Exposition « Aumale secret, Archives inédites du château de Chantilly » Quand l’intime se mêle à l’Histoire. La bibliothèque du château de Chantilly abrite actuellement une exposition consacrée aux dernières pièces entrées dans les collections des archives du duc d’Aumale. Une sélection d’une trentaine de documents inédits, exposés pour la première fois, apporte au visiteur un nouvel éclairage sur la vie privée et publique du dernier propriétaire de Chantilly.
Y sont présentées de nombreuses lettres rédigées par le duc d’Aumale à différentes époques de sa vie, depuis l’époque de la gloire en Algérie jusqu’au retour en France au seuil de sa vie, des photographies exceptionnelles et des témoignages de son dévouement pour la France et de sa passion pour son domaine qui dévoilent Henri d’Orléans intime.
Le commencement de cette exposition met en lumière les réactions du prince à l’annonce de la Révolution de 1848 à Paris. Alors âgé de vingt-six ans, le duc d’Aumale était gouverneur général de l’Algérie. La pièce maîtresse de cette section est un communiqué officiel daté de 2 mars 1848 rédigé de la main d’Aumale signalant l’instauration d’un gouvernement républicain à Paris. Acquise en novembre 2013 lors de la dispersion de la collection de Dominique de Villepin, cette lettre chargée d’histoire renvoie à un moment crucial de la vie d’Aumale, alors au sommet de sa popularité : elle constitue l’acte par lequel le prince renonce au pouvoir et est contraint de suivre sa famille pour l’exil, sans revoir son Domaine de Chantilly avant de longues années.
Ci dessus en photo, le communiqué officiel du 2 mars 1848 de la main du duc d’Aumale (Archives de Chantilly. © Alexandre Cousin).
L’exposition présente ensuite une sélection de documents tirés du fonds Laplagne-Barris qui a rejoint les archives du château en 2013. Il s’agit d’un fonds exceptionnel à plusieurs égards. Composé de plusieurs milliers de pièces, il a été conservé pendant cent cinquante ans dans la même famille et est inconnu des historiens. Ce fonds apporte un éclairage tout à fait nouveau sur les affaires privées du duc d’Aumale et sur la manière dont celui-ci gérait depuis son exil anglais à la fois son Domaine de Chantilly mais aussi ses affaires avec l’Etat français. Exécuteur testamentaire du roi Louis-Philippe, Laplagne-Barris était l’homme de confiance du duc d’Aumale, le soutien indispensable qui n’a cessé de faire valoir les droits du prince. Leur correspondance dévoile une multitude d’affaires, privées ou publiques, concernant le duc d’Aumale : acquisitions d’œuvres d’art, aménagement et entretien du château, achat de propriétés…
Des documents inédits, comme une reconnaissance de dette, témoignent également de la précarité du duc pendant son exil. Ci-dessus, reconnaissance de dette du duc d’Aumale datée de 1849 liée à un emprunt privé (fonds Laplagne-Barris, archives de château de Chantilly)
Enfin, est évoquée la correspondance du duc d’Aumale avec le comte Gustave de Reiset (1821-1905), diplomate et ami proche. Deuils ou nouvelles d’ordre personnel s’entremêlent aux grands épisodes de l’histoire de France. Après l’effondrement du second Empire, Aumale écrit en février 1871 : « Mon coeur ne bat plus que pour la France ».
Voici ci-dessus une photo d’une lettre de deuil très émouvante du duc d’Aumale datée du 28 décembre 1869 qu’il adresse à son ami Gustave de Reiset. Son épouse, Marie-Caroline de Bourbon-Siciles (1822-1869) est décédée quelques jours plus tôt. Papier à lettre de deuil avec liseré noir. (Archives de Chantilly.)
Ces archives sont des documents de première importance pour mieux comprendre la vie et les décisions prises par le duc d’Aumale tout au long de sa vie. On y découvre à la fois un prince voué à la solitude de l’exil, un gestionnaire avisé, et un homme sensible qui n’a jamais perdu foi en son pays natal.
La bibliothèque du château de Chantilly, un écrin exceptionnel pour la collection de livres et les archives du duc d’Aumale présente en ce moment une exposition d’archives inédites « Aumale secret »
Exposition « Aumale secret, Archives inédites du château de Chantilly » – Du 6 avril jusqu’au 29 juin 2014 – Le commissariat est assuré par Olivier Bosc, conservateur en chef de la bibliothèque et des archives du château de Chantilly.
Un grand merci à Alexandre Cousin pour cet article (© Alexandre Cousin)
Demain : restauration du cabinet d’angle à Chantilly
Sophie
10 avril 2014 @ 06:30
Un grand merci à Alexandre pour ce compte-rendu et vivement demain pour la suite
Jean I
10 avril 2014 @ 07:02
Merci à Alexandre pour cet article qui donne envie d’aller (re)voir le musée Condé
COLETTE C.
10 avril 2014 @ 09:34
Il y a de véritables « trésors » à Chantilly.
Anais
10 avril 2014 @ 11:03
merci Alexandre pour ce sujet qui me donne bien envie d’aller voir le musée Condé. Est-ce que l’Aga Khan n’a pas été un généreux mécène pour Chantilly ?
Gérard
10 avril 2014 @ 16:31
Oh oui pour sa restauration ! Il a été formidable.
Charles
10 avril 2014 @ 11:15
Grand merci à Alexandre et Régine
flabemont8
10 avril 2014 @ 15:56
Merci , Alexandre et Régine, de nous parler d’un prince qui a marqué son époque et de nous le faire mieux connaître .
Livia
10 avril 2014 @ 17:14
Merci pour cet article nous attendons la suite avec plaisir…
Irene
10 avril 2014 @ 20:39
Merci à Alexandre … je suis allée en visite à Chantilly il y a au moins 10 ans. cela me donne envie d’y retourner
Louis XIV
11 avril 2014 @ 02:17
Je suppose que l’on pourra lire toutes ses lettres de remerciements à la sulfureuse Baronne de Feuchères et à Talleyrand, les deux plus grands manipulateurs de France au service des Orléans qui permirent de capter par un assassinat la fortune des Princes de Condés.
On devrait même faire un film sur l’entretien entre « Talleyrand et Feuchères »
intitulé: « La migale dans le bas de soie des orléans »
A voir et à revoir: http://valmorency.fr/111.html
ARAMIS
11 avril 2014 @ 09:12
A supposer que l’héritage ait été capté, il n’en reste pas moins que le duc d’Aumale, qui n’y était en tout état de cause pour rien, en a fait un usage remarquable, acquérant des trésors d’art et d’histoire inestimables, en en garantissant le maintien en France, dans le cadre d’une institution publique (Institut de France), et en les offrant au public dans le cadre d’un musée (alors qu’ils seraient sinon dans le cadre de collections privées).
Vive donc le noble et preux duc d’Aumale qui appartient, cher Louis XIV, à votre glorieuse famille et qui en est, au XIX siècle, l’un des plus nobles représentants en ce qu’il sut allier la gloire de son sang et de son rang à celle de l’intelligence et de l’art militaire, ainsi qu’à la prestance cavalière, au souci du bien public, à l’ouverture au monde tel qu’il est, au réalisme politique… etc, etc.
Son épouse fut d’ailleurs rien de moins qu’une princesse de Bourbon Sicile qui n’avait pas les préventions que vous vous croyez obligé d’exprimer contre le duc d’Aumale. C’est autre chose après tout qu’une veuve Scarron avec laquelle vous avez cru devoir vous mésallier, par scrupule dévot après avoir mené, au grand scandale de vos peuples, une vie de débauche.
Cosmo
11 avril 2014 @ 13:06
Cher Aramis,
La princesse de Salerne, duchesse d’Aumale, était également la petite-fille de l’empereur d’Autriche, Francois Ier. Elle était la cousine germaine de son mari, de l’empereur François-Joseph, de l’Aiglon et d ‘une ribambelle d’archiducs, archiduchesses, princesses et princesses de Bourbons dans toutes les branches, y compris les Orléans.
Comme quoi le fameux Régicide est beaucoup plus horrible aux yeux de certains sur N&R qu’aux yeux des familles royales de l’époque et d’aujourd’hui. Il faut dire que tous en descendent peu ou prou.
Amicalement
Cosmo
ARAMIS
11 avril 2014 @ 21:43
Ravi cher Cosmo de vous saluer amicalement, et de constater avec vous que les royaux savent qui sont leurs égaux parmi les descendants d’Henri IV !
Livia
11 avril 2014 @ 15:53
@Louis XIV ! Il fallait parier sur votre sortie au sens propre et figuré!
A quand votre double « prince de Condé » ?
J’espère que vous arrivez tout de même à vivre en faisant autre chose que de guetter sur ce site et sans doute sur d’autres le nom Orléans…
Sire vous voilà donc coincé dans un purgatoire obsessionnel…
Sylvie-Laure
11 avril 2014 @ 03:20
Un homme exceptionnel Monseigneur le duc d’Aumale. Le courage, l’énergie, la foi dans son Pays et son entourage, famille amis, un homme avisé même si on sait que le Destin favorisa des biens tombés à son profit.. Merci d’avoir présenté ici, ces pièces d’Histoire qui attestent encore à la renommée du duc d’Aumale. J’avais vu il y a quelques temps déjà une émission TV très bien faite, et qui présentait la vie du personnage royal et son Musée . J’avais été impressionnée par certains aspects de cette vie un peu hors du commun. Merci à Monsieur Alexandre Cousin, et à Régine
Lord Mickaël
11 avril 2014 @ 20:28
Le prince Aga Khan est en effet, mécène, mais sa générosité est très largement rétribuée par Chantilly. C’est du donnant-donnant gagnant-gagnant pour les deux partis.
Gérard
12 avril 2014 @ 12:56
Intérêt fiscal ?
Louis XIV
11 avril 2014 @ 23:30
Je suis bien d’accord que le Duc d’Aumale a été par maints égards un homme exceptionnel. Mais pourquoi n’a-t-il pas respecté les dispositions du testament qui lui demandaient d’aider les orphelins de la Vendée avec une somme d’argent ridicule quant on sait la fortune dont il a hérité du Prince de Condé.
Mais diriez-vous si on vous disait que le fils de Göring avait, suite à une invasion armée, hérité du Château de Versailles et puis, au dernier moment, le donnerait en cadeau à des malheureux ? …
Gérard
12 avril 2014 @ 13:05
C’est Louis-Philippe qui ne voulut pas et non son fils mineur, pour ne pas diviser les Français et distinguer certaines misères issus de la Révolution d’autres. On peut s’interroger sur cette raison d’Etat qui ne respectait la volonté du testateur.
Gérard
12 avril 2014 @ 13:07
Cependant le roi ne voulait peut-être pas provoquer les républicains virulents au début du règne.
Livia
12 avril 2014 @ 16:58
Cela s’appelle faire de la politique tout simplement…la lier à la morale a toujours été périlleux.Sa majesté du site est bien naïve…
Louis XIV
11 avril 2014 @ 23:32
Et que diriez vous si un cousin capteur de votre héritage en faisait don aux bonnes oeuvres ? . . .
Livia
12 avril 2014 @ 17:05
Espérons que les morts n’ont pas accès à ce genre de pensées sinon quelle misère d’avoir existé!
Gérard
13 avril 2014 @ 12:36
Ou alors le pauvre Louis XIX subit un long purgatoire et ne fait rien pour en sortir.
Tonton Soupic
12 avril 2014 @ 14:16
A-t-on retrouvé la renonciation manuscripte du compte de Chambor en faveur du duc d’Omalle ?
Gérard
12 avril 2014 @ 17:12
Elle est dans les petits papiers de la pauvre dame de Peuchere noués par une aiguillette.
Livia
13 avril 2014 @ 18:47
@Gérard: rires…et en plus nous avons où il sont mais chut….c’est un secret de famille orléaniste…