzar ( qui séjournera en France du 7 mai au 8 juin) le roi est venu réciter, avec beaucoup de sérieux, un compliment .
Les témoins racontent que le tzar monta l’enfant à hauteur de son visage et lui colla deux baisers sur les joues.
Gérard
8 février 2017 @ 04:20
Il le trouva très beau. Le roi le prit par la main.
Zorro
7 février 2017 @ 09:42
Effectivement. Louis XV était âgé de 7 ans à l’époque. C’est donc Philippe d’Orléans qui a accueilli Pierre le Grand.
Quelques années plus tard, Elisabeth Petrovna (la fille de Pierre le Grand et future tsarine de Russie) sera fiancée à Louis XV.
Louis XV se maria cependant avec une « obscure » princesse polonaise Marie Leszczyńska.
Jean Pierre
7 février 2017 @ 20:16
Le Tsar ne fût pas à proprement parlé accueilli.
Il logeait à l’hôtel de Lesdiguières et le lendemain de son arrivée, le Régent est allé lui rendre visite. Puis le lendemain, le jeune roi alla rendre aussi visite au Tsar.
Ensuite le Tsar rendit la visite au roi puis à la princesse Palatine.
Leonor
8 février 2017 @ 00:49
Ah, ,j’aurais bien aimé voir le tsar devant la Palatine ! Deux costauds baraqués , deux forts en gueule, et deux fortes personnalités ! Ca devait valoir son pesant de cacahuètes.
Gérard
8 février 2017 @ 04:19
Il demanda aussi avoir à Saint-Cyr dans sa chambre Madame de Maintenon mais ne s’attarda pas.
Leonor
8 février 2017 @ 14:45
Attendez, attendez voir, Gérard … Qu’est-ce qu’il demande , dans sa chambre ? La Maintenon dans sa chambre …. ? Et une fois qu’elle fut dans sa chambre, la gente dame, qu’en fit-il, le beau tsar ? Et Louis le Quatorzième n’a pas moufté ? Même pas un tout petit peu ?
Gérard …. trêve de plaisanterie, doit-on comprendre plutôt » il demanda aussi à voir à St-Cyr …etc » , non ? Merci du moment drôle, l’ami.
Gérard
9 février 2017 @ 18:35
Leonor ce que nous voulons écrire se transforme parfois sans que nous n’y prenions garde…
Dans l’Histoire de l’empire de Russie, Voltaire évoque la visite du tsar à Madame de Maintenon et observe « une espèce de conformité entre le mariage de Louis XIV et le sien », mais le mariage de Pierre avec Catherine avait été public tandis que celui du roi était secret, et la tsarine Catherine était une « héroïne », allusion à son rôle à la bataille du Prut, alors que Mme de Maintenon était seulement une
« femme aimable ».
On se souvient que le 9 février 1712 Pierre s’était remarié en la cathédrale Saint-Isaac de Saint-Pétersbourg avec sa maîtresse (qu’il avait certes peut-être épousée secrètement auparavant) d’origine paysanne et catholique, Marthe Skavronska, laquelle en se convertissant était devenue Catherine Alexeïevna. Catherine avait l’année précédente acheté avec ses pierreries la retraite du grand vizir ottoman sur les bords de la rivière Prout, affluent du Danube.
La visite de Pierre le Grand à Mme de Maintenon a été évoquée par Dangeau dans son Journal et par Saint-Simon.
En France la marquise était bien oubliée en 1717 et chacun s’étonna de cette visite que le tsar voulut lui faire. Mais le tsar était attiré par ce qui était le passé de la France. La marquise fut très flattée mais selon cette mauvaise langue de Saint-Simon la visite se passa d’une manière singulière. Comme il convenait Mme de Maintenon recevait dans son appartement de Saint-Cyr et comme toute dame âgée, elle avait 82 ans, et de qualité elle était assise sur son lit dont les rideaux étaient à moitié fermés.
Saint-Simon rapporte que le tsar se borna à écarter les rideaux du lit et à regarder la veuve de Louis le Grand avant de s’éloigner sans mot dire.
Pour le 30 mai 1717, le Journal de la Régence (1715-1723), par Jean Buvat, écrivain de la Bibliothèque du Roi, rapporte : À Saint-Cyr, le Czar demanda à voir madame de Maintenon ; celle-ci se mit au lit pour se dispenser du cérémonial. Pierre Ier entra dans la chambre, alla droit au lit, en tira les rideaux de façon à bien voir les traits de celle qui y était couchée, et, après l’avoir contemplée quelques instants, se retira sans avoir proféré une parole – Marmontel, Histoire de la Régence, et Duclos, Mémoires secrets.
Cependant la marquise raconte autrement la scène dans une lettre adressée le même jour à sa nièce Mme de Caylus (Marthe-Marguerite Le Valois de Villette de Mursay, marquise de Caylus) et, qu’arrivé à sept heures du soir, le Czar s’assit au chevet de son lit.
« Il m’a demandé si j’étais malade. J’ai répondu qu’oui. Il m’a fait demander ce que c’est que mon mal ? J’ai répondu : une grande vieillesse, avec un tempérament assez faible. Il ne savait que me dire, et son truchement ne paraissait pas m’entendre ; sa visite a été fort courte. Il est encore dans la maison, mais je ne sais où. Il a fait ouvrir le pied de mon lit pour me voir. Vous croyez bien qu’il n’en aura été guère satisfait. »
Pierre visita Saint-Cyr en grand détail. « Il se fit montrer, rapporte le Mercure de France, les cinq classes et toutes les demoiselles, chacune à leur place. »
Pendant ce temps les seigneurs de sa suite, qu’il avait laissés à Versailles, y avaient amené d’autres demoiselles qu’ils firent coucher précisément dans l’ancien appartement de Mme de Maintenon, ce temple de la pruderie, dit Saint-Simon. Louis Blouin (1660-1729), l’ancien premier valet de chambre de Louis XIV, qui avait autrefois remplacé l’officieux Bontemps, et qui était intendant des terres, parc et châteaux de Versailles et de Marly, s’en montra fort scandalisé. Cependant ni Blouin ni la Maintenon n’avaient été des parangons de vertu autrefois (La visite du tsar Pierre le Grand en 1717 d’après des documens nouveaux par le Comte d’Haussonville, Revue des Deux Mondes, tome 137, 1896, article composé « à la demande et sur la désignation de l’Académie française, pour être offert en hommage, dans la séance du mercredi 7 octobre 1896, à LL. MM. l’Empereur et l’Impératrice de Russie »).
Paul-Gabriel Othenin de Cléron, comte d’Haussonville (1843-1924), de l’Académie française, fut homme politique, avocat et historien.
Voir : Michel Mervaud, Pierre le Grand en France : les récits de Voltaire, Revue des études slaves, Année 2012, volume 83, numéro 2, qui évoque la visite à la date du 11 juin et ajoute : erreur de date de Buvat ou ancien style ?
Sergueï Mézine, dans La visite en France de Pierre le Grand en 1717 dans la presse francophone, Université de Saratov, Вивлioѳика : E-Journal of Eighteenth-Century Russian Studies, Volume 4 (2016) : 43-58, situe la visite au 11 juin.
Leonor
10 février 2017 @ 15:13
Super ! Merci pour ce récit, Gérard.
……..
Vous aurez compris que je vous moquais un peu, et vous aurez compris aussi que c’était moquerie gentille; du moins était-ce l’intention. Bien sûr, qu’il nous arrive à tous de se prendre un peu les pieds dans le tapis, quand on écrit. Bonne journée, Gérard.
Gérard
11 février 2017 @ 16:40
Mais oui Leonor cher ou chère amie.
La curiosité du tsar était insatiable. Celle des Français face à lui aussi.
Gérard
7 février 2017 @ 20:27
Le duc d’Orléans certes mais aussi le Roi qu’il éleva dans ses bras dans un moment demeuré fameux.
Caroline
6 février 2017 @ 22:36
A l’école, nous avons appris en ‘Histoire de France’ que le roi Pierre le Grand était revenu en Russie, profondémment impressionné par les splendeurs de nos chateaux.C’est ainsi qu’il était devenu le batisseur de la Russie avec la suppression des milliers d’ endroits insalubres et primitifs!
Anne-Cécile
8 février 2017 @ 17:53
Le Tsar Voulut voir aussi la veuve de Louis XIV Mme de Maintenon, au grand scandale de cette dernière alitée.
Ni l’un ni l’autre ne furent enchantés du spectacle. Le Tsar voulant mettre les dames de son entourage en garde sur leur devenir, leur montrait volontiers un portrait de Mme de Maintenon : « voilà où la galanterie (pour ne dire un autre mot) puis la bigoterie mènent.
Le Tsar lâcha aussi du spectacle de Versailles et des mœurs françaises : « tout cela finira la tête en bas ».
Pierre fut un enfant puis un jeune homme d’une beauté renversante, très bien fait et immense, en témoignent de nombreux rapports de diplomates et marchants allemands et hollandais à la cour russe. Il séduisit aussi beaucoup en Allemagne.
Mais en France on a surtout retenu un homme qui aimait fréquenter les prostituées de Paris, ne s’intéressait qu’à la science ne voulant visiter qu’entrepôts, artisans académies chantiers n’a aux etc… , et n’avait que peu de manières. Les Français furent très énervés de son va et vient et changements eux qui avaient cédé sur les frais à la demande de l’ambassadeur russe qui essayait de les convaincre que recevoir le Tsar était plus qu’un honneur royal ordinaire. Le Régent peinait à accéder à toutes les demandes déjà les contraintes budgétaires obligeaient aux économies surtout d’un homme et d’un pays encore peu connus.