Prolongation jusqu’au 6 novembre 2016, le château des lumières à Lunéville accueille une exposition consacrée à Stanislas Leszczynsky (1677-1766). En voici le descriptif : « 2016 marque l’anniversaire de la réunion de la Lorraine à la France et de l’événement à l’origine de ce tournant politique : la mort de Stanislas Leszczynski (1677-1766). Prince des Lumières et dernier souverain de la Lorraine indépendante, son parcours hors du commun a pris fin au château de Lunéville.
Cette exposition d’envergure possède la volonté de valoriser l’ancrage local de la mémoire du dernier Duc de Lorraine, si intimement liée à l’histoire de l’édifice.
Privilégiant l’émotion attachée à l’homme plus qu’au souverain, c’est la personnalité d’exception de Stanislas, dans toute sa diversité et sa richesse, qui est mise en exergue. L’occasion de comprendre et ressentir une destinée personnelle inscrite au cœur de l’Europe, dans son itinérance, sa sensibilité artistique et sa pensée politique. Entre fondements historiques de cet anniversaire, destin politique, valeurs d’un philosophe bienfaisant au tempérament artistique, créatif, et toujours en quête du bien public, nous vous invitons à redécouvrir une histoire riche portée par les réflexions et utopies de cette personnalité polymorphe. Inscrit dans la mémoire collective de la Lorraine, Stanislas Leszczynski est aujourd’hui inscrit au rang d’icône d’un patrimoine culturel commun.
La cour cosmopolite de Lunéville constitue ainsi la représentation d’une formidable chambre d’écho pour ses valeurs d’ouverture, de partage des cultures et des idées. Une invitation à de nombreux moments d’immersion, de la chapelle ardente dressée après sa mort au cœur des appartements de parade jusqu’à une promenade poétique à travers ses jardins, en passant par la rêverie de son boudoir intime et fleuri.
Plus de 120 œuvres ont été sélectionnées, provenant des collections souvent inédites du musée du château, et enrichies grâce au partenariat généreux du Musée Lorrain à Nancy. Des prêts importants ont également été consentis par la Bibliothèque municipale de Nancy, les Archives Nationales, la Cité de la Céramique à Sèvres, les Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, le Mobilier National… »
Duchesse
9 septembre 2016 @ 08:18
Il convient de préciser ici que le terme »Château des Lumières » a été créé pour l’association fut mise en place pour la réhabilitation du château après l’incendie de janvier 2003.
Si nul ne conteste ce dénominatif à cette association, il ne convient pas à l’évocation du Château de Lunéville.
Il n’est pas plus juste de nommer le Château de Lunéville » Château des Lumières » que d’affubler Versailles du nom de » Château du Soleil ».
Nommer les lieux,les choses,n’est pas anodin et il convient de raison garder,d’autant que tous les Châteaux(Blois, Chenonceau et tant d’autres) portent fièrement le nom de la ville où ils sont édifiés.
Zorro
9 septembre 2016 @ 15:16
J’ai l’impression que les Lumières sont employées à tort et à travers en France en ce moment. Comme ci la République se cherchait une mythologie pour justifier sa propagande laïcardes (genre la République est contre le burkini car le burkini est l’étendard de l’obscurantisme religieux) en la faisant remonter ses origines le plus loin possible même avant la Révolution française ! Pour montrer que c’est ancien et donc légitime. En effet, à l’instar de Mélenchon, la République Française voit dans les Lumières le mouvement qui a mené l’Homme à s’émanciper radicalement de l’obscurantisme religieux (au 18e siècle, c’était exclusivement l’Eglise catholique qui était visée. Maintenant que l’Eglise est morte et n’a plus d’influence, c’est la religion musulmane dont il faut s’émanciper).
Je lis sur Wikipedia la notice consacrée à Stanislas Leszczynski. Cette notice cherche à démontrer que Stanislas était un bon prince car, il était imprégné des principes des Lumières. A titre d’exemple :
« Il créa la Bibliothèque royale de Nancy, publique (1750), et la Société Royale des Sciences et Belles-lettres, qui prit bientôt le nom d’Académie de Nancy. Cette dernière devait à la fois diffuser les connaissances, promouvoir la langue française ainsi que la tolérance religieuse et politique du siècle des Lumières » A noter que cette référence n’est pas sourcée. C’est donc une opinion de l‘auteur de l’article et non pas une source historique.
« Favorable à la liberté et à la séparation des pouvoirs, Stanislas, quoique profondément croyant, se tint à l’écart des excès de tous les fanatismes, religieux ou athées comme le montre son essai philosophique : L’Incrédulité combattue par le simple bon sens (1760). »
On voit que cet article n’est pas neutre. Il cherche à opposer le règne de Stanislas Leszczynski au roi Louis XV en remettant sur le tapis les poncifs traditionnels : La royauté de droit divin était tyrannique et l’Eglise catholique était l’obscurantiste et maintenait volontairement le peuple dans la superstition et l’ignorance.
Tout cela est absolument caricatural. Les Lumières ont été un mouvement qui a favorisé l’individualisme et la libéralisation de l’économie. Les Lumière françaises sont essentiellement l’origine théorique du capitalisme moderne. Le principe du bien commun (le roi était le garant de l’intérêt général) a été remplacé par la liberté individuelle du renard dans le poulailler (la loi du plus fort et du plus riche) La première de l’application concrète des principes des Lumières dans la France d’Ancien Régime a été la libéralisation du prix du grain sous l’impulsion du Ministre Turgot (qui a conduit à la spéculation et donc la hausse des prix du bien de consommation numéro 1 : le blé). Il s’en est suivi la guerre des farines qui a été un des éléments déclencheurs de la Révolution française. L’ennemi à abattre, car le seul protecteur du peuple (c’est à-dire des petites gens) était l’Eglise catholique qui a toujours combattu le principe des prêts à intérêt et l’usure (la base du capitalisme moderne), le travail des enfants (qui a explosé au 19e siècle) et le travail le dimanche (jour de repos). Comment décrédibiliser l’Eglise ? On dit qu’elle est intolérante, rétrograde et superstitieuse.
Quant à la prétendue intolérance religieuse de l’Eglise catholique sous l’Ancien Régime, je voudrais que l’on me le démontre.
Stella
12 septembre 2016 @ 16:14
Tout comme vous, je m’interroge sur la raison d’une modification aussi mal venue (et le fait qu’il n’y ait aucune réaction pour dénoncer cette incongruité.)
Comment peut-on s’arroger le droit de donner à un château qui représente tant pour les lorrains un nom si peu conforme à la somme de ce qu’il représente réellement?
Quelle est cette volonté que je qualifierai de caprice qui tendrait à priver une ville de son château pour ne pas dire « d’un château de sa ville »(le résultat est le même…)
De quoi veut-on punir Lunéville et retirant son nom au château?
Voilà une énigme qu’il conviendrait de résoudre.
Zeugma
9 septembre 2016 @ 10:47
Le rattachement de la Lorraine à la France fut une opération un peu compliquée.
Le 12 février 1736, François de Lorraine (1708-1765) épouse Marie-Thérèse d’Autriche (1717-1780) et fonde la dynastie Habsbourg-Lorraine.
Le traité de Vienne du 18 novembre 1738 met fin à la guerre de succession de Pologne et dispose notamment que :
– Stanislas Leszczyński (1677-1766) renonce au trône de Pologne.
– Il recoit – à titre viager – le duché de Lorraine, François ayant renoncé à ses droits.
– En échange, François devient grand duc de Toscane, Jean-Gaston de Médicis n’ayant pas d’enfants. (Il préférait les garçons.)
– En échange de la renonciation sur la Toscane, l’Espagne reçoit les royaumes de Naples et de la Sicile.
Ce traité de Vienne organise en réalité le rattachement de la Lorraine à la France.
Dès le 30 septembre 1736 – avant même la signature du traité – Stanislas avait signé – au château de Meudon où il avait été accueilli par le roi – une convention secrète qui confiait l’administration du duché à la France.
La diplomatie française avait bien senti l’évolution du cours des choses en organisant dès 1725 le mariage de Louis XV avec Marie Leczinska (1703-1768) qui – à l’époque – avait comme atout principal une excellente éducation et un caractère très agréable.
Les Lorrains n’étaient pas spécialement enthousiastes à l’idée de devenir Français mais on ne leur demanda pas leur avis.
A l’époque, le sort des peuples résultait essentiellement des jeux diplomatiques qui étaient réglés par les convenances des princes et les Lorrains vécurent leur changement de statut dans l’indifférence.
Le duché fut bien géré.
L’administration royale encouragea le développement des salines et des forges (les Wendel).
En 1750, la Lorraine perdit une parte de ses privilèges fiscaux et les impôts augmentèrent.
Stanislas utilisa à bon escient la rente viagère que lui versait le roi : Nancy, Lunéville sont le témoignage brillant de son mécénat ….
(Je ne parle pas de l’invention du baba au rhum.)
Je n’oublie pas Plombière, une station thermale connue dès l’époque romaine où j’aimais bien aller (une petite ville de pierres roses qui fut urbanisée par Stanislas).
( En ce moment, c’est la pleine saison des mirabelles …. )
Robespierre
9 septembre 2016 @ 12:20
Dans Lunéville, il y a lune, et la lune tout le monde le sait, ça éclaire.
Gérard
10 septembre 2016 @ 09:24
Stanislas était un monarque éclairé et c’est peut-être pourquoi l’idée du château des lumières a pu germer après le dramatique incendie lorsque fut créée cette association bénéfique en vue de populariser le château et de récolter des dons pour aider à sa reconstruction et de donner des nouvelles des travaux. Les lumières évidemment aussi peuvent symboliser celles du feu qui a si souvent ravagé l’édifice, et qui a été la cause de la mort du roi, mais je ne crois pas que ce fût l’idée des promoteurs.
Ce château essentiellement du XVIIIe siècle correspond en effet grosso modo au temps de la philosophie des lumières.
Je considère comme vous cependant un peu ridicule aujourd’hui d’appeler ce château, au lieu de l’appeler le château royal ou ducal de Lunéville ou comme on le disait toujours le Versailles lorrain, le château des lumières car désormais on parle de château des lumières mêmes dans des documents officiels et de musée du château des lumières comme si le nom de Lunéville ne se suffisait pas à lui-même. Y a-t-il là-dessous une volonté politique ? C’est possible.
Dans ce cas-là le terme est réducteur car si Stanislas a été un roi philosophe, sa philosophie est une philosophie essentiellement chrétienne dont l’origine remonte à bien plus haut qu’au XVIIIe siècle et aux encyclopédistes. Le roi avait reçu une instruction très complète, c’était un érudit et un homme bon. C’était surtout un chrétien très pieux ce que n’étaient pas tous les philosophes de ce temps. Il assistait à la messe chaque jour, et tant que sa santé le permit il s’allongeait sur le sol par dévotion au moment de la Consécration. Il se décrit lui-même dans un de ses ouvrages destiné à donner des conseils à sa fille au moment de son mariage, le Philosophe bienfaisant.
Stella
12 septembre 2016 @ 16:03
Cette analyse est tout à fait pertinente.
Et, si l’on y ajoute que le château de Lunéville existe depuis 994-995 dates auxquelles fut édifié le premier château fort de par la volonté du comte Etienne , évêque de Toul et qu’il ne cessa depuis d’être modifié et valorisé.
Cet édifice prit, de par la volonté du Duc Léopold l’aspect dans lequel le trouva Stanislas.
On ne peut que constater que les « Lumières » ne furent qu’une partie de l’histoire de l’édifice et ne sauraient lui donner un dénominatif aussi fantaisiste.
Aussi peut-on s’interroger sur le fait que des documents officiels puissent être rédigés avec une référence aussi farfelue.
C’est tout à fait regrettable et mérite d’être dénoncé.
Robespierre
10 septembre 2016 @ 16:13
Moi aussi je le vois comme un homme attachant et bon. Les gens étaient heureux à sa Cour.
Duchesse
13 septembre 2016 @ 19:23
Merci à vous tous pour ces analyses.La question est:comment faire entendre raison à ceux qui communiquent avec ce « label »? Et d’ailleurs qui sont-ils? Il serait intéressant de le savoir.