Depuis le 15 avril, le château de Pierrefonds présente « Armures, hennins et crinolines », une exposition placée sous le signe du théâtre et de l’imaginaire.
Sous le Second Empire, les châteaux de Compiègne et de Pierrefonds, alors en restauration, sont les lieux de réception des séries organisées chaque automne par l’empereur Napoléon III et l’impératrice Eugénie qui accueillent princes, hommes d’état, aristocrates, artistes et savants. Les divertissements offerts par le couple impérial donnent une grande place au théâtre. C’est Viollet-le-Duc en personne, l’architecte de Pierrefonds, qui endosse les fonctions de régisseur, décorateur et costumier. L’Opéra de Paris prête costumes, bijoux, accessoires et maquillage. Le goût du Moyen-Age, alors à son paroxysme dans les arts et la littérature, envahit également la scène des théâtres : les pièces, les costumes et les décors s’inspirent largement des légendes et des grands personnages du Moyen-Age. A Pierrefonds, les crinolines des élégantes du Second Empire côtoient armures et costumes médiévaux le temps d’un spectacle amateur.
L’exposition présente non pas les costumes de scènes imaginés et portés sous Napoléon III mais des créations du XXème et XXIème siècles. Les armures, les robes, les coiffes se partagent entre vérité historique stylisée et pure extravagance tandis que les crinolines ressuscitent l’esprit de fête du Second Empire. Une trentaine de costumes et accessoires de théâtre ont été prêtés par l’Opéra national de Paris, le Théâtre du Capitole de Toulouse et l’Opéra national de Bordeaux grâce à un partenariat avec le Centre national du costume de scène de Moulins. Nul autre endroit que le château de Viollet-le-Duc et sa vision du Moyen-Age fantasmé ne pouvait présenter cette exposition qui accorde une grande place au rêve et à la féerie.
Le Roi d’Ys, décor et costumes du roi et des soldats. Opéra d’Edouard Lalo, joué au Capitole de Toulouse en 2007. Les costumes, conçus par Franca Squarciapino, ont une base médiévale mais les textiles et les formes s’inspirent très librement des personnages de la littérature « fantasy » et des films de science-fiction.
Till l’espiègle, costumes pour les trois châtelaines et une bourgeoise. Musique de Richard Strauss. Ballet de Nijinsky. Costumes réalisés en 1994. Les différents éléments du costume (longues traînes, bustiers à manches longues serrées, hennins) sont conformes à la mode du XVème siècle mais leurs dimensions sont exagérément démesurées, même pour une scène de théâtre (hennins d’un mètre quatre-vingt de haut, traînes de douze mètres)
Le château de Barbe-Bleue, costume de Judith, épouse de Barbe-Bleue. Opéra de Béla Bartok, costume réalisé à Bordeaux en 1993. Ce court opéra est un face à face entre Barbe-Bleue et Judith, sa dernière épouse qu’il accueille dans son château. Sa coiffure et son importante collerette évoquent l’architecture des cathédrales gothiques.
La Chauve-souris, opérette de Johann Strauss, costumes imaginés en 1983 par Bernard Daydé.
Les crinolines présentées ici évoquent le faste de la Cour de l’impératrice Eugénie à Compiègne et à Pierrefonds. La mode féminine a connu deux époques d’extrême extravagance. Au Moyen-Age, les hennins rivalisent de hauteur, jusqu’à ne plus passer sous les portes. Sous le Second Empire, la crinoline est raillée par les caricaturistes en raison de son importante ampleur et de la surcharge d’étoffes, de garnitures, de volants et de colifichets qui la composent.
Les costumes sont accompagnés d’une abondante iconographie (dont des dessins de décors et de costumes par Viollet-le-Duc) et de musique. L’exposition s’étend dans plusieurs espaces du château, notamment dans les deux salles de réception du donjon récemment restaurées et la célèbre salle des Preuses. Elle ouvre exceptionnellement à la visite des salles inédites du 2ème étage du donjon.
Le commissariat est assuré par Martine Kahane et Noëlle Giret.
« Armures, hennins et crinolines, costumes de scènes » au Château de Pierrefonds du 15 avril au 18 octobre 2015. Articles et photos d’Alexandre Cousin © Droits réservés.
DEB
28 avril 2015 @ 12:40
J’ai un faible pour le costume de la femme de barbe-bleue,que je trouve particulièrement réussi.
Quant aux hennins d’1m80, il ne doit pas être facile de tourner la tête !
Il faut se rappeler qu’au moyen-âge, certaines de ces coiffes avaient 80cms, ce qui n’était dejà pas si mal.
J’avoue que je ne sais pas ce qui avait inspiré la » coiffe à cornes « .
Le malin, peut être ?
flabemont8
28 avril 2015 @ 14:02
Ah ! Les hennins et leur hauteur vertigineuse !
Francine du Canada
28 avril 2015 @ 14:55
Merci à Régine et à Alexandre Cousin; encore un de vos superbes reportages dont j’aimerais voir l’exposition. J’adore le théâtre et plus particulièrement les costumes et accessoires de théâtre. J’ignorais ce qu’était un « hennin »… j’en ai pourtant porté un lorsque j’interprétais la Fée des étoiles pour un organisme de charité de mon quartier; c’était quand j’étais jeune et pas fripée hahaha! (clin d’oeil à mes amies du site). FdC
Alexandre
29 avril 2015 @ 10:06
Merci Francine du Canada.
Si vous ne pouvez aller voir l’exposition, vous pourrez toujours consulter le petit catalogue d’exposition (12€ en vente dans les boutiques CMN et peut-être en ligne?)
Francine du Canada
30 avril 2015 @ 05:22
Merci Alexandre, si je ne peux y aller à l’automne, j’achèterai ce cataloge (12€ n’est vraiment pas si dispendieux). Bonne journée, FdC
Caroline
28 avril 2015 @ 23:38
C’est une belle visite à conseiller à la reine Margarethe de Danemark,connue pour sa passion du théatre et de costumes de scène!
flabemont8
30 avril 2015 @ 18:15
Tous ces costumes sont magnifiques et magiques !